13 Sep

Carnet de route d’une députée européenne communiste

Elle était la suppléante de Jean-Luc Mélenchon. Les ambitions nationales de ce dernier l’ont conduite en juin dernier à devenir parlementaire européenne. Dans «Bruxelles ne répond plus », Marie-Pierre Vieu livre un récit sans concession de son expérience ainsi que sa vision de l’Europe qu’elle voudrait voir renaître.

Marie-Pierre Vieu au Parlement Européen à Strasbourg en octobre 2017. Photo AFP Patrick Hertzog.

« La fille sans parole qui venait voler son pain au candidat Parti de Gauche qui me suivait sur la liste Front de Gauche ». Voilà comment s’estime « ouvertement désignée » Marie-Pierre Vieu quand elle prend son mandat européen alors que  le Front de Gauche se déchire, il y a un peu plus d’un an. Qu’il soit donc clair que rien ni personne ne sera épargné à travers ces lignes. C’est aussi l’avantage de se faire publier par sa propre maison d’édition.

Une critique radicale de l’Union, ni anti-européenne, ni nationaliste »

Bilan d’étape ? Programme de campagne ? Carnet de bord ? Cet ouvrage est un peu tout cela à la fois. Mais une phrase résume l’intention de l’auteure : « Porter une critique radicale de l’Union qui n’est ni anti-européenne, ni nationaliste, sans dissocier celle-ci de l’objectif de construire le rassemblement le plus large à gauche pour l’imposer ».

La gauche justement, la députée européenne en fait une revue des troupes détaillée et sans concessions, de La France Insoumise au PS en passant par son propre parti et Génération(s). Cette « gauche fracturée en deux » est ainsi décrite telle des « forces de transformation (…) atrophiées par leurs dissensions, incapable d’affronter en semble un pouvoir, une droite et une extrême droite auxquelles nous laissons de fait le terrain de la perspective ». Le réel enjeu politique de ces Européennes à venir n’est-il pas là d’ailleurs ? Quelle représentation aura la gauche à l’issue du scrutin de 2019 ?

Une Europe des peuples »

Mais au-delà de la politique, Marie-Pierre Vieu livre « 36 propositions-chocs pour une Europe des Peuples » dont la première préconise la renégociation du traité de Lisbonne. Le maître-mot général est la solidarité. L’auteure considère notamment le combat pour les migrants comme prioritaire. L’élue des Hautes-Pyrénées préconise également une « PAC de proximité » marquée par « un protectionnisme solidaire ».

Marie-Pierre Vieu s’interroge enfin sur la façon de reconnecter les citoyens avec l’institution Europe et son « assemblée conventionnelle ». « L’Europe meurt du pragmatisme étriqué de ses dirigeants incapables de porter une vision ou un projet au-delà des rigidités budgétaires » analyse l’élue communiste. La députée européenne attend donc beaucoup des élections de juin prochain, « l’occasion parfaite de débattre publiquement d’une réorientation ambitieuse, des moyens dont on souhaite doter l’Europe et de la stratégie pour y arriver ».

« Bruxelles ne répond plus », Marie Pierre Vieu, Arcane 17.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

06 Sep

Pierre Laurent : « On sent qu’on peut se diriger vers une rentrée politique combative. »

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Photo AFP Jean-François Monier.

Le secrétaire national du PCF sera ce jeudi soir à Toulouse. Il poursuit ainsi sa tournée des fédérations pour mobiliser ses troupes alors que la gauche tente de se reconstruire et que de nouvelles échéances électorales arrivent.

Le Blog politique : Tout d’abord, pourquoi cette visite aux étudiants et enseignants de l’université Jean Jaurès ?

Pierre Laurent : Parce que la bataille de Parcoursup’ continue. On sait que beaucoup d’étudiants n’ont pas d’affectation ou n’ont pas obtenu ce qu’ils avaient demandé. Ce système a créé beaucoup d’angoisse. Nous sommes inquiets par ce dispositif qui instaure une sélection alors que les besoins de la société ne sont pas ceux-là. Dans l’avenir, on aura besoin de personnes qualifiées.

Le Blog politique : Vous venez aussi rencontrer à Toulouse les communistes de Haute-Garonne. Qu’allez-vous vous dire ?

Pierre Laurent : On sent qu’on peut se diriger vers une rentrée politique combative. Les réformes et les luttes sociales du printemps ont laissé des traces. Ce gouvernement est affaibli et moins sûr de lui. Des brèches nouvelles peuvent s’ouvrir. Beaucoup de besoins sociaux remontent du terrain. Cette rencontre avec les communistes de Haute-Garonne va nous permettre de faire le point sur tout cela.

Nous voulons une Europe de la solidarité »

Le Blog politique : Cette saison politique va aussi être marquée par les Européennes. Quels sont les thèmes que vous allez mettre en avant dans cette campagne ?

Pierre Laurent : Il y aura pour nous deux questions centrales. Nous voulons en finir avec une Europe où les travailleurs, les entreprises et les services publics sont poussés à la concurrence à outrance et les salaires tirés vers le bas en facilitant les délocalisations à l’intérieur de l’Union Européenne. Nous défendons une Europe qui protège contre une Europe qui divise les salariés.

