En milieu de semaine prochaine, la presse languedocienne doit publier un sondage. Une autre étude est en cours de réalisation du côté d’un quotidien midi-pyrénéen. Ces deux publications vont relancer les commentaires sur la percée d’un Onesta et le score d’un Aliot Mais, en attendant, un autre sondage mérite vraiment un coup d’oeil. Il ne porte pas sur les intentions de vote. Il a été Réalisé par la TNS-Sofres du 2 au 7 septembre 2015 (échantillon de 1005 sondés) pour le compte de l’Institut de la Gouvernance territoriale et de la Décentralisation. La principale leçon de l’étude va à rebours d’une conviction colportée par les médias et présente chez les candidats. Les français veulent des régionales qui s’occupent des problèmes régionaux. Les électeurs ne souhaitent pas transformer les régionales en élection nationale.
Le sondage TNS-Sofres comporte plusieurs chapitres. Le premier porte sur le jugement des français à l’égard de la fusion des Régions. Il est majoritairement négatif. 40% des sondés estiment même que c’est une très mauvaise chose. Parmi ces opinions négatives 59% estiment que la fusion va remettre en cause leur identité régionale et 56% considèrent que les grandes régions ne vont pas répondre aux besoins de la population locale. Dans les médias et les discours politiques, l’argument « des régions plus grandes sont des régions plus fortes » n’est visiblement pas entendue par l’opinion publique.
Dans une campagne qui n’en finit pas de commencer, les candidats ne se positionnent pas suffisemment sur le sujet de la Fusion. C’est comme si le sujet était réglée depuis le vote de la loi. C’est faux. C’est même une erreur tactique.
Carole Delga parle de la « Région comme d’une Chance ». Mais le slogan semble trop léger face aux bataillons de « régio-sceptiques ». Du côté de la droite et du centre de Dominique Reynié, la Fusion est réduite à un avantage économico-économique : la compétition internationale, une meilleure adaptation aux logiques entrepreneuriales. Là encore, cet argumentaire n’est pas à la hauteur du scepticisme qui entoure la fusion des régions.
L’abstention s’annonce très forte. Dans le sondage TNS-Sofres, 55% des sondés déclarent s’intéresser peu ou pas du tout au scrutin. Ce chiffre peut se redresser et évoluer. Mais avec un calendrier qui met le père-noël au milieu des urnes, la règle « plus on s’approche du scrutin, plus on s’intéresse à l’élection » est loin d’être évidente.
Sans un travail de fond, le sentiment anti-fusion va se transformer en « vote-sanction ».
Un « vote sanction » qui défavorise Carole Delga et Dominique Reynié. En effet, déserter l’isoloir profite aux partis qui mobilisent le plus et qui sont les plus politisés : les contestataires de droite et de gauche,le FN et la « gauche de la gauche ».
A noter que le score des « regios-sceptiques » est moins élevé en Midi-Pyrénées et Languedoc et Roussillon (40%) qu’en Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine (57%). Mais il est largement supérieur à celui de la Basse et la Haute-Normandie (22%).
Autre point de fort du sondage TNS-Sofres : les sondés veulent de vraies régionales. En Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, 59% des sondés estiment que les problèmes locaux vont dicter leur vote. Ce chiffre est contradictoire avec la majorité de français (49%) qui veulent se servir des régionales pour sanctionner François Hollande. Mais le désir de régionales vraiment régionales s’impose tout de même.
A moins de deux mois du scrutin, cette attente suppose une véritable mobilisation programmatique des candidats. Pour l’instant ils ont passé beaucoup de temps et d’énergie à monter des listes. Ils ont évoqué la ruralité (Carole Delga, Louis Aliot, Gérard Onesta), la sécurité et les routes (Dominique Reynié), la démocratie régionale (Philippe Saurel, Gérard Gnesta). Aucun thème ne s’est imposé. Aucun débat de fond n’a percé.
Cette lacune risque de se payer « cash » avec une abstention lourde et historiquement forte.
Laurent Dubois