Ce samedi 10 octobre l’UDI Régionale se réunit à Toulouse. Les Centristes sont vent-debout contre le partage des places avec leur partenaire Républicain. Mercredi dernier, le 7 octobre, le parti de Nicolas Sarkozy a investi ses candidats dans les 13 départements de la Grande Région. Pour l’UDI, le compte n’est pas bon. La Haute-Garonne est au coeur de la crise. L’influence et les choix de Jean-Luc Moudenc est au centre des tensions. Explication.
Philippe Folliot (député du Tarn), Philippe Bonnecarrère (sénateur du Tarn) et Pierre Médevielle (sénateur de la Haute-Garonne) vont se retrouver aujourd’hui, à partir de 14 heures, autour d’une table. Objet de la réunion : rééquilibrer une distribution des places que les Centristes jugent inacceptable.
Bien évidemment, il y a une part de « théâtre » et d’esbroufe dans la partie qui s’ouvre. Le parti de Jean-Christophe Lagarde sait parfaitement qu’il peut difficilement établir un rapport de force. Hier, vendredi 9 octobre, des rumeurs sur la constitution d’une liste autonome (appuyée par des Républicains exclus de la liste Reynié) a circulé. La rumeur est même remontée jusqu’aux oreilles du patron LR des élections, Ange Sitbon. C’est évidemment totalement fantasque. C’est trop tard (moins de 60 jours avant le 1er tour) et trop compliqué (comment débloquer le budget).
D’après nos informations, deux noms focalisent les tensions. Celui de Laurence Massat (conseillère régionale sortante) et de Jean Iglèsis (avocat et responsable départemental de l’UDI). Malgré des promesses non tenues dans le Lot et le Gers, l’UDI ne souhaite pas mener bataille sur ces deux têtes de liste perdues.
Laurence Massat bénéficie du soutien de Philippe Folliot et de Philippe Bonnecarrère. Les deux tarnais souhaitent que la belle-soeur de la mairie d’Albi (Stéphanie Guiraud-Chaumeil) trouve une place éligible.
Lors de la Commission nationale d’investiture de l’UDI, le 29 septembre dernier, il a été « acté » que les places 3, 6 et 8 (toutes éligibles) sont réservées aux Centristes. Problème, Laurence Massat n’est pas dans ces créneaux.
Document le procès-verbal de la CNI de l’UDI :
Ce mauvais classement est lié à l’hostilité de Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse a voulu choisir « ses » UDI. Sa préférence est allée vers un de ses adjoints, Jean-Jacques Bolzan. Laurence Massat paye son passé et un passif avec le locataire du Capitole. Elle a soutenu l’adversaire historique de Jean-Luc Moudenc : Christine de Veyrac. De plus la conseillère régionale (sortante) a été candidate aux législatives de 2012 face à…Jean-Luc Moudenc. Eliminée au 1er tour, elle n’a pas appelé à voter au 2nd pour l’actuel maire de Toulouse.
Les Centristes peuvent menacer de casser les accords régionaux pour sauver le soldat Massat. C’est toujours possible. Mais c’est totalement improbable. L’UDI a trop à perdre. Le parti de Jean-Christophe Lagarde a globalement obtenu ce qu’il demandait au niveau régional (notamment dans l’Hérault avec un proche du président de l’UDI) comme au niveau national. Une réparation 30% UDI-70%LR.
Derrière le nom de Laurence Massat se joue également une autre partie.
Une revanche par rapport à l’investiture de Dominique Reynié. Philippe Bonnecarrère n’a toujours pas digéré l’élection du politologue parisien. Le sénateur tarnais était candidat et a bénéficié pendant un temps du sponsor du maire de Toulouse.
Document – lettre aux adhérents de l’UDI :
Philippe Bonnecarrère estime que Jean-Luc Moudenc a trahi sa confiance. Le fait de secouer le « cocotier » permet à la fois de déstabiliser Dominique Reynié mais aussi de contester le leadership de Jean-Luc Moudenc.
Philippe Bonnecarrère n’est pas le seul à faire du billard à plusieurs bandes. Derrière la question des places UDI et de l’accord avec LR, Philippe Folliot met également sur la sellette Dominique Reynié. Dans un courrier adressé aux adhérents de l’UDI, le responsable de l’UDI parle d’un « désaveu et d’un affaiblissement » de la tête de liste régionale.
La rebellion des Centristes a toutes les chances de faire « pschittt ».
Un communiqué de presse rageur est toujours possible. Mais une liste alternative ou une remise en cause des accords est de la pure politique fiction.
De l’épisode il restera « juste » des frictions et des frustrations mises sur la place publique. A moins de deux mois du 1er tour et après une séquence difficile pour Dominique Reynié, c’est déjà cher payé.
Laurent Dubois