En fin d’après-midi, l’avocat toulousain Christophe Lèguevaques, ancien candidat à la primaire PS à Toulouse, va officiellement demander un recours en nullité contre la marque « Les Républicains » déposée par l’UMP. Il en a le droit bien évidemment. Mais cette polémique met aussi tous les partis face à leurs devoirs.
Christophe Lèguevaques dénonce une tentative de « ripolinage destiné à masquer l’implication d’un parti impliqué dans de nombreuses et scabreuses affaires politico-financières ». Pour lui, l’expression « républicains » ne doit pas se limiter à une partie de l’hémicycle.
« On rappellera simplement qu’aux États-Unis, un des deux principaux partis s’appelle « Les Républicains ». En France, le parti auquel appartenait Valéry Giscard d’Estaing s’appelait « Les Républicains Indépendants » transformé à partir de 1977 en « Parti Républicain ». A partir de 1976, le parti gaulliste s’appelait « Le Rassemblement Pour la République »… Toutes ces appellations ont été adoptées sans que cela, à bon droit, n’émeuve quiconque » précise Pierre Esplugas, le porte-parole de l’UMP31 dans un communiqué.
Jetons d’ailleurs un coup d’œil sur la définition de « République » dans Le Robert : « Forme de gouvernement où le pouvoir, qui n’est pas héréditaire, est exercé par un Président et un Parlement élus. » La formule est effectivement applicable à droite comme à gauche, pas de doute.
Alors ne seraient Républicains que les membres de l’ancienne UMP ? Bien sûr que non. Alors pourquoi s’arroger cette appellation ? Ils sont nombreux, y compris au sein du parti à ne pas comprendre la démarche. « Nous ne sommes pas les seuls Républicains, j’en connais beaucoup dans les rangs adverses » reconnaît un élu UMP.
Pour accorder tout le monde, Nicolas Sarkozy a décidé de faire voter les militants. Mais selon un sondage Odoxa pour I-Télé, 56% d’entre eux estiment que l’UMP ne devrait pas changer de nom. Pour les convaincre le président du parti devrait leur envoyer jeudi une lettre leur expliquant pourquoi « la priorité aujourd’hui est de rétablir les principes de la République ».
D’ailleurs tout n’est-il pas parti de là ? Au lendemain des attentats parisiens de janvier, l’emblème républicain est revenu sur le devant de la scène, et avec lui toutes les valeurs qu’il porte. Ce qui était scandé, au départ lors d’une trêve politique ne risque-t-il pas d’être repris à son compte par un seul parti ? C’est peut-être cela qui passe mal aujourd’hui à droite comme à gauche.
La République est à tous ceux qui veulent en défendre les principes. Est donc « Républicain » celui qui s’y engage, carte d’un parti en poche ou pas. Un droit commun certes mais aussi des devoirs à respecter. Notamment celui de ne pas s’arroger un nom qui se veut universel ? Ce sera à la justice de trancher. Christophe Lèguevaques dépose sa demande judiciaire en nullité cet après-midi.
Patrick Noviello