27 Mai

Conseil Régional : un flottement dans la majorité de Carole Delga

Perte de majorité. Carole Delga fragilisée. Le rejet d’une délibération en plein débat budgétaire alimente les commentaires et agite le bocal politique. Le texte « retoqué » portait sur l’autonomie fiscale. Une seule voix a fait défaut. Cet accroc est-il sérieux ?  Depuis le début de la mandature, une évidence s’impose : la majorité de Carole Delga est une majorité plurielle. L’incident lors du vote du premier budget régional marque-t-il le début de commencement d’un schisme  ? Analyse.

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Jeudi 28 mai le nouveau conseil régional a voté son budget : 2,8 milliards d’euros. Principale enveloppe : 1,59 milliards d’euros concernant l’éducation (440,5 millions d’euros), la formation professionnelle et l’apprentissage (532 millions d’euros). Le second gros chapitre est le développement économique. Il représente 614,3 millions d’euros. Carole Delga qualifie le premier budget de son mandat « d’ambitieux et de volontariste« . Un budget adopté sans le vote de l’aile gauche de la majorité régionale. Six élus du Front de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste ont fait défaut : Jean-Christophe Sellin, Guilhem Serieys et Liem Hoang Ngoc ont voté contre, Myriam Martin et Muriel Ressiguier se sont abstenues.

Cette fronde (prévisible) n’a pas remis en cause le vote final. En revanche, une délibération a été rejetée. Il faut relativiser et être précis. Le texte « torpillé » n’était pas un acte budgétaire. Son rejet n’a pas d’incidence concrète sur les comptes de la Région. Il s’agissait d’un « cahier des doléances » afin de présenter (officiellement) une demande au gouvernement. Une demande portant sur le « rétablissement de l’autonomie fiscale des régions« . Fin des transferts de compétence sans transfert de moyen. Création de leviers fiscaux et augmentation des ressources propres. En dehors d’une référence à une promesse de campagne de Carole Delga (la création d’une taxe sur le transport routier pour financer les infrastructures transports et notamment la LGV), la délibération contenait uniquement de vielles et récurrentes revendications.

L’opposition régionale reconnait elle-même que les enjeux étaient limités. Comme le précise Elisabeth Pouchelon (LR) : « c’est très symbolique et très probablement un vœux pieux« .

Néanmoins, le résultat est là. Un vote a échappé à Carole Delga. Un élu de la majorité parle d’un « simple » cafouillage : « un moment de grand flottement et d’incompréhension au moment du vote. Certains élus ont sans doute confondu les amendements et le vote final« . Un conseiller régional est sur cette ligne mais évoque une maladresse de la présidence de séance : « Carole Delga a promulgué le vote immédiatement. Cela n’a pas permis à certains de changer leur vote ». Un autre élu pointe un problème de professionnalisme dans l’entourage de la présidente : « Carole Delga est mal conseillée. Elle aurait du attendre avant de promulguer le vote« .

Un vote extrêmement serré : 68 votes « pour », 69 votes « contre », 15 « abstentions ».

Le scrutin s’est déroulé en fin d’après-midi, vers 18 heures 30-19 heures. Mais, quelques temps auparavant, un signe précurseur aurait pu alerter la présidente de Région. Contrairement aux habitudes de l’ex-conseil régional de Midi-Pyrénées, le vote du budget a été fait par chapitres et lors de la mise au scrutin de l’important chapitre sur les transports (incluant la LGV) la majorité a été acquise à une voix près.

Le président du bureau de l’assemblée régionale relativise les choses et « positive ». Gérard Onesta : « la rédaction plus ambitieuse de la résolution (ndlr sur l’autonomie fiscale des régions) devrait permettre de dégager une majorité claire dans un mois lors de la prochaine plénière. Finalement, ce vote de rejet d’une voix qui a surpris tout le monde pourrait s’avérer positif pour muscler le signal envoyé à Paris« .

