Conseil Général de la Haute Garonne. Premier étage. Un long couloir. Vers le milieu un bureau. Celui de Bertrand Auban. Le sénateur est également un élu départemental. Il arrive après une nuit parisienne passée en commission. Le temps de poser sa sacoche. Un café et la discussion commence par un retour sur la victoire de François Hollande. Sous une photo de François Mitterrand, Bertrand Auban se souvient. Il a connu 81, 88. Pour lui, 2012 est incomparable. L’ère mitterrandienne n’est pas simplement une autre époque. C’est un univers politique totalement différent. « La victoire de 81 était exceptionnelle. Le peuple de Gauche et les citoyens l’attendaient. Il y avait un profond enthousiasme. La fête a duré plusieurs jours. En mai dernier, elle a duré quelques heures ». L’élection de François Hollande est « un moment politique heureux. Mais qui se résume à une phrase : les grosses difficultés commencent ». Des difficultés qui prennent la forme d’une équation budgétaire « infernale ». « Il faut trouver 8 à 10 milliards d’euros dans les prochaines semaines. Cela passera par la fiscalité – des mesures seront prises en ce sens en juillet – et des économies ». Plus d’impôts, moins de dépenses. La formule a un nom : la Rigueur. Bertrand Auban préfère l’expression « rigoureux ». Pour le parlementaire, la nuance se niche dans le respect des promesses. « François Hollande va faire ce qu’il a dit en sanctuarisant certains budgets. Notamment la police, l’Education Nationale et la justice ». Nuance de taille, Bertrand Auban ajoute : « Il va tout faire pour le réaliser et forcément au détriment d’autres budgets ». La discussion budgétaire promet d’être « sportive ». Le sénateur est un amateur de guitare électrique. Il sait que la partition va faire grincer des dents. Le Sénat est particulièrement exposé aux « couacs ». Au Luxembourg, la majorité est fragile. Composite. Le Front de Gauche ou Europe Ecologie peuvent sortir la « grosse caisse » et empêcher l’adoption de la Loi de Finances. Bertrand Auban est confiant. La veille, il a rencontré des représentants du FG. Ils ont entonné un air menaçant : « le FG est solidaire de la majorité sénatoriale…jusqu’à la limite de ce qu’il peut supporter ». Cette petite musique n’écorche pas les oreilles de Bertrand Auban. Le sénateur socialiste distingue le PC des amis de Jean-Luc Mélenchon. « Avec le PC, on arrive à s’entendre. Il a une culture de la gouvernance et des négociations ». Autre allié remuant mais indispensable : Europe Ecologie. Là encore, Bertrand Auban n’est pas inquiet. « Jean-Vincent Placé est difficile. Mais il reste sain ». Un label rose pour le leader Vert. La préparation du budget- courant juillet – dira s’il résiste aux faits.
LD