Insultes, bousculade, désordre organisé et un coupable pointé du doigt : le Front National. La « Plénière » du Conseil Régional du 15 avril a viré au mauvais théâtre de boulevard. La mise en scène est attribuée à un acteur : les élus FN. La présidente du groupe, France Jamet conteste cette version des faits et parle d’une « riposte » au traitement infligé par Carole Delga au Front National. Interview.
Le Blog Politique. Une séance sabordée par le Front National et des comportements indignes. C’est le souvenir que laisse la Plénière de Montpellier. Vous partagez cette vision des événements ?
France Jamet. Non. Cela ne correspond pas du tout à ce que j’ai vécu personnellement. Nous avons été agressés verbalement, traité de « fascistes » et d’assassins. Par exemple un élu communiste (ndrl : Jean-Christophe Sellin) qui a commencé par nous provoquer en m’offrant un chapeau « Panama » (ndrl : une référence au scandale des paradis fiscaux révélés par l’affaire « Panama Papers »). Nous n’avons rien à voir avec cela ni de prés ni de loin et Marine (ndlr : Le Pen) a dit qu’elle attaquerait systématiquement en justice toutes les personnes qui associeraient le Front National à « Panama Papers ». J’ai demandé à Carole Delga un droit de réponse suite à la provocation de l’élu communiste. Il a été refusé.
Le Blog Politique. La séance a été enregistrée et une vidéo, disponible sur le site du Conseil Régional, montre pourtant que des incidents à répétition ont émaillé la « Plénière ».
France Jamet. Il manque des extraits. Il y a des coupures avec des passages dans lesquels il manque le son. On est en pays soviétique. Comme par hasard, on n’entend pas les insultes que l’on nous adresse et les demandes répétées de droit de réponse que Carole Delga nous refuse. Ses méthodes sont totalement autocratiques et dictatoriales.
Le Blog Politique. Le fait de brandir des pancartes « Delgastan » et de se lever pour chanter la « Marseillaise », ce n’est pas de la provocation ?
France Jamet. Les pancartes « Delgastan », c’est aussi humoristique que d’offrir un chapeau « Panama ». Un chapeau que j’ai accepté de prendre avec le sourire. S’agissant de la « Marseillaise » a cappella, ce n’était pas prémédité. Nous ne sommes levés spontanément face au refus de Carole Delga de faire chanter l’hymne national. Nous avons été très dignes.
Le Blog Politique. Un élu d’opposition, le conseiler régional LR du Lot Aurélien Pradié, parle de pression physique et d’une tentation d’intimidation.
France Jamet. Il est de notoriété publique qu’Aurélien Pradié et notre représentant dans le Lot ont de vieux contentieux.. Mais c’est Aurélien Pradié qui a d’abord bousculé notre élu. On aussi entendu du côté des rangs communistes des provocations du genre : « viens ici si tu es un homme ».
Le Blog Politique. Le spectacle donné par le Front National ne va-t-il pas ternir l’image d’un parti qui cherche à gagner en respectabilité ?
France Jamet. Sur le fond, nous sommes droit dans nos bottes. Nous n’avons pas été élu pour nous asseoir sagement et attendre silencieusement la fin de la classe. Sur la forme, si ce spectacle parait discutable à certains, c’est simplement en réponse et à la hauteur de ce que nous subissons à longueur de temps. Carole Delga se comporte en militante depuis le premier jour. Nous sommes systématiquement exclus des débats et des décisions. On nous refuse la parole. Nous sommes exclus des organismes, des conseils d’administration, des débats et des décisions. On nous refuse la parole. On refuse tous nos amendements et toutes nos propositions. Dans une interview donnée à Midi-Libre, Carole Delga nous range dans les 7 plaies d’Egypte à coté de l’insécurité et du chômage. Elle nie notre représentativité. Ce n’est pas tolérable. Ce n’est pas conforme à notre conception de la démocratie dans un état républicain. Nous sommes sérieux et nous travaillons. Nous avons fait des interventions sérieuses et même brillantes sur les orientations budgétaires. Nous avons fait une contre-proposition sur le nom de la région : Languedoc-Roussillon. Mais, comme d’habitude, notre proposition a été écartée d’un revers de main. Nous sommes des élus systématiquement mis à part alors que nous sommes des élus à part entière. Dans les commissions, des élus refusent de nous serrer la main.
Le Blog Politique. Les élus de droite comme de gauche pointent une duplicité : une passivité totale dans les commissions sectorielles et une agitation stérile lors des assemblées plénières. Que répondez-vous à cette accusation ? Vos élus refusent de voter en commission. Pourquoi ?
France Jamet. Les commissions sectorielles, lieu de débats et d’échanges, sont des endroits où l’on pose des questions et tous nos élus posent des questions et participent activement, contrairement aux élus LR. Nous ne prenons pas part aux votes car nous arrêtons ensuite collégialement, après débats au sein du groupe, nos positions sur chaque dossier. C’est aussi la preuve qu’en matière de démocratie nous sommes exemplaires et irréprochables et que nous n’avons de leçon à recevoir de personne, surtout pas de nos adversaires politiques et de Madame Delga.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)