Un élu de la « majorité » régionale n’est pas sur la ligne Onesta. Guilhem Serieys ne réduit pas l’épisode à un dérapage incontrôlé ou une erreur involontaire. Le conseiller régional évoque une divergence de fond : « la délibération de Carole Delga acceptait la baisse des dotations. Nous sommes plusieurs à avoir voter contre« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Mai

Conseil Régional : l’aile gauche de la majorité de Carole Delga pointe une « ligne rouge » pour le budget

Premier acte budgétaire pour la nouvelle Grande Région. Ce jeudi 26 mai, l’assemblée régionale doit adopter son budget primitif. L’aile gauche de la majorité de Carole Delga fait un rappel à l’ordre. Les élus du Parti de Gauche et de Nouvelle Gauche Socialiste parlent d’un « moment de vérité » et fixent « une ligne rouge » s’agissant de la LGV. Mais c’est aussi l’enseignement et la culture qui sont au cœur des « recadrages » demandés.

carole Delga, président de la Région Photo MaxPPP

carole Delga, président de la Région Photo MaxPPP

La majorité régionale est une majorité plurielle. C’est une spécificité. La région LRMP est la seule région de France qui doit marcher sur trois pieds. La victoire de Carole Delga repose sur une  alliance avec deux autres partenaires : les radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet et Nouveau Monde de Gérard Onesta. Les alliés de la gauche de la gauche n’ont pas tardé à se manifester. Le jour de l’élection de Carole Delga à la présidence de la Région, 4 élus de « Nouveau Monde » se sont abstenus.

Quatre mois après cette première escarmouche, des conseillers régionaux du Parti de Gauche et de la Nouvelle Gauche Socialiste (membres de « Nouveau Monde« ) remontent au créneau. Le cœur de cible est la gare de la Mogère-Montpellier. Jean-Christophe Sellin  joue le rôle de sniper : « Carole Delga s’était engagée à un moratoire sur les financements de la Mogère en attente des conclusions des EGRI (Etat Généraux du Rail et de l’Intermodalité) qui sont en cours. Or, les travaux avancent et plusieurs millions sont fléchés pour La Mogère dans le budget présenté ce jeudi. Nous défendrons donc le respect du moratoire sur les financements régionaux et la fin de ce chantier incohérent et pharaonique ».

Mais, au delà du dossier épineux de la LGV, plusieurs autres sujets sont sur la table. Lors de la séance budgétaire, un amendement doit être déposé pour demander que le conseil régional s’oppose à la politique gouvernementale de suppression de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF). D’autres questions, plus pratiques, sont également soulevées. Jean-Christophe Sellin et ses camarades ciblent également le financement des lycées privés. Les élus du PG et de la NGS souhaitent que seuls les établissements publics bénéficient des fonds régionaux et que les économies ainsi réalisées permettent de financer la gratuité des livres scolaires.

La présidente de la commission Education, Myriam Martin (membre du Front de Gauche) va mettre en avant cette demande.

La culture, les milieux associatifs et plus largement la défense des services publics sont également sur la sellette. Jean-Christophe Sellin estime que le maintien et le renforcement des financements constituent un enjeu pour l’emploi.

Laurent Dubois (@laurentdub)

23 Mai

Portrait de Hollande brûlé à Albi : un syndicat réclame des excuses publiques à un ministre

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Le bûcher d’Albi désormais sur la table des polémiques. Après l’opération menée en place publique jeudi, au cours de laquelle les effigies du président de la République François Hollande, du Premier Ministre Manuel Valls, de la ministre du travail Myriam El Khomri, du ministre de l’économie Emmanuel Macron et du patron du Medef Pierre Gattaz ont été brûlées sous les applaudissements des manifestants anti-loi Travail, un syndicat (Sud-Solidaires) demandent des excuses publiques à un membre du gouvernement en l’occurrence Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux sports.

Vendredi 20 mai, en visite à Toulouse dans le cadre de la préparation de l’Euro 2016, Thierry Braillard est interrogé dans le 12-13 de France 3 Midi-Pyrénées au sujet de ce bûcher qui s’est déroulé la veille à Paris.

