05 Mai

Républicains ? Un droit et des devoirs.

En fin d’après-midi, l’avocat toulousain Christophe Lèguevaques, ancien candidat à la primaire PS à Toulouse, va officiellement demander un recours en nullité contre la marque « Les Républicains » déposée par l’UMP. Il en a le droit bien évidemment. Mais cette polémique met aussi tous les partis face à leurs devoirs.

 

Christophe Lèguevaques

Christophe Lèguevaques

 

Christophe Lèguevaques dénonce une tentative de « ripolinage destiné à masquer l’implication d’un parti impliqué dans de nombreuses et scabreuses affaires politico-financières ». Pour lui, l’expression « républicains » ne doit pas se limiter à une partie de l’hémicycle.

 

« On rappellera simplement qu’aux États-Unis, un des deux principaux partis s’appelle « Les Républicains ». En France, le parti auquel appartenait Valéry Giscard d’Estaing s’appelait « Les Républicains Indépendants » transformé à partir de 1977 en « Parti Républicain ». A partir de 1976, le parti gaulliste s’appelait « Le Rassemblement Pour la République »… Toutes ces appellations ont été adoptées sans que cela, à bon droit, n’émeuve quiconque » précise Pierre Esplugas, le porte-parole de l’UMP31 dans un communiqué.

 

Jetons d’ailleurs un coup d’œil sur la définition de « République » dans Le Robert : « Forme de gouvernement où le pouvoir, qui n’est pas héréditaire, est exercé par un Président et un Parlement élus. » La formule est effectivement applicable à droite comme à gauche, pas de doute.

 

Alors ne seraient Républicains que les membres de l’ancienne UMP ? Bien sûr que non. Alors pourquoi s’arroger cette appellation ? Ils sont nombreux, y compris au sein du parti à ne pas comprendre la démarche. « Nous ne sommes pas les seuls Républicains, j’en connais beaucoup dans les rangs adverses » reconnaît un élu UMP.

 

Pour accorder tout le monde, Nicolas Sarkozy a décidé de faire voter les militants. Mais selon un sondage Odoxa pour I-Télé, 56% d’entre eux estiment que l’UMP ne devrait pas changer de nom. Pour les convaincre le président du parti devrait leur envoyer jeudi une lettre leur expliquant pourquoi « la priorité aujourd’hui est de rétablir les principes de la République ».

 

D’ailleurs tout n’est-il pas parti de là ? Au lendemain des attentats parisiens de janvier, l’emblème républicain est revenu sur le devant de la scène, et avec lui toutes les valeurs qu’il porte. Ce qui était scandé, au départ lors d’une trêve politique ne risque-t-il pas d’être repris à son compte par un seul parti ? C’est peut-être cela qui passe mal aujourd’hui à droite comme à gauche.

 

La République est à tous ceux qui veulent en défendre les principes. Est donc « Républicain » celui qui s’y engage, carte d’un parti en poche ou pas. Un droit commun certes mais aussi des devoirs à respecter. Notamment celui de ne pas s’arroger un nom qui se veut universel ? Ce sera à la justice de trancher. Christophe Lèguevaques dépose sa demande judiciaire en nullité cet après-midi.

 

Patrick Noviello

29 Avr

Régionales : Dominique Reynié, tête de liste UMP-UDI, questions et suspicion

Remue méninges dans le ménage UMP-UDI. La droite et le centre ont désigné, samedi dernier, leur tête de liste pour les régionales. Dominique Reynié a été élu par des grands électeurs réunis à Sète. Depuis cette investiture, les cerveaux s’échauffent. Interrogations et spéculations circulent. Le scrutin était-il plié d’avance ? Dominique Reynié est-il le candidat de Nicolas Sarkozy ? Des accusations et de forts soupçons agitent également les esprits. Jean-Luc Moudenc est pointé du doigt. Il aurait orchestré une vraie-fausse élection. Tour d’horizon et révélations autour d’un « psychodrame ».

Dominique Reynié

Dominique Reynié

Une élection tronquée et « truquée ». 

Lundi matin, 48 heures après le vote de Sète, un responsable de l’UMP fait ses calculs. Il vient de recevoir les résultats d’un scrutin auquel il n’a pas personnellement participé : « je regarde les chiffres et franchement la messe était dite avant. C’est impossible autrement. Reynié fait un excellent score dès le 1er tour, largement devant Bernard Carayon (maire UMP de Lavaur) et Philippe Bonnecarrère (sénateur du Tarn). S’il (Dominique Reynié) s’imposait au 2nd au 3eme tour, on peut comprendre. Mais là, c’est pas possible ».

Un participant, qui a voté Reynié, pense la même chose : « bien sur, c’était plié avant ». Du côté des perdants et des déçus, l’accusation d’une élection truquée est compréhensible. Il s’agit d’habiller la défaite en criant à la machination. En revanche, un aveu de la part des soutiens à Dominique Reynié est plus troublant. Certains « Pro-Reynié » nient catégoriquement. C’est le cas du sénateur UDI, Pierre Médevielle ou de Jacques Thouroude (conseiller régional UMP). Ils sont dans leur rôle. Reconnaître un « ficelage » du scrutin revient à avouer l’inavouable : le vote de Sète est une mascarade.

Au delà des postures et des (éventuelles) impostures, des faits s’imposent. Le scrutin de samedi comprenait 4 tours. Au 1er tour, Philippe Bonnecarrère obtient 5 voix, Bernard Carayon 5 et Stephan Rossignol draine 7 suffrages. De son côté, Dominique Reynié récolte 12 votes. Comme le souligne, un responsable du centre : « on ne fera pas croire que c’est l’exposé oral qui a précédé le vote qui l’a propulsé aussi fort et aussi haut ». Un autre élu UMP rajoute : « l’exposé de Reynié n’était pas très bon. Il a lu son texte sur un ton monocorde. Il n’était pas à l’aise. Le fond y était pas la forme. Philippe Calleja (conseiller régional UMP) ou Carayon ont été plus percutants ».

