C’est fini. Au PS 81, comme dans toute la France, les inscriptions sont closes. Dans le Tarn, une députée (sortante) manque à l’appel. Linda Gourjade n’a pas déposé sa candidature. Le patron des élections au PS, Christophe Borgel, confirme l’information. Mais Linda Gourjade ne renonce pas à son siège et annonce qu’elle sera tout de même en piste pour les législatives de juin prochain. Un duel s’annonce sur la 3ème circonscription du Tarn. Un duel entre le PS et une de ses futures ex-députées.
Dans plusieurs départements d’Occitanie, des sortants raccrochent. Mais, à la différence du Gersois Philippe Martin ou de l’ariégeoise Laurence Massat, Linda Gourjade n’invoque pas un besoin de renouvellement ou la loi anti-cumul. La députée tarnaise n’annonce d’ailleurs pas son retrait des législatives. La « frondeuse » qui a signé une motion de censure contre le gouvernement Valls ne sollicite pas l’investiture des militants socialistes. Mais elle déclare qu’elle sera malgré tout candidate.
Comme le précise son collaborateur parlementaire, Marc Gauché : « Ce ne sont pas 30 ou 40 militants qui doivent décider par un vote interne. Ce sont les électeurs qui doivent se prononcer ».
Linda Gourjade et son entourage refusent d’employer l’expression. Mais c’est bien une candidature « hors parti » qui se profile. Les députés sortants ne sont pas exonérés de la procédure pour les investitures. Ils doivent déposer une candidature. En Haute-Garonne, le plus ancien député de France, Gérard Bapt a respecté la formalité. Dans le Tarn, les militants et les élus socialistes sont d’ailleurs bien placés pour savoir que ce n’est pas toujours sans danger. En 2006, le député sortant de la 1er circonscription, Paul Quilès a été éliminé par le vote des militants.
Linda Gourjade peut difficilement ignorer la jurisprudence Quilès. Son refus de passer devant les militants s’explique (probablement) par le précédent de l’ancien ministre de François Mitterrand. Linda Gourjade risque de payer « cash » sa Fronde permanente contre la politique gouvernementale. Pour éviter la foudre, Linda Gourjade se met à l’abri d’un vote militant. C’est transparent. Son bras droit, Marc Gauché, essaie de sauver les apparences et tente une justification : « Linda Gourjade n’a pas besoin de déposer une candidature car elle l’a en quelque sorte déjà fait puisque c’est une circonscription réservée à une femme« .
EN VIDEO / Linda Gourjade explique à France 3 Tarn pourquoi elle est candidate sans passer par le vote des militants :
Mais un socialiste « historique » rappelle les règles du jeu. Ancien sénateur et ex-patron des socialistes de Haute-Garonne, Bertrand Auban précise : « une circonscription réservée femme signifie que seules des femmes peuvent être candidates mais elles doivent déposer une candidature, sortante ou pas sortante« .
Malgré des précautions oratoires et des pirouettes rhétoriques, Linda Gourjade est donc candidate et sans l’étiquette socialiste.
Du côté du PS, l’issue est connue d’avance. Le suspens est inexistant. Les militants ont un seul choix sur la table : Lysiane Louis et son suppléant Luc Picard. Un casting qui a, d’ailleurs, le soutien du premier fédéral, Patrick Vieu.
Le retrait surprise de François Hollande ne changera pas la donne. Linda Gourjade est en phase avec une gauche du PS qui peut gagner une primaire rendue ouverte par le renoncement du président sortant. Mais ce nouveau rapport de force ne changera pas un point crucial : Linda Gourjade refuse de respecter les statuts du parti et n’a pas déposé de candidature à l’investiture. Ses soutiens ont conscience du caractère irrévocable de cette position. Ils le regrettent et ne comprennent pas la ligne de Linda Gourjade.
Ancienne députée du Tarn, Monique Collange estime : « Linda a fait un vrai boulot sur le terrain. Elle est très présente. Elle aurait pu se présenter en interne quitte à boycotter des réunions si elle estimait qu’on lui mettait les battons dans les roues« .
Laurent Dubois (@laurentdub)