18 Déc

La lettre qui récuse : une militante PS face aux « arguments » des président(e)s de région cumulards

Stéphanie Calas, élue locale et militante PS

Stéphanie Calas, élue locale et militante PS

« Je trouve dommage que je sois obligée de faire une lettre publique moi petite élue et petite militante qui souhaite juste travailler sur la probité des élus ». Au bout du fil, la voix est douce mais ferme. Stéphanie Calas explique simplement et clairement pourquoi elle a publié sur sa page Facebook un texte dénonçant le cumul des mandats. Depuis sa mise en ligne, la lettre publique fait le buzz. Stéphanie Calas interpelle Carole Delga, Alain Rousset, Jean-Yves Le Drian, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Didier Robert. Toutes ces nouvelles « éminences » régionales ont un point commun. Homme ou femme, de droite ou de gauche, ce sont des « cumulards ».

« Si nous voulons détourner les électeurs du FN et faire revenir nos concitoyens vers les urnes, vous devez être exemplaire…Chacun de vous a de « bonnes » raisons de cumuler. Il y a M Superman capable de tout faire à même temps, Mr je reste connecté avec le terrain, Mr le ministre indispensable pour des Raisons d’Etat, le Député qui ne veut pas donner le sentiment d’abandon à ses électeurs mais qui ne se posaient pas la question depuis 6 mois ».

Le style direct et cinglant fait mouche. Mais Stéphane Calas se défend de toute envie de faire un « carton ». Le buzz qui entoure sa lettre l’étonne. Et, surtout, elle récuse toute « agressivité » ou envie d’en découdre. L’élue locale et militante PS insiste :  » j’ai défendu bec et ongle Carole Delga et il n’y a pas le moindre conflit entre nous. Simplement, Carole et d’autres députés ont voté la loi sur le non-cumul (NDLR applicable en 2017) et la moindre chose c’est qu’ils se l’applique à eux-même. Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots ».

Stéphanie Calas n’a pas (encore) eu Carole Delga au téléphone. Un échange pourrait intervenir prochainement. Il y a très peu de chances pour qu’une conversation convertisse la future présidente de Région. Mais la prise de contact pourrait être utile à une chose : le rappel d’une évidence. Stéphanie Calas se contente d’exprimer le ressenti de l’immense majorité des militants socialistes. L’élue locale et militante de base porte la voix d’une grande partie de ses concitoyens.

Tous les sondages le répètent en boucle. Les français sont allergiques au cumul des mandats.

Laurent Dubois

Capture d’écran 2015-12-18 à 19.51.40

 

 

Une victime colatérale des Régionales : la présidence de Laurence Arribagé contestée

Les Régionales viennent juste de se terminer. Un autre scrutin commence. Les 30 et 31 janvier prochain, les 3200 militants de la fédération haute-garonnaise des Républicains doivent voter. La députée et actuelle présidente par interim, Laurence Arribagé est candidate. Mais, fortement contestée, elle est confrontée à plusieurs candidatures concurrentes. Les noms de Vincent Terail-Novès, Elisabeth Pouchelon et Xavier Spanghero circulent. Ce scrutin interne est fortement impacté par les mauvais résultats des Régionales. Mais c’est surtout une critique ouverte de la gestion de la Fédération qui va peser. 

Laurence-arribagé

Deux défaites électorales en moins de 10 mois. La fédération des Républicains 31 traverse une série noire. Les départementales ont été mauvaises. Les Régionales sont carrément catastrophiques. Depuis le soir du second tour, militants et cadres font le bilan. Ils scrutent à la loupe bureaux de vote et circonscriptions. Le verdict est sans appel. La droite haute-garonnaise est au bord du naufrage. Face à ce sombre tableau, beaucoup de militants et de cadres pointent une absence d’auto-critique.