Un score surprenant et « impressionnant » (plus du double de celui des « favoris ») pour certains, le « crime » est signé. Comme le dit, un participant au conclave de Sète : « on a inventé une procédure pour éviter que Paris impose son candidat et on se retrouve avec une candidature téléphonée par Paris ». L’ombre de Nicolas Sarkozy plane sur le scrutin.

Dominique Reynié, le candidat de Sarko ?

Le soir des résultats, contrairement à la version officielle, c’est une surprise. Comme le souligne Stéphan Rossignol (maire UMP de la Grande-Motte), « les élus que j’ai rencontré pendant ma campagne me disaient que Reynié n’avait aucune chance et on en n’en parlait pas ». Même son de cloche du côté d’une élue UMP : « Reynié était une simple option ». Pour un autre protagoniste, c’est évident :

« Sarkozy a téléphoné aux parlementaires. Deux choses expliquent la victoire de Reynié : Sarko et les gros réseaux «  associatifs » de Dominique Reynié ».

Deux personnalités démentent catégoriquement cette version des faits. Bernard Carayon affirme : « c’était moi le candidat de Sarko ». De son côté, Alain Marleix est clair :

« Nicolas Sarkozy n’est pas intervenu, je suis formel ».

L’ancien ministre UMP et vice-président de la Commission Nationale des Investitures précise : « les aveyronnais étaient très dans le coup, Luche (président du conseil départemental) et Marc (député de l’Aveyron), Censi (député de l’Aveyron). Mais Sarkozy ne s’est absolument pas mêlé de cela ».

Alain Marleix rejette l’hypothèse d’une intervention de Nicolas Sarkozy. Mais il avance une autre explication :

             « ils se sont tous auto-flingués ».

C’est possible. Visiblement, Stephan Rossignol suscitait un vrai rejet du côté du Languedoc. Sa conquête (à la hussarde) de la maire de la Grande-Motte aurait laissé des traces à l’UMP. De son côté, Bernard Carayon ne soulevait d’enthousiasme. Dans ce jeu de massacre entre « amis », il faudrait ajouter une scène. A Sète, entre le 3eme et le 4eme tour, les représentants de l’UMP se sont réunis. Jean-Pierre Grand (sénateur de l’Hérault) a haussé le ton pour barrer la route à Dominique Reynié. Ce coup de gueule aurait fini de « tuer » les chances de Bernard Carayon. Les électeurs UMP n’ont pas apprécié la méthode.

En fait, Dominique Reynié serait l’heureux bénéficiaire d’un vide politique. Comme le dit, un protagoniste, « je ne dis pas que Reynié a été élu par défaut mais franchement il n’y avait personne. Certains grands électeurs étaient anti-système et heureux de renvoyer dos à dos les partis. Du côté de Bonnecarrère, c’était encore plus simple. Dès le début, Sarko a dit que la tête de liste ne pouvait pas aller à l’UDI. Il était hors-jeu dès le départ ce qui favorisait, de fait, Dominique Reynié ».

Cette analyse est convaincante. Mais elle se heurte à des points d’ombre.

Dominique Reynié reconnaît avoir rencontré Nicolas Sarkozy. Il aurait alors obtenu une garantie : une investiture des instances nationales en cas de désignation par les élus régionaux. En contrepartie, le politologue se serait engagé à prendre la carte de l’UMP.

Cet accord « Sarko-Reynié » est un accord a minima.

Le politologue se serait donc lancé dans une aventure « aventureuse » sans véritable garantie. Ce n’est pas crédible.

Dominique Reynié a financé et organisé un sondage de notoriété. Il a pris des billets d’avion et louer des voitures. Tout cela constitue un vrai budget. Le professeur à Sciences Po et chroniqueur sur France 5 a probablement de solides revenus et une vraie passion pour les vignes de Cahors et les salins de Gruissan. Néanmoins, le temps et l’argent sont des denrées rares. On les jette rarement par les fenêtres. Comme le prétend un électeur de Sète, « Dominique Reynié ne s’est pas lancé sans de solides garanties ». Cela semble évident.

Question. Si elles ne viennent pas de Nicolas Sarkozy, qui les a fourni ? Certains pointent du doigt Jean-Luc Moudenc. Ce soupçon entame l’autorité (morale) du maire de Toulouse.

Jean-Luc Moudenc sur la sellette.

« Jean-Luc Moudenc devait rester neutre. Il est devenu le chef d’orchestre d’une élection préparée. On n’a pas vu venir les choses. Franchement, on a été des bleus. Je dis bravo les artistes. Mais on aurait pu nous épargner de faire campagne ».

Ce coup de gueule est un véritable réquisitoire. Certains candidats ont le sentiment d’avoir été bernés.

Ils ne remettent pas (forcément) en cause le résultat. Mais ils désapprouvent (franchement) la méthode. La procédure inventée par le maire de Toulouse devait garantir une égalité des chances et une transparence. L’impression finale est celle d’une vraie-fausse élection.

Aucun des protagonistes (candidats malheureux, ralliés au politologue et membres de la commission électorale) n’accuse directement Jean-Luc Moudenc d’avoir faire élire Dominique Reynié. Néanmoins, à l’UDI comme à l’UMP, certaines voix évoquent un sentiment de trahison. Du côté des languedociens, c’est un sentiment de déception : « on a cru en l’autorité de Jean-Luc Moudenc, nous sommes déçus ».

