19 Nov

Dossier Municipales Albi : Jacques Valax, mars prochain c’est maintenant

L’été porte conseil. Début juillet, Jacques Valax est député et conseiller général. Fin aout, il est candidat aux municipales. Entre-temps, l’élu tarnais a réfléchi. « Pendant un an », il a dit qu’il « ne partai(t) pas ». Pendant que les albigeois bronzent sur les plages, Jacques Valax révise son jugement. Il passe ses vacances à Albi. Et, après avoir « lister le pour et le contre », il annonce, début septembre, sa décision à son entourage. Pour lui, ce choix est « le contraire d’une solution de tranquillité ».

Jacques Valax, candidat aux municipales à Albi. Photo : LDubois/France3MidiPy

Jacques Valax, candidat aux municipales à Albi. Photo : LDubois/France3MidiPy

« La facilité serait d’attendre la fin de (sa) carrière politique, en 2017, puis d’arrêter ». Mais Jacques Valax ne veut pas « se planquer ». Il « aime trop le combat » et il ne s’imagine pas en jeune retraité. 2017, c’est quasiment demain. La télévision et les livres ne suffiront pas à combler ses journées.

Le parlementaire sait que les municipales vont être difficiles.

Il reconnait que « le bilan de Philippe Bonnecarrère est globalement positif. Il a fait des réalisations. Il a notamment donné un côté esthétique à la ville qui est reconnu par tous ».

Jacques Valax ne peut pas construire sa candidature en détruisant l’action du sortant.

Il le dit ouvertement, honnêtement :  » je ne vais pas critiquer farouchement Philippe Bonnecarrère« .

Autre difficulté : le climat national.

Jacques Valax est un parlementaire socialiste. Ses votes à Paris, la lourde impopularité de l’Elysée peuvent plomber ses chances. Ses concurrents ont perçu la faille. Ils jouent de la dague. Et notamment d’une lame empoisonnée : la fiscalité. Lors d’un conseil municipal, lundi dernier, Philippe Bonnecarrère a commencé à affuter ses piques.

Pour Jacques Valax, le danger n’existe pas. Il jouit d’une vraie notoriété. Le nom de Valax est connu dans tous les coins et les recoins de l’Albigeois. Cette équation personnelle l’immunise contre le rejet de François Hollande. Jacques Valax ne l’exprime pas aussi ouvertement. Mais cette conviction transpire de ses demi-réponses et de ses semi-silences.

Il n’a pas tort. Pour les albigeois, Jacques Valax est Jacques Valax. Il est adoré ou détesté. Le personnage est clivant. Mais il ne laisse jamais indifférent. Ses coups de gueule, parfois ses coups de sang, son profil et son visage sont connus. Un père reconnu et apprécié finissent de transformer Jacques Valax en figure locale.

Néanmoins, à 62 ans, Jacques Valax découvre un nouvel univers.

Jusqu’à présent, il a gagné tous ses combats électoraux. Cantonaux. Régionaux. Et législatifs.

Jacques Valax a même pris son siège de député à un des ministres les plus titrés de la Ve République. Il a été élu sur la circonscription de l’ancien ministre de la Défense, de l’Intérieur, de l’Espace, du Logement, de l’Equipement, des Transports et des Télécommunications de François Mitterrand : Paul Quilès.

Mais attention !!! Une législative est une élection d’étiquettes. L’électeur vote en fonction des dossards. Et la circonscription de Jacques Valax est une des circonscriptions les plus à Gauche de France. Si, un jour le Parti Socialiste investi par erreur un mouton, l’heureux herbivore va se retrouver au Palais-Bourbon. Jacques Valax a le sens des contacts humains. Il est chaleureux. Il parle beau. Bref, il a des atouts dans sa manche.

Cependant, une élection municipale reste une élection municipale. Il faut incarner un projet, animer une équipe. Il faut nouer des partenariats, savoir s’entourer et maîtriser les dossiers. Pour une cantonale ou une régionale, le plus difficile est d’être sur la liste. Ensuite, il suffit de profiter de la force motrice d’une locomotive. Quand elle s’appelle Malvy l’arrivée sur un bon quai est quasiment assuré. S’agissant d’une municipale, tout est à faire.

Jacques Valax ne peut et ne doit compter que sur lui même. Des partenaires peuvent apporter du muscle et des neurones. Mais, pour la première fois dans sa vie politique, il est sa propre colonne vertébrale.

