Un train peut en cacher un autre. On trouve, sous forme de panneau, cette indication sur nos routes départementales. Les préfectures peuvent installer les mêmes dans les isoloirs. Le scrutin des municipales éclipse une autre élection.
Une élection qui se déroule le même jour et sur les mêmes bulletins de vote. Le premier tour des municipales a fait couler des litres d’encre et de salive. La victoire de Gérard Trémège à Tarbes, le score de Brigitte Barèges dans la ville des « Tontons flingueurs » ou l’avance de Jean-Luc Moudenc sur Pierre Cohen ont capté toute la lumière. Le bal des prétendants a accaparé toutes les discussions, toutes les attentions. Et pourtant. L’élection des futurs maires masque l’élection simultanée des conseillers communautaires.
Dimanche dernier, les électeurs ont voté deux fois. Ce « package » a échappé aux médias et à nos concitoyens. En revanche, du côté du PS, les antennes sont dressées.
Dans le Tarn, un responsable du parti à la Rose craint des épines. Notamment la perte de « Tarn et Dadou ». Cette communauté de communes regroupe 29 municipalités. Dont Gaillac et Graulhet. Ces deux collectivités sont les poids lourds de l’inter-co. Le premier tour de dimanche dernier met sérieusement en difficulté le PS à Gaillac. Une défaite à Graulhet serait, d’après un socialiste, fatale. « Tarn et Dadou » tomberait en même temps que la mairie actuellement détenue par le PS.
Une éventuelle fusion des listes DVD-FN inquiétait d’ailleurs beaucoup la fédération du PS 81. L’hypothèse s’est dégonflée dans la dernière ligne droite. Mais, un cadre du parti était catégorique et inquiet. Une alliance des droites fragilisait le sortant. Par effet domino, c’est la couleur politique de « Tarn et Dadou » qui était remise en cause.
A 60 km de Graulhet, d’autres élus suivent également de près la carte des intercommunalités. Dans le Sud Est de l’agglomération toulousaine, les électeurs sont focalisés sur le second tour d’un Arnaud Laffont à Castanet-Tolosan ou d’un Christophe Lubac sur la commune de Ramonville.
Mais, au PS, l’avenir du « Sicoval » est dans toutes les têtes. Cette communauté d’agglomération regroupe 36 communes. Le glissement de gauche à droite de plusieurs municipalités dès le premier tour (Baziège, Montgiscard, Clermont-Lefort, Pouze) inquiète les socialistes. Le maintien de Ramonville ou, au contraire, la conquête de Castanet-Tolosan devient hautement stratégique.
Martin Malvy et Pierre Izard sont venus soutenir le candidat PS sur Ramonville. Ce déploiement de force correspond à un objectif…arithmétique. Ramonville « pèse » 10 voix dans la future élection au sein du Sicoval. 10 voix qui peuvent contrebalancer les suffrages des petites communes qui désormais sont à droite. Ces calculs échappent totalement aux électeurs. Les intercommunalités, communauté d’Agglomération et autres « techno-structures » sont des OVNI. Des Objets Votants Non Identifiés.
Communautés de communes et d’agglomération ont le pouvoir et l’argent. Ce sont les vrais lieux du Pouvoir Local. L’urbanisme, les transports ont quitté les mairies. Ils sont dans les intercommunalités. Malheureusement ces enjeux échappent aux électeurs. Pas aux élus qui sont déjà dans le troisième tour des municipales.
Laurent Dubois