Le vote de samedi a fait un vainqueur mais aussi un « perdant ». Dominique Reynié a décroché régionalement une tête de liste qui va devoir être validée nationalement. Mais, à l’UMP et à l’UDI, certains souhaitent que, désormais, Jean-Luc Moudenc se concentre uniquement sur Toulouse et se consacre exclusivement à son mandat municipal. Après des départementales ratées, Jean-Luc Moudenc a loupé la première étape des régionales.

Seule une belle réussite en décembre prochain pourrait effacer l’épisode de Sète.

Laurent Dubois

 

25 Avr

Dernière minute : Philippe Saurel « candidat » à la tête de liste UMP-UDI pour les régionales

Philippe Saurel. Maire de Montpellier

Philippe Saurel. Maire de Montpellier

La droite et le centre désignent aujourd’hui leur leader pour les prochaines régionales. Sur le papier, 10 candidats participent à l’élection. Mais, dans les faits, une autre « candidature » s’invite (virtuellement) dans le scrutin. Le maire de Montpellier joue le 11eme homme. Philippe Saurel n’est pas (réellement) en piste pour la tête de liste UMP-UDI. Néanmoins, un grand électeur, adepte du billard à plusieurs bandes, « vote » indirectement pour lui:

 

je voterai Carayon, le plus à droite de nos candidats pour préserver les chances de Saurel qui est mon candidat de coeur et de raison s’il décide d’y aller. Et en plus Carayon n’est pas du Languedoc-Roussilon contrairement à Saurel, ce qui est parfait pour permettre à Saurel de faire le plein en Languedoc-Roussillon mais aussi de ratisser centre-droit »

 

Laurent Dubois

24 Avr

Régionales, désignation de la tête de liste UMP-UDI : outsiders et challengers

Brouillard sur le port de Sète. Demain, à partir de 9 heures 30, 40 grands électeurs vont se réunir dans la ville de Brassens. Ils doivent adouber la tête de liste de la droite et du centre pour les prochaines Régionales. 24 heures avant le verdict, les candidats sont dans le vague. Pas de favoris, aucun nom qui s’impose. La même impression domine dans le rang des « initiés ». Les responsables de l’UMP et l’UDI, extérieurs à la compétition, sont dans l’expectative. Néanmoins, trois « certitudes » circulent : l’identité des outsiders, l’existence d’un « tiercé » gagnant (Bernard Carayon, Philippe Bonnecarrère, Stéphan Rossignol) et la montée en puissance de la candidature du maire de la Grande-Motte, Stéphan Rossignol.

 

Stéphan Rossignol, maire de la Grande-Motte et challenger pour la tête de liste aux régionales

Les outsiders

Le scrutin de samedi va départager 10 candidats. Certains prennent le départ avec des boulets aux chevilles. Jean-Luc Rivière (UDI, conseiller régional en Midi-Pyrénées), Elisabeth Pouchelon (UMP, conseillère régionale midi-pyrénéenne) devraient être éliminés au 1er tour. C’est, en tout cas, ce que pensent, de manière unanime, leurs « camarades ». Jean-Luc Rivière « ne représente que lui-même » dixit plusieurs personnalités UMP. De son côté, Elisabeth Pouchelon bénéficie d’une qualité. L’élue régionale est la seule représentante de la parité. C’est l’unique femme en piste. Néanmoins, elle souffre d’un double handicap. Eliminée au 1er tour des départementales, Elisabeth Pouchelon est politiquement affaiblie. De plus, malgré un relatif réchauffement, ses relations avec Jean-Luc Moudenc sont fraîches. Les municipales, les investitures pour les sénatoriales de septembre dernier, ont plongé les deux représentants de l’UMP dans un « hiver » politique.

Des pronostiqueurs ajoutent à la liste des outsiders Dominique Reynié. Trop médiatique, trop parisien, le politologue revendique des racines régionales. Il est originaire de l’Aveyron. Néanmoins, le candidat de la société civile manquerait d’accent local. Sa tribune dans les colonnes du « Figaro » et son « parachutage » cadreraient mal avec l’esprit du « vote des 40 ». En effet, il s’agit d’un procédé (un scrutin entre élus régionaux) qui est ouvertement dirigé contre une pratique « parisianno-parisienne » : le bombardement d’une personnalité extérieure au paysage politique régional.

Ce « mauvais » profil n’est pas forcément perçu comme « éliminatoire ». Tout au long de la semaine, diverses personnalités de l’UMP, ont insisté sur les chances réelles de Dominique Reynié. Evidemment, ce sont les urnes qui trancheront. C’est la même chose pour le tiercé des challengers. Trois noms reviennent en boucle. Seul le dépouillement des bulletins de vote confirmera ou infirmera ce qui reste encore de la politique fiction. Néanmoins, l’insistance et la persistance du tiercé « Bonnecarrère-Carayon-Rossignol » n’est pas simplement un reflet dans une boule de cristal. Cela correspond à un vrai ressenti.

Les challengers.

Trois candidats se disputent le podium. Sur la marche la plus basse, on trouve Philippe Bonnecarrère. L’ancien maire (UDI) d’Albi et nouveau sénateur du Tarn a longtemps été présenté comme le favori de Jean-Luc Moudenc. Evidemment le soutien du maire de Toulouse ne suffit pas à décrocher l’investiture. Néanmoins, son sponsor peut faire la différence.

L’autorité politique de Jean-Luc Moudenc est écornée par son échec lors des départementales. Malgré un vrai et profond investissement personnel, le président de l’UMP 31 n’a pas réussi à prendre la forteresse haute-garonnaise du PS. Cependant, le maire de Toulouse reste une pièce forte sur l’échiquier régional.