Laurence Arribagé soutient Dominique Reynié. Elle trouve le personnage intéressant. Seul problème, le politologue aveyronnais vient d’offrir son pire score électoral à la droite régionale. Les militants attendent une analyse froide et sans a priori. Lors des départementales, la droite a été éliminée au 1er tour dans plusieurs cantons ruraux : Auterive, Saint-Gaudens, Grenade…Le choc à peine passé, un nouvelle déroute vient remettre du sel sur les plaies. A Toulouse, 251 des 256 bureaux de la ville Rose ont voté pour la socialiste Carole Delga. L’électorat de droite a boudé les urnes dans les bastions de la Côté Pavée ou de l’avenue de Lardenne.

Pour de nombreux militants, la coupe est pleine.

La gifle des Régionales appelle et nécessite une vraie remise en cause. A la place, la présidente de la Fédération s’est contentée d’une interview jugée « plate et lénifiante » (dixit un cadre Républicain). La proximité de l’élection pour la présidence de la Fédération transforme la grogne en fronde.

Une source affirme que Vincent Terail-Novés est très sollicité pour redresser la situation. D’après l’entourage du maire de Balma, aucune décision n’est prise. Mais un duel « Arribagé-Novès » pourrait bien se dessiner. Une source précise :  « de nombreux militants et cadres poussent Vincent en raison des problèmes de fonctionnement de la fédération. Une fédération qui est actuellement gérée dans l’unique intérêt de sa présidente par interim ».

Vincent Terail-Novès, maire de Balma et conseiller régional

Vincent Terail-Novès, maire de Balma et conseiller régional

La récente démission d’Elisabeth Pouchelon de ses responsabilités fédérales confirme et conforte ce climat de défiance. Dans un mail envoyé le 17 décembre, la conseillère régionale lance une phrase lourde de sens : son fonctionnement (NDLR : de la fédération) a profondément changé depuis le départ de Jean-Luc Moudenc. En creux, c’est la présidence de Laurence Arribagé qui est pointée. L’hypothèse d’une candidature d’Elisabeth Pouchelon (face à Laurence Arribagé) circule de plus en plus. Mais, indépendamment de l’échéance électorale de janvier, la décision de la conseillère régionale révèle la crise que traverse la Fédération LR 31.

Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale

Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale

Capture d’écran 2015-12-18 à 17.05.51

Avec une retenue conforme à son tempérament, Elisabeth Pouchelon confirme un fait : l’échec des Régionales est un « simple » accélérateur de particules. Le malaise qui taraude la Fédération haute-garonnaise des Républicains est antérieur aux (mauvais) résultats de Dominique Reynié.

Clanisme, influence de son homme de confiance et collaborateur parlementaire, Yoann Rault-Wita. Les griefs sont extérieurs au scrutin des Régionales. Mais, en revanche, l’échec des 6 et 13 décembre alourdit encore davantage l’ardoise.

Dans quelques heures, Laurence Arribagé doit s’envoler pour le Mexique. La présidente par interim va passer Noël au soleil. Cette semaine de repos et de répit ne sera pas de trop. A son retour, elle va retrouver une situation politique pour le moins compliquée.

De retour sur le territoire national, elle risque de trouver sur son chemin des militants remontés et surtout des concurrents motivés.

Laurent Dubois

Martin Malvy : le dernier discours

 Elus, directeurs d’institutions publiques, acteurs du monde de l’entreprise, du milieu associatif et sportif, représentants des cultes. Martin Malvy les avaient tous conviés hier soir à l’Hôtel de Région, officiellement à « l’occasion de la clôture de la mandature 2010-2015 ». Plutôt une manière de leur dire « au revoir et merci ».

