26 Août

Anne Laperrouze : « impossible de payer »

Aux portes de la Montagne Noire, sur une colline dominant la plaine du Lauragais, Puylaurens est à la confluence de deux géographies. Le village est également au centre d’un dossier autoroutier. Situé à 50 kilomètres de Toulouse et 25 kilomètres de Castres, Puylaurens est sur le tracé d’une éventuelle infrastructure reliant la sous-préfecture tarnaise à la capitale régionale. Son maire – Anne Laperrouze – est également est cœur du projet. Elle a été la première à s’opposer à une concession autoroutière. Dans un Sud du Tarn marqué profondément par l’influence de Pierre Fabre, cette attitude lui a valu quelques désagréments. Principal employeur de la région, figure phare du milieu économico-politique, le patron d’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques français est un ardent défenseur du projet autoroutier. Sans lui, l’idée serait restée dans les cartons. Puissant dans le Tarn, influent à Paris, Pierre Fabre s’exprime peu dans les médias. Mais, en fait, c’est lui le véritable prometteur de l’autoroute. L’industriel castrais a l’oreille des ministres et il peut s’appuyer sur les élus locaux. Face à cette puissance de feu, Anne Laperrouze a longtemps été un « sniper ». Depuis quelques mois, les opposants sont plus nombreux et une salve de critiques résonne sur la place publique. Mais, pendant longtemps, l’ancienne députée européenne – proche de François Bayrou – est montée seule au front.  « Dès le début de l’enquête publique, (elle) a toujours privilégié l’aménagement de la RN 126 ». D’après elle, c’est « la seule formule permettant d’irriguer le territoire et notamment les bourgs traversés ». Ingénieur de formation, Anne Laperrouze a travaillé, dans une autre vie, pour une industrie mazamétaine. Le problème de l’enclavement du Sud tarnais, l’absence d’une liaison rapide et sure entre Castres et Toulouse, elle l’a vécu, concrètement, au quotidien. Cette expérience professionnelle lui a légué une obsession : l’aménagement du territoire. Or, d’après elle, une autoroute concédée ne va pas dans cette direction. Le seul maillon entre le territoire et l’autoroute est un échangeur. L’usager doit souvent faire des kilomètres pour en trouver un. Et, entre deux échangeurs, c’est un mur de bitume. Pour contourner l’obstacle, ce sont des litres d’essence et un dédale de chemins vicinaux. En fait « l’autoroute est juste un corridor avec quelques portes d’entrées ». Des portes d’entrées, des échangeurs dont le coût – entre 25 et 30 millions d’euros l’unité – limite le nombre. De plus, l’autoroute induit des coûts indirects. Des coûts, des dépenses entièrement à la charge des collectivités locales. Anne Laperrouze pense notamment aux conséquences sur sa commune. La construction d’une autoroute impose la création d’une déviation. Anne Laperrouze estime le montant de ce chantier à « environ 3 millions d’euros ». Elle le dit sans nuance : « impossible de payer ».

LD

09 Août

Sylvain Fernandez : « qui va payer et comment ? »