Le centriste Bonnecarrère semble avoir perdu l’appui de Jean-Luc Moudenc. Son profil ne cadrerait plus avec la carte électorale issue des départementales. Le FN passe la barre des 30% dans les 5 départements du Languedoc-Roussillon. Le parti de Marine Le Pen a également réussi une percée et une poussée côté midi-pyrénéen. Philippe Bonnecarrère est adroit (il a un vrai sens stratégique). Mais il n’est pas suffisamment à droite pour morde sur l’électorat frontiste. De plus, au-delà du profil, il y aurait un problème de style. Philippe Bonnecarrère est quelqu’un de policé. Le vote de samedi n’est pas simplement une question de personnalité (politique) mais aussi de personne. La réserve naturelle et la courtoisie permanente de l’élu tarnais passeraient, auprès de certains, pour de l’arrogance ou du dédain.

L’autre challenger est l’anti-Bonnecarrère. La retenue n’est pas vraiment sa marque de fabrique et son positionnement est clairement à droite. Ancien membre du GUD (un syndicat étudiant d’extrême droite), Bernard Carayon a fait, dans sa jeunesse, le coup de poing dans les rues de Paris. L’ancien député UMP du Tarn et actuel maire de Lavaur est connu pour son tempérament de feu.

Politiquement, Bernard Carayon colle parfaitement avec la géographie électorale issue des départementales. Il peut faire les poches du Front National et drainer des suffrages au-delà de la droite républicaine. En revanche, il a les défauts de ses qualités. Cogneur, il n’est pas rassembleur. Visiblement, il ne parviendrait pas à fédérer autour de lui. De plus, s’il a de vrais atouts tactiques, il a un talon d’Achille stratégique. En effet, l’élu UMP peut effaroucher l’électorat centriste et modéré. Cela constitue un handicap pour le 2nd tour et surtout s’agissant du 3eme. Après le 1er tour, le candidat de la droite et du centre devra balayer large. C’est encore plus vrai s’agissant de l’élection à la présidence de la future région. Bernard Carayon aura du mal à assurer (et même à assumer vue sa personnalité bien trempée) cette politique d’ouverture.

Les faiblesses de la candidature Carayon alimente l’hypothèse Rossignol. Une hypothèse qui lève une hypothèque. Le maire de la Grande-Motte est, par définition, languedocien. Cette carte d’identité permet de donner des gages géographiques. Stéphan Rossignol offre également des « garanties » politiques. Moins clivant que Bernard Carayon, il est UMP. Depuis le début, les responsables du parti de Nicolas Sarkozy le répètent sur tous les tons : pas question de laisser la grande région à l’UDI !!!  Stéphan Rossignol a la bonne étiquette sans le côté tranchant d’un Bernard Carayon. Il peut drainer des soutiens du côté des centristes tout en conservant l’investiture dans le camp de l’UMP. De plus, il peut justifier d’une forte expérience régionale. Il a été un proche de Jacques Blanc (président de la Région Languedoc pendant 18 ans) et il est actuellement président du groupe UMP au conseil régional.

Stéphan Rossignol apparait comme le challenger parmi les challengers. 24 heures avant le vote de samedi, c’est son nom qui tient la corde. Verdict demain à 17 heures.

 

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17 Avr

Brigitte Barèges peut-elle perdre tous ses mandats ?

 Brigitte Barèges devant le Conseil d’Etat. Cet après-midi, les juges du Palais-Royal examinent le recours en appel déposé par la maire de Montauban. Cette requête fait suite à un jugement du Tribunal Administratif de Toulouse. En novembre dernier, la juridiction toulousaine a confirmé le rejet des comptes de campagne de Brigitte Barèges. Cette décision a une double conséquence : le non-remboursement des frais de campagne et une déclaration d’inéligibilité.

@MaxPPP Brigitte Barèges, maire de Montauban et conseillère départementale

@MaxPPP Brigitte Barèges, maire de Montauban et conseillère départementale

Ce dernier volet est le plus sensible. Il alimente conversations et supputations. La vie politique Tarn-et-Garonnaise prend une tournure juridico-juridique. Le Conseil d’Etat rendra sa décision fin mars-début avril. Mais, en attendant, des versions contradictoires circulent et s’affrontent.

Les adversaires de Brigitte Barèges sont catégoriques. Un rejet de l’appel (et donc la confirmation d’une inéligibilité) ne remet pas en cause le (nouveau) mandat départemental de la maire de Montauban.

En revanche, dans le camp d’en face, on se moque de la méconnaissance du droit électoral par les procureurs anti-Barèges. Pour Thierry Deville (adjoint au maire et avocat de profession), c’est une parfaite évidence. Tous les mandats sont dans la balance de la Justice. Le Conseil d’Etat risque de priver Brigitte Barèges de son fauteuil de maire et de son siège au conseil départemental.

Midi-Pyrénées Politiques a interrogé un avocat spécialisé, voici sa réponse :

 

« L’inéligibilité du candidat tête de liste porte sur toutes les élections à venir mais elle n’a pas d’effet sur les éventuels autres mandats acquis antérieurement à la décision. Ainsi un maire déclaré inéligible pour un an (NDLR c’est le cas de Brigitte Barèges) ne pourra pas se porter candidat à toute élection intervenant pendant cette durée. Il conservera en revanche ses mandats antérieurs ».

 

Laurent Dubois

 

14 Avr

Yvon Collin : « Je ne me laisserai pas faire »

Mercredi 15 avril, à 9 heures 30, le bureau du Sénat va se prononcer sur l’immunité parlementaire d’Yvon Collin. Le procureur général de Lyon, Sylvie Moisson, demande sa levée. Le sénateur du Tarn-et-Garonne est visé par une enquête (menée par le SRPJ de Toulouse mais délocalisée en Rhône-Alpes) pour des faits de corruption.

