Son investiture a fait couler de l’encre et de la salive. Une « centriste » patentée qui se laisse tenter et bascule au Front National, ce n’est pas banal. Maithé Carsalade est passée de Dominique Baudis et François Bayrou au tandem Marine Le Pen/Louis Aliot. Depuis cette annonce, surprenante et même déconcertante, le landerneau politique s’interroge. Maithé Carsalade compte des amis dans les rangs de la droite comme de la gauche. Ancienne adjointe au Capitole, elle a tissé des amitiés sur tous les rangs. Comme le dit un socialiste : « je tombe à la renverse ». Comment expliquer le parcours de la nouvelle tête de liste du Front National ? L’ex-centriste qui revendiquait des valeurs humanistes partage-t-elle les thèses frontistes ? Pour la première fois, Maithé Carsalade explique son ralliement au Front National.
Régionales 2015-Comment êtes-vous passée du Centrisme au Front National ?
Maithé Carsalade. En 2008, j’ai arrêté la mairie. Mais je n’ai pas arrêté dans ma tête. Suite à la vente de notre maison de la Côté-Pavée et avant de pouvoir intégrer notre nouvel appartement, je suis allée passer un an à Fleury dans l’Aude. Au moment des dernières municipales, j’ai rencontré un jeune homme de 28 ans et qui se présentait sur l’étiquette RMB (NDLR : Rassemblement Bleu Marine). Il était ouvrier soudeur dans une grosse entreprise de Béziers. Avec mon mari, nous avons accepté de compléter la liste. J’ai pris la carte du FN à cette occasion et je me suis occupée de la communication. Avec mon mari, nous avons des actifs fin de liste et nous avons obtenu 19% des voix sur une commune de 4000 habitants. Aux départementales, je ne suis pas allée sur la liste. Mais j’ai tout de même accompagné la liste et sur un canton très à gauche, nous avons réussi à recueillir 49% des voix face au candidat socialiste.
Régionales 2015-Et pour les Régionales de 2015 ? Comment êtes-vous arrivée sur la liste de Louis Aliot ?
Maithé Carsalade. Par l’entremise de Serge Didier (NDLR avocat toulousain et ancien député de la Haute-Garonne) qui connait bien Louis Aliot.
Régionales 2015. Vous comprenez que votre passage de Dominique Baudis à Marine Le Pen puisse surprendre et même choquer ?
Maithé Carsalade. Je me souviens des élections de 98 (NDRL : Régionales au cours desquelles l’élection d’un président de Région de Droite passait par les voix du FN). Marc Censi (centriste) n’a pas voulu prendre les 8 ou 9 voix FN qui permettaient d’être élu et je me souviens de Dominique Baudis, des larmes aux yeux, disant : « c’est foutu ». Laurence Arribagé (NDLR députée de la Haute-Garonne) dit que Dominique Baudis doit se retourner dans sa tombe. Il ne faut pas faire parler les morts. Mais Dominique Baudis se retournerait dans sa tombe s’il entendait NKM (NDLR Nathalie Kosciusko-Moriset) appeler à voter pour les socialistes.
Régionales 2015-Votre adhésion au Front National est-elle liée à la personnalité et aux idées de Marine Le Pen ?
Maithé Carsalade. Je ne l’ai vu qu’une fois. En revanche, je vois souvent Louis (NDLR Aliot). Marine Le Pen est une jeune femme qui fait preuve d’engagement et de volonté.
Régionales 2015-L’ancienne centriste que vous êtes dresse un droit d’inventaire sur les idées du FN ou vous adhérez à l’ensemble des idées frontistes ?
Maithé Carsalade. Je suis d’accord sur l’architecture. Je retiens deux points forts : la souveraineté nationale et l’éducation. L’éducation est vraiment fondamentale. Je suis un défenseur absolu de l’école.
Régionales 2015-Et sur la question de l’immigration et des migrants ?
Maithé Carsalade. Je ne suis pas contre l’immigration. Mais il faut arrêter car il faut aider les populations qui sont là. A partir d’un moment on est débordé, il faut arrêter. C’est comme une éponge pleine d’eau elle ne peut pas absorber plus. Pour les migrants, il faut se mettre à la place des gens qui les voient arriver et qui n’ont pas de logements sociaux. Quand j’étais maire de quartier, j’ai dû attendre 3 ans avant de trouver un logement pour une famille qui vivait à six dans un appartement. Il faut arrêter de massacrer les gens comme ça. On ne peut pas violer la conscience des gens en permanence. Pour les migrants, depuis dix jours plus un mot dans les medias. Pourquoi ? Ils ne continuent plus à arriver ? Ce n’est pas parce qu’il y a de la désinformation que le problème des migrants n’existe plus.
Régionales 2015-En cas d’élection, comment envisagez-vous votre place dans l’hémicycle régional ?
Maithé Carsalade. Je ne me projete pas. J’entends de voir les résultats. Mais je pars pour faire gagner la liste.
Régionales 2015-Vous avez avancé sur la composition de votre liste départementale ? Il y aura d’autres surprises ?
Maithé Carsalade. C’est Louis Aliot qui s’occupe de la liste. Je vais sur le terrain. Mais, effectivement, il y aura encore un nom qui va faire parler. Il existe une porosité dont je suis l’exemple avec Chantal Dounot-Sobraquès (NDLR ancienne adjointe au maire de Dominique Baudis).D’ailleurs on ferait mieux de se demander pourquoi on fait le grand saut.
Régionales 2015-Louis Aliot veut passer la barre des 30 points au 1er tour. Pour arriver à ce résultat, il doit prendre des points à Dominique Reynié. Comment jugez-vous votre principal concurrent ?
Maithé Carsalade-Dominique Reynié a beau dire qu’il est né dans l’Aveyron. Il a un discours parisien. Il n’arrive pas à rassembler son camp. Nous, au contraire, nous sommes unis. Louis Aliot ferait un super président de Région. Il a une belle pratique des choses. Il n’est pas agressif. Il est posé et réaliste. Nous pouvons faire sauter le verrou.
Régionales 2015-Dominique Reynié a un style original. Il saute en parachute ou met sur Facebook son cours de karaté. Comment jugez-vous son style ?
Maithé Carsalade. Il se prend pour Poutine. Mais Poutine c’est tout de même un mec.
Propos recueillis par Laurent Dubois