Aux portes de la Montagne Noire, sur une colline dominant la plaine du Lauragais, Puylaurens est à la confluence de deux géographies. Le village est également au centre d’un dossier autoroutier. Situé à 50 kilomètres de Toulouse et 25 kilomètres de Castres, Puylaurens est sur le tracé d’une éventuelle infrastructure reliant la sous-préfecture tarnaise à la capitale régionale. Son maire – Anne Laperrouze – est également est cœur du projet. Elle a été la première à s’opposer à une concession autoroutière. Dans un Sud du Tarn marqué profondément par l’influence de Pierre Fabre, cette attitude lui a valu quelques désagréments. Principal employeur de la région, figure phare du milieu économico-politique, le patron d’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques français est un ardent défenseur du projet autoroutier. Sans lui, l’idée serait restée dans les cartons. Puissant dans le Tarn, influent à Paris, Pierre Fabre s’exprime peu dans les médias. Mais, en fait, c’est lui le véritable prometteur de l’autoroute. L’industriel castrais a l’oreille des ministres et il peut s’appuyer sur les élus locaux. Face à cette puissance de feu, Anne Laperrouze a longtemps été un « sniper ». Depuis quelques mois, les opposants sont plus nombreux et une salve de critiques résonne sur la place publique. Mais, pendant longtemps, l’ancienne députée européenne – proche de François Bayrou – est montée seule au front. « Dès le début de l’enquête publique, (elle) a toujours privilégié l’aménagement de la RN 126 ». D’après elle, c’est « la seule formule permettant d’irriguer le territoire et notamment les bourgs traversés ». Ingénieur de formation, Anne Laperrouze a travaillé, dans une autre vie, pour une industrie mazamétaine. Le problème de l’enclavement du Sud tarnais, l’absence d’une liaison rapide et sure entre Castres et Toulouse, elle l’a vécu, concrètement, au quotidien. Cette expérience professionnelle lui a légué une obsession : l’aménagement du territoire. Or, d’après elle, une autoroute concédée ne va pas dans cette direction. Le seul maillon entre le territoire et l’autoroute est un échangeur. L’usager doit souvent faire des kilomètres pour en trouver un. Et, entre deux échangeurs, c’est un mur de bitume. Pour contourner l’obstacle, ce sont des litres d’essence et un dédale de chemins vicinaux. En fait « l’autoroute est juste un corridor avec quelques portes d’entrées ». Des portes d’entrées, des échangeurs dont le coût – entre 25 et 30 millions d’euros l’unité – limite le nombre. De plus, l’autoroute induit des coûts indirects. Des coûts, des dépenses entièrement à la charge des collectivités locales. Anne Laperrouze pense notamment aux conséquences sur sa commune. La construction d’une autoroute impose la création d’une déviation. Anne Laperrouze estime le montant de ce chantier à « environ 3 millions d’euros ». Elle le dit sans nuance : « impossible de payer ».
LD