40° place du Vigan. Le thermomètre bout à Albi. Cette atmosphère – digne de l’Amérique Centrale – ne dérange pas Sylvain Fernandez. Il est habitué. Le président de l’Association des Maires et Elus Locaux du Tarn revient d’un séjour au Costa Rica. De retour à son bureau, il retrouve un dossier qui l’occupe depuis des années : l’autoroute « Castres-Toulouse ». Le maire de Cambounet-sur-le-Sor est un élu du Sud du département. L’enclavement de la région castraise, les projets de liaison entre la sous-préfecture tarnaise et la capitale régionale, il connait par cœur. Pour lui, tout se résume à une histoire. Dans les années 90, une entreprise le sollicite. Elle souhaite s’installer à Soual. Son dirigeant atterrit à Blagnac. Il loue une voiture et vient visiter des terrains. Au final, il construit ses installations à…Pamiers. Le Sud du Tarn, c’est trop loin. Trop compliqué. Sylvain Fernandez cite régulièrement cette « anecdote » dans les réunions consacrés au projet autoroutier. Pour lui, aucun doute. Le développement économique du sud tarnais passe par de meilleures infrastructures routières. Néanmoins, s’agissant d’une autoroute concédée, il est circonspect. Il pose une question : « qui va payer les voies de substitution ». La construction d’une autoroute suppose la création de telles voies. Sylvain Fernandez remarque qu’ « au départ elles étaient à la charge du concessionnaire ». « Dans les derniers documents fournis par la DREAL (service appartenant à la préfecture de Région et menant les études), ce n’est plus le cas ». Sylvain Fernandez prévient : «  les collectivités ne pourront pas financer. C’est impossible. C’est impensable ». Le président de l’Association des Maires ne demande pas un abandon du projet. Au contraire, il souhaite que « la procédure aille à son terme ». Cependant, il aimerait obtenir une réponse à une question essentielle pour les communes concernées par le tracé autoroutier : « qui va payer les voies de substitution et comment ? ».

LD

05 Août

Pierre Lacaze « prêt à un affrontement avec le PS »

Pierre Lacaze va s’envoler dans quelques heures. Destination la Grèce. Il doit assister, à Athènes, à l’université d’été du Parti de la Gauche Européenne avant de prendre, dans le pays de Périclès, des vacances en famille. Ses valises l’attendent. Mais il prend le temps de livrer ses premières impressions sur les premiers 100 jours de François Hollande. Le Secrétaire Départemental du PC de Haute-Garonne est plutôt positif. Il estime que « les mesures (contenues dans la loi de finance rectificative) sont intéressantes ». « Le fait de revenir sur la TVA sociale ou de taxer les dividendes » va dans la bonne direction. En revanche, Pierre Lacaze est « vigilant ». Le représentant du PC 31 prévient. « Hollande président doit retrouver ses accents de candidat sur la Croissance ». Pierre Lacaze ne veut pas entendre parler « d’économies dans les services publics, d’un gel des dotations pour les collectivités ou d’efforts demandés à des français dont le pouvoir d’achat est déjà en baisse ». Pour lui, « cette Austérité ajouterait de la Crise à la Crise ». Pierre Lacaze propose d’autres remèdes : « nationalisations, loi contre les licenciements boursiers, mécanisme de sécurité « emploi-formation » ». Le gouvernement Ayrault n’est pas forcement sur cette ligne. Notamment en ce qui concerne les nationalisations. Pierre Lacaze le sait. Un conflit avec le PS est possible. Il est « prêt à un affrontement ou du moins à une discussion très forte » avec ses alliés socialistes. François Hollande a besoin des communistes. Pierre Lacaze rappelle, malicieusement, qu’au « Sénat, au sein de la commission des Finances, la majorité de Gauche est suspendue à…1 voix et que cette même commission est composée de…3 sénateurs communistes ». Cette arithmétique – hautement politique – place le PC en position charnière.  Pour l’instant, il observe. Il décerne des bons  points et valide les décisions du gouvernement Ayrault. Mais Pierre Lacaze attend un moment de vérité. Il « jugera le gouvernement sur sa capacité à enrayer les plans sociaux. Si Peugeot passe, on ouvre les vannes ». Un échec d’Arnaud Montebourg – le monsieur Industrie de l’Elysée – sur ce dossier sonnerait le début d’un raidissement entre le PC et le PS.