Martin Malvy, hier soir à l'Hôtel de Région de Toulouse

Martin Malvy, hier soir à l’Hôtel de Région de Toulouse

Les discours d’adieu ne sont souvent pas les plus brillants. Martin Malvy le reconnaît lui-même à l’issue de son énoncé. Mais ces discours-là sont sans doute les plus difficiles à prononcer et les plus émouvants aussi. Tout à coup, alors qu’il a bien entamé sa « conclusion », le président de région sortant marque une pause. Le rhume qui voile sa voix depuis quelques jours n’est pas le seul responsable, une larme parcourt son visage. Les secondes qui s’écoulent sont lourdes. L’assistance, saisie, lance une salve d’applaudissements.

Etre utile

Martin Malvy reprend ses esprits : « si ce que j’ai cherché à faire avec ceux qui furent mes compagnons de route a pu être utile, alors je m’absenterai satisfait ». Et le président sortant de ne pas demander de la reconnaissance mais « un peu d’estime » qui « au terme d’un parcours vaut toutes les récompenses ». Ce sera le seul moment de ce long discours où le socialiste lotois fendra l’armure parce que pour le reste, l’animal politique est toujours là.

Dès le début de l’allocution, Martin Malvy rappelle le moment historique que sont en train de traverser nos régions : « ce que nous sommes en train de vivre ne se reproduira pas de sitôt ». Et de dénoncer le pessimisme ambiant, le « c’était mieux avant » qui « veut que toute réforme soit vouée à l’échec ». Il croit en cette nouvelle carte de France et le répète à l’envie.

Carole Delga au premier rang

Celui qui présidera encore jusqu’au 4 janvier martèle aussi les faits marquants de son bilan (le plan rail, la création du Sisqa…) Il parle d’une région visionnaire qui a su coller aux priorités nouvelles comme l’environnement. Il revient sur les 200 agents territoriaux à la création de Midi-Pyrénées aux 3400 actuels, preuve concrète selon lui d’une réelle décentralisation et non d’une gabegie. Il rappelle également à une Carole Delga, toute ouïe au premier rang, la salve de projets en cours qu’il faudra mener à bien. Même message de vigilance adressé au Préfet concernant les Contrats de Plan Etat Régions attendus pour continuer à financer la rénovation des universités.

Et puis sur le terrain plus politique encore il cherche Gérard Onesta dans la salle tout en insistant sur le devoir de travailler ensemble, notamment pour une majorité : « On ne décide jamais seul ». Martin Malvy sait pertinemment que le leader de « Nouveau Monde » (EELV et FG) sort à peine d’un nouveau round de négociation avec Carole Delga. Dans l’assistance aussi, d’autres partenaires, ceux du PRG emmenés par Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel ou encore Didier Codorniou.

Catastrophes et beaux gestes

Egalement dans le public des directeurs d’établissements de santé qui entendent Martin Malvy se remémorer les catastrophes auxquelles il a assisté sous ses différents mandats : AZF, l’affaire Mérah… Mais ces drames humains comme la fermeture de l’usine Molex à Villemur-sur-Tarn et bien d’autres entreprises. Mais il y eut aussi « des beaux gestes » tempère-t-il. Face à tout cela, mais pas seulement, « ce qu’on a pu faire un jour et qu’on a alors cru majeur sera oublié. Ainsi va la chose publique » nuance celui qui s’apprête à laisser la place.

Martin Malvy dit partir « sans nostalgie » et assure qu’il continuera à suivre la vie politique locale restant évasif et malicieux sur le rôle qu’il pourrait y jouer ou pas. Dans une période trouble pour le pays, il en appellera à ne pas oublier la jeunesse  et cette phrase qu’il a faite graver sous un buste de Jaurès à l’entrée de l’hôtel de région : « Il n’y a qu’une race, l’humanité ».

Martin Malvy ne s’en va pas encore tout à fait, il sera le premier président de la nouvelle grande région qui naitra officiellement le premier janvier. Son successeur sera élu quatre jours plus tard.