Nous voulons aussi une Europe de la solidarité. Nous sommes inquiets de l’ultralibéralisme et du populisme de l’extrême droite. Nous allons travailler à porter la voix d’une gauche sociale.

Le Blog politique : Une gauche qui doit se reconstruire après la séquence Présidentielle/Législatives. Comment vous situez-vous par rapport aux autres formations de gauche ?

Pierre Laurent : On est effectivement rentré dans une période de reconstruction. La victoire d’Emmanuel Macron a semé le trouble. Le « ni droite, ni gauche » a mis la gauche devant ses responsabilités de devoir se reconstruire de manière claire. Cette reconstruction se fait aussi sur une opposition à la politique d’Emmanuel Macron. Ce qui peut nous rapprocher aussi c’est la définition d’objectifs de progrès sociaux. C’est ce travail de propositions qu’il nous faut entreprendre. Mais ça ne se fera pas simplement entre personnalités politiques nationales.

Les Municipales vont être l’occasion de construire des rassemblements à gauche »

Le Blog politique : Localement justement, est-ce que les futures élections municipales peuvent favoriser ces rapprochements à gauche ?

Pierre Laurent : C’est certain. Les élections municipales vont être l’occasion de construire de tels rassemblements, larges, mais avec une forte dimension citoyenne. Des millions de gens en France se reconnaissent dans les valeurs de la gauche mais n’ont plus la certitude d’être les électeurs de telle ou telle de ses formations. Ils doivent se réunir pour constituer des majorités de progrès dans les communes.

Le Blog politique : La semaine prochaine devraient être présentés par le gouvernement les plans pauvreté et hôpitaux. Vous avez fait un tour de France des établissements hospitaliers. Qu’attendez-vous de ces plans ?

Pierre Laurent : Il y a des situations d’urgence. Notre tour de France nous l’a montré. Beaucoup de personnels sont en souffrance, notamment à cause des regroupements hospitaliers encouragés par le gouvernement. Il faut repenser l’ensemble du système de santé. On manque de médecins en zone rurale mais aussi dans les quartiers populaires. Il faut des centres médicaux de proximité pour ceux qui ont peu de moyens. Il faut aussi repenser la couverture à 100%.

En matière de pauvreté, nous craignons aussi que le guichet unique que le gouvernement veut mettre en place débouche sur des pertes de prestations. Nous suivrons donc les annonces avec attention.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

 

03 Sep

Toulouse : démission sur la liste des Européennes de Jean-Luc Mélenchon

C’est le deuxième départ en moins de deux mois. Une jeune toulousaine se retire de la liste de Jean-Luc Mélenchon pour les élections européennes.

Jean-Luc Mélenchon. MaxPPP

En juillet dernier, un proche de Jean-Luc Mélenchon a claqué la porte. Le conseil régional d’Occitanie, Liêm Hoang Ngoc conteste la composition de la liste de Jean-Luc Mélenchon pour les prochaines Européennes. L’économiste de la France Insoumise s’est retiré du casting. Une jeune toulousaine, Ninon Gillet, fait de même. La composition n’est pas arrêtée. Cet automne, un comité électoral doit désigner la tête de liste et se prononcer sur 13 candidatures d’ouverture. Mais les listes « hommes » et « femmes » ont été adoptées par les adhérents de la France Insoumise.

Une jeune toulousaine figure en 26ème position dans ces désignations. C’est une première investiture pour Ninon Gillet. Mais l’expérience s’arrête avant d’avoir débuter.

Ninon Gillet ne sera pas candidate. La jeune femme met en cause le fonctionnement de la France Insoumise : « un groupe tire la barque et ne laisse pas de place aux autres. Il n’y pas de débat interne. On subit sans avoir un mot à dire « . Ninon Gillet, pointe également la ligne politique de Jean-Luc Mélenchon :  » dans le discours tenu à Marseille, on nous parle de mettre « une claque démocratique à Macron » mais l’Europe est laissée de côté ».

Laurent Dubois @laurentdub

 

20 Juin

Européennes : le toulousain, Manuel Bompard, tête de liste pour la France Insoumise

Le casting se dessine pour les Européennes de 2019. C’est le toulousain, Manuel Bompard, qui sera la tête de liste nationale pour la France Insoumise.

Manuel Bompard. France Inoumise. Photo : MaxPPP

Les prochaines Européennes ne ressembleront pas aux précédentes. Elles sont organisées sur une nouvelle base : des listes nationales. C’est la fin du scrutin régional et des 8 circonscriptions allant du Sud Est au Nord Ouest. Pour la France Insoumise, le casting se dessine.

La tête de liste nationale doit être toulousaine. Manuel Bompart a dirigé la campagne européenne de Jean-Luc Mélenchon en 2014. C’est maintenant à son tour de viser Bruxelles. Ce n’est pas un baptême du feu électoral pour Manuel Bompart. Le jeune ingénieur de 32 ans a été candidat aux législatives en Haute-Garonne.