De surcroit, Albi n’est pas Carmaux. Des quartiers de la ville ont le cœur à droite. il va falloir convaincre. Et même vaincre des réticences. Venir à bout de résistances.

Jacques Valax a du pain sur la planche. Il va devoir remonter ses manches.

Pour lui, mars prochain, c’est maintenant.

 

Laurent Dubois

14 Nov

Jean Glavany médiateur du football professionnel

Les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 ont reporté à une date ultérieure leur grève prévue initialement à la fin du mois pour protester contre la taxe à 75%. Une décision prise ce matin dans la foulée de la rencontre que les représentants professionnels du ballon rond ont eu hier soir avec le député socialiste des Hautes-Pyrénées, président du groupe de travail « foot durable ».

© AFP

© AFP

« Plutôt optimiste » voilà comment se positionne Jean Glavany après deux heures d’entretien hier soir au siège de la Fédération Française de Football. « Nous allons travailler avec le ministère concerné non pas pour modifier la taxe, mais pour trouver des aménagements appropriés » explique alors Jean-Pierre Louvel, le président du syndicat des clubs pros.

Hollande maintient la taxe

Le 31 octobre dernier François Hollande en personne avait reçu les représentants des clubs et leur annonçait clairement qu’il ne reviendrait pas sur l’application de la taxe à 75% sur les hauts revenus (au dessus d’un million d’euro). Mais les discussions ne devaient pas s’arrêter là.

« C’est naturellement qu’il les a renvoyés vers moi » explique Jean Glavany. L’ancien ministre de Lionel Jospin s’est en effet vu confier depuis trois mois la présidence d’un groupe de travail sur le foot durable. « L’objectif général est de réfléchir à un modèle économique durable pour le foot français » explique le député des Hautes-Pyrénées.

Une porte de sortie

A travers ce médiateur du foot professionnel une porte de sortie honorable est ainsi trouvée pour les représentants des syndicats et des clubs. « Le décret d’application est à venir. Toujours sans remise en cause de la taxe, nous pouvons réfléchir encore au mode de calcul et étudier la trésorerie des clubs » explique Jean Glavany.

L’Union des clubs professionnels réunie ce matin en conseil d’administration a entendu le message. Les patrons des clubs ont décidé de reporter à une date ultérieure leur menace de grève. Ils ont jugé « très constructive » leur rencontre de la veille avec le médiateur Glavany. Ils ont même décidé de réintégrer sa commission « foot durable » dont ils avaient claqué la porte le 23 octobre dernier.

Les discussions sur « l’étude commune d’applicabilité »  de la taxe à 75% au foot professionnel ne sont toutefois pas terminée. Une nouvelle rencontre entre l’ancien ministre de l’agriculture et les représentants des clubs est prévue mardi prochain. Une sorte de match retour qui, comme bien souvent, pourrait  être décisif.

Patrick Noviello

 

12 Nov

Ma vie aux urgences

« Les urgences, parfois, ont des allures de Vaudeville. Il manque le placard et l’amant caché dedans. Certains jours, l’opérette cède la place à la tragédie antique. L’hôpital est un théâtre : on y chante ce que nous sommes, ce qui nous détermine ou nous émeut. En bien, en mal, ce lieu est un athanor alchimique où se distille lentement l’humanité malade de la vie »

 

CVT_Alors-voilaLes-1001-vies-des-Urgences_484Le décor est ainsi planté. Baptiste Beaulieu est interne à l’hôpital d’Auch alors qu’il écrit ces lignes. Il raconte comme au théâtre mais en même temps il vit dans cet endroit et en ressent tous les sentiments inhérents.

L’auteur se prend d’affection pour une patiente en soin palliatifs, condamnée par un cancer et qui attend pour mourir que son fils, coincé par le nuage d’un volcan en Islande, puisse reprendre un avion pour venir la voir une dernière fois.
Elle lui dit :
– Une question me tarabuste depuis des années ? Pourquoi attendons-nous aussi longtemps aux urgences ? Y-a-t-il un secret ? Une sorte de mystérieux triangle des Bermudes qui naîtrait dans les salles d’attente et dilaterait les minutes en heures ?

L’interne rit intérieurement et repense à un patient vu quelques heures auparavant parce qu’il avait le coude douloureux seulement quand il l’agitait dans tous les sens. Quelle idée de faire ça à son coude… Ou encore un autre qui lui dit préférer venir à l’hôpital plutôt que de déranger pour rien son médecin généraliste !