Le parlementaire est soupçonné d’avoir perçu 40 000 euros en échange d’un recrutement au conseil général de son département. Cette affaire judiciaire a de forts relents politiques. Yvon Collin, ancien lieutenant de Jean-Michel Baylet, est devenu le meilleur adversaire du patron du PRG. Ce dernier n’hésite pas à qualifier le cas d’Yvon Collin « d’accablant » et estime qu’il faut « assumer les conséquences de ces actes même les plus délictueux ».

Dans une interview exclusive, Yvon Collin explique pourquoi il demande (à l’instar de la Justice) la levée de son immunité parlementaire et il précise sa ligne de défense. D’après nos informations, des membres du bureau du Sénat (seule autorité compétente pour se prononcer) trouvent le dossier « quasiment vide » et  disent : « on n’est pas sûrs de prononcer la levée ».

La décision sera prise à la majorité des 26 membres du bureau parmi lesquels le président du Sénat, Gérard Larcher et le sénateur (PRG) des Hautes-Pyrénées, François Fortassin.

Yvon Collin-Sénateur du Tarn-et-Garonne

Yvon Collin-Sénateur du Tarn-et-Garonne

Midi-Pyrénées Politiques – Pourquoi avez-vous demandé la levée de votre immunité parlementaire ?

Yvon Collin – Cela m’est apparu comme une évidence. Face à l’absence et à l’impasse du dialogue de l’enquête préliminaire, je préfère l’échange et le contradictoire avec un juge d’instruction qui nous amènera, j’en suis convaincu, à la lumière de la vérité et prouvera ma totale innocence dans ce dossier.

Midi-Pyrénées Politiques – Quel est votre état d’esprit ?

Yvon Collin – La sérénité et la combativité pour faire face à des accusations calomnieuses dénuées de tout fondement.

Midi-Pyrénées Politiques : Quelle va être votre ligne de défense ?

Yvon Collin – En l’état des informations que je possède et qui sont issues du quotidien de monsieur Baylet, on insinue que j’aurai, si j ai bien compris, perçu de l’argent pour permettre à un jeune homme d’accéder à un emploi. Une telle accusation vise à me nuire et à me décrédibiliser. Elle est totalement stupide. Je fais de la politique par passion depuis plus de 40 ans et seul l’intérêt général a guidé depuis l’origine mon parcours. Les grand électeurs du Tarn-et-Garonne qui m’ont au premier tour accordé leurs suffrages aux dernières élections sénatoriales prouvent combien ils reconnaissent en moi un homme probe et au service de tous.

Affirmer aujourd’hui que je serai corrompu est aussi stupide que grotesque…

Au cours de mes différents mandats ou fonctions, j’ai eu la possibilité de permettre à plus de 300 personnes d’être recrutés dans différentes collectivités, conseil général, mairie ou communauté de communes.
Il suffit d’interroger chacune d’entre elles pour savoir si oui ou non, j’aurai perçu en échange quelques avantages !
J’espère que la justice fera son travail. Pourquoi aurai-je pris de l’argent qui plus est de quelqu’un que je connais bien alors que je n’en ai nullement besoin et que par ailleurs mon histoire personnelle et ma réputation ont toujours mis en exergue ma probité et mon altruisme.
Je procéderai donc à des demandes d’actes me permettant de justifier ce que j’affirme. Mon honneur est en jeu, pour mon épouse, pour mes enfants, pour mes collègues parlementaires, pour mes amis et pour moi-même. La vérité doit effacer les dégâts et les méfaits de la suspicion illégitime et des accusations infondées.
Le dénouement terrible qui a vu le suicide de mon confrère et ami, le sénateur Jean Germain, injustement accusé et traîné dans la boue doit amener chacun d’entre nous à avoir plus de retenue…
Il est douloureux et terrible, d’être rattrapé par de fausses rumeurs alimentées par une presse nauséabonde et au service toujours dans notre département du même homme.

Midi-Pyrénées Politiques – Cette affaire a donc une dimension politique ?

Yvon Collin – Comment en douter ? La révélation de celle-ci dans la Dépêche du Midi, à l’initiative de monsieur Baylet et à la veille d’un scrutin (NDLR : les élections départementales) très important pour moi prouve, s’il en est besoin, l’instrumentalisation à des fins partisanes de ce dossier.
Il en est de même de la procédure. Il est affligeant de constater que ce n’est même pas la victime présumée qui a porté plainte dans la mesure ou elle s’est rétractée mais un proche de monsieur Baylet, un de ses nombreux inféodés comme malheureusement notre département en dénombre beaucoup, qui sous le prétexte de l’intérêt général va saisir le parquet d’un dossier où il est lui-même tiers à la procédure. C’est consternant.
Que penser aussi de la délocalisation du dossier, non pas à Toulouse ou Bordeaux comme il est d’usage en la matière. A cet égard, il est utile de rappeler que tous les contentieux qui ont jalonné la vie politique de monsieur Baylet, et ils ont étaient nombreux, se sont déroulés à Toulouse ou à Bordeaux mais pas à  Lyon !
L’acharnement judiciaire dont je fais l’objet est le prix à payer de ma liberté. Monsieur Baylet n’a pu obtenir ma mort politique : il veut donc porter atteinte et par tous moyens à ma dignité d’homme. Je ne me laisserai pas faire !

