25 Nov

Toulouse : échanges à fleurets non mouchetés sur l’encadrement des loyers

Nous vous avions déjà expliqué pourquoi malgré un vœu déposé, l’opposition municipale n’avait aucune chance de voir examiner à nouveau la question de cette mesure sur la ville. Mais hier, dernier jour pour les dépôts de candidature des communes à l’encadrement des loyers, une ultime charge de François Piquemal (Archipel Citoyen) a provoqué l’agacement de la majorité.

Photo Patrick Lefevre/MAXPPP

« Encadrement des loyers : François Piquemal piétine le droit républicain et le suffrage universel ». Ainsi s’intitule le communiqué envoyé à la presse par « Pour Toulouse », groupe majoritaire au conseil municipal. « Si Toulouse Métropole ne s’est effectivement pas positionnée en faveur de ce dispositif, c’est après en avoir objectivement étudié l’hypothèse et parce qu’elle ne remplit pas les quatre critères légaux nécessaires » y développe Pierre Esplugas (LR) son porte-parole.

« Obstination aveugle » ou « volonté majoritaire des citoyens »

Quelques heures auparavant, sur les réseaux sociaux notamment, François Piquemal regrettait, en ce dernier jour pour candidater à l’encadrement des loyers, que « Toulouse manque la marche pour plusieurs raisons dont l’obstination aveugle de M.Moudenc». Et l’ancien militant de Droit Au Logement de réaffirmer que dans la ville « les loyers ont augmenté de 12% en trois ans et compte de nombreuses personnes précaires voire sans-abris ».

« Le programme électoral d’Archipel prévoyait explicitement l’encadrement des loyers (sans jamais dire comment le rendre légalement possible, ce qui n’est pas dans le pouvoir d’un maire » riposte de son côté Pierre Esplugas. « Le Projet Aimer Toulouse, choisi par une majorité d’électeurs, annonçait clairement que les loyers ne seraient pas encadrés. Telle est donc la volonté majoritaire des citoyens toulousains, que nous appliquons, Monsieur Piquemal ! » conclut-il.

« Squats » et « spéculation »

Mais ce qui a agacé franchement la majorité municipale, ce sont les dernières sorties de l’élu d’opposition dans la presse locale. François Piquemal y accuse notamment Jean-Luc Moudenc dans les colonnes d’Actu Toulouse de « chasser de la ville les habitants les moins aisés » et de « livrer des biens qui appartiennent à la collectivité à des fins de spéculation immobilière », prenant l’exemple du quai Saint-Pierre.

Et « Pour Toulouse » de rappeler que François Piquemal « ex-fanfaron du DAL » comme il y est qualifié, a été « fort peu soucieux des principes républicains » et « prend plaisir, depuis des années à piétiner le Droit – singulièrement le droit de propriété – en organisant des squats ». « A l’inverse, notre comportement est tout simplement républicain en respectant la loi et en mettant en oeuvre le projet que les Toulousains ont choisi, pas celui qu’ils ont rejeté » martèle Pierre Esplugas.

 Ambiance, ambiance… Le prochain conseil municipal risque d’être animé.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

 

 

Projet de loi contre la glottophobie : pour Claude Sicre « le problème plus général c’est le rapport Paris-Province »

Jeudi 26 novembre à l’initiative du député de l’Hérault, Christophe Euzet (Agir) , l’Assemblée Nationale va examiner un projet de loi contre la discrimination par l’accent. L’auteur toulousain Claude Sicre également fondateur du Forom des Langues réagit à ce projet mais plus largement à ce qu’il qualifie de « maladie de l’unitarisme ».

Claude Sicre, poète, chanteur et auteur de « Notre Occitanie ». Photo MaxPPP Frédéric Charmeux

« Je suis pour faire semblant d’être pour cette loi ». A travers cette affirmation toute la malice et l’ironie du « Fabulous Trobadors ». « C’est la seule façon d’en faire parler par beaucoup de monde » reconnaît volontiers le fervent défenseur de la langue occitane.

