Le Canard Enchainé rapporte des propos de Jean-Christophe Cambadélis. Des propos inquiétants. Un responsable politique est censé vivre dans son temps et être au contact des réalités de son époque. Apparemment, ce n’est pas le cas de Jean-Christophe Cambadélis. Le numéro 1 du PS est victime d’un trouble « spatio-temporel ». Il croit évoluer dans un environnement archaïque, digne du XIXe siècle.
Jean-Christophe Cambadélis justifie un accord électoral entre son parti et le PRG par l’influence du groupe de presse de Jean-Michel Baylet. Lors de sa venue à Toulouse, il a tenu, entre les murs de la fédération départementale du PS 31, des propos similaires. Il n’est pas le seul sur cette ligne . Le député de la Haute-Garonne et numéro 3 du PS, Christophe Borgel a également « vendu » à ses camarades l’idée que les journaux de Jean-Michel Baylet valent bien un accord électoral.
Les leaders du PS pensent que les midi-pyrénéens vivent encore au temps de Napoléon.
Sous l’Empereur, l’information passait par le « Moniteur ». Les français devaient lire des pages imprimées et contrôlées par le gouvernement. La censure veillait et la concurrence n’existait pas.
Visiblement, Jean-Christophe Cambadélis croit encore vivre à cette époque « bénie ». Le patron des socialistes estime que les colonnes de la « Dépêche du Midi » font et défont les carrières politiques. Dans son esprit, les rotatives de Jean-Michel Baylet permettent de gagner des élections.
Jean-Christophe Cambadélis ne vit pas dans le monde contemporain. Son quotidien doit valoir le coup d’œil. Dans son salon, des chandeliers doivent assurer l’éclairage. A la place d’un garage et des voitures, Jean-Christophe Cambadélis a probablement une écurie et des chevaux. Le courrier de l’éminence rose circule forcément par malle postale.
Dans la vraie vie, les « vrais » français sont connectés. Ils disposent de dizaines de chaines de télévisions. Ils peuvent lire sur ces drôles de choses appelées « ordinateurs », « tablettes » ou « Smartphones » une presse qui ne reçoit pas de tampon officiel.
Sous la Loire, loin de Paris, les tarnais, les ariégeois et les aveyronnais ont accès (chose incroyable) à une électricité qui alimente écrans plats et internet. Contrairement à ce que pense Jean-Christophe Cambadélis, les « indigènes » du Sud Ouest ne se réunissent pas tous les matins sur la place du village. Tous les jours, ils n’attendent pas (religieusement) que le garde champêtre distribue le quotidien de Jean-Michel Baylet.
Même au fin fond du Larzac, Facebook et Twitter existent et la télécommande permet d’accéder à un bouquet de chaines.
Depuis belle lurette, l’opinion publique ne croit plus ce que raconte la presse. Jean-Christophe Cambadélis regrette peut être la Belle Epoque ou les électeurs marchaient au son du tambour médiatique. Mais, de nos jours, la propagande fait « pchittt ». Les responsables politiques ont toutes les raisons de le regretter. Mais c’est un fait. Les lecteurs ne sont pas des cerveaux faciles.
Jean-Michel Baylet pourra vanter, tous les jours, les qualités (réelles ou mystifiées) du parti socialiste, de Nicolas Sarkozy ou du Pape. Mais l’efficacité est plus que relative.
Le rôle de « Pravda » est toujours possible. Il suffit d’avoir des journalistes dociles (c’est-à-dire des salariés qui craignent pour leurs fins de mois), des annonces légales (judicieusement attribuées par des collectivités amies) et des moyens matériels (facilités par des marchés publics). En revanche, la vente de papier ne garantit absolument pas l’achat des voix. Les lecteurs ne sont pas des benêts et les électeurs des moutons.
Midi-Pyrénéees et Languedoc-Roussillon n’échappent pas à cette évolution. Le TGV est moins développé qu’en Aquitaine. Le chômage est plus élevé qu’en Ile-de-France. Mais, au pays de Jean-Michel Baylet, les pendules ne se sont pas arrêtées au siècle de Fouché.
Jean-Christophe Cambadélis est né le 14 aout 1951. Son anniversaire est passé. Mais il est peut être encore temps pour lui offrir un cadeau : un séjour en Midi-Pyrénées. Cette immersion en terre « indigène » lui permettrait peut être de changer sa vision de notre région. Une seule journée ou même quelques heures devraient lui suffire pour s’apercevoir d’une stupéfiante réalité : les midi-pyrénéeens vivent au XXIe siècle.
Laurent Dubois