14 Août

[Exclusivité] Régionales, Carole Delga : « j’ai toujours été favorable à une fusion avec le Languedoc »

L’été de tous les remous. Fin juillet, la signature d’un accord avec Jean-Michel Baylet agite les rangs socialistes. Le pont d’or offert aux radicaux suscite des rancœurs. Début aout, une tempête médiatique autour de la création d’une présidence déléguée secoue le PS. Comment réagit Carole Delga face à ses turbulences ? Après quelques jours de repos en famille, la tête de liste socialiste répond sur ses terres, à Martres-Tolosane. Dans le jardin d’un Grand Presbytère désormais rénové et transformé en espace culturel, Carole Delga revient sur une polémique qui va traverser l’été et impacter sa campagne. Mais elle développe surtout sa vision de la future Grande Région.

Carole Delga, tête de liste PS-PRG aux régionales. Photo : Y.LeGall

Carole Delga, tête de liste PS-PRG aux régionales. Photo : Y.LeGall

Midi-Pyrénées Politiques. Comment se déroule votre mois d’aout ? 

Carole Delga. Je parcours la région et je continue mes rencontres. Je mène campagne en étant sur les Routes du Sud mais pas comme une touriste car je suis de ce territoire. Je vois des chefs d’entreprise, des citoyens, des professions libérales et beaucoup de maires. Je traverse pas mal de départements. J’ai été dans le Tarn, le Gers, les Pyrénées Orientales. Bien sur, je finis toujours par revenir dans le Comminges.

Midi-Pyrénées Politiques. Quel est le but de ces déplacements ?

Carole Delga. Approfondir ma connaissance du territoire et cela me fait connaître. Quand j’étais ministre (NDLR en charge de l’Artisanat, du Commerce, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire dans les gouvernements Valls I et Valls II), lors de mes déplacements dans les Ardennes ou en Bretagne, je me disais souvent : « ça c’est une bonne idée, je la veux pour chez moi ». Les déplacements permettent une maturation des projets.

Midi-Pyrénées Politiques. Concrètement quelles leçons tirez-vous de ces visites dans le Tarn ou l’Hérault ? Des rencontres vous ont marqué ?

Carole Delga. Oui. Les vignerons du Languedoc qui ont des projets pour former les jeunes à la culture de la vigne et à l’œnologie. Nous aurons des actions à mener pour renforcer la viticulture dans notre région. Je présenterai plusieurs propositions. Mais il y a une autre rencontre qui m’a marqué. C’est lors de ma visite dans le quartier de Bagatelle à Toulouse. J’ai rencontré des femmes qui ont su créer une dynamique collective avec les jeunes pour les aider à monter des projets, découvrir d’autres horizons et s’éloigner de la violence. Je pourrais également citer la rencontre avec des chefs d’entreprise et des chercheurs dans le domaine de la chimie verte ou du numérique. 

Midi-Pyrénées Politiques. Pensez-vous que la Grande Région puisse devenir autre chose qu’une juxtaposition de 13 départements ?  

Carole Delga. J’ai toujours défendu une fusion avec le Languedoc-Roussillon. J’ai toujours préféré cette fusion avec une fusion avec l’Aquitaine. Je l’ai toujours dit. Nous avons une culture commune avec le Languedoc. Nous avons une histoire commune. Il va falloir développer et renforcer ce socle. Il faut entrer pleinement dans une République des territoires, avec des coopérations. Et il faut sortir des rapports de force et d’une féodalité qui ne correspond pas au XXIe siècle. La coopération des territoires doit passer par une coopération entre les villes moyennes, les métropoles et les territoires ruraux.

Midi-Pyrénées Politiques. Pensez-vous que les citoyens vont adhérer au « mastodonte » régional ? Cette grande région est trop grande ?

Carole Delga. Je suis convaincu que notre région a tous les atouts pour devenir une vraie et grande région. Mais il faut expliquer à nos concitoyens quels sont ses atouts. Je suis d’ailleurs la seule candidate à mettre en avant ce point essentiel. Il faut expliquer que la grande région, c’est une vraie chance. J’ai été vice-présidente de la région Midi-Pyrénées (NDLR 2010-2013, en charge des questions de ruralité). J’ai pu constater à quel point la taille (NDLR des anciennes régions) pouvait être un handicap. Notamment dans le domaine de l’aéronautique et de l’agroalimentaire.

Midi-Pyrénées Politiques. Votre été est « pourri » par une polémique sur la création d’une présidence déléguée au profit de Damien Alary. Vous défendez ce projet ?

Carole Delga. Dans les régions qui fusionnent, une présidence déléguée est utile. Il faut arrêter de dire aux gens que tout est simple et facile. Pendant une période transitoire, c’est utile d’avoir un président délégué en charge des politiques de convergence. Il va falloir des convergences dans le domaine ferroviaire ou des politiques environnementales. Le président délégué peut être en charge de ce travail. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. Au point de vue budgétaire, cela ne va pas coûter plus cher et cette présidence déléguée pourrait intervenir uniquement pendant le 1er mandat.

Midi-Pyrénées Politiques. Dominique Reynié, le candidat de la droite et du centre, parle d’une facture totale de 114 millions d’euros.

Carole Delga. Le chiffre de Dominique Reynié est une pure élucubration. On va diviser le nombre de vice-présidents par 2. On va passer de 30 à 15. Cela va permettre des économies et le président délégué n’aura pas de cabinet comme le prétend Dominique Reynié. Il n’y aura pas 2 cabinets mais un seul. Celui du président de la région.

Midi-Pyrénées Politiques. Plusieurs députés socialistes refusent de voter la création d’une présidence déléguée. Savez-vous quelle forme peut prendre la réforme. Un projet de loi ? Un amendement ?

Carole Delga. Le travail législatif n’a pas encore commencé. Le gouvernement doit le faire avec le parlement. Mais il y aura un dispositif qui correspond à une réalité et à un besoin.

Midi-Pyrénées Politiques. C’est bientôt la rentrée. Prochaine échéance pour vous : la finalisation des listes départementales. Il va falloir faire de la place pour les radicaux et donc « trapper » des socialistes. L’exercice va être douloureux ?

Carole Delga. Non. Les listes seront prêtes fin septembre.

Midi-Pyrénées Politiques. Un des points chauds est dans l’Aude. Le PS local ne veut du maire de Gruissan (PRG), Didier Codorniou, comme tête de liste départementale. On évoque un « parachutage » dans l’Hérault ou une glissement en deuxième position. C’est réglé ?

Carole Delga. C’est fait et Didier Codorniou sera bien dans l’Aude.

Propos recueillis par Laurent Dubois