 L’hypothèse Bompard circulait depuis plusieurs semaines. Mais elle se concrétise. Le Parisien livre l’information. Une information confirmée à France 3 Occitanie par une source. Comme l’indique le quotidien parisien, Manuel Bompard doit former un tandem avec l’architecte du programme européen de la France Insoumise, Charlotte Girard.

Formellement, il n’existe une seule place de « numéro 1 ». Manuel Bompard peut se retrouver, en seconde position, derrière sa collègue. Mais, en toute hypothèse, l’affiche aura des couleurs toulousaines.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

12 Juin

Haute-Garonne : l’improbable candidature de Laurence Arribagé aux Européennes

Adjointe au maire de Toulouse et ex-députée de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé pourrait être candidate pour les Européennes de 2019. Mais une investiture par Les Républicains est improbable.

Laurence Arribagé. Présidente LR 31 Photo : MaxPPP/TBordas

Après le Capitole et le Palais Bourbon, Bruxelles et le Parlement Européen. Laurence Arribagé est intéressée par les élections européennes. Plusieurs sources, internes aux Républicains, évoque l’intérêt de l’élue toulousaine pour un mandat européen. Contactée par France 3 Occitanie, Laurence Arribagé ne confirme pas mais…ne dément pas.

En toute hypothèse, une délocalisation européenne s’annonce compliquée. Les relations (distantes) entre Laurence Arribagé et le nouveau patron de LR ne sont pas en cause. C’est, tout simplement, une question de place éligible. La liste doit comporter 79 noms mais seules les 15 premières places peuvent constituer un « ticket » pour Bruxelles. Ces places sont chères car elles sont réservées. Les sortants sont prioritaires. En Occitanie, Franck Proust est quasiment assuré de retrouver une place (éligible) sur la liste. Son statut de sortant lui garanti quasi automatiquement une investiture. Un seul obstacle se dresse sur sa route : une mise en examen pour trafic d’influence et favoritisme. En mai 2018, la cour d’appel de Nîmes a d’ailleurs rejeté un recours visant à annuler cette mise en examen.

Mais, a priori, Franck Proust est investi avant même d’avoir déposer sa candidature.

Des sortants ne vont pas se représenter. Selon nos informations, cela pourrait être le cas en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Nord de la France. Mais ces places ne sont pas, pour autant, libres. Un critère « géographique » doit être respecté. Les nouveaux venus doivent être issus du même territoire que les sortants qui ne se représentent pas.

Autrement dit, Laurence Arribagé ne pourra pas profiter d’un jeu de chaises musicales.

Dans ce contexte, l’élue toulousaine n’est pas favorite. Elle se lance dans la course avec un handicap. Un handicap qui n’est pas politique ou lié à sa personne mais qui est réel. Un cadre (national) des Républicains : « il est écrit nulle part que les députés battus doivent être recyclés aux européennes ». Mais l’obstacle pour Laurence Arribagé est d’abord « structurel ». Les Européennes 2019 vont se dérouler dans un nouveau cadre : une circonscription unique sur toute la France et donc une liste nationale.

Plus que jamais, les places vont être chères et les critères géographiques sont « calculé » sur l’ensemble de l’Hexagone.

En toute hypothèse, Laurence Arribagé a un rendez-vous électoral dans les prochains mois. En octobre prochain, la présidente de LR31 devra remettre en jeu son mandat. Selon nos informations, elle va devoir affronter un concurrent.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

15 Mai

Européennes 2019 : le toulousain, Manuel Bompard, tête de liste pour Jean-Luc Mélenchon ?

Proche de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, pourrait être la tête de liste (nationale) de la France Insoumise pour les Européennes de 2019.

Manuel Bompard. France Insoumise. Photo : MaxPPP

En 2019 la France va envoyer 79 député(e)s au Parlement Européen. Jean-Luc Mélenchon a déjà pris date et annonce une liste « Europe Insoumise ». Et c’est un toulousain qui pourrait figurer en haut de l’affiche. Manuel Bompard est un proche de Jean-Luc Mélenchon. Le jeune trentenaire est installé depuis 2012 dans la ville Rose et travaille dans une start up aéronautique. Hyperactif, Manuel Bompard ne se contente pas de sa vie d’ingénieur. Il joue un rôle central dans la vie de la France Insoumise. En charge des événements lors de la présidentielle de 2012, Manuel Bompard a été le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Lors des dernières législatives, Manuel Bompard a été candidat en Haute-Garonne. Mais, dans quelques semaines, il pourrait bien être la tête de liste de la France Insoumise.

Rien n’est fait. Un comité élecloral, composé de 32 membres, doit se prononcer entre le 9 et le 16 juin prochain. La tête de liste peut être femme ou un sortant. Mais l’hypothèse Bompard existe. Elle est confirmée par le principal intéressé. « La composition de notre liste n’est pas encore établie. Ma présence en tête de liste fait partie des hypothèses mais il est trop tôt pour savoir si c’est celle qui sera retenue » précise Manuel Bompard.