C’est aussi présent et invisible que l’air qu’on respire » Félix Castan

Mais de quels maux la glottophobie est-elle le nom ? «Le problème plus général, plus profond, c’est le rapport Paris-Province » martèle Claude Sicre. « Ça n’est pas nouveau, ça date de la Renaissance. Je l’analyse dans mon livre (1) et je suis le premier à pousser le raisonnement jusqu’au bout » insiste-t-il.

Et l’auteur de citer l’un de ses maîtres à penser l’écrivain occitan Félix Castan qui disait de ce rapport Paris-Province « c’est aussi présent et invisible que l’air qu’on respire ». « Quand Montesquieu disait « peut-on être persan » il voulait en fait dire « peut-on être gascon » » fait également remarquer Claude Sicre.

L’unitarisme et la pensée française

« L’unitarisme est la maladie numéro un de la pensée française » explique l’artiste. « Il est à l’oeuvre depuis des siècles dans la littérature, l’histoire, toutes les sciences humaines, les arts, l’humour, la chanson, le cinéma, la radio, la télé, les comportements politiques, sociaux, économiques des français. Mais on ne le voit pas. Tellement il est enraciné dans notre façon de pensée ».

Pas besoin d’aller chercher bien loin dans les archives politiques pour tomber sur des réminiscences de cette discrimination indémodable. On se souvient de la mésaventure d’une de nos consoeurs raillée par Jean-Luc Mélenchon lors d’une interview. Mésaventure qui avait même valu à la députée LREM Laetitia Avia la (mauvaise ?) blague de proposer une loi sur le sujet. Mais aujourd’hui nous y sommes.

Pas besoin de loi ou de règlement, on va mettre tout le monde d’accord » Claude Sicre

Pour Claude Sicre « si la question est bien posée, en profondeur, tout le monde va mesurer l’énormité de ce que cela soulève, et il n’y aura pas besoin d’alourdir notre justice d’une énième loi victimaire ». Selon lui, pas besoin de loi, de règlement, ou encore de sanctions.

« Si les politiques lisent quelques livres, si les intellectuels sortent de leur carcan parisien, si les journalistes donnent la parole sans s’arrêter aux anecdotes en allant en profondeur, il y aura un déclic » assure ce féru de langue qui lance un appel à cette même presse.

Un Premier Ministre plus sensible à la question ?

Reste à savoir maintenant ce qu’il adviendra de ce projet de loi. Emportera-t-il l’adhésion de la majorité LREM ? Donnera-t-il lieu comme le souhaite Claude Sicre à un débat plus large ? Sera-t-il appuyé en hauts lieux par un Jean Castex venu de province ? Premier Ministre qui se souvient sans doute encore de la façon dont avait été accueilli son accent du sud-ouest lors de son arrivée à Matignon.

(1)« Notre Occitanie » de Claude Sicre aux éditions « Anagraphis »

Patrick Noviello (@patnoviello)

22 Oct

Néonicotinoïdes : les apiculteurs d’Occitanie piqués au vif s’en prennent aux députés

Des actions ont été menées ces mercredi et jeudi par le syndicat des apiculteurs d’Occitanie. Leur cible : les députés qui ont voté ou se sont abstenus sur le projet de loi ouvrant un retour de ces pesticides.

Manifestation d’apiculteurs ce mercredi 21 octobre devant la permanence parlementaire d’Elisabeth Toutut-Picard à Toulouse. Photo Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie.

« Votre député Monique Iborra n’a pas voté pour les abeilles, ne votez plus pour elle ». Voilà ce qu’ont pu lire, dès le levé du jour hier, les columérins sur certaines colonnes Morris de leur commune.

Quelques heures plus tard, c’était la permanence d’Elisabeth Toutut-Picard qui était cernée par des apiculteurs en tenue de travail et des pancartes dénonçant les néonicotinoïdes.