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

09 Avr

Chute de Jean-Michel Baylet : 3 questions et 3 réponses

S+1. La semaine dernière, Jean-Michel Baylet a perdu son fief. Pour éviter une défaite, il a choisi la retraite. Faute de majorité, il a abandonné un fauteuil qu’il occupait depuis 1985. Le 2 avril, c’est un nouveau président, Christian Astruc, qui s’installe dans l’ancien bureau de Jean-Michel Baylet. Retour sur cette fin de règne. Perspective sur le début d’une ère politique nouvelle. Un retour, une perspective qui s’articulent autour de 3 questions et de 3 réponses.

Jean-Michel Baylet

Jean-Michel Baylet

Question 1 : Brigitte Barèges voulait-elle le fauteuil de Jean-Michel Baylet ?

Réponse : NON

Le soir du 2nd tour, les soutiens de Jean-Michel Baylet jubilent. Pour la maire de Montauban, ce n’est pas le grand « Chelem ». Elle est confortablement élue sur le canton 3 de sa ville. En revanche, la gauche réussit à maintenir ses positions. Brigitte Barèges remporte 5 cantons sur l’ensemble du département. Pour le 3ème tour (l’élection du président), elle dispose de 10 voix. La majorité absolue est fixée à 16. Le camp Baylet fait immédiatement les comptes. L’addition est simple et, selon eux, fatale à Brigitte Barèges. Pour la députée (PS) Valérie Rabault, la maire de Montauban a perdu. Elle est incapable de devenir présidente du département. Son annonce du dimanche soir ( « je ne briguerai pas la présidence ») est un aveu d’échec.

En réalité, Brigitte Barèges n’a jamais eu l’intention de prendre le fauteuil de Jean-Michel Baylet. Un meilleur score, le soir du 2nd tour, renforçait sa stratégie : faire élire un  lieutenant (Pierre Mardegan) ou jouer les « faiseuses de Roi » en offrant, sur un plateau, une victoire à un (r)allié de circonstance. Mais, même avec une majorité en poche, la maire de Montauban ne souhaitait pas quitter l’Hôtel de Ville.  Évidement, Brigitte Barèges voulait la tête de Jean-Michel Baylet. Mais le remplacer supposait et imposait de quitter la mairie et la présidence de la Communauté d’Agglomération. L’interdiction de cumuler la présidence de deux exécutifs locaux est imparable, incontournable.

Brigitte Barèges est une femme de pouvoir. Elle ne manque ni d’autorité, ni d’ambition. Si la loi sur le cumul n’existait pas, elle aurait probablement voulu mettre dans son escarcelle la mairie et le département. Mais les textes sont les textes. Contrainte à un choix, Brigitte Barèges sait, dès le début, que la présidence n’est pas pour elle. En terme tactique, c’est bien joué. En quittant la scène, la nouvelle conseillère départementale évite de transformer le 3ème tour en duel frontal « Barèges-Baylet ». Cela permet de rallier des soutiens qui sont anti-Baylet mais par forcément pro-Baréges.

Question 2 : Jean-Michel Baylet victime d’un complot ?

Réponse : NON et OUI

« Le Tarn-et-Garonne est en train de devenir la capitale de tous les complots et de toutes les trahisons« . Pour Jean-Michel Baylet, sa chute est liée à de coups de couteaux dans le dos. En septembre dernier, au moment de la perte de son siège de sénateur, le patron du PRG employait les mêmes mots pour désigner un même Mal : la trahison de son propre camp. A l’époque, il visait les socialistes. Une chose est certaine. S’agissant du PS, le soutien a été sans faille. Mardi (deux jours avant le 3ème tour), lors d’une réunion à la Fédération du PS, une candidature socialiste a été brièvement envisagée. Mais c’était face à un sentiment d’échec programmé (notamment du au manque de combattivité et de réactivé de Jean-Michel Baylet) et l’hypothèse a été rapidement écartée. Malgré les aigreurs et les rancœurs, les socialistes ont été loyaux. La preuve par les chiffres. Les 4 voix PS n’ont jamais défaut tout au long des 3 scrutins du jeudi fatidique (élection du président, des vice-présidents et de la Commission Permanente). Elles se sont agrégées aux 8 voix du PRG. Au delà de l’arithmétique, une socialiste a fait des kilomètres et passé des heures en négociation. La députée, Valerie Rabault a été très active en coulisses. Malgré un (lourd) contentieux remontant aux municipales, la 1ère fédérale du département a été d’une loyauté sans faille. Une loyauté largement alimentée par une hargne contre Brigitte Baréges. Mais, au final, le PS n’a pas poignardé Jean-Michel Baylet. Bien au contraire.

Cela dit, des « Brutus » ont bien œuvré dans l’ombre. Le maire de Castelsarrasin, Jean-Philippe Bésiers a notamment précipité la chute de Jean-Michel Baylet. C’est la découverte de son double jeu qui, quelques minutes avant le 3ème tour, a conduit, jeudi matin, au retrait de Jean-Michel Baylet. Pendant toute la semaine, Jean-Philipe Bésiers avance « en sous-marin » et donne des gages. Mais, mercredi matin, il se sait démasqué et il finit, le lendemain, par avouer à l’intéressé qu’il ne votera jamais pour lui. Ce revirement (non anticipé par Jean-Michel Baylet) s’explique par une longue brouille. Au moment des municipales, Jean-Michel Baylet a placé, de manière autoritaire, Sylvia Pinel sur la route de Jean-Philippe Bésiers. Ce « délit » de favoritisme vire au « drame familial » et se termine mal. Sylvia Pinel est battu par un autre radical : Jean-Philippe Bésiers. Cet embrouillamini a laissé des traces profondes. Même dans le camp Baylet, on reconnaît que le « patron » n’aurait jamais dû agir de la sorte. Le 2 avril 2015, c’est le temps des règlements compte. Ils se paient cash.

Question 3 : Christian Astruc est-il entre les mains de Brigitte Barèges ?