Une autre figure régionale de la France Insoumise est également en piste pour les Européennes de 2019. Liêm Hoang Ngoc est l’économiste du mouvement. Actuellement conseiller régional d’Occitanie, il pourrait retrouver le chemin du Parlement Européen. Un parlement dans lequel il a été élu de 2009 à 2014.

Laurent Dubois (@laurent)

 

16 Fév

Listes nationales pour les élections de 2019 : l’Europe plus loin des régions ?

Le Parlement Européen à Strasbourg. photo Frederick Florin AFP

Le Parlement Européen à Strasbourg. photo Frederick Florin AFP

Nos députés européens étaient jusque-là élus sur une circonscription sud-ouest de 18 départements et trois régions (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine). Mardi 13 février, l’Assemblée Nationale a voté l’instauration de listes nationales. Emmanuel Macron qui en voulait des « transnationales » devra s’en contenter. Mais ces nouvelles listes ne vont-elles pas déconnecter encore plus les territoires de leurs élus européens ? Eléments de réponse.

Dans l’hémicycle ce mardi, seuls les députés LR semblaient encore vouloir défendre un format de listes que peu regretteront. Jean-Luc Mélenchon, habitué aux parachutages, ancien député européen du sud-ouest désormais député national de Marseille, après avoir échoué cinq ans plus tôt dans Pas-de-Calais, fait partie de ceux-là. « Si vous voulez des gens accrochés à leur territoire, élisez des moules ou des bigorneaux. Mais si vous parlez au peuple français, il convient que vous vous rappeliez que nous sommes un peuple mouvant.» déclarera-t-il dans l’hémicycle.

Listes nationales ou circonscriptions, dans les deux cas cela n’a pas fait de moi un élu de proximité »

A l’occasion, il se souvient de son passage dans sa circonscription sud-ouest où « parler de Bordeaux à Perpignan n’intéressait personne, même dans le raccord des sujets locaux à l’Europe ». Listes nationales et circonscription, Gérard Onesta ancien Vice-Président (EELV) du Parlement Européen a connu les deux situations. « Dans les deux cas, ça n’a pas fait de moi un élu de proximité ». L’actuel président du bureau du Conseil Régional dénonce  une « fumisterie ». « Soit l’élu est immergé dans la société et vit à son contact, soit c’est un apparatchik ou un parachuté, ça n’est pas ce débat qui va faire changer les choses ».

Pour cet européen convaincu, un député ne doit pas représenter son territoire mais la nation. « C’est le sénateur qui représente les territoires ! Vouloir faire des députés européens des sénateurs européens a pour conséquences qu’ils servent leurs intérêts et non ceux de l’Union » dénonce-t-il. Et Gérard Onesta de se dire « extrêmement en colère » que la récente répartition des sièges des députés britanniques partis via le Brexit n’ait pas donné lieu à des listes transnationales. « Le PPE, le regroupement des partis de droite du continent s’y est opposé. Si on veut vraiment un parlement qui légifère pour l’U.E, il faut des listes transnationales ».

Gare à la proportionnelle !

Quant à Emmanuel Macron qui serait favorable à ces listes transnationales, Gérard Onesta trouve cette position pour le moins paradoxale. « Le même Macron ne veut pas d’un Président de la Commission Européenne élus par les députés. Il veut que ça continue à se faire en conclave avec les 27 chefs d’état ». Alors comment rapprocher l’Europe des territoires ? « Il n’y a qu’à diffuser les débats de Strasbourg à la télévision comme les questions au gouvernement de l’Assemblée Nationale » préconise-t-il.

Gérard Onesta n’est pas le seul à penser que des listes plus régionales mettraient en péril la proportionnalité du vote européen, créant ainsi un « effet de seuil » qui privilégiera certaines formations politiques et en fera disparaître d’autres de l’hémicycle. Marie-Pierre Vieu, l’ancienne suppléante communiste de Jean-Luc Mélenchon et qui siège désormais à Strasbourg à sa place, est sur la même ligne que Gérard Onesta et veut même  aller plus loin.

Une machine à produire de l’alternance »

« Nous sommes opposés au seuil d’éligibilité à 5%, les autres pays étant sur du 3% ou sur du rien ». Quant aux listes transnationales qui ont été abordées lors de discussions récentes, en tant qu’internationaliste, elle accepte d’en débattre, mais sans illusions. « Au stade actuel de la construction et de l’espace démocratique en Europe, ça nous paraît une machine à produire de l’alternance plutôt qu’autre chose ».

Alors qui pour défendre des listes régionales ? Principalement des élus LR qui, lors du débat à l’Assemblée Nationale, ont échoué à faire voter des amendements visant à créer des circonscriptions correspondant aux 13 régions actuelles, plutôt qu’une circonscription unique. Leur chef de file, Christian Jacob a notamment déploré qu’ « au moment où on a besoin de rapprocher les parlementaires du terrain, on les éloigne ». Mais une fois encore la seule question qui peut prouver l’intérêt, et le sentiment d’appartenance du citoyen à l’Europe sera la participation au prochain scrutin en mai 2019.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

21 Mai

Exclusif JL Mélenchon : debriefing du Grand Débat Européennes 2014

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

-Vous sortez du grand débat « Européennes 2014 ». Quelle impression gardez vous de cette confrontation avec les 5 têtes de liste du Grand Sud Ouest ?