Elisabeth Toutut-Picard explique son abstention

« La porte de ma permanence est toujours ouverte et je vais proposer à ces apiculteurs de les recevoir » nous a-t-elle répondu en marge d’une réunion du groupe interministériel Santé Environnement qu’elle présidait ce jour à l’Assemblée. De plus, elle assure avoir publié les explications de son abstention sur son site internet.

Mais quelle mouche a donc piqué les éleveurs d’abeilles ? Ils dénoncent un vote issu d’un lobbying, notamment de l’industrie du sucre. Le 6 octobre dernier par 313 voix contre 158 le retour des néonicotinoïdes a été entérinée au Palais Bourbon via la possibilité d’introduire des dérogations notamment pour les producteurs de betteraves qui ont à faire face à des maladies.

Betteraves de Lot et Garonne

Pour information, les premières cultures de fleurs de betterave les plus proches de notre région se trouvent en Lot et Garonne. »1500 hectares » précise Olivier Fernandez avant de rappeler que  » les abeilles, elles, ne connaissent pas les frontières ».

Là où certains députés a une mesure obligatoire pour sauver des emplois, les apiculteurs d’Occitanie, eux, une atteinte directe à leur travail mais au delà à la santé des insectes et à plus grande échelle des espèces vivantes. « La betterave est un prétexte. Toutes les filières obtiendront des dérogations notamment le maïs » prévient Olivier Fernandez.

Comment peut-on voter en conscience contre 1322 études internationales ? »

Pour le Président des apiculteurs de la région « ce pesticide est un poison peu importe sa quantité ». « A cause de lui les abeilles mettent quatre fois plus de temps à travailler, on le retrouve jusque dans la graisse des ours polaires mais aussi chez les oiseaux ». Des apiculteurs qui dans un communiqué ne comprennent pas « comment on peut voter en conscience contre 1322 études internationales ».

Plusieurs actions en justice sont en cours. Mais les éleveurs d’abeilles espèrent maintenant que le Sénat retoquera le projet de loi. Il doit être examiné ce mardi 27 octobre au palais du Luxembourg.

Patrick Noviello

07 Oct

Une lotoise, ancienne plume de Macron, raconte ses « confusions » et les coulisses de la campagne

Marie Tanguy (c’est un pseudonyme) a grandi dans le Lot. Passée brièvement par le PS puis trois ans aux côtés de Laurent Berger à la CFDT, elle décide d’intégrer l’équipe de campagne d’En Marche pour y écrire les discours du candidat. Son livre, « Confusions », raconte son naufrage dans la tempête de la Présidentielle.

Marie Tanguy quittera l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron quelques jours avant le premier tour. Photo Olivier Roller

C’est l’histoire d’un burn-out, d’une erreur de parcours ou de direction. Mais c’est aussi à quelques mois d’une nouvelle campagne présidentielle, la description sans filtre et sans concession d’une machine à gagner l’élection suprême. Même si elle se défend d’avoir voulu nuire au Président, l’autrice, originaire du petit village de Gigouzac, livre un témoignage sans détour.

Dois-je préciser qu’à En Marche, j’ai rencontré de la bienveillance, de l’indulgence, de la politesse, camouflée en gentillesse, de louables intentions. Mais j’y ai rarement trouvé de l’humanité pure. Et comme c’est une chose dont j’ai besoin à fortes doses, c’est sans doute cela aussi dont j’ai crevé »

Marie Tanguy évoque sa fragilité, se rabaisse souvent face aux cerveaux brillants qui composent l’équipe du « candidat » qu’elle ne cite jamais. Sans doute peut-on aussi voir poindre entre les lignes un complexe d’infériorité entre Paris et la province. Mais cette ancienne militante décrit surtout une armée de génies totalement déconnectés du réel et souvent sans la moindre idéologie.