Ce lundi, le syndicat Sud de Haute-Garonne réclame donc des excuses publiques au secrétaire d’Etat. Dans un communiqué, Sud cite les propos de Thierry Braillard :

« Si c’est pour brûler l’effigie du président de la République comme jeudi à Albi, si c’est pour se faire entendre avec des méthodes proches de celles de l’État islamique… c’est la voie de l’excès », écrit le syndicat, citant le secrétaire d’Etat.

Sauf que Thierry Braillard n’a pas véritablement tenu ces propos cités entre guillemets. Les vrais mots prononcés sont les suivants :

« Je suis profondément choqué (…) La dernière fois que j’ai vu quelque chose brûler, c’était un drapeau français brûlé par l’Etat Islamique. Vous voyez le message qui est envoyé ».


Extrait 12/14 réaction Thierry Braillard

Mais pour le syndicat Sud, le rapprochement, dans la bouche du ministre, entre l’EI et cette action syndicale ne passe pas.

La voie de l’excès est bien celle de ce secrétaire d’Etat. Comparer les méthodes des manifestants contre la loi travail à celle de l’Etat islamique est une insulte, non seulement pour nos organisations syndicales, pour tous les militants, mais aussi pour les victimes de cette organisation pratiquant l’assassinat de masse.

Nous souhaitons donc obtenir des excuses publiques de ce secrétaire d’Etat et lui rappeler que nos organisations syndicales sont celles qui, à Toulouse, ont organisé les manifestations à la suite des attentats de janvier et novembre 2015. Et lui faire remarquer qu’il devrait se pencher sur la politique étrangère de la France qui de légion d’honneur en vente de rafale, est allié aux pires régimes qui soutiennent la violence fondamentaliste partout dans le monde » (communiqué Sud).

Il paraît bien improbable que le secrétaire d’Etat fasse des excuses publiques au syndicat. Quant à l’Etat, le préfet du Tarn n’a toujours pas fait s’il allait porter plainte pour outrage.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

17 Mai

Les anti-loi El Khomri ciblent les locaux du PS et des députés socialistes

Du ciment et des truelles pour Christophe Borgel. La nouvelle journée de mobilisation contre la loi Travail ce mardi 17 mai a débuté à Toulouse par une action de la CGT qui a muré la permanence du député PS de Toulouse Christophe Borgel. 

Des militants de la CGT se sont réunis devant sa permanence, avenue de l’URSS à Toulouse, et ont entrepris mardi matin de murer la permanence du député socialiste, pour protester contre la loi El Khomri de réforme du code du travail et le recours à l’article 49-3 de la constitution pour faire passer le texte sans débat à l’Assemblée.

Dans un communiqué, le député a réagi à cette action :

Je veux condamner fermement la dégradation contre ma permanence parlementaire.  A ce jour plus de trente parlementaires ont été victimes de ce type d’agissements.  Ces actes n’ont rien à voir avec le débat démocratique. Le droit de manifester est garanti dans notre pays, je respecte le point de vue de chacun.  J’entends dire que ces actions constituent une réponse « faute de dialogue avec les organisations syndicales ». Je veux rappeler que l’ensemble des organisations syndicales ont été reçues à tous les niveaux de l’Assemblée nationale. Au plan local cet argument n’a pas de sens car j’ai toujours travaillé, depuis le début de mon mandat, avec cette volonté de dialogue, d’échange avec les personnes qui peuvent douter ou être en désaccord avec l’action gouvernementale ».

D’autres tentatives ont été menées dans la foulée, notamment à la permanence de la députée PS de Toulouse Cathy Lemorton, mais la présence de policiers a dissuadé les cgétistes de murer l’entrée du local.

En Ariège, c’est la permanence du député PS Alain Fauré à Pamiers qui a été murée.

Dans le Tarn, enfin, le local de la fédération départementale du Parti Socialiste a été à la mi-journée la cible des anti-loi El Khomri. Des bâches noires ont été installées autour des locaux et des affiches y ont été collées, dans une ambiance « bon enfant ».