-Jean-Luc Mélenchon. Pour moi, il y avait un confort car l’organisation était bonne. Mais il y avait quelque chose de très choquant. Aucun des protagonistes n’a assumé ses responsabilités. Ils sont auteurs du système actuel et ils viennent ensuite le dénoncer. Ils le savent et ils feignent de ne pas être au courant. Louis Aliot n’assume rien. Son groupe, ne s’est pas opposé au Parlement Européen, à la directive « travailleur détaché » (application des conditions sociales et du salaire du pays d’origine du salarié). Même chose pour José Bové, il découvre le traité transatlantique (créant une zone de libre échange). Dans ces circonstances, il est impossible d’avoir un débat démocratique.

-En plateau, à vos côtés, Michèle Alliot-Marie, Robert Rochefort, José Bové, Virginie Rozière et Louis Aliot. Comment jugez-vous la prestation des autres débatteurs ?

-Jean-Luc Mélenchon. Louis Aliot a récité plus qu’il n’a argumenté. Du coté du PS, non seulement ils n’assument rien mais en plus ils envoient quelqu’un qui visiblement fait ses premières armes (Virginie Rozière). Du coté de l’UMP, il est impossible de savoir ce que veut (Michèle Alliot-Marie). Le parti est empêtré dans ses ambiguïtés et il sait qu’il n’en sortira qu’à ses dépends. Robert Rochefort (tête de liste UDI-Modem) était vraiment l’homme du débat. C’est lui qui a assumé ses positions avec le plus de tranquillité et sans mystification.

-C’est votre deuxième campagne européenne, votre deuxième campagne dans le Grand Sud Ouest. Une différence par rapport à 2009 ?

-Jean-Luc Mélenchon. C’est plus facile. Les gens me connaissent. A Castres, des gens sont venus avec des fleurs en me disant qu’ils avaient entendu que j’étais dans leur ville.

Propos recueillis par Laurent Dubois

VOIR ET REVOIR le Grand débat des Elections Municipales dans le Sud-Ouest

 

16 Mai

Comprendre l’Europe (8) : Entretien avec Sandra Torremocha, tête de liste « Lutte Ouvrière »

A près les Municipales et avant elles, les Législatives, voici Sandra Torremocha à nouveau en campagne, toujours pour « faire entendre le camps des travailleurs » comme l’indique l’intitulé complet de sa liste. Elle tiendra ce soir à 20h30 une réunion publique, salle du sénéchal à Toulouse.