LD

26 Juil

Jacques Valax : « un rapatriement sur l’autoroute sera une nécessité »

Un dossier chaud en pleine « canicule ». Albi est écrasée par un soleil de plomb. Entre les murs du Conseil Général, une climatisation fournit une fraicheur artificielle. Elle ne tempère pas la température politique. Le projet d’autoroute Castres-Toulouse fait monter le « thermomètre ». Jacques Valax – député du Tarn et élu départemental – « rafraichit » les esprits. Sur notre Blog, Marc Gauché, Guillaume Cros et même Philippe Folliot – le plus ardent des défenseurs de l’autoroute – ont  évoqué l’hypothèse d’un abandon. Dans la presse, Thierry Carcenac a également exprimé de fortes réserves. Face à cette flambée de scepticisme et d’opposition, Jacques Valax joue les « pompiers ». Il pense que le projet autoroutier est encore possible. Il a « rencontré des responsables nationaux. Il n’est pas certain que l’Etat puisse mettre de l’argent dans un aménagement de la RN 126 ». Face à cette pénurie budgétaire, « le rapatriement sur l’autoroute sera une nécessité ».

LD

17 Juil

Marc Gauché : « il faut aménager la RN 126 »

Les législatives appartiennent au passé. Mais certains dossiers – présents durant la campagne – sont  toujours d’actualité. Dans le Tarn, sur la 3eme circonscription, l’autoroute « Castres-Toulouse » a été au centre de la mêlée. Le résultat du match « CarayonGourjade » et l’élimination du député sortant n’ont pas sifflé la fin de la partie. Etat et collectivités locales doivent trancher. Le chantier nécessite arbitrages et une décision : concéder ou non la liaison routière. Dans son bureau albigeois, l’ancien directeur de campagne de Linda Gourjade fait le point. Aux côtés de la nouvelle députée tarnaise, il a parcouru les mairies et potasser le dossier. Marc Gauché retient une leçon de cette expérience : « l’autoroute est un moyen. Pas un objectif. Il faut aborder le projet dans son utilité et son utilité est l’aménagement du territoire». Marc Gauché regrette la « myopie » de certains. « Il ne faut pas réduire le désenclavement de Castres à une liaison routière avec Toulouse ». «La question centrale est bien celle du désenclavement. Mais on n’a jamais dit qu’il faut aller uniquement dans telle ou telle direction. D’ailleurs, dans le passé, des projets étaient tournés vers l’Hérault et Castelnaudary ». Marc Gauché est catégorique. L’axe « Castres-Toulouse » n’est pas le plus « désenclavant ». « 8000 véhicules empruntent tous les jours la RN 126. 3 à 4000 seulement font la totalité du trajet « Castres-Toulouse ». Et, parmi ces véhicules, tous ne vont pas vers le nord de l’agglomération toulousaine (point de raccordement prévu par le projet autoroutier). Certains castrais travaillent vers Labège ». Bref, pour Marc Gauché, une autoroute « Castres-Toulouse » est « surdimensionnée ». Une « démesure »  qui a un coût. L’autoroute est une concession. Elle doit être gérée par un opérateur privé. Un opérateur qui souhaite minimiser les risques et optimiser les profits. « Si le trafic n’est pas suffisant, le concessionnaire va se retourner vers les collectivités locales ». Ce mécanisme de compensation est consubstantiel aux contrats de concession. Ce sont les fameuses clauses de revoyure. Marc Gauché déplore une méconnaissance de cette réalité. « Les élus locaux ne comprennent pas toujours le dispositif de la concession. Ils croient qu’une autoroute concédée ne coute rien. C’est faux. Les collectivités doivent mettre de l’argent sur la table. Pire, les clauses de revoyure créent une insécurité financière ». Pour Marc Gauché, la solution est évidente. « Il faut aménager la RN 126. Les études sont faites. Les terrains sont acquis. On peut aller vite ».

LD

10 Juil

Guillaume Cros : « je vais interpeller Martin Malvy »