 C’est dans le rapport au doute que je me suis sentie le plus loin d’eux. J’ai toujours eu des convictions profondes tout en n’étant jamais sûre de rien. Pour eux en revanche, la vérité ne faisait pas débat : il suffisait juste de la mettre en œuvre. Une démonstration de force et de volonté, voilà ce que devait être une réforme à leurs yeux.

– On va niquer les régimes spéciaux, disait David. »

« Accélération de la dépolitisation du débat public », « impression qu’on parle plus de marketing que de politique », la radiographie du mouvement est sans appel. Mais la confusion règne aussi selon Marie Tanguy dans « l’absence d’organisation, la hiérarchie incertaine » qui caractérisent EM. « Aujourd’hui encore, je ne sais précisément qui est en charge de quoi » écrit-elle. Une seule certitude en revanche : celle qu’elle a fait fausse route. Elle le sait, à peine une journée après son arrivée au « pôle idée » dans « un bureau dangereux ».

L’un des passages clés à ce sujet : l’élaboration du « projet » préalable au « programme » qui, lui, mettra plus de temps à naître, on s’en souvient.

J’ai vu des impôts, des crédits d’impôts, des droits sociaux, des règles et des agences, naître, prendre leur élan et mourir sous mes yeux pour la plupart, tandis que d’autres parvenaient à résister à l’épreuve des filtres, des arbitrages, des revirements stratégiques ou des volte-face irrationnelles, pour se frayer un chemin vers le Graal d’une inscription sur un livret de 32 pages signé par le candidat ».

Mais cette méthode est-elle vraiment propre au « Nouveau Monde » ? Comme cette tendance du candidat à « promettre à son audience ce qu’elle a envie d’entendre ». Nul doute que Marie Tanguy, elle, ne se fera plus prendre aux sirènes de la politique.

Patrick Noviello

« Confusions » de Marie Tanguy, collection « La grenade », éditions JC Lattès.

16 Juil

Métropole Toulousaine : Jean-Luc Moudenc réélu président, des élus s’estiment exclus

Dans la foulée des résultats des Municipales de juin dernier, le conseil métropolitain se réunissait ce jeudi 16 juillet pour élire président, vice-présidents et membres de son bureau. Certains élus de l’opposition ont dénoncé leur exclusion des instances exécutives.

Jean-Luc Moudenc. Photo MaxPPP/Xavier de Fenoyl

Réélu par 96 voix pour et 37 votes blancs dont le sien, Jean-Luc Moudenc était le seul candidat déclaré. Il a tenu à « remercier de la confiance qui lui était accordée ». Et le maire LR de Toulouse a immédiatement enchaîné en remerciant également le conseil « d’avoir assuré la diversité démocratique à travers son vote ».

Un point de vue que ne partage pas le maire de l’Union. Une fois faite l’annonce des vingt vice-présidents, il a tenu à prendre la parole. Il dénonce alors l’absence d’élus majoritaires de sa commune et de celle de Cugnaux de l’exécutif.

Cugnaux et l’Union éjectées » Marc Péré

« Le signal qui est donné d’éjecter Cugnaux et l’Union des vice-présidence n’est pas conforme à l’esprit qui doit régner ici » assène Marc Péré. Et l’élu de poursuivre : « Le SDEHG (syndicat départemental d’énergie de la Haute-Garonne) compte 82 représentants dont aucun de mon groupe qui constitue pourtant 15% de cette assemblée. Je trouve ça inqualifiable ! »

La réponse du président fraîchement réélu ne se fait pas attendre. « Il y a 10 postes de vice-président pour la ville centre, Toulouse, et dix pour les communes hors ville centre. Laisser croire que cela veut dire que seraient exclues les 27 autres communes est totalement contraire à la réalité et à tout ce qui s’est pratiqué dans cette collectivité » rétorque Jean-Luc Moudenc.