Réponse : NON mais

Brigitte Barèges ne voulait pas devenir présidente à la place du président sortant. Mais attention. La maire de Montauban a envie de prendre les rênes du département.  Elle y travaille même ardemment. Une 1ère vice-présidence, une commission des finances et du personnel, les délégations de signature, permettent d’exercer le vrai pouvoir. Seul problème, une fois élu président, c’est Christian Astruc qui distribue les cartes. A ses côtés, l’artisan de sa victoire (Yvon Collin) veille aux grains. Pour la 1ère vice-présidence, c’est loupé. Le « bâton de Maréchal » revient à une proche du nouveau président. A gauche, cette attribution est analysée comme un premier signe d’indépendance.

Il reste le levier du budget, du personnel et les fameuses délégations. Ce week-end, dans les tribunes d’un match de Rugby, les échanges entre Brigitte Barèges et Christian Astruc ont été vifs. Le nouveau président fait l’objet de sollicitations pressantes et pesantes. Christian Astruc a été élu grâce aux voix de Brigitte Barèges. Mais il n’entend pas devenir un président de paille. A demi-mots, par des silences appuyés ou des réponses évasives, on comprend clairement que le mot d’ordre est : cordon sanitaire.

La justice pourrait apporter une réponse à cette préoccupation.

Brigitte Barèges est sous le coup d’une inéligibilité assortie d’une démission d’office.

C’est la solution idéale pour Christian Astruc. Si Brigitte Barèges ne peut plus siéger au conseil départemental, il est « libéré ». Pour lui, c’est objectivement une bonne nouvelle. Plus besoin de cohabiter, sous le même toit, avec une élue qui sait se faire entendre et occuper le terrain. De plus, cela peut permettre au nouveau président d’élargir sa majorité. Le PS refuse de le rejoindre tant que Brigitte Barèges est dans les parages. Le Conseil d’État (en statuant en appel sur la condamnation du Tribunal Administratif de Toulouse) tient, dans ses mains, l’avenir politique de Christian Astruc.

Seul problème, encore faut-il que Brigitte Baréges soit condamnée (1er point) et qu’elle perde tous ses mandats (2nd point déterminant). Ce dernier aspect juridico-juridique occupe tous les esprits. Valerie Rabault, après consultation (informelle) du Conseil d’Etat affirme que seul le mandat municipal est dans la balance. Brigitte Barèges, au contraire, prétend qu’elle risque de perdre son mandat municipal et son mandat départemental.

Évidemment, cette question est hautement stratégique. Un repli de Brigitte Barèges sur le conseil départemental (suite à sa démission d’office de la mairie) mettrait en danger Christian Astruc. Surtout s’il est convaincu qu’il peut céder, sans conséquence, aux demandes de Brigitte Barèges. On peut toujours offrir un ticket gagnant à un « mourant ». Il remporte le gros lot. Mais Il ne pourra jamais l’empocher. Comme par hasard, c’est la version « perte de tous les mandats » que Brigitte Barèges et son entourage défendent auprès de Christian Astruc. C’est peut être vrai. Mais ce n’est certainement pas innocent.

Intox. Manipulation et jeu de billard à plusieurs bandes sont toujours d’actualité dans le Tarn-et-Garonne

Laurent Dubois

08 Avr

Sénatoriales : les comptes de campagnes d’Aymeri de Montesquiou rejetés

Aymeri De Montesquiou ©PHOTOPQR/SUD OUEST/Amat Michel

Aymeri De Montesquiou©PHOTOPQR/SUD OUEST/Amat Michel

 

La commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a rejeté les comptes de campagne du sénateur gersois. La décision date du 9 mars mais on l’apprend seulement aujourd’hui. Principale motivation de cette décision, le fait qu’Aymeri de Montesquiou ou sa remplaçante aient directement réglé plus de 80% de leurs dépenses de campagne alors que c’est légalement à leur mandataire financier de le faire.

Elément aggravant aux yeux de la commission, Aymeri de Montesquiou a remporté fin septembre dernier son troisième mandat de Sénateur : « un parlementaire ne pouvait ignorer la portée des dispositions de l’article L. 5264 du code électoral qu’il a méconnues ». Et la commission de conclure sa décision en précisant que « eu égard à l’importance du montant en cause (NDR : 8709,45 euros) et au caractère réitéré, voire systématique de l’irrégularité constatée, celle-ci justifie le rejet du compte de campagne de M.Aymeri de Montesquiou ».

Pour le mandataire financier du sénateur gersois en revanche « il n’y a aucune fraude ». Selon Jean Duclavé, joint par téléphone, il ne s’agit que d’une question de procédure. « Sa suppléante payait les factures et moi je lui remboursais en fin de semaine. L’expert comptable a validé les comptes » précise-t-il. « Nous n’avons procédé ainsi que pour éviter des kilomètres et des dépenses inutiles, je ne les suivais pas partout pendant la campagne ».

Aymeri de Montesquiou et son équipe entendent donc contester cette décision. Mais c’est désormais au conseil constitutionnel de trancher. Soit il confirme le rejet de ces comptes de campagne et peut prononcer une inéligibilité de un à trois ans pour cette élection ou toute autre sur cette période, soit il prend une autre décision. L’examen pourrait prendre de deux à six mois.

Quoi qu’il en soit les procédures s’accumulent pour Aymeri de Montesquiou. Au début du mois, on apprenait que la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique le soupçonnait d’avoir sous évalué son patrimoine et avait transmis son dossier au parquet national financier. Pointé du doigt notamment « l’omission d’œuvres d’art et d’avoirs importants détenus à l’étranger ainsi que la sous-évaluation de son patrimoine immobilier » selon un communiqué de la HATVP.

