Changement d’alliance à la tête du parti et soupçon de « bidouillage » des statuts. Les municipales à Toulouse mettent le feu au PS.
Le patron du PS 31 voulait profiter du week-end de l’ascension pour souffler et prendre du recul. C’est raté. En pleine pause, un mail a du rappeler à l’ordre les « camarades » de Sébastien VIncini. « De nombreuses rumeurs -souvent contradictoires – circulent, mettant en cause directement notre premier secrétaire fédéral » écrivent des secrétaires fédéraux dans un courrier adressé aux militants.
« L’appel au calme » ne vise nominativement personne. Mais le « ciblage » est transparent. L’entourage de Romain Cujives est dans la ligne de mire.
L’art et la manière d’habiller un revirement
Un article de presse a mis le feu aux poudres. Depuis sa publication, les soutiens du jeune candidat s’expriment (parfois durement) sur les réseaux sociaux. En cause : l’évocation (médiatique) d’un revirement de Sébastien Vincini et du président du département, Georges Méric. Après la mise en orbite du sénateur Raynal, les instances du parti mettraient en selle une candidature qu’ils ont (pourtant) combattue. Celle de Nadia Pellefigue.
La vice-présidente du conseil régional s’est lancée dans la course en affirmant qu’elle se positionne « hors » PS. Mais, selon le quotidien régional, elle ferait un virage à 180° et rentrerait au bercail. Créditée de 5 à 6 points dans les sondages, l’élue régionale (qui ne voulait être investie par les socialistes tout en se revendiquant socialiste) a une bonne raison de rentrer dans les rangs. Sous la barre des 5 points, les frais de campagne ne sont pas remboursés.
Toulouse ne vaut pas forcément une « ardoise ». Et, de toute manière, difficile de convaincre des financeurs avec de mauvais sondages.
Un « revirement-reniement » de Nadia Pelleffigue n’est pas encore officiel. Mais, selon nos informations, il est (déjà) en cours. Ce lundi 27 mai, en marge d’une réunion à la fédération du PS 31, Nadia Pellefigue a rencontré, pendant une heure, ses deux concurrents en interne, Romain Cujives et Claude Raynal.
Cette réunion, au 1er étage des locaux de la rue Lancefoc, portait sur la répartition des « restes » en cas de victoire de l’un(e) des compétiteurs. Mais, avant de songer aux dividendes, le PS doit faire preuve d’imagination et habiller la nouvelle affiche avec Nadia Pellefigue. Selon plusieurs sources, la baguette magique passerait par une innovation sortie du chapeau de Sébastien Vincini : l’étiquette de « chef de file ».
Nadia Pellefigue ne serait pas « tête de liste PS », ce qu’elle a toujours refusé. La candidate deviendrait « chef de file » socialiste avec à ses côtés le socialiste Claude Raynal. Cela suppose que le sénateur mange son chapeau et accepte un tandem. Mais, selon plusieurs sources, Claude Raynal est désabusé et surtout préoccupé par les prochaines…sénatoriales.
Au moment des régionales, afin de ménager la susceptibilité du président (sortant) de l’ex-Languedoc, le PS a inventé un (improbable) poste de président délégué. Pour les municipales à Toulouse, on pourrait donc assister à une nouvelle poussée d’imagination débridée.
Une imagination qui ne concerne pas uniquement les éléments de langage. Au delà d’un coup de com, le PS 31 doit assurer le succès de sa nouvelle affiche électorale. Selon plusieurs sources, ce sont les statuts du parti qui pourraient en faire les frais
Des statuts bafoués ?
Un vote des militants. C’est la règle de base, prévue par les statuts du PS. Dans les plus grandes villes, les instances nationales peuvent revenir sur le choix des militants. Mais, en amont, les sections s’expriment. C’est incontournable.
Sebastien Vincini est formel. La procédure va être respectée. Ce mardi 4 juin, le 1er Fédéral doit d’ailleurs présenter les modalités pratiques et le calendrier. Mais une vraie crise se noue autour de l’assise du vote militant : les sections toulousaines ou l’ensemble des sections de la métropole.
Cette seconde formule est une garantie pour le ticket « Pellefigue-Raynal ». « Avec la section de Colomiers, c’est plié. Cujives est mort » précise un socialiste. Romain Cujives peut difficilement ignorer cette évidence. Il compte sur sa « maitrise » des quelques 500 militants de la 4ème ville de France. Selon nos informations, 11 secrétaires de section défendent également un vote toulousain.
Une extension aux communes de la Métropole est perçue, par certains socialistes, comme un véritable casus belli.
« Un vote métropolitain n’est absolument pas prévu dans les statuts, s’ils font cela il y a un risque d’explosion du PS » délare un socialiste. Un autre précise : « sous Mitterrand ou Jospin, jamais les statuts n’ont été foulés au pied. Un vote au niveau de la métropole, ça veut dire que l’on ne respecte plus rien. Faut voir mais si c’est confirmé, ce sera un mauvais coup pour le parti, tout simplement. Nous avons perdu beaucoup de militants, c’est le meilleur moyen pour écoeurer les derniers ».
Ce n’est pas la première crise que traversent les socialistes de la ville Rose. Le « parachutage » de l’ancien numéro 3 du parti, Christophe Borgel, a suscité de violentes réactions.
Mais, à l’époque, les militants n’avaient pas fondu comme neige au soleil et le PS était un parti de gouvernement. En mai 2019, le navire socialiste est beaucoup moins taillé pour les « grains » internes.
Laurent Dubois (@laurentdub)