Le narrateur reste toutefois objectif : le problème ne vient pas toujours des patients. Et Baptiste Beaulieu d’habiller certains de ses chefs pour l’hiver.
« Le chef Gueulard tient le téléphone devant le vide-ordure qui lui sert de bouche. Je l’entends vociférer au téléphone sa haine des Urgences, du personnel des Urgences, etc. pour lui, les Urgences sont le paillasson sur lequel il essuie ses frustrations ».

Les urgences un univers à part que Baptiste Beaulieu humanise par sa façon parfois onirique de voir les choses ou les situations. Il parvient à cet enchantement tout en remettant régulièrement les choses à plat :
« Aux urgences, les patients viennent puis repartent. Chez eux ou dans les services. On ne sait pas ce qu’ils deviennent : vie ? mort ? guérison ? aggravation ? Mystère… Pire on ignore qui est vraiment le coupable. »

Ce qui marquera le lecteur dans cette compilation de notes et de souvenirs (au départ un blog) c’est la description au plus près de la mort que fait le soignant. Sans fard mais sans pathos, sans pincettes mais sans volonté de choquer pour choquer. En atteste cette rencontre entre un de ses chefs et une patiente : « Je le vois se confier à cette parfaite inconnue sans m’en étonner : au seuil du grand passage, les convenances et les frontières sont abolies. Nous ne sommes jamais vraiment étrangers à une personne qui va mourir ».

Baptiste Beaulieu ne tombe pas plus dans l’angélisme quand il s’agit de décrire l’environnement économique dans lequel il évolue, un milieu où l’argent reste le nerf de la guerre (voir l’actualité sociale) : « L’argent est un sujet tabou à l’hôpital. Officiellement, la santé des gens ne se monnaye pas ! Officieusement ? il en est question partout. C’est comme une grosse pépite d’or qui roule dans les couloirs. On court après. Tout le temps. Le directeur, l’administration, les chefs de service, c’est une vraie chasse au trésor. A l’hôpital, officiellement, on ne parle pas d’argent. Le silence est d’or et cet or est joueur… ».
Lisez « Alors voilà » et vous ne verrez plus votre attente aux urgences de la même façon. C’est en partie pour ça que Baptiste Beaulieu a écrit ce livre, un ouvrage également hommage au personnel soignant.

Patrick Noviello

« Alors Voilà. Les 1001 vies des urgences ». Baptiste Beaulieu. Fayard.

Baptiste Beaulieu sera l’invité de « La Voix est Libre » consacrée aux urgences le 16 novembre.

08 Nov

Municipales Montauban : une liste PRG face à celle du PS

Un conditionnel de plus en plus affirmatif. A Montauban, la constitution d’une liste PRG se précise. L’hypothèse circule depuis plusieurs jours. Sur les antennes d’une radio locale, Dominique Salomon a évoqué, sans donner de détails, cette possibilité. Mais, visiblement, les choses avancent. La représentante de Jean-Michel Baylet livre un calendrier. D’après elle, une décision sera prise dans la semaine qui vient. Au maximum dans une dizaine de jours. Dominique Salomon reste prudente. Elle précise que « rien n’est définitif ». Néanmoins, elle estime « qu’il existe un espace pour les couleurs du PRG ». Des couleurs qui, d’ailleurs, pourraient être rehaussées par celles du MRC. Et pourquoi pas du Modem.

Les relations avec la tête de liste du PS expliquent cette envie d’autonomie. Le parti socialiste a fait le choix de l’ancien maire, Roland Garrigues. Et ça ne passe pas. C’est même ce qui peut faire trépasser un accord PS-PRG.

Depuis cet été, une impression de mépris et un sentiment d’arrogance gatent l’atmosphère. Ces derniers jours, les choses se sont dégradées.
Dominique Salomon ne « se reconnait pas du tout dans la vision et dans le projet » de Roland Gariggues. Le divorce est consommé. Un mariage était possible. Dominique Salomon était prête à convoler avec la députée socialiste Valérie Rabault. Les deux femmes s’entendent bien. Une place de numéro 2 sur une liste Rabault était envisageable. Mais, avec Roland Garrigues toute entente semble impossible.