Pacte de gouvernance

Le maire de Toulouse revient également sur le pacte de gouvernance et d’orientation signé par certaines communes (et tous les vice-présidents) et que Marc Péré affirme ne pas s’être vu présenter. « Nous avons souhaité qu’il y ait un travail en commun entre maires de sensibilités différentes mais qui sur le travail métropolitain à faire ces dernières années reconnaissent qu’il y a des convergences objectives. Vous ne pouvez pas Monsieur Péré prendre de façon répétitive des positions différentes de la quasi-totalité des maires et vouloir, comme si de rien n’était, exercer des responsabilités exécutives ».

Marc Péré semble ainsi payer ses années d’opposition lors de son précédent mandat à la Métropole. Mais qu’en est-il de Cugnaux et de sa nouvelle majorité issue d’une liste citoyenne ? En l’absence de son maire, Albert Sanchez, c’est l’un de ses adjoints qui demande des explications. « Je ne comprends pas que notre commune n’ait pas été contactée » s’interroge Thomas Karmann. Et le nouvel élu de déplorer que « même si les habitants de la quatrième ville de la métropole nous ont élus, on se retrouve face au fait accompli sans pouvoir partager une gouvernance ».

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus » Jean-Luc Moudenc

Là encore la réponse de Jean-Luc Moudenc laisse peu de prise : « J’ai essayé de joindre le nouveau maire de Cugnaux. Je lui ai même laissé un SMS le 5 juillet. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai eu votre SMS le 14 juillet un petit peu après 23 heures et je vous ai fait joindre immédiatement le lendemain matin. (…) S’agissant de votre commune, elle va participer pleinement aux instances métropolitaines, en particulier dans le bureau que nous avons élu. M. Sanchez y figure naturellement (…) Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus ».

De son côté Antoine Maurice souhaite que le pacte de gouvernance et d’orientation proposé par Jean-Luc Moudenc soit rendu public. « Il aurait été préférable que vous le proposiez à tous » lance l’élu Europe Ecologie Les Verts à son ancien adversaire aux Municipales. Pas de réponse du président réélu de la Métropole.

Sensibilités politiques différentes

Des vice-présidents de sensibilité politique différente de celle de Jean-Luc Moudenc, il y en a pourtant dans ce nouveau conseil métropolitain. Mais ils n’ont pas emboîté le pas de Marc Péré ou de Thomas Karmann. La socialiste Karine Traval-Michelet a déclaré vouloir « être vigilante quant à la mise en œuvre du pacte de gouvernance ». « Un pacte que nous avons co-rédigé » précise-t-elle.

« Il y a dedans des objectifs auxquels nous sommes attachés et qui sont non négociables comme la participation citoyenne, la transition écologique ou le travail pour faire face à la crise économique. Il ne s’agit pas là d’un contrat de majorité mais bien d’un pacte de gouvernance » a tenu à préciser la maire réélue de Colomiers qui aura en charge l’habitat à la Métropole.

Travailler sans perdre son identité politique ou communale » Joseph Carles

Autre groupe à avoir pris la parole, et là encore sans abondé dans le sens du maire de l’Union, celui dit « indépendant » de Joseph Carles. Le maire de Blagnac a également obtenu un poste de vice-président (prospective et contractualisation). Pour lui, comme lors de la crise sanitaire, il est possible de travailler pour la Métropole sans perdre son identité politique ou communale. « Nous aurons des choix douloureux à faire mais cette Métropole doit continuer à avancer » prévient-il.

Parmi les dossiers majeurs qu’aura à traiter cette nouvelle assemblée métropolitaine : la troisième ligne de métro (les représentants de Tisséo collectivités ont aussi été élus par le conseil ce jour) ou encore la LGV. Jean-Luc Moudenc a également placé comme priorité la transition écologique et la relance économique. Une fois encore, il s’est engagé à ne pas augmenter les impôts. La « diversité démocratique » se ressentira-t-elle dans ce futur programme ? En tout cas, les débats, eux, promettent d’être animés.