FV

12 Mai

Une seule députée (tarnaise) de la Région a signé la motion de censure des gauches

La frondeuse monte d’un cran. Septembre 2014, Linda Gourjade s’abstient et refuse de voter la confiance au deuxième gouvernement Valls. Mai 2016, la députée PS du Tarn donne sa signature et endosse une motion de censure. Le geste est symbolique. Il manque deux noms pour déposer la motion et même déposée il n’existait pas de majorité (de  gauche) pour l’adopter. Néanmoins, le franchissement du Rubicon ne sera  pas sans conséquence. Au plan national, le Haut Comité Ethique est saisi. L’addition présentée aux frondeurs par les instances nationales du PS risque d’être salée. Des menaces de sanction et d’exclusion planent. Localement, la seule et unique apprentie-censeure de l’ex midi-pyrénées  risque (également) de payer une facture politique dans son département.

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

« C’est vraiment du spectacle; Il n’y avait pas la volonté d’aller jusqu’au bout« . La coordinatrice de la loi El-Khomri au sein du groupe PS, la députée de Haute-Garonne Monique Iborra relativise la portée et l’importance du casus belli. Mais la tentative de présenter une motion de censure de gauche marque une vraie rupture. C’est une première. C’est la première fois que les dissidents socialistes vont aussi loin.

Linda Gourjade justifie cette « escalade » par un projet de loi comportant des « propositions libérales et régressives » et la volonté de « marquer (un) refus« . Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, son très présent et influent collaborateur parlementaire enfonce le clou en disant : « il s’agit de marquer un désaccord profond« . Selon les mots de Marc Gauché, « les loups ont été lâchés et les pressions très fortes avec notamment un chantage aux investitures« . Mais la député socialiste tarnaise a franchi un pas de plus dans l’escale des tensions. en approuvant le recours à l’arsenal nucléaire.

A quelques mois des investitures, cette dissidence va forcement laisser des traces.

Au sein du PS 81, les législatives sont déjà lancées. Une nouvelle candidature de Jacques Valax (député sortant de la 2ème) anime les dîners en ville et les discussions entre camarades. Sur sa circonscription, Linda Gourjade pourrait affronter une concurrence. Une concurrence pas vraiment sérieuse. Sur la 2eme circonscription, le nom d’une figure socialiste locale circule beaucoup.  La Graulhétoise Claire Fita (nouvellement élue au conseil régional) est, selon plusieurs sources, tentée par une candidature. Face à elle, Linda Gourjade ne doit pas redouter un(e) opposant(e) interne de poids. Sur ses terres, il n’existe pas une « Claire Fita »  Mais, même un poids plume, peut suffire à faire perdre une investiture.

Dans ce contexte, Linda Gourjade va-t-elle ressortir affaiblie de l’épisode tumultueux de la motion de censure ?

Pour le 1er Fédéral du Tarn (à qui on prête d’ailleurs des ambitions législatives), cela ne va pas être simple pour la frondeuse. Patrick Vieu déclare : « Je sens monter une forte réaction, trop de divisions ça suffit. Les militants n’aiment pas l’idée qu’un élu socialiste puisse voter une censure et que ceux qui tapent le plus sur le gouvernement soient de gauche. Cela risque de tendre les relations avec elle et sa motion. Après, sur le fond,  le projet de loi peine à rassembler. Les militants ont du mal à avaler la couleuvre. Mais je ne pense pas que cela suffise à racheter le geste de Linda Gourjade ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

06 Mai

Un militant socialiste de Haute-Garonne traite Manuel Valls de « national socialiste »

Des pétitions, des motions, une vague de contestation. Les adversaires du projet de loi El-Khomri se mobilisent tous azimuts et tiennent le haut du pavé. Y compris au sein du camp de François Hollande. Mardi 3 mai, ce sont 5500 courriers électroniques qui sont partis du PS pour demander aux parlementaires socialistes de ne pas voter le texte. C’est surtout la voix des « anti » qui résonne. Mais la fronde est plus globale et une accumulation de griefs (loi Macron, déchéance de nationalité) transforme Manuel Valls en véritable tête de turc. En Haute-Garonne, un militant socialiste traite le premier ministre de…national socialiste et fait un parallèle avec Adolphe Hitler. Une parlementaire est choquée et demande aux instances fédérales de se positionner.