Mercredi après midi le PRG a tenu une réunion nationale sur les municipales. Tous les coins et recoins de l’Hexagone ont fait l’objet d’une étude attentive et exhaustive. Listes autonomes, négociations avec les partenaires, demande de validation stratégique de la part des « cercles » (équivalents radicaux des sections locales socialistes)… Tous les aspects des municipales ont été passés en revue.

Jean-Michel Baylet et son responsable des élections, Guillaume Lacroix, ont délivré des feux rouges, oranges ou verts. Montauban a forcément été mis sur la table. C’est un poids lourds de Midi-Pyrénées. La deuxième ville de la Région. Mais c’est aussi et surtout une enclave dans le fief de Jean-Michel Baylet. Montauban est dans le Tarn-et-Garone. Et le Tarn-et-Garonne c’est le département du président du PRG. Si on ajoute à cela, l’actuel maire de Montauban, Brigitte Barèges et son duel permanent avec le système Baylet, impossible pour Dominique Salomon de parler d’une liste PRG sans l’aval du « patron ».

Un indice ne trompe pas. Dominique Salomon précise :  » il y a 8 jours on n’était pas dessus ». Et effectivement, il a fallu attendre le mercredi 6 novembre pour que le PRG tienne son conclave.

Une tentative de négociation musclée est toujours possible. « Retenez-nous, faites notre bonheur (en terme de places) ou ce sera un malheur ». C’est une tactique habituelle en période pré-électorale. Les partenaires se menacent et finissent par s’embrasser. Dominique Salamon fait peut être pression. Mais l’élue régionale est droite dans ses escarpins. Les veilles recettes ne semblent pas être sa tasse de thé. De plus, le rejet de Roland Garrigues (qui touche d’ailleurs une partie du PS) est très fort. Trop fort pour permettre une réconciliation sur le matelas d’un confortable accord.

Dominique Salomon fixe une échéance. Une décision devrait intervenir au plus tard vers le 17 novembre.

A suivre

Laurent Dubois

04 Nov

Exclusif : Municipales Albi, incendie au PS

Un couteau à deux lames. La première a tranché hier après-midi. Après des jours d’incertitudes, Bernard Gilabert a annoncé, dans un communiqué de presse, son retrait de la course aux municipales. Ce matin, dans un mail envoyé aux militants, il « coupe » avec la section du PS Albigeois.

Le candidat malheureux à l’investiture démissionne de son poste de secrétaire de section. Bernard Gilabert récuse toute division. Il appelle ses camarades à poursuivre la bataille des municipales. Mais, dans le même temps, il utilise des mots très durs contre Jacques Valax : « autoritarisme », « invective », absence de « valeurs de confiance et de respect ».

Ce coup d’éclat annonce et amorce une guerre des Roses. Bernard Gilabert assume seul une décision personnelle. Mais, évidemment, cette division va coûter des divisions à Jacques Valax. Des militants vont rester chez eux. Des petites mains, pour distribuer des tracs ou sonner aux portes, vont faire défaut. Evidemment, le choix des 25 000 électeurs albigeois ne dépend pas de l’action d’une poignée de sympathisants. Mais une dynamique interne, c’est toujours bon à prendre. Et mauvais à perdre.

Le courrier de démission de Bernard Gilabert

 

Du côté des partenaires potentiels, c’est également un mauvais message. Comme en 2008, le PS renvoie l’image d’une machine à perdre. Pour attirer à sa table, il faut avoir un menu attractif. Le goût de cendre d’une maison en feu n’a rien de très appétissant. EELV, le PRG et le Front de Gauche risquent de mal digérer le cocktail incendiaire du PS.

Enfin, s’agissant de l’opinion publique, le spectacle est désastreux. Dans un contexte national pesant, les socialistes dépensent leur énergie dans des querelles domestiques. L’électorat est bousculé par des mesures fiscales. Son seuil de tolérance envers les « gauloiseries » du village socialiste est égal à zéro.

Nous sommes encore loin du scrutin. De l’eau va couler sous le Pont Neuf, avant que les albigeois plongent dans le bain électoral.

Néanmoins les polémiques et les piques laissent fatalement des traces.

Laurent Dubois

Lire aussi Bernard Gilabert ne figurera pas sur la liste PS de Jacques Valax

01 Nov

EXCLU : Louis Aliot, le vice-président du FN défie le président du Sénat

Le début du commencement. Le décor des municipales se met progressivement en place. Constitution des listes. Tricotage des partenariats. Pour Louis Aliot, la pré-campagne prépare une autre campagne. Le vice-président du FN a les yeux braqués sur les mairies. Mais il a l’esprit tourné vers une autre échéance : les européennes.