Patrick Noviello (@patnoviello)

12 Juin

Chronique de l’après (2) : « Effort de guerre »

Gagner moins ou réduire ses congés pour préserver l’emploi. C’est le principe des « accords de performance collective » prônés par la Ministre du Travail Muriel Pénicaud. Parallèlement, l’Etat revient en force pour relancer l’économie. Mais les salariés devront également contribuer à l’effort de guerre payé à la crise sanitaire.

Salariés du sous-traitant aéronautique Derichebourg à Toulouse, le 2 juin dernier. Photo MaxPPP/PQR Nathalie Saint-Affre.

L’exemple le plus marquant, et qui plus est dans notre région, est sans doute celui du sous-traitant aéronautique Derichebourg. Alors que l’Etat a annoncé ce mardi, un plan de sauvetage de 15 milliards d’euros pour la filière, cette entreprise prévoyait bel et bien de supprimer 700 emplois, soit un sur deux sur son site toulousain si ses salariés n’acceptaient pas un accord de performance. Autrement dit, ils devront s’asseoir notamment sur leur treizième mois.

Si l’on y ajoute leurs indemnités transport et repas, chaque employé pourrait perdre en moyenne 270 euros par mois. Dans cet entreprise, le syndicat Force Ouvrière, majoritaire, a accepté le principe de ce sacrifice financier. Ce qui valait sans doute à son secrétaire général cet aveu plus global et empreint de soupirs sur France Inter ce mercredi matin : « il nous arrive, nous syndicats de négocier des plans de sauvegarde de l’emploi qui sont en réalité des plans de licenciement parce que à chaque fois, à chaque endroit, on essaie de défendre au mieux les intérêts des salariés ».

On a aussi de très mauvais souvenirs. Tout le monde a en tête SMART. Deux ans plus tard, on délocalise en Chine. »

Et Yves Veyrier de revenir sur ces « accords de performance collective ». « Dans quelques exemples, on a pu passer le cap mais on a aussi de très mauvais souvenirs. Tout le monde a en tête SMART. Deux ans plus tard, on délocalise en Chine ». « Les promesses n’engagent que ceux qui y croit » dit le dicton populaire. Et sur ce point, je vous renverrai vers le remarquable film de Stéphane Brizé, « En guerre », où Vincent Lindon incarne un leader syndical victime justement d’y avoir cru.

Ce même acteur a proposé début mai ce qui a pris le nom de taxe Jean Valjean. Son principe serait de taxer de 1 à 5 % les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros. La somme ainsi récoltée serait ensuite reversée aux plus de 20 millions de foyers « trop pauvres pour être assujettis à l’impôt sur le revenu ». L’idée donnera peut-être un jour un film, mais elle ne semble pas près de devenir une loi.

Les hauts revenus et les grandes propriétés doivent être taxés dans l’intérêt de la collectivité »

Dans la même veine, la conseillère régionale Ensemble-France Insoumise Myriam Martin propose, elle, une taxe d’urgence Covid. La tribune qu’elle a co-signé avec d’autres élus et militants de gauche européens développe « l’idée selon laquelle les hauts revenus et les grandes propriétés doivent être taxés dans l’intérêt de la collectivité ». Sans attendre un consensus à 27, les signataires demandent à ce qu’elle rentre en vigueur dès le 30 juin dans les pays qui décideraient de l’appliquer. Peu de probabilité là encore que le projet aboutisse, et encore moins dans les temps.

Parce que le temps presse. Je pense aussi en écrivant ces lignes à deux de mes connaissances qui, juste avant la crise sanitaire, avaient décidé de redonner un coup d’accélérateur à leurs carrières et à leurs projets professionnels. Trentenaires compétents, ils avaient démissionné pour rejoindre deux entreprises sur la région toulousaine, l’un dans l’artisanat, l’autre dans la recherche et développement. Les voilà aujourd’hui menacés par l’imparable logique du « dernier arrivé, premier licencié ».

