L’un incarnerait-il le passé et l’autre l’avenir ? Pas sûr. Les élections que nous venons de vivre en sont peut-être la preuve.
8 avril 2014, Manuel Valls, nouveau premier ministre annonce lors de sa déclaration de politique générale, son intention de supprimer les départements. Moins d’un an plus tard, il fait campagne pour que le maximum d’entres eux restent à gauche et décline le programme socialiste pour ses territoires. Bel exercice de pirouette politicienne… Reconnaissons toutefois à l’homme qu’il devait être persuadé du bien fondé de la suppression de cet échelon administratif mais que sa majorité ne l’a pas suivi, son Président non plus.
Alors plus de deux siècles après sa création (22 décembre 1789), qu’est-ce qui vaut au département d’avoir résisté à des dizaines et des dizaines de projets de suppression à travers nos cinq Républiques ? Un attachement de ses administrés ? Alors pourquoi sont-ils si nombreux à se jeter sur les urnes pour le défendre ? Cette fois-ci, il semble aussi qu’aucune autre des collectivités locales n’ait voulu de ses compétences les plus lourdes financièrement : celles portant sur les prestations sociales.
Thomas Wieder dans « Le Monde » de ce samedi nous rappelle aussi à travers le témoignage d’un spécialiste de cette institution que le département intéresse aussi les élus au plus haut point. « Le mandat de conseiller général est d’une extraordinaire stabilité. Certains le sont pendant trente ou quarante ans. Le Département est le cadre par excellence des carrières politiques » explique Patrick Le Lidec, chercheur au Centre d’études européennes de Science Po. Est-ce pour cela qu’autant de conseillers régionaux étaient candidats lors de ces départementales ?
Autrefois jumelées à d’autres scrutins, Municipales, Régionales, les cantonales ont cette fois été programmées à quelques mois du vote pour le grand big-bang territorial, celui qui va acter la naissance des grandes régions. Ces départementales doivent-elles pour autant être considérées comme un test ? Ici sûrement pas ! Les cartes politiques de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sont difficilement comparables (cela aurait été éventuellement plus le cas si nous avions fusionné avec l’Aquitaine par exemple). Et pourtant quelques spécialistes de data journalisme nous pondent déjà des cartes où nous figurons en rose avant même le scrutin de décembre. C’est beau la modernité mais peut-être pas autant qu’un bon vieux département…
Patrick Noviello