Ce n’est pas encore la rentrée. Mais ce ne sont plus vraiment les vacances. Depuis le 20 août, « Europe-Ecologie » tient son Université d’Eté. A partir du dimanche 23, le NPA d’Olivier Besancenot va faire de même dans l’Aude, à Port-Leucate. A quelques jours de la « vraie » reprise, Jean-Pierre Grand revient sur la polémique de l’été : le projet d’une présidence déléguée dans les exécutifs régionaux. Un projet, une polémique qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive malgré la torpeur estivale. Le sénateur (LR) de l’Hérault et maire de Castelnau de Lez livre également ses impressions sur la pré-campagne des Régionales.
Midi-Pyrénées Politiques. Le gouvernement prépare une réforme législative qui doit permettre de créer un nouveau poste dans les exécutifs régionaux : un président délégué. Votre réaction.
Jean-Pierre Grand. Je suis toujours très opposé aux modifications législatives de circonstance pour régler des cas particuliers. La création d’un poste de président délégué vise à régler le cas particulier de Damien Alary (NDRL : président sortant (PS) du Languedoc-Roussillon) et éviter qu’il se retrouve rétrograder. C’est insupportable. Mais ce qui heurte mes convictions au delà de la création d’un second président pour la région, c’est une absence de vision. Il faut des régions fortes et un exécutif fort pour gérer les nouvelles régions. Si on commence à dédoubler la présidence on affaiblit mécaniquement l’exécutif. Il y aura deux présidents, deux administrations, deux DGS (NDLR : Directeur Général des Services) et quand il y aura un coup de téléphone de Toulouse l’autre président qui sera à Montpellier répondra 1 fois sur 3. Il y aura forcément une concurrence et ce sera dévastateur.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous êtes sénateur. D’après vous, le Sénat va voter le projet défendu par le gouvernement ?
Jean-Pierre Grand. Le gouvernement s’est avancé un peu vite pour apaiser Damien Alary. J’ai du mal à l’imaginer. Au Sénat, ça ne passera pas et c’est totalement grotesque.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous avez discuté de la présidence déléguée avec d’autres sénateurs ? Ils partagent votre point de vue ?
Jean-Pierre Grand. Oui. Pour tous les gens sérieux, ce n’est pas possible.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous plaidez pour un exécutif régional fort. C’est-à-dire ?
Jean-Pierre Grand. Il faut un exécutif qui dispose de nouveaux moyens réglementaires, financiers, institutionnels. Je vais proposer que tous les présidents de régions se réunissent régulièrement dans un conseil à l’Elysée, autour du président de la République, du premier ministre et des ministres concernés par les dossiers régionaux. Cela doit permettre une harmonisation des politiques nationaux et de maintenir la cohérence nationale. Je propose également la création de zones franches stratégiques. Cela doit éviter que des entreprises se délocalisent et partent à une heure de vol de Toulouse ou Montpellier.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous n’êtes pas candidat aux régionales. Mais vous soutenez Philippe Saurel. Quel est votre jugement sur la pré-campagne ?
Jean-Pierre Grand Le FN n’a pas besoin de faire campagne car le PS et « Les Républicains » font campagne pour lui. Pour le PS le seul intérêt qui compte est celui du parti. On le voit dans la polémique autour de Damien Alary et du lot de consolation que ses amis veulent lui offrir. Et pour « Les Républicains », ils ont parachuté Dominique Reynié. Il pourrait faire campagne. Mais c’est triste à mourir. Dominique Reynié a réussi une seule chose : se mettre tous les élus à dos. Dominique Reynié se méfie des élus locaux parce qu’il ne les comprend pas. Il est complétement hors du temps. Il n’a pas compris ce qu’est la gestion locale, le tissu local et humain de la région. Il va à la catastrophe. Nicolas Sarkozy était à la manœuvre pour le parachutage de Dominique Reynié. Je pense qu’il s’en est rendu compte et qu’il s’en mord les doigts.
Midi-Pyrénées Politiques. L’été n’a pas modifié votre jugement sur Dominique Reynié. Et s’agissant de Philippe Saurel, vous pensez toujours que c’est le meilleur candidat ? Quels sont, d’après vous, ses atouts ?
Jean-Pierre Grand. Philippe Saurel répond davantage aux attentes de nos concitoyens. Les gens sont fatigués d’une approche partisane de la politique et de partis qui se soucient de leur intérêt et oublient l’intérêt général. En plus, il associe les maires et ce sont eux qui sont les plus proches des préoccupations des gens.
Propos recueillis par Laurent Dubois