Sandra Torremocha

Sandra Torremocha

Pourquoi êtes-vous candidate ?
Sandra Torremocha :
Nous voulons permettre aux travailleurs qui ne se résignent pas à subir la politique du patronat et du gouvernement, de faire entendre leur voix et leurs exigences. Il n’y a aucune raison d’accepter que l’emploi et le salaire, c’est-à-dire ce qui fait la vie de la majorité de la population, soient des variables d’ajustement plutôt que les profits des capitalistes et des banquiers comme les dividendes des actionnaires.
Il faut affirmer la nécessité de l’interdiction des licenciements pour ne pas aggraver le chômage, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur la hausse des prix, le contrôle des travailleurs et de la population sur la marche de l’économie et pour commencer la levée du secret des affaires.
C’est le programme de Lutte Ouvrière, un programme pour les luttes des travailleurs. Car aucune institution, quelle soit européenne ou nationale n’accordera ces mesures d’urgence pour enrayer le développement de la précarité et de la pauvreté pour la majorité de la population.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?
S.T : Comme le parlement français, le parlement européen ne protégera en rien les conditions de vie et de travail des couches populaires. La construction européenne n’a été que le laborieux marchandage entre les différents états européens pour permettre à leurs capitalistes de jouer dans la cour des grands, et faire face à la concurrence des États-Unis. L’Union Européenne a été conçue et créée par et pour les intérêts des groupes capitalistes. En 60 ans de construction, rien n’a avancé sur le terrain des droits démocratiques et sociaux : il n’a jamais été question de créer un espace où les salaires, les droits sociaux, même les droits des femmes, soient alignés vers le haut.
Les institutions européennes ne sont rien d’autre que les instruments de la domination du capital, mais comme le sont les institutions françaises. Il est stupide d’opposer les responsables de Bruxelles ou d’Europe à ceux de la France ! Ce sont les mêmes politiquement, voire ce sont les mêmes tout court ! Après 30 ans de construction, l’Union européenne ne comptait que 12 membres. Au bout de 60 ans, elle en compte 28 mais elle n’englobe toujours pas toute la moitié orientale de l’Europe, la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, sans parler de la Turquie. Et si des voix s’élèvent aujourd’hui, ce n’est pas pour élargir l’Europe, mais pour la rétrécir !
Même de son point de vue, même pour ses intérêts, la bourgeoisie est incapable de faire l’unité de l’Europe.
Pour unifier l’Europe, la délivrer du carcan capitaliste, il faudra détruire les États nationaux, il faudra une révolution. Seuls les travailleurs d’Europe, en prenant le pouvoir pourront exproprier les banquiers et les industriels. Seuls les travailleurs d’Europe pourront détruire la base du pouvoir de la bourgeoisie sur l’économie et sur la société, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production. Seuls les travailleurs d’Europe pourront construire le monde sans frontières intérieures et extérieures des États-Unis socialistes d’Europe.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?
S.T :Le chômage et le pouvoir d’achat bien évidemment.
Mais pour imposer l’interdiction des licenciements, la répartition du travail sans perte de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions, il faudra bien autre chose que des bavardages entre « partenaires sociaux » comme on dit, ou au Parlement européen, comme français d’ailleurs, il faudra que les travailleurs se battent pour arracher ce qui n’est pourtant qu’un minimum. Il faudra des luttes sociales générales, qui embrasent l’ensemble des catégories de travailleurs pour les imposer. Car effectivement il s’agit de s’en prendre à la dictature de la minorité bourgeoisie sur l’immense majorité de la population travailleuse. Et cette majorité de la société, les travailleurs, qui par son travail fait tourner la machine économique, doit également avoir des exigences sur la marche elle-même de l’économie.
On ne peut laisser le pouvoir de décision sur la machine économique à cette minorité d’irresponsables capitalistes qui condamnent la majorité à la crainte du lendemain.
Il faudra envahir les conseils d’administration des grandes sociétés bancaires ou industrielles qui régentent la société. Les envahir mais aussi les contrôler, ne serait-ce que, pour commencer, en supprimant le secret des affaires. Ces gens là et leurs serviteurs politiques ne parlent que de transparence, de démocratie. Mais dès que l’on s’approche un peu du vrai pouvoir, celui qui décide de la vraie vie, celle du travail, des emplois, du salaire, des profits, la démocratie et la transparence laissent la place aux secrets, aux mensonges par omission ou aux mensonges tout court. C’est la dictature revendiquée des vrais décideurs.
Alors il faudra également que les travailleurs imposent leur contrôle sur tout cela. Et on vérifiera par le menu ce que l’on sait déjà dans les grandes lignes : leur parasitisme sur l’ensemble de la société, leur rôle nuisible dans son développement et la nécessité de les exproprier.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ? Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?
S.T : Pour les travailleurs il n’y a pas plus d’identité européenne que d’identité française. Ce qui identifie les hommes ce ne sont pas les cartes d’identité ou les frontières géographiques. Ce qui les opposent ce sont les frontières sociales, les frontières de classe qui divisent la société en exploités d’un côté et en exploiteurs de l’autre. Nous rejetons toute forme de nationalisme et de chauvinisme.
De l’extrême droite jusqu’au Front de gauche, tout le monde aborde les questions de l’Europe ou des relations internationales d’un point de vue national. Qu’est-ce qui sera « bon pour la France ? » Qu’est-ce qui sera « bon pour l’économie du pays ? ».
Mais autant se demander ce qui sera « bon pour Bouygues, pour Peugeot, pour Bettencourt » car les intérêts de la France sont toujours les intérêts de la bourgeoisie française, jamais ceux des travailleurs et des pauvres.
Eh bien les travailleurs conscients doivent leur opposer à tout ce monde-là leur point de vue de classe et leur internationalisme et se demander qu’est-ce qui sera « bon pour les travailleurs, pour tous les travailleurs », quelles que soient leur nationalité et leur origine.
L’internationalisme n’est pas qu’une question de solidarité entre exploités et d’efficacité dans le combat. C’est la conviction que les travailleurs ne pourront pas s’émanciper dans un seul pays et c’est la conviction que les luttes des travailleurs dans quelque pays que ce soit font avancer le sort de tous. C’est la conviction que le combat des uns est le combat de tous.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?
S.T : Pour mériter d’être connu, il faudrait encore qu’il ait une quelconque utilité pour changer la vie des travailleurs. Mais comme le parlement français, le parlement européen ne prend ses ordres que des capitalistes et des banquiers qui régentent toute la société. Et cela quelle que soit la majorité de gauche ou de droite qui est à la manœuvre. Le vrai pouvoir est ailleurs : dans les conseils d’administration des banques et des grandes sociétés. Ce sont eux qui tirent toutes les ficelles. Ces institutions sont faites pour cela. D’ailleurs pour mesurer l’efficacité de la démocratie européenne pour ne pas tenir compte de l’opinion majoritaire, rappelons-nous que le traité constitutionnel a été refusé par une majorité à l’occasion du référendum de 2005, ce qui n’a aucunement empêché d’être appliqué. Et puis rappelons aussi qu’une fraction importante de la classe ouvrière ne dispose pas encore du droit de vote du fait de sa nationalité.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?
S.T : Au bout de deux ans de ce gouvernement au service du grand patronat, il n’y a plus à démontrer qu’il pouvait être pire que le précédent. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’une bonne partie des nôtres, des travailleurs, ait choisi de s’abstenir aux élections municipales pour désavouer ce gouvernement auquel « on » leur avait fait croire en 2012. Mais ce désaveu venant pour une grande partie de l’électorat de gauche, a été « détourné », « manipulé » : il s’est traduit par un retour en fanfare de la droite qui a pris des centaines de villes à la gauche, bien qu’elle ait stagné électoralement. Et bien des travailleurs qui s’étaient abstenus pour infliger un camouflet au gouvernement ont été dépités de voir que, grâce au système électoral, c’est la droite qui a finalement engrangé le résultat de leur abstention.
Et bien lors des élections européennes du 25 mai, choisir de s’abstenir sera tout aussi récupéré électoralement par la droite, voire par l’extrême droite. Pour ceux qui ne veulent pas voir leur opinion récupérée contre leurs intérêts, il y aura un autre choix dans toutes les circonscriptions de cette élection européenne, en votant pour les listes de Lutte ouvrière. Même minoritaire leur message ne sera pas récupéré contre leurs intérêts, et le drapeau de l’opposition ouvrière sera planté. Ce sera un vote sans ambiguïté. Et ce sera le seul vote utile pour l’avenir.

