Depuis plusieurs mois, l’ancien président (socialiste) du Sénat réfléchit aux Municipales à Toulouse. Fin juin, le PS a investi un tandem « homme-femme ». Mais Jean-Pierre Bel n’exclut pas une candidature. Interview
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Le Blog Politique. Ou en êtes-vous de votre réflexion ? Vous serez un acteur ou un « spectateur engagé » pour les municipales à venir ?
Jean-Pierre Bel. Depuis mes premiers engagements j’ai toujours voulu être un acteur du monde dans lequel j’évoluais. Acteur dans le monde associatif, syndical mais aussi politique et citoyen…
Pour ce qui est des échéances municipales à Toulouse, l’avenir nous le dira. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au cours de ces derniers mois, la situation est loin de s’être clarifiée tant à gauche qu’à droite. Dans ce contexte, l’urgence est de dire d’abord ce que l’on veut pour la ville , pour les toulousain(e)s. Ensuite, il faut être capable de constituer une équipe solide, cohérente mais aussi crédible pour espérer rassembler et ensuite l’emporter. Mon ambition est d’être utile à une démarche d’alternance , porteuse des valeurs de gauche et qui irait dans ce sens .
La situation est loin de s’être clarifiée, à droite comme à gauche
Le Blog Politique. Le PS a investi deux personnalités au terme d’un processus inédit (un vote de tous les militants de la Métropole) et dans un but précis : le rassemblement de la gauche. Que pensez-vous de cette initiative ?
Jean-Pierre Bel. La question est simple. Peut on aujourd’hui procéder comme avant, comme si rien ne s’était passé depuis les deux dernières élections ..? Peut on jouer avec les règles en semblant considérer que la fin justifie les moyens..? Et, dans le fond, a-t-on vraiment envie de faire gagner la gauche à Toulouse..? A chacun de trouver réponses à ces questions… Pour le reste, en ce qui me concerne, je n’ai pas très envie de m’attarder sur des comportements qui , malheureusement, ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Jouer avec les règles…la fin justifie les moyens
Le Blog Politique. La gauche tente de se rassembler. C’est possible ? À quelles conditions ?
Jean-Pierre Bel. Intuitivement, j’ai toujours considéré que , face à la droite qui a gagné 6 des 7 dernières élections municipales, il fallait créer la surprise à Toulouse . La surprise se serait de retrouver rassemblées toutes les forces de la social-écologie aux côtés des initiatives citoyennes et associatives . C’est un défi considérable. D’abord se mettre d’accord sur le processus qui doit conduire à l’adoption d’un projet commun… Ce projet doit être le socle de la mandature qui s’ouvrira. Ce n’est pas gagné compte tenu d’itinéraires souvent différents, d’une histoire qui est propre à chacun. Les cultures participatives et représentatives doivent se mêler et se compléter. C’est possible mais cela suppose la capacité de se remettre en cause et de s’ouvrir à des visions nouvelles et à des modes de fonctionnement innovants. Si nous savons déterminer ce que nous voulons pour la ville et la métropole, comment nous voulons les gérer, alors le choix des personnes se fera tout naturellement. Toulouse peut être un laboratoire à l’échelon national… Nous en avons l’énergie et nous en avons aussi les talents. Avec d’autres, je ne ménagerai pas mes efforts pour y parvenir.
Je ne ménagerai pas mes efforts
Le Blog Politique. Selon vous, quels doivent être les axes forts de la campagne à venir ?
Jean-Pierre Bel. Toulouse à l’instar des autres métropoles européennes connait des problèmes que l’on pourrait qualifier d’évidents .A savoir ceux liés en priorité à la mobilité et à la sécurité des personnes .Ce ne sont pas les seuls !
Le Blog Politique. Comment jugez-vous le bilan du maire sortant, Jean-Luc Moudenc ?
Jean-Pierre Bel. Ce qui me hérisse pour une ville où j’ai grandi et fais mes études c’est que le seul questionnement effectué par le maire actuel se résume à une analyse financière et comptable ..! Dans l’augmentation des tarifs des transports en commun, de ceux des cantines scolaires, dans la ville livrée à la spéculation immobiliere, la baisse des dotations à la vie culturelle ou la considération symbolique de l’eau appréciée comme une simple marchandise je vois le triomphe de l’argent sur le vivre ensemble c’est à dire la defaite calculée et programmée sur le politique au sens le plus humaniste du terme . La mise en oeuvre d’une ambition pour Toulouse et sa métropole ne peut se départir, comme c’est le cas dans ce mandat, de son objectif essentiellement social .
Une ville livrée à la spéculation immobilière
Le Blog Politique. Quel est le profil du meilleur adversaire de Jean-Luc Moudenc ?
Jean-Pierre Bel. Le meilleur profil serait celui ou celle capable de s’approprier l’ensemble des objectifs, des ambitions exprimées et d’incarner une ville qui a sa personnalité, son histoire, à la fois gasconne et méditerranéenne… Incarner la ville du futur et de la technologie, incarner les valeurs de générosité et de solidarité qui sont inscrites dans ses gènes, incarner la volonté de promouvoir une ville dans laquelle il fait bon vivre…Il faut quelqu’un(e) qui travaille sur le fond et qui sache concilier la créativité et l’innovation avec la crédibilité et le sens des responsabilités, concilier une ambition forte pour Toulouse avec la proximité et l’écoute de tous
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)