Patrick Noviello

17 Déc

L’élection de Dominique Reynié visée par des recours devant le Conseil d’Etat

La menace planait. Elle se concrétise. D’après nos informations, deux recours viennent d’être déposés devant le Conseil d’Etat contre Dominique Reynié. Ils émanent du sénateur de l’Hérault, Jean-Pierre Grand, et du Front National. Le juge administratif est saisi de la question de son éligibilité. En octobre dernier, le politologue  aveyronnais s’est englué dans une longue et lourde polémique sur son inscription sur les listes électorales et sa domiciliation chez sa mère.

240936_vignette_drapeauxconseiletat

Dominique Reynié a toujours considéré que l’affaire de son inéligibilité est une pure calomnie. Totalement infondée et fomentée par ses adversaires. Le Conseil d’Etat ne va pas se contenter de cette version des faits. Le Palais-Royal va devoir examiner des pièces qui sont déjà largement sur la place publique : un bail de location, des factures de téléphones et d’eau, une domiciliation bancaire…. Ce faisceau d’éléments doit permettre de vérifier si Dominique Reynié est bien, comme il le prétend, domicilié (au sens juridique du terme) sur la commune d’Ornet-le-Chateau.

La saisine n’a pas d’effet suspensif. Le juge électoral a trois mois pour se prononcer et ,en attendant sa décision, Dominique Reynié va pouvoir siéger au Conseil Régional.

Mais le nouvel élu régional est sur la sellette. L’enregistrement de sa candidature par la préfecture ne vaut pas blanc-seing. En novembre dernier, le préfet de Région, Pascal Mailhos, s’est contenté de constater un fait : Dominique Reynié est inscrit sur les listes électorales. Or c’est cette inscription qui pose question et qui est contestée par les requérants. De plus, d’après nos informations, le préfet de Région n’a pas appuyé sa décision sur une analyse juridique. Le Conseil d’Etat va donc ouvrir le dossier Reynié pour la première fois.

FRANCE-VOTE-REGIONAL-REPUBLICANS

Une éventuelle déclaration d’inéligibilité ne débouchera pas sur une nouvelle élection régionale. Le juge applique toujours un critère. Celui de l’écart des voix. Dominique Reynié a terminé 24 points derrière le vainqueur du scrutin : Carole Delga. Il a fini en troisième position lors des deux tours de l’élection. Dans ce contexte, une annulation des Régionales est plus qu’improbable. Les 183 collègues de Dominique Reynié (157 candidats et 26 suppléants) peuvent se rassurer.

Si la foudre doit tomber, elle ne frappera que le conseiller régional élu dans l’Aveyron.

Mais, en toute hypothèse, l’épisode judiciaire qui s’ouvre alimente un film noir. Après des scores extrêmement mauvais, une contestation interne qui monte, Dominique Reynié reprend (en pleine tête) le boomerang de son inéligibilité.

Il lui reste toutefois un espoir. Le Conseil d’Etat peut toujours lui donner raison. Ce serait une véritable revanche.

Réponse dans les prochains mois.

Laurent Dubois

 

 

 

15 Déc

Le CESER Midi-Pyrénées demande un plan d’urgence en faveur de l’apprentissage et de l’alternance.

Suite aux déclarations de Manuel Valls sur l’emploi, le Conseil Economique Social et Environnemental Régional et son Président Jean-Louis Chauzy dressent un constat sans concession : « Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées arrive avec le Nord-Pas de Calais-Picardie en tête des régions françaises pour le taux de chômage : 12,5% ».

 

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social régional. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social régional. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

552 000 demandeurs d’emplois et des taux de chômage supérieurs à 18% en Ariège et sur le littoral, pour le Ceser la situation est grave. Son plan : optimiser l’apprentissage et l’alternance, deux compétences majeures des régions.

 

L’institution précise que sa proposition remonte à un an déjà et qu’elle avait été décidée entre la Région et l’Etat. Seulement pour l’appliquer correctement, il faudra s’appuyer sur les partenaires économiques, sociaux et associatifs.