Patrick Noviello

15 Mai

Comprendre l’Europe (7) : Entretien avec Philippe Marty, tête de liste « Nous Citoyens » pour le Sud-Ouest.

Philippe Marty

Philippe Marty

Nous poursuivons le tour d’horizon des listes candidates aux Européennes dans le Sud-Ouest. Parmi elles : « Nous citoyens » emmenée par Philippe Marty. Ce Parti politique fondé par l’entrepreneur Denis Payre revendique 10 000 adhérents à ce jour.

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Philippe Marty : Je suis profondément déçu par la défiance et le scepticisme des citoyens européens vis–à-vis des institutions comme des responsables élus par les peuples ou désignés par les Etats. L’Europe totalement désincarnée et mal administrée, devrait être politiquement mieux gouvernée. C’est pour apporter à la fois vision, lucidité et pragmatisme et contribuer à remettre l’Europe à sa place, sa juste place à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur. Enfin, je remettrai l’Humain au cœur des décisions économiques, sociales et sociétales.

Il est temps pour moi de m’engager dans l’action d’intérêt général, de rentrer en démocratie et non en politique politicienne. Les valeurs de responsabilité et de solidarité, fondées sur la confiance, sont les remparts aux nombreuses dérives du système politique actuel et à la peur de l’autre prônée par les partis populistes.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

P. M : Je pense que l’Europe est notre destin commun. Ce projet unique au monde a permis la paix et la prospérité pendant près de 70 ans au sein de notre continent. Pour la promotion d’échanges internationaux équitables, créateurs de richesses et de rencontres, la sobriété énergétique et les nouveaux enjeux écologiques, la sécurité de nos frontières et la régulation des flux migratoires, pour une aide coordonnée au développement, l’union fait la créativité et la force.
Pour autant, le projet européen est au milieu du gué. Les responsables en sont notamment nos dirigeants politiques, bloqués par le clivage gauche-droite ! Ils font de Bruxelles le bouc émissaire de tous nos maux et y envoient trop souvent les recalés de la politique nationale à la recherche d’un mandat alimentaire. L’Europe mérite mieux qu’un paquet de normes illisibles et de dirigeants politiques désabusés.
Nous voulons retrouver le sens commun. Alors que les crises ébranlent notre continent, nos concitoyens veulent contribuer à l’élaboration de solutions pour une vraie solidarité entre les territoires, entre les « inclus » et les « exclus » de la société et entre les générations. Il y a urgence, en particulier pour les plus jeunes, sur qui pèse le poids d’une dette irresponsable, et qui vivent dans de trop nombreuses régions de l’Europe un quotidien de chômage et de précarité.
L’Europe doit être à sa juste place et laisser le niveau local gérer les problèmes locaux : l’Europe n’a pas à légiférer sur la taille des tomates, sur la contenance des chasses d’eau, en revanche nous voulons une Europe forte sur les enjeux communs : politique économique et monétaire, politique énergétique, politique de défense…
L’Europe doit fonctionner avec des bénéfices visibles pour tous les Français dans leur vie quotidienne. Nous ne voulons pas plus ou moins d’Europe, nous voulons que le travail initié pour mutualiser un certain nombre de politiques soit enfin finalisé. Par exemple, investir en commun pour créer de l’emploi, notamment en faveur des jeunes, dans le numérique, les télécommunications, l’énergie, les transports, la défense.
Parce qu’une Europe qui fonctionne, c’est une Europe à la voix forte dans le monde, qui nous protège ! Une Europe qui nous protège dans le commerce mondial, qui nous fait respecter les normes sociales, environnementales issues de nos choix de société forts, pour assurer une concurrence loyale. Une Europe qui nous permet de lutter contre l’immigration illégale et de développer les programmes européens d’aide au développement. Une Europe qui nous protège des pollutions de l’air, de l’eau, qui lutte contre la destruction de la biodiversité : nous n’avons pas le droit de nous défausser de nos responsabilités sur les générations futures.
Pour porter ces ambitions, pour pousser les responsables politiques nationaux souvent plus préoccupés de leur réélection que des intérêts européens, nous voulons donner plus de voix et plus de poids au Parlement européen, seule institutions élue au suffrage universel direct par l’ensemble des citoyens européens !

