Un Sarkozy volcanique et éruptif. Une extrême tension. Les participants de la Commission Nationale des Investitures (CNI) des Républicains ressortent d’un épisode que beaucoup qualifient d’incroyable. La réunion de ce mercredi 7 octobre va rester dans les esprits. Des sarkozystes historiques ont déjà connu un Nicolas Sarkozy en colère. Ce n’est rien par rapport à ce qu’ils viennent de vivre. Dominique Reynié a gagné certains arbitrages. Mais il doit céder sur certains départements : le Gers, le Lot, l’Hérault et les Pyrénées Orientales.
Avant la rencontre avec les Midi-Pyrénéens et Languedociens, le cas de Nadine Morano (déchue de sa tête de liste régionale suite à ses propos sur la France « de race blanche ») a sérieusement échauffé Nicolas Sarkozy. Mais la question des listes de Dominique Reynié ne l’a absolument pas calmé. Au contraire. La température est montée d’un cran.
La tonalité générale était simple. Nicolas Sarkozy a rappelé à Dominique Reynié qu’il doit respecter les règles du jeu. Ce rappel a été assorti d’une menace : Dominique Reynié accepte les décisions de la CNI ou il n’est plus tête de liste. C’était clair, net et tranchant.
Dans la journée, un proche de Nicolas Sarkozy avait donné le ton. La publication « sauvage », sans l’accord des instances nationales LR, de listes départementales a été qualifié de « coup de trop ». Lors de la CNI, Christian Estrosi est allé dans le même sens en déplorant cette publication la veille de la réunion des instances nationales.
Sur le fond, la liste « Reynié » a été déchirée s’agissant du Lot et du Gers.
Comme prévu lors d’une précédente réunion (préparatoire), le Lot et le Gers restent dans l’escarcelle LR et reviennent respectivement à Aurélien Pradié et Gérard Dubrac. Dominique Reynié était hostile à ses deux candidatures et proposait deux personnalités UDI (Christophe Terrain dans le Gers et Michel Roumegoux dans le Lot).
Dans l’Hérault, Dominique Reynié était opposé à l’investiture d’Arnaud Julien (secrétaire départemental LR). D’après nos informations, la CNI a validé cette investiture.
Malgré un sérieux et violent « recadrage », Dominique Reynié ne sort pas complétement désavoué d’une CNI hors norme. Mais il va rester des traces.
Dominique Reynié avait déjà des relations difficiles avec certaines personnalités nationales LR. L’épisode de ce soir ne va pas arranger les choses. Au-delà des Républicains, Jean-Christophe Lagarde (le président de l’UDI) n’a également pas du tout apprécié la méthode Reynié.
Au niveau régional, Dominique Reynié va également payer les pots cassés. D’après nos informations, Jean-Luc Moudenc (présent lors de la CNI) a mal vécu le tohu-bohu organisé par Dominique Reynié.
Mais le bilan n’est pas complètement négatif. Dominique Reynié peut compter sur le soutien sans faille de la maire de Montauban. Brigitte Barèges a, d’ailleurs, une nouvelle fois manifesté en CNI son appui.
Comme le dit un soutien de Dominique Reynié, « le remontage de bretelle aurait pu être plus violent ». Dominique Reynié a assumé une opposition face à Nicolas Sarkozy. Cette audace lui vaut un certain respect. Avant de rentrer dans la salle de la CNI, Dominique Reynié a envisagé de claquer la porte. Selon nos informations, la tête de liste régional a manqué rendre les clés.
Mais son attitude déterminée, face à Nicolas Sarkozy, lui a permis de marquer des points auprès de certains responsables régionaux.
Le vrai bilan se fera dans les urnes. Mais une chose est certaine. Moins de soixante jours avant le scrutin, les Républicains ont connu leur « crise des missiles ». Ils sont passés, dans un climat d’extrême tension, très près d’un accident nucléaire.
Laurent Dubois