Louis Aliot, vice-président du FN dans les locaux de France3 Midi-Pyrénées. Photo : LDubois/F3MidiPy

Louis Aliot, vice-président du FN dans les locaux de France3 Midi-Pyrénées. Photo : LDubois/F3MidiPy

Louis Aliot va être la tête de liste du Front National, dans le Sud Ouest, en mai prochain. De Bordeaux à Perpignan en passant par Toulouse, à cheval sur trois régions et dix huit départements, il va monter au front pour un décrocher un siège de député européen. Mais, avant le mois de mai il y a le mois de mars. Avant l’immense circonscription des européennes, il y a les petites et grandes communes de Midi-Pyrénées.

Louis Aliot lie les deux séquences. Le leader frontiste se dit « en pré-campagne » pour les européennes. Sa présence, sur le terrain local, est « l’occasion de faire une tournée ». Néamoins, Louis Aliot ne réduit pas les municipales à un tour de chauffe. Il rappelle les ambitions et l’implantation du FN dans notre région : « 14 listes en Haute-Garonne, 3 candidats en Ariège, 3 dans le Tarn-et-Garonne, 1 dans le Gers, 1 dans l’Aveyron et 1 dans les Hautes-Pyrénées ».

Le parti de Marine Le Pen est confronté à une « crise de croissance ». Les sondages traduisent une montée en puissance. Mais le parti manque de cadres et de militants. En Midi-Pyrénées, ce déficit de ressources humaines s’ajoute à la difficulté du terrain. Les départements de la région sont ancrés à gauche. Cet obstacle renforce le poids et l’impact de certains gestes.

Louis Aliot annonce que « Marine viendra certainement à Toulouse et (il) ne désespère pas de la faire venir à Carmaux ». La présidente du FN dans deux villes Roses vifs. Toulouse, c’est la ville dans laquelle Mitterrand, Jospin et Hollande ont terminé leurs campagnes présidentielles. Carmaux, c’est le pays de Jaurès.

Louis Aliot est vraiment de la génération Marine. Il a le gout de la communication. Il a également un vrai sens politique. Louis Aliot a compris un point essentiel : les victoires politiques ne passent pas uniquement par les urnes. La conquête des esprits est aussi un objectif stratégique. Le simple fait de monter une liste à Carmaux est une réussite. Cela permet d’adresser un message : on gagne du terrain. Et pas n’importe lequel. Un terrain autrefois interdit.

Dans cette (con)quête des symboles, Louis Aliot ajoute une nouvelle étape : un défi au président du Sénat. Ariégois d’origine, le vice président du FN « aimerai(t) monter une liste à Lavelanet, dans la ville de Jean-Pierre Bel. Ce serait symboliquement fort ». Il reconnait que « ce n’est pas facile ». Mais « il étudie attentivement la possibilité ».

Décidément, entre Carmaux et Lavelanet, Midi-Pyrénées est au cœur de la stratégie du FN.

Le parti de Marine Le Pen peut espérer des maires dans l’Est et le Sud-Est de la France. Mais c’est dans le Sud-Ouest qu’il déploie ses symboles.

Laurent Dubois

26 Oct

José Bové s’attaque aux lobbies du tabac et de l’agroalimentaire : « Holp Up à Bruxelles »

« Hold Up à Bruxelles ». Josè Bové dénonce une bande organisée. Dans son prochain livre, le député européen dévoile l’action concertée des lobbies. Industrie du tabac. Magnats agro-alimentaire. Auprès de la Commission ou du Parlement, ces puissances de l’ombre frappent à toutes les portes. Elles s’invitent et s’incrustent dans toutes les arcanes européennes.

« Ouvrage-témoignage » et « essai-porteur-de-solutions », le livre est construit autour de cinq exemples. Cinq exemples concrets et vécus. Au travers d’anecdotes croustillantes, José Bové arrache les masques. Il éclaire la face sombre du Pouvoir Bruxellois.