Samedi 7 juillet, troisième soirée de « Pause Guitare ». Laurent Voulzy est place Sainte Cécile. De l’autre côté du Tarn, à Pratgraussals, Sting électrise Albi. Entre les deux, place du Château, le « Off ». Parmi les spectateurs, Guillaume Cros. Le conseiller régional écoute le groupe « Fill’s Monkey ». Tambours et timbales ne couvrent pas les « grosses caisses » de l’actualité. Tout au long de la semaine, le projet d’autoroute Castres-Toulouse a donné lieu à un véritable festival. Réunion annulée au ministère des transports, déclaration tonitruante du Medef dans la presse, confidences de Philippe Folliot sur notre Blog. A la terrasse d’un café, Guillaume Cros livre son point de vue. Au milieu des notes de « Pause Guitare », il fait entendre sa partition. Le chœur des sceptiques « écorche » ses oreilles. Les réserves des uns, les reculades des autres le rendent dubitatif. « Ce qui se passe, Europe Ecologie le disait depuis longtemps. Le projet est trop cher. Encore une fois, malheureusement, nous avons eu raison trop tôt ». L’élu Vert fait un parallèle avec la LGV. Sur ce dossier, Guillaume Cros se heurte au même discours : « vous êtes contre le progrès. Si la LGV n’arrive pas à Toulouse, c’est une catastrophe économique ». Pour lui, « l’autoroute c’est exactement la même chose. Les écolos sont qualifiés de lunaires. Mais ce sont les plus réalistes, les plus raisonnables, les plus précautionneux des finances publiques. Et, en plus, (ils) préserve(nt) la Nature».  Guillaume Cros est catégorique. « Il ne faut pas tergiverser. Il faut dire STOP. On arrête. Pas d’autoroute, pas de 2×2 voies – cela coûtera aussi trop cher –  et on regarde concrètement ce que l’on peut faire pour gagner 10-15 minutes sur le trajet Castres-Toulouse ». Guillaume Cros « n’ir(a) pas discuter au ministère des transports. Mais (il) va continuer à défendre sa position. (Il va) s’exprimer au Conseil Régional à la rentrée. (Il va) interpeller Martin Malvy afin de connaître la position de la Région sur le projet Castres-Toulouse ».

LD

06 Juil

Philippe Folliot : « je ne suis pas un fana de l’autoroute ».

Un étage sépare le hall de l’immeuble des députés – rue de l’Université – du bureau du parlementaire tarnais, Philippe Folliot. Derrière la porte numéro 1487, une réunion devait se tenir à 9 heures du matin. Sujet : l’autoroute Castres-Toulouse. Invités : députés, sénateurs, représentants syndicaux et économiques. Après ce rassemblement, la petite « assemblée » aurait du se rendre au ministère des transports. C’est annulé. La veille Philippe Folliot a reçu un courriel. D’après lui, » la réunion posait problème. Elle a été supprimée sur intervention d’élus socialistes ». Le député centriste « voulait faire remonter à Paris une motion favorable au projet autoroutier ». Avocat du dossier, il a en face de lui un « procureur » : Thierry Carcenac. Le président du Conseil Général du Tarn plaide pour une autre option. Philippe Folliot en résume l’esprit : « l’option Carcenac est d’abandonner le projet au profit d’un aménagement 2×2 voix  de la RN 126 entre Puylaurens et Castres et un aménagement pour le reste du trajet ». Pour le député de Castres cette « solution de repli est irréaliste. Elle coûte entre 150 et 200 millions d’euros ». Elle n’est pas finançable. « L’État n’a pas d’argent. La Région n’a pas d’argent. Le Département n’a pas d’argent ». Philippe Folliot reconnaît qu’il existe des doutes sur la rentabilité et le financement du projet. Il n’est « pas un fana de l’autoroute. Si on trouve une autre solution, (il est) preneur ». Il demande juste « à aller au bout de la procédure et à voir ce que propose le concessionnaire ». Il est conscient du problème posé par les subventions d’équilibre. Pour assurer la rentabilité de l’infrastructure, le concessionnaire sollicite, généralement, des fonds publics. Des fonds versés – en fonction d’une clé de répartition – par les collectivités locales. C’est le montant de ces subventions – sans parler du prix du péage – qui alimente les réserves de Thierry Carcenac et des élus socialistes. Philippe Folliot se veut pragmatique. « Autour de 100 millions d’euros, c’est acceptable. En revanche, si on dépasse la barre des 200, 250 millions la question de la faisabilité du projet se posera ».