11000 jeunes décrochent chaque année

Jean-Louis Chauzy rappelle aussi l’urgence à agir « au moment où plus de 11 000 jeunes par an décrochent du système éducatif avant de décrocher de la société ». Le Conseil qui se revendique « deuxième assemblée régionale » se voit en rassembleur pour mener cette opération d’urgence.

 

Pour parvenir à stopper l’hémorragie, il prône une concertation par filière pour identifier les objectifs de formation et les besoins des entreprises. Le plan devra être décliné à l’échelon des bassins d’emplois. « Ce serait l’occasion de revoir les cartes des formations pour des raisons d’efficacité et de coûts ».

 

Avec cette initiative le Ceser semble vouloir se rappeler au bon souvenir de la nouvelle assemblée élue. Il n’hésite pas pour cela à dresser un bilan du scrutin en forme d’avertissement.

Que le discours politique ne soit plus une langue morte !

« La cartographie des élections des 6 et 13 décembre illustre le cocktail explosif : chômage de masse, précarité, abstentions massives et rejet d’un système qui exclue des milliers d’hommes et de femmes. Défendre la démocratie et la République, c’est aussi et d’abord offrir une perspective à des hommes et des femmes qui n’en ont pas afin que le discours politique ne soit plus une langue morte ! »

 

Le ton est donné.

 

Patrick Noviello

 

 

14 Déc

L’après Reynié, c’est parti !

Le scénario était prévisible. Mais il se réalise moins de 24 heures après la fin du second tour. L’échec de Dominique Reynié vire au droit d’inventaire. Son mauvais score au 1er tour le condamnait à la défaite. Mais l’ampleur et la profondeur du revers débouche sur une critique quasi immédiate de la tête de liste régionale des Républicains.

Sur l’antenne de France 3 Midi-Pyrénées, le soir des résultats, Brigitte Barèges et Vincent Terrail-Novès ont déploré une campagne pas assez à droite pour faire face au Front National. L’allusion est transparente. Mais les apparences sont sauves. La critique ne ciblait pas ouvertement le candidat Reynié.

En revanche, du côté de Bernard Carayon, l’attaque est frontale. C’est le premier acte d’un troisième tour qui se prépare et s’annonce sanglant : la présidence du groupe de la droite à la Région.

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Dans un communiqué de presse, Bernard Carayon analyse les causes de la défaite électorale de son camp. Mais, surtout, il pointe du doigt une erreur de casting :

« La défaite de Dominique Reynié est humiliante : son résultat est pire encore que celui de Brigitte Barèges en 2010. C’est aussi le plus mauvais de France. Son score, par exemple, à Toulouse (22%), notre capitale régionale, loin de refléter la popularité de Jean-Luc Moudenc, traduit bien l’échec personnel de notre candidat. C’est aussi l’échec d’un représentant de la « société civile » à laquelle certains prêtaient la vertu de la nouveauté et la capacité à mobiliser les abstentionnistes, visiblement ignorées des électeurs ».

Les mots sont clairs et tranchants. En coulisses, dans les rangs Républicains et Centristes, les propos tenus ne sont pas plus cléments. Mais, à la différence de ses camarades, Bernard Carayon le dit publiquement. Le timing et la forme choisie (un communiqué de presse) ne sont évidemment pas neutres. Le maire de Lavaur prend date. Il se positionne dans la perspective de l’élection du futur président de groupe à la Région. Dominique Reynié a annoncé son ambition. Il brigue la présidence de groupe. Mais, sur sa route, il va trouver Bernard Carayon.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Dans l’entre-deux tours, des tractations téléphoniques et des contacts sont allés dans ce sens.Du côté de Bernard Carayon et de ses soutiens, on a commencé à compter les divisions et à comptabiliser les voix. Cette préparation du terrain n’a pas attendu le résultat des urnes pour être lancée. Il faut dire que les résultats étaient prévisibles.