Bruxelles souffre d’une mauvaise image. Les sondages pointent une poussée des partis europhobes. Dans ce contexte, le grand déballage de José Bové peut mettre du sel sur les plaies. Son livre risque de faire le miel d’une Marine Le Pen. José Bové s’en défend. Il se définit comme un « pessimiste constructif ». Dans son esprit, ses révélations doivent permettre d’améliorer les choses. De la dénonciation d’un Mal doit naitre un Mieux. Belle philosophie.Joli pari.

« Holp Up » à Bruxelles. A paraitre mi janvier aux éditions de La Découverte.

Laurent Dubois

22 Oct

Léonarda : le contre-exemple ?

Voilà presque une semaine que l’encre et le fiel des déclarations coulent sur ce qui est devenu une affaire d’Etat : le dossier Léonarda. Mais que retenir au fond de cette histoire ? Surtout pas qu’il s’agit là d’un exemple de durcissement de la politique migratoire française. Le seul point positif à en tirer, s’il devait y en avoir un, c’est que désormais les forces de l’ordre ne pourront plus procéder à l’interpellation d’un mineur en situation irrégulière dans le cadre scolaire. Quoi de plus normal ? Arrêter un enfant dans ce qui doit rester un sanctuaire républicain est inadmissible et la nouvelle circulaire prise en ce sens devrait éviter toute bévue à l’avenir.

Asile refusé

Pour revenir sur le fond de l’affaire, Manuel Valls précise que la demande d’asile formulée par la famille Dibrani a été refusée à sept reprises. Des fraudes auraient même été relevées par l’administration. Ce à quoi le père répond dans « Le journal du dimanche » : « A l’Ofpra, ils savent bien que les demandeurs d’asile ne disent pas la vérité à 100% ». Les associations d’aide à ces demandeurs d’asile et aux sans-papiers apprécieront le tort que peut faire ce type de déclaration dans l’opinion publique. D’ailleurs, il est à noter que ces mêmes associations et autres organismes d’aide ont été très silencieux sur le cas Léonarda (sauf pour dénoncer ses conditions d’arrestation et la proposition de François Hollande).

Erreur politique

Beaucoup plus silencieux en tout cas que la classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues. Malek Boutih désormais député socialiste mais ancien patron de « SOS racisme » s’indigne en expliquant que « c’est la première fois qu’on demande à une enfant mineure de choisir entre sa scolarité et ses parents ». Ce que certains qualifient de « geste de générosité » de la part de François Hollande est considéré par beaucoup comme une erreur politique. Et c’en est sûrement une. Maintenant de là à dire qu’elle marquera irrémédiablement son mandat…

Instrumentalisation

L’ancien ministre UMP Bruno Le Maire, lui, ne fait pas dans la nuance qualifiant de « faute inexcusable » cette proposition présidentielle qui « bafoue » les lois de la République. Dans un langage plus brut de décoffrage, le père de Léonarda, décidément très disert, déclare dans le JDD « M.Hollande, vous avez merdé ! ». Alors que lui, en faisant de fausses déclarations, a sans doute eu l’attitude adéquate. Un peu de mesure que diable y compris de notre part, médias nationaux mais aussi internationaux, qui avons fait passer le dossier Léonarda d’abord comme un exemple d’intégration bafouée puis comme le symbole de l’incapacité de Hollande à présider aux destinées d’un pays.
Le vrai exemple dans cette histoire, c’est avant tout celui d’une instrumentalisation, celle qui a été faite d’une adolescente de quinze ans, dont se sont servis son père, puis une partie de la classe politique. Ces derniers ont certainement déjà oublié Léonarda et cherchent dès à présent un autre cas d’actualité à ériger en exemple.

Patrick Noviello

14 Oct

Municipales : Pour qui et pourquoi voter ?

Menaces de vote sanction contre l’actuelle majorité socialiste, appel à l’alternance, ombre du FN sur le scrutin. N’est-il pas temps de se poser les bonnes questions ?

Voilà que l’on nous fait d’une Cantonale partielle, un évènement majeur. Je parle évidemment de celle de Brignoles, dans le Var, pour ceux qui rentreraient d’un voyage de quinze jours au Groenland et ne seraient pas au courant. Quoi ? Le FN peut emporter une élection locale partielle avec 5000 voix ? Eh bien oui. Ce n’est pas une première et sûrement pas une dernière.

Les analystes de notre belle et palpitante vie politique n’ont pas attendu les résultats définitifs pour s’emparer du dossier. La mèche avait été allumée dès le premier tour. J’aurais bien aimé avoir autant d’échos et de téléspectateurs au moment où Laurent Dubois et moi-même, essayions d’expliquer les enjeux des dernières cantonales et à quoi sert un conseil général.