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

P. M : S’il ne faut en choisir qu’un, c’est la transparence sur les négociations en cours du projet de traité transatlantique et l’évaluation objective de ce que l’on a à y gagner, et à y perdre avant de nous engager plus avant. Je suis favorable aux initiatives qui vont dans le sens de la libéralisation des échanges, mais je déplore la grande opacité des négociations en cours – qui intéressent au contraire l’ensemble des citoyens – et l’insuffisante concertation avec le Parlement européen et les parlements nationaux. Personne ne sait vraiment ce qu’il en est… et ce n’est pas normal !
Ainsi, en quoi ce traité peut-il remettre en cause la PAC, qui deviendrait contraire au libre-échange, les Etats européens étant largement subventionnés ? Quel impact sur l’organisation de l’enseignement quand on sait que les budgets des grandes universités américaines sont jusqu’à 10 fois plus importants que les budgets des meilleures universités ou école européennes ? Nous ne partons pas à armes égales dans la compétition. Nous devons être très vigilants quant aux modalités de ce futur accord, notamment sur l’enjeu d’harmonisation de normes.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

P. M : Difficile de répondre oui alors que la construction européenne est une réalité essentiellement mouvante. L’Europe n’est pas une réalité donnée, inscrite dans l’ordre naturel des choses, mais une création humaine, réalisée par ses habitants, ses citoyens, voulue pour faire la paix, pour faire la force.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de réalités européennes, mais celles-ci sont des réalisations historiques, vestiges, patrimoine, traditions. Elles s’inscrivent dans une intention, dans un choix fort de société, de solidarité. La réalité européenne est née d’un geste de rupture fondamental, d’une réinvention de notre destin : plus qu’une identité européenne, je parlerais d’un élan de liberté, d’une envie d’émancipation de nos petites habitudes

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

P. M : Oui, je pense qu’il existe un sentiment d’appartenance à cet espace unique au monde de libertés, de solidarité, de droits et de prospérité qu’est l’Europe. Dans un sondage IFOP pour la Fondation Jean Jaurès en mars 2014, à l’occasion des élections européennes de mai 2014, 74 % des Français entendaient exprimer par leur vote leur méfiance à l’égard de l’Europe telle qu’elle se construit actuellement. Dans le sondage ViaVoice pour Libération début mai, pour 49 % des personnes interrogées, l’UE évoque « quelque chose de négatif ». Mais n’oublions pas que 60 % sont contre une sortie de l’UE, 59 % contre la sortie de l’UE. 46 % considèrent l’UE comme « une chance pour la diversité culturelle ». Une majorité de personnes interrogées veulent une plus grande intervention des instances européennes dans l’emploi (57 %), la croissance économique (53 %), etc.
La construction de l’Europe est largement inachevée et des erreurs ont été commises, mais ce sont principalement les responsables politiques nationaux qui sont en cause. C’est à cela que Nous Citoyens entend apporter des solutions pragmatiques et réalistes.


Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

P. M : Commençons par avoir des députés européens compétents et pleinement, exclusivement engagés pour servir la France et l’Europe et non pas se servir ! Des députés qui exercent un mandat complet, qui ne cumulent pas, présents aux sessions, qui participent activement à l’ensemble du travail parlementaire, de l’élaboration des textes législatifs au suivi de leur mise en œuvre, et on aura déjà fait une bonne partie du chemin ! Trop de députés européens ne vont à Bruxelles qu’en attendant « mieux » en France, pour se mettre au chaud en attendant les prochaines élections nationales.
La mission d’un député européen, c’est également rendre compte aux citoyens de son action au service de la collectivité. C’est informer les citoyens sur les clés pour se faire entendre : déposer des pétitions auprès du Parlement européen, répondre aux consultations publiques de la Commission européenne sur des projets législatifs en matière de commerce international, d’emploi, d’environnement… Franchement, quel électeur a déjà été informé par son député de cette possibilité de participer directement aux décisions européennes ? A l’évidence, on peut faire beaucoup mieux !

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

P. M : Si on ne veut pas être au menu, il vaut mieux être autour de la table ! Pour cela nous avons besoin d’une Europe forte, qui fonctionne. Cela ne se fera pas sans nous, car si les responsables politiques actuels n’ont rien fait jusqu’ici, il est peu probable que par un coup de baguette magique ils changent du jour au lendemain pour servir nos intérêts et nos valeurs. Face à la défiance généralisée des Français vis-à-vis de la classe politique, face à la colère et à la désespérance, nous portons un projet alternatif et crédible pour l’Europe : le projet de citoyens qui cessent de sous-traiter leur destin commun à des politiciens de carrière et s’engagent ensemble pour remettre l’Europe en marche.

Patrick Noviello