LD

29 Juin

Bertrand Auban « les grosses difficultés commençent »

Bertrand Auban

Conseil Général de la Haute Garonne. Premier étage. Un long couloir. Vers le milieu un bureau. Celui de Bertrand Auban. Le sénateur est également un élu départemental. Il arrive après une nuit parisienne passée en commission. Le temps de poser sa sacoche. Un café et la discussion commence par un retour sur la victoire de François Hollande. Sous une photo de François Mitterrand, Bertrand Auban se souvient. Il a connu 81, 88. Pour lui, 2012 est incomparable. L’ère mitterrandienne n’est pas simplement une autre époque. C’est un univers politique totalement différent. « La victoire de 81 était exceptionnelle. Le peuple de Gauche et les citoyens l’attendaient. Il y avait un profond enthousiasme. La fête a duré plusieurs jours. En mai dernier, elle a duré quelques heures ». L’élection de François Hollande est « un moment politique heureux. Mais qui se résume à une phrase : les grosses difficultés commencent ». Des difficultés qui prennent la forme d’une équation budgétaire « infernale ». « Il faut trouver 8 à 10 milliards d’euros dans les prochaines semaines. Cela passera par la fiscalité – des mesures seront prises en ce sens en juillet – et des économies ». Plus d’impôts, moins de dépenses. La formule a un nom : la Rigueur. Bertrand Auban préfère l’expression « rigoureux ». Pour le parlementaire, la nuance se niche dans le respect des promesses. « François Hollande va faire ce qu’il a dit en sanctuarisant certains budgets. Notamment la police, l’Education Nationale et la justice ». Nuance de taille, Bertrand Auban ajoute : « Il va tout faire pour le réaliser et forcément au détriment d’autres budgets ». La discussion budgétaire promet d’être « sportive ». Le sénateur est un amateur de guitare électrique. Il sait que la partition va faire grincer des dents. Le Sénat est particulièrement exposé aux « couacs ». Au Luxembourg, la majorité  est fragile. Composite. Le Front de Gauche ou Europe Ecologie peuvent sortir la « grosse caisse » et empêcher l’adoption de la Loi de Finances. Bertrand Auban est confiant. La veille, il a rencontré des représentants du FG. Ils ont entonné un air menaçant : « le FG est solidaire de la majorité sénatoriale…jusqu’à la limite de ce qu’il peut supporter ». Cette petite musique n’écorche pas les oreilles de Bertrand Auban. Le sénateur socialiste distingue le PC des amis de Jean-Luc Mélenchon. « Avec le PC, on arrive à s’entendre. Il a une culture de la gouvernance et des négociations ». Autre allié remuant mais indispensable : Europe Ecologie. Là encore, Bertrand Auban n’est pas inquiet. « Jean-Vincent Placé est difficile. Mais il reste sain ». Un label rose pour le leader Vert. La préparation  du budget- courant juillet – dira s’il résiste aux faits.

LD

04 Juin

Stéphane Diebold : « Bertrand Serp : un pion de Moudenc »