Brignoles et après ?

Donc les analyses sur l’effet Brignoles se multiplient mais pour nous dire quoi ? Principalement que le FN pourrait jouer un rôle majeur dans les prochaines Municipales et majoritairement dans les communes de moins de 3000 habitants. Mais ce parti a-t-il envie de gérer des petites villes ou des villages ? Eux-mêmes, j’en suis sûr, sont bien conscients qu’ils n’en auraient pas les forces vives. Mais le prochain scrutin est une caisse de résonnance formidable pour les Marinistes. Quant au suivant ? « Front National : le premier parti de France aux Européennes de juin » selon un sondage IFOP pour le Nouvel Observateur. Au nom de quoi ? Sur quels critères ? Décidément, le FN fait vendre du papier et des sondages.

Et puis nous sommes dans un pays qui aime bien se faire peur : « Imaginez si les frontistes entraient en force dans les Conseils Municipaux à la faveur du nouveau mode de scrutin ! », « Imaginez si la droite se décide à faire alliance dans l’entre-deux tours, comme ça, ni vu ni connu, avec des candidats sans étiquette mais qui seraient à la solde du FN ! », « Imaginez si telle ou telle commune venait à être conquise ! » et si, et si…

Hommes ou étiquette ?

« Pour qui et pourquoi vont voter les électeurs » reste sans aucun doute les seules questions qui vaillent d’être posées. N’est-il pas rabâché que pour des Municipales plus que pour toute autre élection, le citoyen vote pour un homme ou une femme qu’il connaît de près ou de loin, plutôt que pour une étiquette. Oui mais par exemple à Toulouse, quel nouvel arrivant connaît Cohen, Moudenc, Maurice, De Veyrac…. et Laroze.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que le FN puisse figurer au second tour à Toulouse. Et Serge Laroze, le candidat frontiste, n’y croit d’ailleurs pas lui-même à vrai dire ou tout du moins la dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il ne m’en a pas convaincu. Mais ailleurs qu’à Toulouse ? Dans les villes préfectures, les communes moyennes ou même dans les campagnes où les dernières Législatives ont été teintées d’un bleu très foncé sur certaines circonscriptions ?

Contestation et alternative

Là encore certains s’inquiètent, lancent des incantations menaçantes comme cette tête de liste socialiste désigné dans le Tarn et Garonne qui prédit un grand risque F.N à Moissac. D’autres ne voudraient pas que, l’année du centenaire de la mort de Jaurès, ses terres tarnaises plébiscitent le parti de Marine Le Pen. Des listes se préparent à Saint-Benoît de Carmaux et Carmaux.

Mais pourquoi utiliser le bulletin FN alors ? Pour contester, faire-valoir sa déception de « l’UMPS » comme on dit chez les frontistes ? Pour une alternative ? Pour changer ? Pour bien voir ce qu’ils seront capables de faire que n’ont pas réalisé les parti traditionnels (en dehors des sempiternels thèmes de la sécurité et de l’émigration) ? Les trottoirs seront-ils plus propres repeints en bleu marine ? Les routes seront-elles moins embouteillées ? Les impôts locaux vont-ils baisser ?

Parce que les véritables problématiques de ces élections, ce sont celles-là. Une vague plus ou moins bleue foncée au soir du 30 mars prochain ne renversera pas le gouvernement. François Hollande restera à l’Elysée jusqu’en 2017 et se représentera dans la foulée (je dis ça pour les impatients de droite comme de gauche).

En revanche :

  • si vous vous demandez pourquoi vous avez encore écrasé une déjection canine alors que vous leviez les yeux au ciel pour compter les étages de l’immeuble qui se construit en face de chez vous,
  • si vous vous rendez-compte qu’une heure de stationnement en centre-ville coûte désormais un euro cinquante mais qu’il y a plus de pistes cyclables ou encore que votre bus passe plus fréquemment qu’avant et qu’il est plus confortable,

là vous pourrez vous demander pour qui et pourquoi vous allez voté le 23 mars prochain.