Monique Iborra a envoyé un sms au premier fédéral du PS31, Sébastien Vincini, et au numéro 3 du parti, Christophe Borgel pour demander si une exclusion est envisagée. 

Manuel Valls, premier ministre

Manuel Valls, premier ministre

L’anniversaire des 4 ans de présidence Hollande se déroule dans un climat très particulier. Le gâteau a un goût amer. Il souffle sur les bougies un air de schisme. Le projet de réforme du code du travail divise la famille socialiste. Manuel Valls est au milieu du jeu du quille et concentre les critiques. Mais, pour la députée Iborra, il y a des limites. Sur sa page facebook, un militant socialiste et ancien secrétaire de section lance :  » Valls ton grand-père était un banquier franquiste catalan…tu n’aimes pas le mot socialiste, tu aimes Clemenceau, sabre peuple nationaliste, pro guerre en 1914. Je résume nationaliste socialiste  pro guerre anti arabe ? A.H un national socialiste, tu connais ? »

Valls A.H un national socialiste, tu connais ?

Référence au fascisme et allusion (transparente) à Adolphe Hitler (A.H), c’est trop pour Monique Iborra. La députée demande si les instances du PS vont prendre des mesures.

Mais derrière cette affaire en cache une autre.

Monique Iborra fait, elle même, l’objet d’une demande d’exclusion. Une demande qui reste lettre morte malgré la pression (insistante) de Carole Delga et qui remonte à sa dissidence au moment des régionales. La députée de Haute-Garonne a, en effet, soutenu l’adversaire politique de la candidate socialiste : Philippe Saurel. En fait, Monique Iborra ne défend pas seulement Manuel Valls. Elle pointe un « deux poids, deux mesures » et interpelle les instances du PS pour savoir si Carole Delga va demander l’exclusion d’un militant qui franchit la ligne rouge. Ou plutôt la ligne brune. Et qui ne se « contente » pas de violer la discipline de vote au moment d’un scrutin.

A quelques jours du 8 mai, ce n’est vraiment pas l’heure de l’armistice.

Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Mai

Cérémonie du 8 mai à Toulouse : polémique autour du « risque » terroriste

Les cérémonies du 8 mai « victimes » de l’état d’urgence. Dans certains quartiers, les commémorations pourraient être réduites à un « fleurissement ». Motif : protéger les enfants des écoles des…attaques terroristes. 

Cette version des faits peut faire sourire. Les gerbes du 8 mai ciblées par Daesh dans le quartier de Saint Aubin ou à Saint Simon, cela ne semble pas très sérieux et largement excessif. Mais, c’est l’explication fournie par la mairie et reprise par un élu socialiste. Retour sur une drôle de polémique.

Cérémonie du 8 mai à Toulouse

Cérémonie du 8 mai à Toulouse

De simples dépôts de fleurs au pied des monuments aux morts célébrant la victoire sur le nazisme. L’affaire a fait du bruit dans le milieu des anciens combattants. Le président de la plus emblématique des associations a pris plume et a adressé un courrier au maire de Toulouse.

Le vice-président en charge des anciens combattants au conseil départemental, Jean-Jacques Mirassou a  également écrit à Jean-Luc Moudenc : « personne ne saurait nier les contraintes justifiées en matière de sécurité mais pour autant, il est évident que l’attachement du Monde Combattant, des Toulousains et des Toulousaines, à cette date emblématique mérite une véritable organisation« .