Mais le match « Reynié-Carayon » peut également être réglé par une scission. Il ne sera pas forcément nécessaire de lancer une campagne interne et de dépouiller des bulletins. D’un fauteuil pour deux, on peut parfaitement passer à deux présidences pour deux…groupes. En Midi-Pyrénées, cette formule a déjà existé dans le passé. Elle pourrait bien retrouver une actualité… cuisante.

Laurent Dubois

13 Déc

Gérard Onesta futur président de l’Assemblée Régionale ?

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Les urnes sont encore chaudes et le champagne va couler à flot dans le camp de Carole Delga. Au milieu de la fête, moins de 3 heures après les résultats, Gérard Onesta casse l’ambiance.

Sur le plateau de France 3 Midi-Pyrénées, le leader de Nouveau Monde a lancé un appel qui résonne comme une véritable menace : « nous allons voir si on peut constituer une majorité ».

Visiblement, Gérard Onesta a fait ses comptes. Ses voix ont permis la victoire de la socialiste. Mais ce sont ses sièges qui permettront de gouverner la nouvelle région. D’après les calculs de son entourage Carole Delga ne peut compter que sur une cinquantaine de sièges, dans la nouvelle assemblée la majorité se situera à 80 sièges.

L’allié électoral se transforme en partenaire incontournable. Gérard Onesta parle d’une « victoire par défaut » et de la nécessité d’inventer une nouvelle gouvernance.

Cela ressemble à un programme de gouvernement. Mais aucun détail sur son contenu. Une répartition de l’exécutif n’a pas été abordée lors des négocations d’entre-deux tours. D’après nos informations, seule la question de la présidence a été mise sur la table.

Les propos de Gérard Onesta restent au niveau d’une position de principe. Mais, le message est clair. Le leader de « Nouveau Monde » ne veut pas se contenter de faire élire Carole Delga. Gérard Onesta ne vise pas une vice-présidence pour lui ou ses colistiers.

Ses exigences vont plus loin. D’après nos informations, il pourrait proposer un partage du pouvoir pour le moins original. Un partage dont il a esquissé le schéma au moment de la fusion des régions : un découplage entre la présidence de l’Assemblée et l’exécutif. Une présidence que Gérard Onesta pourrait occuper au nom de Nouveau monde.

Laurent Dubois

11 Déc

[Sondage] Le dernier de la campagne et ultimes commentaires

De l’abondance à la rareté. Avant le 1er tour, plus d’une dizaine de sondages a été publié. En revanche, s’agissant de l’entre-deux tours, le compteur affiche une seule enquête d’opinion. Une étude BVA circule sur les portables. Mais un IFOP est l’unique enquête d’avant 2nd tour publiée en bonne et due forme. Une publication dans la toute dernière ligne droite. Quelques heures avant la clôture de la campagne officielle. 

Le commentaire des sondages obéit à un rituel et à des règles : les écarts et les scores, les progressions et les tendances, la taille de l’échantillon et la date de réalisation.

Mais, de manière beaucoup plus informelle, chaque étude fait également l’objet d’appréciations au coin d’un café, autour d’une table ou au détour d’une conversation. Ces appréciations n’ont rien de « scientifiques ». Elles émanent de collaborateurs politiques ou d’élus. Il faut les prendre pour ce qu’elles sont. De simples opinions. Néanmoins, sans exagérer leurs portées ou leur intérêt, elles donnent la « température ».

101_regionales-2015

De plus, ces « analyses » et réactions émanent de personnes traînant les semelles sur les marchés ou dans les meetings. L’expérience et le « feeling » ne remplacent pas le scalpel du commentateur « professionnel ». Mais ces « amateurs » éclairés ont un atout sur le sondeur ou le politologue : la fréquentation du terrain et du landerneau politique . 

Petit florilège de commentaires.

Un consensus se forme autour de l’écart de voix entre Carole Delga et Louis Aliot.

