Dans le Tarn-et-Garonne, malgré la période des fêtes, l’ambiance n’est pas aux cadeaux. Mardi 20 décembre, Brigitte Barèges a perdu sa vice-présidence au conseil départemental. Une démission judicieusement organisée et téléguidée par ses « amis » de la majorité est à l’origine de ce débarquement. Mais ce n’est pas tout. Une atmosphère de règlement de comptes a également frappé la gauche départementale. Le PRG a refusé de s’entendre avec son ‘allié » socialiste. Les radicaux de gauche ont offert un siège à la…droite tarn-et-garonnaise.
Comble de l’ironie, l’heureux élu est…le concurrent de la présidente du PRG aux législatives. Retour sur ce festival de Noël.
Une simple démission peut conduire à une série d’évictions. Une élue a démissionné de la commission permanente (CP) du conseil départemental. Cette démission a débouché sur l’élection d’une nouvelle CP et une redistribution des vice-présidences. C’était le but de la manœuvre. Par un effet domino, il s’agissait de rebattre les cartes et d’évincer Brigitte Barèges. La maire de Montauban a joué un rôle majeur dans l’élection de l’actuel président du Tarn-et-Garonne. Avec le sénateur Yvon Collin, Brigitte Barèges a contribué à la chute de Jean-Michel Baylet. Mais ses anciens alliés souhaitaient se débarrasser de la maire de Montauban.
Brigitte Barèges, une alliée devenue indésirable
Les temps ont changé et les relations se sont tendues entre Christian Astruc et Brigitte Barèges.En début de mandat, la maire de Montauban souhaitait obtenir les finances et la gestion des ressources humaines du département. Le nouveau patron de l’exécutif départemental s’est opposé à ces revendications. Réplique de Brigitte Barèges, une abstention sur le vote du budget. C’est d’ailleurs cet argument qui est invoqué par l’entourage de Christian Astruc pour justifier le limogeage de la maire de Montauban :
On ne peut pas prétendre appartenir à la majorité et refuser de voter lebudget.
Brigitte Barèges a anticipé un échec programmé. Afin d’éviter une défaite en rase campagne, la maire de Montauban n’a pas présenté de candidature. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées,Brigitte Barèges déclare, avant le vote « fatidique » du mardi 20 décembre :
Je ne suis candidate à rien, ni à une vice-présidence, ni à la commission permanente
En réalité, Brigitte Barèges a compris que les jeux sont faits. Pour éviter une défaite dans les urnes, la maire de Montauban déclare forfait. Cette attitude rappelle le comportement de Jean-Michel Baylet. L’ancien président du département s’est également retiré pour éviter d’être battu. D’ailleurs, Brigitte Barèges partage (désormais) autre chose avec Jean-Michel Baylet. Les deux élus sont de simples conseillers départementaux, sans responsabilité dans l’exécutif du Tarn-et-Garonne.
L’histoire aurait pu se limiter à la « chronique d’une chute programmée ». Mais l’attitude du groupe PRG au conseil départemental ajoute un autre chapitre. En refusant de faire liste commune avec le PS, les radicaux de gauche ont permis l’élection de l’adversaire aux législatives de Sylvia Pinel.
Les Radicaux de Gauche favorisent l’élection de l’adversaire de…Sylvia Pinel
La politique tarn-et-garonnaise est (parfois) aussi brumeuse que le brouillard écossais. Le groupe PS du conseil départemental pouvait passer un accord à son « partenaire » radical de gauche. Cette alliance devait permettre à la gauche départementale de gagner un siège supplémentaire au sein de la commission permanente. La bénéficiaire de l’opération aurait été une socialiste, Cathie Boudoncle, mais l’élue forme un ticket (parité oblige) avec un radical de gauche, José Gonzalez. De plus, en raison des règles sur la parité, il fallait une élue et les radicaux de gauche ne disposaient pas d’un tel profil dans leurs rangs.
Malgré tout, le PRG a refusé. Selon nos informations, l’initiative d’une liste commune viendrait des radicaux de gauche. Mais Jean-Michel Baylet aurait mis son veto à l’opération. Selon plusieurs sources, c’est un proche du ministre, Jean-Luc Deprince qui aurait fédéré et fomenté, sur ordre de Jean-Michel Baylet, le front du refus.
C’est un élu Les Républicains, Mathieu Albugues qui profite de la situation et sauve sa peau. Détail « croustillant », le conseiller départemental est le candidat de la droite sur la 2eme circonscription du Tarn-et-Garonne. Une circonscription détenue par…Sylvia Pinel.
Dans le Tarn-et-Garonne, les relations entre le PS et le PRG sont toujours très difficiles et même conflictuelles. Les radicaux de gauche accusent les socialistes d’être à l’origine de la double chute (défaite aux sénatoriales et aux départementales) de Jean-Michel Baylet. Une candidature socialiste face à Sylvia Pinel est même d’actualité. Mais l’épisode de décembre 2016 au conseil départemental frise la farce…de Noël.
Laurent Dubois (@laurentdub)