Stéphane Diebold

La Haute-Garonne, terre de division. Le département est connu pour son industrie aéronautique. Le Stade Toulousain ou son festival de Luchon. Une nouvelle spécialité attend les touristes : la « salade » électorale. A Gauche, le plat est épicé. Trois circonscriptions affichent au menu quatre dissidences. Dont deux face à un ministre de François Hollande. La Droite est plus unie. C’est normal. Ses chances de victoires sont maigres. La table est « pauvre ». Les appétits sont moins voraces. Néanmoins, une circonscription – la 4eme – aiguise les couteaux. Deux candidats se disputent le « gâteau ». Pour un estomac de Droite, la portion est amère. Difficile à ingérer. Les quartiers du Mirail ou de Saint Cyprien votent à Gauche. Cependant la difficulté de la tache ne calme pas les ardeurs. Les aigreurs sont à vif. Un des acteurs de ce « Clochemerle sur Garonne » s’explique. Stéphane Diebold est dans le rôle du « dissident ». Mais il refuse l’expression. Pour lui, « c’est l’UMP qui (l’) a mis en dissidence ».  Il conteste violemment la procédure d’investiture. Stéphane Diebold parle « d’une affaire de copinage ». « Des barons toulousains ont voulu imposer un poulain ». Son rival – Bertrand Serp – « est un pion de Jean-Luc Moudenc ».  Stéphane Diebold accuse Jean-Luc Moudenc d’avoir affaibli la 4eme. « Le redécoupage a charcuté le canton 2 au profit de (l’ancien maire de Toulouse et candidat sur la « circo » voisine). Jean-Luc Moudenc s’est fait faire une circonscription au détriment des copains ». Mais, de surcroit, le choix de Bertrand Serp est, pour Stéphane Diebold, un mauvais choix. Il qualifie le candidat UMP de « candidat de salon ». Un candidat qui, selon lui, ne connait absolument pas le terrain. Il a besoin d’un « tuteur » pour aller sur les marchés. « Il ne se passe pas un jour sans que Moudenc accompagne Bertrand Serp ». Avec une ironie mordante, Stéphane Diebold se demande « qui est le véritable candidat de la 4eme, Moudenc ou Serp ? ». Les mots volent bas. Les résultats risquent de suivre. Visiblement, cela ne déplairait pas à Stéphane Diebold. Il mise sur un échec de l’UMP. « Une double candidature à droite fait le jeu d’Europe Ecologie ». Son candidat – Régis Godec – peut profiter de la situation. « Un second tour « gauche-gauche » est possible ». Cette élimination constituerait – dans la perspective des municipales – un  mauvais signal pour la droite toulousaine. Jean-Luc Moudenc sortirait – indirectement – affaibli de cette déconfiture. Stéphane Diebold qualifie l’ancien maire de Toulouse de « spécialiste des promesses non tenues ». Une telle mésaventure ne lui arrachera pas de larmes

LD

31 Mai

Sacha Briand : « François Hollande aura une majorité »

Sacha Briand

J-10. Ultime ligne droite. Dernier week-end avant le 1er tour. Les candidats distribuent tracts et poignées de main. Le but est d’attirer l’électeur. Après une présidentielle passionnée et mobilisatrice, ce n’est pas simple. La campagne est une morne plaine. Dans la 1ere circonscription de la Haute-Garonne, un candidat met du relief. Sacha Briand élève une montagne de papier. Ou plutôt il soulève un monticule d’enveloppes. Le candidat UMP envoie 68 000 courriers. Des courriers personnalisés. Rédigés en fonction du profil du destinataire. Dans son bureau toulousain, rue du Languedoc, il explique cette opération. Pour lui, c’est le seul moyen pour vraiment « toucher » les électeurs. « Le porte à porte, au bout de 15 jours, on est sur les genoux et cela permet de rencontrer 7% de la population. Les gens se déplacent rarement aux réunions publiques. A part les militants ». Seule solution s’inviter dans les boîtes aux lettres. Une invitation en gants blancs. Taillée sur mesure. Il s’agit de courriers « profilés ». « Une trentaine de courriers différents s’adaptant aux caractéristiques des destinataires ». Des lettres qui « parlent « accession à la propriété » aux quadras, « garde d’enfants » aux 30-40 ans, « retraite « aux quinquas ». Ce marketing est un moyen. Un moyen au service d’une fin : limiter la victoire de la Gauche. Sacha Briand est lucide. Avec son coup de projecteur à l’américaine, il veut éclairer une campagne sombre. Mais il ne croit pas décrocher la lune. Il le dit sans réserve ; « François Hollande aura une majorité ». Il s’agit uniquement « de mettre sous surveillance cette majorité ». Avec ses timbres, le candidat UMP espère exercer, sur les bancs de l’Assemblée, cette vigilance. Sur une circonscription solidement ancrée à Gauche, le retour à l’expéditeur est probable. Néanmoins, quelques enveloppes peuvent devenir des bulletins de vote.

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