La députée de la plus toulousaine des circonscriptions hautes-garonnaises, Martine Martinel, s’étonne de la tournure des événements. « Les terroristes ont des cibles plus fortes et symboliques que les cérémonies du 8 mai. Il y a l’Euro dans quelques semaines avec des centaines de milliers de personnes et les terroristes s’attaqueraient  à des monuments aux morts  » déclare la parlementaire. Mais ce qui l’étonne le plus, c’est l’absence d’information :  » je voudrais bien comprendre et que l’on m’explique« . Comme son collègue Jean-Jacques Mirassou, Martine Martinel a pris sa plume et a envoyé un mail à l’élu municipal en charge de la mémoire et des anciens combattants, Jean-Baptiste de Scorraille.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Jean-Baptiste de Scorraille s’explique.  L’élu municipal dénonce une polémique pitoyable :  » Aucune annulation. Il y aura 27 cérémonies et 5 dépôts de fleurs pour des raisons de sécurité en raison de la venue des enfants. C’est à la demande des enseignants, de l’Académie et d’une association qui organise les cérémonies. Quand le gouvernement dit que nous sommes en guerre, il faut bien tenir compte de la sécurité. Je suis très en colère contre Jean-Jacques Mirassou qui se livre à une polémique pitoyable. Quand on est dans un état de guerre, il faut soutenir les armées et penser à nos morts ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

24 Avr

EDITO – Fête de la musique à Toulouse : la polémique inutile

A Toulouse, « même les mémés aiment la castagne » et une fois encore l’histoire montre que Nougaro ne s’était pas trompé. Une référence musicale pour une polémique inutile. Une de plus.

Lors de la fête de la musique 2015 à Toulouse (Photo : Rémy Gabalda / AFP)

Lors de la fête de la musique 2015 à Toulouse (Photo : Rémy Gabalda / AFP)

Pour résumer la situation à ceux qui auraient passé ses derniers jours sur une autre planète ou au fond d’une grotte en Ariège, la mairie de Toulouse a annoncé que l’accès à la place du Capitole se ferait le 21 juin prochain exclusivement sur accréditation, les Toulousains souhaitant y assister devant s’inscrire sur internet. La ville avance des raisons de sécurité. Cris d’orfraie pour une partie (seulement) de la gauche. Un groupe facebook lance une opération de boycott. Une partie (seulement) de la presse locale s’égosille contre cette « privatisation » de la soirée et sort même Jack Lang, l’inventeur de la Fête de la Musique, de sa retraite à l’Institut du Monde arabe pour exhorter Jean-Luc Moudenc à changer d’avis.

La polémique enfle artificiellement et le community manager du maire de Toulouse, qu’on a vu souvent plus inspiré, répond sur Twitter à l’ancien ministre de la culture usant d’une référence hasardeuse au logement de l’ancien ministre de la culture. 

Une maladresse, sans doute, car si l’on devait ausculter les habitations des élus toulousains on tomberait, sans aucun doute, sur quelques « appartements luxueux ». La meilleure défense c’est l’attaque. Pour le coup, l’intervention de Jack Lang n’appelait peut-être pas de réponse.

La soirée du 21 juin place du Capitole, ce n’est pas la Fête de la Musique, c’est une émission de télé ! »

Le problème dans cette affaire c’est que tout le monde se trompe de sujet. La Fête de la Musique c’est quoi ? C’est l’occasion pour des artistes amateurs de s’installer dans la rue, devant des terrasses de cafés, dans leur quartier, dans leur ville, et de jouer leur musique librement, jusqu’au bout de la nuit. On peut d’ailleurs s’étonner de la proportion que prend cette polémique concernant la Place du Capitole, alors que l’an passé peu de voix se sont élevées contre la décision de la ville de Toulouse de limiter les concerts à une heure du matin. Circulez saltimbanques, à une heure du mat’ on remballe ! En l’occurrence, une mesure qui, elle, n’était pas dans l’esprit de la Fête de la Musique voulue par Jack Lang.

