24 Avr

Comprendre l’Europe (4) : Entretien avec Robert Rochefort, tête de liste Modem-UDI dans le sud-ouest.

Député européen sortant du grand sud-ouest, Robert Rochefort repart en campagne avec cette fois-ci une liste d’union du centre. Ce jeudi, il sera dans les Hautes Pyrénées. Il visitera les thermes de Bagnères et le Pic du Midi.

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Je suis candidat parce je veux participer à une véritable métamorphose de l’Europe. Parce que je ne veux pas laisser le champ libre aux dangereux aventuriers qui proposent la sortie de l’euro, la fermeture des frontières, le repli sur soi et la nécrose du continent. Parce qu’abandonner la construction européenne signifierait appauvrissement, inflation, arrêt de nos exportations, retour à l’époque où l’Espagne et l’Italie dévaluaient leur monnaie contre nos intérêts économiques. Croyez-moi, il n’y a pas d’autre choix que l’Europe. Pour nous, et plus encore pour nos enfants. Ceux qui vous proposent la sortie de l’euro sont de bien dangereux aventuriers. Cela signifierait appauvrissement, inflation, arrêt de nos exportations, retour à l’époque où l’Espagne et l’Italie dévaluaient leur monnaie contre nos intérêts économiques.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

Le parlement européen est souvent méconnu. Et pourtant, élu au suffrage universel,  il représente 500 millions d’Européens. Malheureusement l’Europe reste largement intergouvernementale en raison du poids écrasant du Conseil Européen, composé des ministres des gouvernements qui décident en dernier ressort. La loi Européenne est faite par le Parlement et le Conseil. Le parlement doit évoluer pour rendre l’Europe plus démocratique. Il est le seul organe qui incarne réellement le peuple européen dans sa diversité. Les élections de mai offrent la possibilité de formuler de nouvelles ambitions pour l’Europe. En votant massivement les citoyens ont le moyen d’accroitre sa légitimité et d’engager un rééquilibrage des forces avec le Conseil.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

Faire l’Europe, c’est relancer l’activité dans de nombreux secteurs en créant de grandes entreprises européennes – comme on a su le faire avec Airbus – dans l’énergie et la transition écologique, la grande vitesse ferroviaire, le médicament. C’est mettre fin au dumping fiscal et social, concurrence déloyale entre pays, qui nous ont fait perdre des places dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Faire l’Europe, c’est donner d’avantage de force aux régions, c’est reconnaître les productions locales, c’est soutenir les petites entreprises. Car c’est en étant forts et unis que l’on peut se protéger de l’uniformisation. Un peu comme dans une coopérative, où chacun existe avec ses spécificités car il bénéficie de l’appui solidaire de tous les autres. Comme vous le savez, j’ai beaucoup travaillé sur le “Produire en France”. J’ai en 2012, bien avant que le gouvernement ne s’en saisisse écrit un livre intitulé “Produire en France, c’est possible”. Ce combat pour la qualité des produits et l’information du public, je le mène également au niveau Européen. Et je suis heureux que lors de notre dernière session à Strasbourg, le Parlement ait voté pour la création d’un label “made in EU”.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

L’identité européenne c’est la culture, c’est l’histoire tragique souvent, qui a débouché sur la volonté de créer une zone de paix. C’est, malgré quelques différences ici ou là, l’émergence progressive d’un  modèle commun dans les domaines social et économique. C’est aussi et peut être surtout une vision commune des libertés individuelles.

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

Evidemment. Il dépasse même les frontières de l’Union. Ce qui manque aujourd’hui c’est un sentiment d’appartenance à l’Union en tant que telle, avec ses structures et son fonctionnement. C’est à elle de se reformer pour créer et renforcer ce sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs la mission que nous nous sommes donnés, nous les candidats UDI/MODEM.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

Les medias ont un rôle fondamental. Nous ne sommes que très peu écoutés, et notre action n’est quasiment pas relayée. Parce que, parmi les idées reçues sur l’Europe il y a cette fausse image d’opacité…Tout est public au Parlement européen, y compris les commissions thématiques. Et notre présence est obligatoire pour les votes. Au fait, dites-moi, que pouvez-vous faire pour que le Parlement Européen soit mieux connu des citoyens?

Ma réponse : Nous donnons la parole à chacune des têtes de liste Sud-Ouest à ces élections, comme nous le faisons avec vous dans cet entretien. Nous réalisons aussi sur ce blog des éditos pédagogiques et incitatifs pour que nos lecteurs s’intéressent à ce scrutin. Et puis le mardi 20 mai au soir, nous diffuserons dans tout le grand sud-ouest sur France3 un débat entre les principales têtes de listes, sans oublier les reportages que nous mettons en œuvre dans nos journaux télévisés pour montrer l’impact concret des politiques européennes en région.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

Si nous donnons, en votant massivement une vraie légitimité au Parlement européen le 25 mai,  nous lui permettrons de peser beaucoup plus sur l’évolution de la construction européenne. Voter le 25 mai, c’est renforcer la seule institution réellement démocratique  de l’Union Européenne et la pousser à se mettre clairement au service des citoyens européens. Pourtant, comme vous, je ne me satisfais pas de l’Europe d’aujourd’hui. Celle qui multiplie les tracasseries inutiles voire néfastes. Celle qui n’arrive pas à parler d’une seule voix dans le concert des nations. Et pourtant, prendre Bruxelles comme bouc émissaire, c’est tromper les citoyens. Car, je vous le dis, aucune décision en Europe n’est prise sans que les gouvernements, et donc celui de la France, n’aient donné leur accord. Et nos principales difficultés se trouvent ici, chez nous, en France. Elles sont les conséquences de nos incapacités à nous réformer depuis tant d’années. C’est cette refondation de l’Europe que nous vous proposons. C’est ce qui nous différencie d’autres listes, composées de melting-pots bien hasardeux, d’eurosceptiques et d’européens convaincus, à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Les candidats présentés par nos adversaires ont le plus souvent bien peu à voir avec les grands enjeux européens. L’Europe a besoin de vous. De citoyens exigeants et vigilants à l’égard de Députés européens sans ambiguïté sur le sens de leur engagement, et qui reprendront le flambeau des bâtisseurs.

Robert Rochefort sera l’invité du journal régional de France3 Midi-Pyrénées demain à 19h

Patrick Noviello