Le sondage de l’IFOP pointe un écart de 8 points. Au PS comme à droite, on ne croit pas à un tel chiffre. Un responsable centriste déclare : « un écart de 8 points cela veut dire que Reynié remonte et passe à 22 points. C’est contraire au ressenti que j’ai. Personnellement, je ressens plutôt un effondrement. Je ne vois pas comment Reynié peut récupérer des électeurs chez les abstentionnistes ou même chez Aliot. Moi je le mets plutôt à 15 ou 16. Pour son meeting à Toulouse, il a du mal à remplir sa salle et il monterait dans les urnes. Je n’y crois pas ».

Un élu de gauche est sur la même ligne.  » Cela va être serré entre Carole et Aliot. Le sondage pointe un renforcement du PS en Midi-Pyrénées. C’est crédible car il peut y avoir une mobilisation de la gauche face au FN. Mais côté Languedoc Aliot peut continuer à monter. En plus on ne sait absolument pas comment vont se reporter les voix de Gérard Onesta. On me dit que les taux de report sont très bons. Mais j’attends aussi beaucoup de gens qui ne veulent pas voter socialiste. En tout cas, c’est bien que le sondage de Baylet ne sorte pas un écart trop important. Cela pourrait démobiliser ».

Un autre élu de gauche est plus optimiste. « Il y a de nombreuses procurations et je pense qu’elles traduisent une mobilisation anti-FN. Nous avons fait de bons scores sur Toulouse et Montpellier. On peut passer la barre des 50 points dans les deux plus grandes villes de la Région. Un écart de 8 points c’est peut-être trop optimiste. Mais je crois que Carole peut profiter d’une dynamique ».

Autre consensus. Le sondage IFOP montre que le maintien de Dominique Reynié fait perdre le FN. Un colistier de Carole Delga est formel : « sans Dominique Reynié, il est évident que le FN gagne largement.Il gèle des voix. Nous avons évité deux dangers mortels : un quadrangulaire avec Gérard Onesta et un retrait de Dominique Reynié. Dans les deux cas, on était cuit ».

A droite, un responsable Républicain déclare : « Dominique Reynié a eu totalement raison de se maintenir. Les centristes qui ont demandé son retrait sont complètement à côté de la plaque. Il n’ont rien compris. Notre électorat veut se débarrasser de la gauche, des Pinel et Delga. Il se serait reporter massivement sur Aliot. Tous les jours j’entends des sympathisants qui me disent qu’ils vont voter Aliot car il est le mieux placer pour virer la gauche. Alors imaginez si Reynié n’était pas resté en piste. Cela aurait un raz de marée ».

Laurent Dubois

 

08 Déc

Et la Fusion on en parle quand ?!!

Les scores défilent et le temps file. Les résultats du 1er tour tournent en boucle et le verdict du 2nd est une affaire de jours. Mais, pendant que les élections accaparent toute la lumière, un sujet capital reste dans l’ombre. La Fusion est éclipsée par la bataille électorale. Une éclipse toute relative. Dans les couloirs de l’Hotel de Région la question devient brulante. 

toulouse-hotel-de-region-1

Drôle de paradoxe.

Les élections régionales sont totalement conditionnées par la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Politiquement, nous avons déjà basculé dans une Grande Région à 13 départements. Mais la question de la fusion (effective au 1er janvier prochain) reste étonnement absente de l’actualité. Pas de débat entre les candidats. Aucune proposition véritable et une absente abyssale de vision.

En revanche, les premiers concernés ont bien la fusion en tête. Et côté midi-pyrénéen, le moral n’est pas au beau fixe. Dans les services de l’Hotel de Région, à Toulouse, la fusion est vécue comme une échéance improbable. Obligation de réserve oblige, les propos restent confiner à la machine à café ou tables de la cantine. Mais ils se résument à une formule parlante : « le français est la seule langue que nous avons en commun avec les languedociens ».