Pour les spectateurs, la Fête de la Musique, c’est l’occasion en tournant le coin d’une rue de passer de Bach à du Heavy Metal, de découvrir des papys reprenant du Brassens à 50 mètres d’adolescents jouant du rock des années 80. D’accélérer le pas quand un groupe « massacre » gentiment, mais dans l’esprit, quelques standards. La Fête de la Musique, c’est ça !

Le spectacle présenté par Garou qui aura lieu le 21 juin prochain place du Capitole, ce n’est pas la Fête de la Musique. C’est une émission de télévision, organisée par une chaîne nationale, à l’occasion de la Fête de la Musique. Mais c’est avant tout… une émission de télé !

Que l’on prenne des précautions, en plein état d’urgence, pour assurer la sécurité de cet événement retransmis dans le monde entier (via TV5) et devant des millions de téléspectateurs sur France 2, ne devrait choquer personne.

Même ceux qui s’emparent de l’affaire pour défendre l’esprit « Jack Lang » savent que la Fête de la Musique, la vraie, l’authentique, ne sera pas Place du Capitole ce soir-là. Elle sera à Saint-Cyprien, aux Carmes, aux Minimes, aux Argoulets, à Bellefontaine, à Esquirol et partout où des groupes ou des musiciens vont tirer un câble électrique pour brancher les guitares ou poser un siège et jouer pour leur plaisir et celui des spectateurs. Elle sera dans ces petits bistrots où les patrons auront poussé quelques tables pour laisser la place à des musiciens qui ne se produisent que rarement en public. Loin de Garou et de ses invités.

Que les milliers de personnes qui se seront inscrites pour voir une « émission musicale en direct » place du Capitole en profitent. Les autres ne seront pas pour autant empêchés de vivre leur Fête de la Musique ailleurs dans la ville. 

Fabrice Valéry (@fabvalery)

19 Avr

Edito : Des Primaires secondaires ?

Thierry Solère, président de la commission nationale de la primaire de la droite et du centre (Photo Max PPP)

Thierry Solère, président de la commission nationale de la primaire de la droite et du centre (Photo Max PPP)

Je suis peut-être de la vieille école mais n’ai jamais vraiment adhéré au concept de « Primaires ». En politique, un chef ne devrait-il mieux pas s’imposer de lui-même ? Un seul antécédent pour ce type d’expérience en France : la désignation à gauche  de François Hollande en 2012. On ne peut pas dire que ça lui a porté chance ou donner une réelle assise… Quant à une nouvelle tentative de la gauche en matière de Primaires, elle reste pour l’heure en suspend.

Onze au départ, combien à l’arrivée ?

Hier donc, Thierry Solère était de passage à Toulouse pour lancer les Primaires de la droite et du centre. 11 candidats officiellement en lice, pour l’instant, sans compter Nicolas Sarkozy. « Mais ils ne seront sas doute pas tous à l’arrivée », rassure le président de la commission nationale d’organisation.

Parce qu’il y a quand même des règles, qui forcément vont institutionnaliser ce vote mais le certifier également. On ne peut pas tout avoir… 250 parrainages d’élus dont vingt parlementaires et 2500 soutiens d’adhérents issus de quinze départements. Mais est-ce que ça légitime une femme ou un homme ? Pas sûr…

Etre électeur et de droite

Ensuite qui va voter ? Des électeurs, ayant leur carte, qui devront signer un engagement dans lequel ils se revendiquent des valeurs de droite. Obligation donc d’être déjà dans la boucle civique et de se positionner politiquement.  Avis aux amateurs mais pas évident que ces critères de participation séduisent de nouveaux citoyens qui souhaitent s’investir dans la vie politique du pays.

Autre paramètre en effet qu’il ne va pas falloir éluder pour « Les Républicains » et les partis centristes, ces primaires s’annoncent aussi comme un test grandeur nature sur l’état de mobilisation de leurs troupes. On sait qu’une Présidentielle (surtout au premier tour) se gagne sur un socle d’électeurs issus des partis.