Enfin, rappelons également que l’immunité du sénateur gersois a été levée le 18 mars dernier dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de commissions perçues en marge de contrats conclus avec le Kazakhstan. Aymeri de Montesquieu a été le représentant de Nicolas Sarkozy en Asie centrale quand ce dernier était Président de la République.

Patrick Noviello

Départementales : Sans Étiquette, possible ?

 

Christian Astruc, nouveau président sans Étiquette de Tarn et Garonne. Photo PQR La dépêche du Midi

Christian Astruc, nouveau président, Sans Étiquette, de Tarn et Garonne. Photo PQR La dépêche du Midi

Une exception… Une petite touche de couleur ni rose, ni bleue sur la carte de France. Un département ni à droite ni à gauche, voilà ce qu’est- devenu le Tarn et Garonne. Mais est-ce que ça peut marcher et est-ce que ça veut dire quelque chose ?

 

« Un candidat « sans étiquette », moi, je ne sais pas ce que c’est ! Pour moi, c’est un candidat de droite. » La réplique de Georges Méric, socialiste, désormais patron du conseil départemental 31, à Christian Astruc est cinglante ce samedi en plateau de « La Voix est Libre ».

 

Le nouveau président de Tarn et Garonne a l’habitude d’essuyer ce type de remarque. Il relève à peine : « Je suis maire depuis 20 ans. Dans mon conseil municipal, je n’ai jamais regardé si une personne était à droite ou à gauche. Pour moi l’important, c’est la personne, les idées, les propositions qu’il fait ».

 

Pour lui, les partis politiques sont là pour s’autoalimenter, en ayant le plus d’élus possible pour assurer leurs finances. Quand on lui fait remarquer qu’il a été proche du PRG de Jean-Michel Baylet, il répond : « Mais je n’ai jamais été encarté ! Nulle part d’ailleurs ! ».

 

Oui mais la droite ou la gauche, il faut bien se positionner, non ? « Aujourd’hui on ne peut plus se payer le luxe de faire de la politique politicienne vu l’état dans lequel est notre pays : si une proposition est bonne on doit la soutenir qu’elle soit de gauche ou de droite. » A noter que la politisation du scrutin n’a bénéficié ni à Manuel Valls au niveau national, ni à la droite midi-pyrénéenne défaite malgré tout.

 

Nid de droite, ni de gauche, d’accord mais quoi alors ? « Indépendant » voilà un autre terme qui revient souvent dans la bouche de Christian Astruc. « Nous nous sommes toujours déclarés en tant que tels, et malgré cela la Préfecture m’a répertorié en « Divers Gauche ». C’est inacceptable, nous contestons cela ».  Pour le maire de Dune, c’est donc cette indépendance qui l’a emporté, cette indépendance qui a été choisie par l’électeur.

 

Seulement ce mouvement qui s’amorce peut-il se fédérer alors qu’on commence surtout à parler de tripartisme en France (UMP, PS, FN) ? « Moi qui suis contre les partis, je ne vais quand même pas en fonder un des « Sans Etiquettes » » ironise en guise de conclusion Christian Astruc.

 

Patrick Noviello

31 Mar

« Bon vieux département » et grande région 

 

L’un incarnerait-il le passé et l’autre l’avenir ? Pas sûr. Les élections que nous venons de vivre en sont peut-être la preuve.

 

Photo Alexandre Marchi (Max PPP)

Photo Alexandre Marchi (Max PPP)

8 avril 2014, Manuel Valls, nouveau premier ministre annonce lors de sa déclaration de politique générale, son intention de supprimer les départements. Moins d’un an plus tard, il fait campagne pour que le maximum d’entres eux restent à gauche et décline le programme socialiste pour ses territoires. Bel exercice de pirouette politicienne… Reconnaissons toutefois à l’homme qu’il devait être persuadé du bien fondé de la suppression de cet échelon administratif mais que sa majorité ne l’a pas suivi, son Président non plus.

 

 Alors plus de deux siècles après sa création (22 décembre 1789), qu’est-ce qui vaut au département d’avoir résisté à des dizaines et des dizaines de projets de suppression à travers nos cinq Républiques ? Un attachement de ses administrés ? Alors pourquoi sont-ils si nombreux à se jeter sur les urnes pour le défendre ? Cette fois-ci, il semble aussi qu’aucune autre des collectivités locales n’ait voulu de ses compétences les plus lourdes financièrement : celles portant sur les prestations sociales.

 

Thomas Wieder dans « Le Monde » de ce samedi nous rappelle aussi à travers le témoignage d’un spécialiste de cette institution que le département intéresse aussi les élus au plus haut point. « Le mandat de conseiller général est d’une extraordinaire stabilité. Certains le sont pendant trente ou quarante ans. Le Département est le cadre par excellence des carrières politiques » explique Patrick Le Lidec, chercheur au Centre d’études européennes de Science Po. Est-ce pour cela qu’autant de conseillers régionaux étaient candidats lors de ces départementales ?

 

Autrefois jumelées à d’autres scrutins, Municipales, Régionales, les cantonales ont cette fois été programmées à quelques mois du vote pour le grand big-bang territorial, celui qui va acter la naissance des grandes régions. Ces départementales doivent-elles pour autant être considérées comme un test ? Ici sûrement pas ! Les cartes politiques de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sont difficilement comparables (cela aurait été éventuellement plus le cas si nous avions fusionné avec l’Aquitaine par exemple). Et pourtant quelques spécialistes de data journalisme nous pondent déjà des cartes où nous figurons en rose avant même le scrutin de décembre. C’est beau la modernité mais peut-être pas autant qu’un bon vieux département…

 

Patrick Noviello

 

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