Une préoccupation revient en boucle : l’objectivité et la gestion des carrières. En Midi-Pyrénées, des règles encadrent les évolutions de carrière et les augmentations salariales. Du côté de Montpellier, ce sont les syndicats qui coupent et qui tranchent. Copinage et réseaux sont la règle.

Cette vision des choses est peut-être caricaturale. Mais elle est majoritaire au Conseil Régional.

Dans les services financiers, une préoccupation supplémentaire se rajoute. A la fusion des personnels s’ajoute la fusion de la dette. Un cadre soulève la question du classement de la dette : « en Midi-Pyrénées la dette est classée en catégorie A. Une dette saine. En Languedoc, il existe de la dette A mais aussi une dette classée B ou C et même D. Une dette toxique. Et les candidats n’en parlent pas. Je veux bien que ce soit un sujet aride et pas populaire mais c’est un sujet essentiel ».

Laurent Dubois

 

Fusion des listes « Onesta-Delga » : l’étrange parcours des candidats « volants »

Des candidats volants. Ce sont les drôles de créatures issues de la fusion « Onesta-Delga ». Depuis ce soir, mardi 8 décembre à 18 heures, une nouvelle liste est née. Elle est issue d’un rapprochement des deux listes de gauche ayant passé la barre (fatidique) des 5% des suffrages exprimés. Une barre permettant de fusionner. Cette liste « fusionnée » contient une « bizarrerie » épinglée sur Twitter. Des candidats présents au 1er tour dans un département s’envolent vers un autre territoire au 2nd. Simple anecdote ou vrai tour de passe-passe ? Réponse.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Un abonné de twitter ne s’est pas endormi sur son clavier et reste fidèle à un précepte de base : les réseaux sociaux veillent et surveillent. L’encre de la liste Delga-Onesta à peine sèche, un tweet fait dans la douche froide et dénonce une manoeuvre. Un candidat « Nouveau Monde » change d’univers électoral. Il passe du Tarn-et-Garonne au département voisin (dans lequel coule toujours le même fleuve) de la Haute-Garonne.

Capture d’écran 2015-12-08 à 21.12.28

Serge Regourd (tête de liste de Gérard Onesta dans le département des « Tontons-Fingleurs ») n’est pas le seul à  changer de terre d’élection. Une autre tête de liste déménage du Gers et pose ses valises dans l’Hérault. Pour un spécialistes des élections, aucun problème. 

Il est parfaitement possible de changer de département entre les deux tours. On peut changer l’ordre de classement. Un candidat peut gagner ou perdre 10 places. D’ailleurs, de mémoire, en 2010, Carole Delga a gagné une dizaine de places entre les deux tours. Mais un candidat peut également changer de département à condition qu’il ait été candidat au 1er tour. Bien évidemment. Et en respectant bien sur la parité puisqu’elle est exigée par la loi électorale.

Du côté du Code Electoral, il n’y a rien à dire.

Mais impossible de ne pas redire une évidence…politique. Un déménagement peut permettre de résoudre un blocage. On déplace un candidat car la place n’est pas disponible. Mais, comme c’est le cas pour Serge Regourd dans le Tarn-et-Garonne, une « exfiltration » permet également d’assurer l »éligibilité d’un « protégé ». Dans le département de Sylvia Pinel, les places éligibles sont très chères. Des places chères et plus que protégées : réservées. Impossible de déplacer la ministre de Jean-Michel Baylet et le PS ne peut pas lâcher la 2eme position. C’est la dernière place éventuellement éligible (à partir de la 3ème, l’échec est garanti) et les socialistes se sont suffisamment sacrifiés pour les radicaux de gauche. S’il faut en plus que les camarades de Carole Delga tendent le cou pour les amis de Gérard Onesta…

Bref, dans ce contexte, une délocalisation de Serge Regourd était la seule « assurance vie » possible.

D’un point de vue purement pragmatique, c’est parfaitement compréhensible.

Du côté de l’opinion publique, c’est une autre histoire.

Laurent Dubois