Patrick Noviello

13 Oct

Exclusif : Municipales. Marine au pays de Jaurès. Des listes FN à Saint-Benoît-de-Carmaux et Carmaux

Un garage Renault à l’entrée de ville. Un bureau de poste. Une place de la mairie, un bar et une pharmacie. Saint Benoît de Carmaux ressemble à de nombreuses communes françaises. L’architecture des maisons et une cité rappellent un passé minier. Les plaques des rues mentionnent les noms de Jaurès et Blum. Mais d’autres villes sous d’autres cieux présentent le même visage. La présence, à une intersection, d’une affiche de Marine Le Pen n’est pas non plus caractéristique. Les « municipales » approchent. Un automobiliste tarbais ou lillois peut croiser, sur sa route, la figure du Front National. Et pourtant. Saint-Benoît de Carmaux n’est pas un endroit comme les autres. A deux kilomètres de son centre ville, dans la commune voisine de Carmaux, se trouve le célèbre monument de Jean-Jaurès. Saint Benoit c’est le pays de Jaurès. Ses 2152 habitants vivent et votent sur une terre emblématique. Ils vivent et votent dans la circonscription du tribun socialiste.

 

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

Le Front National s’invite dans le paysage. Marine Le Pen s’affiche sur les murs de Saint Benoît. Elle sera probablement présente dans les urnes. Tout un symbole. Le responsable départemental du FN, Jean-Paul Piloz, annonce l’existence d’une liste. A sa tête, une femme, Nicole Bousquet. Derrière elle, 11 noms. Au total, la liste doit obligatoirement compter 19 membres. il reste à trouver 7 candidats. Mais, d’après Nicole Bousquet, cela ne pose aucun problème :  » oh oui, on va boucler« . Elle en profite pour évoquer au passage la constitution d’une autre liste sur Carmaux. Si tout cela se confirme, Saint Bénoît, Carmaux et toutes les autres listes du département seront présentées à la presse dimanche prochain.

Membre du FN depuis 2000, Nicole Bousquet a déjà participé à des cantonales et des législatives. Mais, s’agissant des municipales, c’est inédit.

C’est une première pour elle. Mais surtout pour son parti. Jamais, auparavant, le FN n’est parvenu à fédérer des personnes et à susciter des candidatures. Saint Benoît a une municipalité communiste depuis 1977. Et, dans le carmausin, le rose et le rouge sont ultra dominants. La droite est quasiment inexistante. L’UMP peine à constituer une liste sur Carmaux. Les ressources humaines font défaut. Le principal parti de l’opposition n’est même pas certain de pouvoir présenter des candidats.

Dans ce milieu « hostile », le FN est resté sur le banc de touche pendant des années. Faute de candidats, le parti était exclu de la compétition municipale. Cette époque semble révolue.

C’est une « révolution » politique au pays de Jaurès.

L’UMP déserte la scène. En revanche, Marine Le Pen entre en piste. Au delà de la symbolique jaurésienne, le contraste est saisissant. Dans les rangs du FN, la satisfaction est évidente. Et l’enthousiasme ne se limite pas à une présence sur la ligne de départ. Frédéric Cabrolier est content de participer. Mais il espère bien gagner.

Candidat sur Albi, il regarde les municipales de Saint Benoît en voisin. Mais il est convaincu que des élus frontistes siégeront bientôt au conseil municipal de Carmaux et de Saint Benoît. Bien évidemment, il prêche pour sa paroisse. Frédéric Cabrolier a la foi du croyant. Mais des faits accréditent la thèse d’une implantation carmausine du FN.

En effet, le contexte localo-localiste est difficile pour la gauche. Dans le carmausin, des retraités qui autrefois ne payaient pas d’impôts sont désormais fiscalisés.

Le changement, c’est maintenant. C’est le temps des nouveaux contribuables. Du côté de carmaux, plus qu’ailleurs, le basculement dans l’impot a touché de nombreux retraités et des foyers modestes. Dans l’isoloir, les feuilles du Trésor Public vont peser. De plus le chomage frappe durement une région qui n’a jamais retrouvé, depuis la fin de la mine, le chemin de l’Emploi. Bref, impot et chomage composent un coktail explosif. L’abstention
et le vote sanction sont les deux alliés du FN. La faiblesse d’une offre UMP finit de jouer en faveur du FN. Frédéric Cabrolier est dans son rôle en (sur)vendant sa boutique.

Mais, objectivement, un « territoire-symbole » de la Gauche peut devenir un symbole de la poussée du FN.

Au pays de Jaurès, le Rose risque de prendre une couleur « Bleu Marine ».

Laurent Dubois