Un débat malgré tout

Référence de base pour ces Primaires à forte connotation interne sans vouloir l’être, les trois millions d’électeurs qui s’étaient prononcés en 2011 pour départager François Fillon et Jean-François Copé à la tête du parti. Ils avaient alors aussi pu voter par internet, ce qui n’est plus le cas cette fois-ci. Seul hic de cette précédente expérience, la confusion qui en était ressortie des urnes : impossible par exemple de savoir qui l’avait emporté dans les 158 bureaux de vote de la Haute-Garonne.

Élément positif tout de même de ce scrutin prévu les 20 et 27 novembre prochain : le débat qu’il amorcera. Chacun va faire valoir son premier jet de programme, ses positions sur des grands thèmes de société et ses éventuelles orientations présidentielles. C’est peut-être, selon moi, le seul vrai intérêt de ces Primaires.

Patrick Noviello

Pour Jean-Christophe Sellin, « le FN est venu pour pourrir » la réunion du Conseil régional

Jean-Christophe Sellin réagit à l’interview de France Jamet publiée sur le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées. L’élu régional du Front de Gauche donne sa version des faits.

Jean-Christophe Sellin conseiller régional "Nouveau Monde".

Jean-Christophe Sellin conseiller régional « Nouveau Monde ».

Pour Jean-Christophe Sellin, « la réaction de France Jamet, pour le Front National, est révélatrice du profil de son groupe. Elle se présente comme victime alors qu’elle est venue avec un lance-flamme et ses collègues avec des bidons d’essence ». 

L’élu du Front de gauche argumente en faisant référence aux « pancartes brandies par quarante élus stigmatisant le «Delgastan», assimilant notre région à une entité à consonnance orientale qui, pour eux , est forcément antidémocratique, musulmane et intégriste (…) puis, Jean-Guillaume Remise (FN Aveyron) qui a poursuivi par des propos sexistes accusant Carole Delga de faire du «népotisme en tailleur» ( on ne parle jamais de népotisme en pantalon, n’est-ce-pas…..) ».

  Le Front National est venu pour pourrir l’Assemblée Plénière

Pour lui, « le bilan, c’est que le FN était venu pour pourrir l’Assemblée Plénière mais au fur et à mesure de la journée et notamment après mon intervention sur l’orientation budgétaire, l’éthique de l’emprunt et les aventures au Panama avec l’argent public, le Front National a été secoué, déstabilisé et a complètement perdu pied ».

  Le fascisme est un courant politique et non une insulte

« Finalement, poursuit Jean-Christophe Sellin, c’est Julien Sanchez, conseiller régional et maire de Beaucaire qui a tenté de reprendre la main et de ressouder les rangs fascistes (je rappelle que le fascisme est un courant politique et non une insulte).
Il a mené la bronca pendant la présentation du voeu sur l’accueil des réfugiés avec hurlements et bruyants sarcasmes à l’encontre de ceux qui fuient la guerre, la misère, le dérèglement climatique avec puis a craché sa haine sur tout ce qui bouge. Pour ceux qui en doutaient, cette journée a très clairement prouvé que le FN ne sert en rien l’intérêt général. Il ne sert à rien. Sinon à distiller la haine ».

On savait que la composition de la nouvelle assemblée régionale avec le Front National comme premier groupe d’opposition (en nombre d’élus) amènerait des tensions. On en en eu la preuve avec les incidents de vendredi à Montpellier.

On sait aussi maintenant que l’attitude des élus FN peut être un moyen de souder une majorité de gauche, plurielle et parfois frondeuse. Jean-Christophe Sellin et trois de ses camarades de « Nouveau Monde » se sont abstenus lors de l’élection de Carole Delga à la présidence de la Région, en janvier dernier. La préparation du budget et le dossier de la LGV risquent de créer de nouvelles tensions entre la présidente socialiste et la « gauche de sa gauche ». Mais, le temps d’une « plénière » houleuse, Carole Delga peut se « féliciter » de l’action du FN.

Le Front National lui « offre » un front uni.

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valéry (@FabValery)