Blocage partiel des dividendes

Malgré le prolongement du chômage partiel, les formation-reconversions, le prêt de main d’œuvre ou encore la mobilité interne, il y aura, quoi qu’il arrive, des licenciements. Mais, en même temps (comme dirait l’autre) qu’on demande aux salariés de se serrer la ceinture pourquoi ne pas solliciter aussi les actionnaires ?

Etat, organisations patronales et régulateurs seraient désormais parvenus à un consensus sur un blocage partiel des dividendes. Enfin reste la question des banques. Répondront-elles présentes pour ses salariés et entreprises que le Covid a laissé exsangues ? Peu d’infos filtrent à ce sujet depuis la sommation du chef de l’Etat à leur encontre mi-avril. J’attends de voir si elles participeront elles aussi à « l’effort de guerre ».

Patrick Noviello (@patnoviello)

03 Juin

Chroniques de « l’après » : collapsologues !

Exode urbain, changement d’habitudes de consommation, alimentaires, de déplacement, redéfinition de nos conditions de travail, … Alors que certains, économistes notamment, nous annoncent un monde d’après pire que celui d’avant, d’autres, collapsologues, nous invitent à tout changer.

La circulation reprend sur le périphérique toulousain (Photo PQR/Nathalie Saint Affre/ MaxPPP)

Que serait-il advenu si le Covid, telle une peste, aurait été plus mortel encore ? Aurions-nous réussi à subvenir à nos besoins ? Aurions-nous eu accès si facilement à l’eau, à l’électricité ? Quelques questions nous viennent à l’esprit et voilà qu’un rétro-scénario glaçant s’ébauche.

Ces collapsologues, que nous voyons désormais un peu partout dans les médias, nous poussent à la sobriété mais aussi à une « reterritorialisation » ainsi qu’à une réduction de notre consommation énergétique. Bref au diable le superflu !

Quand j’y repense, je n’ai plus acheté de nouveaux vêtements depuis plusieurs mois. Le dernier en date était ce costume gris-clair que vous m’avez sans doute vu arborer lors d’un débat d’avant-premier tour.

Bon, je l’avoue, j’ai pêché. Je me suis fait livrer pas mal de bouquins à la maison pendant le confinement, moi qui défend pourtant corps et âme nos amis libraires.

Mais je vous l’assure : ma voiture est en train de sécher lamentablement dans la rue et mon vélo a repris du service, plus d’une fois par semaine (rythme auquel était monté auparavant mon fidèle destrier, un Peugeot de 1983).

J’avoue aussi avoir consulté plusieurs sites internet de …petites annonces de maisons de campagne à vendre, plus pour rêver (pour le prochain confinement ?) que pour vraiment quitter la ville.

Certes, Toulouse m’agace de plus en plus, dans cet entre-deux où l’on galère autant pour circuler en voiture qu’à vélo, comme dans bien d’autres grandes villes en évolution. Evidemment que, d’année en année, on y voit de plus en plus de monde en certains endroits (bords de Garonne, terrasses de café, rues piétonnes, métro, etc.) Mais je souhaite y rester.

Nul doute que la saturation, à tous les niveaux, nous guette, et que finalement, on ne peut donner tort, sur de nombreux points, à ces collapsologues que certains qualifient « de mauvais augures ».

Agnès Sinaï, dans un long entretien accordé à Libération, en appelle à la création de « biorégions » « définies non pas par des frontières administratives, mais par des caractéristiques naturelles – les plaines céréalières, les plateaux, les corridors forestiers. » Je sens que cet argument peut germer dans certains programmes des futures élections Régionales.

Mais suffit-il simplement de changer de paysage, d’environnement ou de lieu de résidence ? Bien sûr que non. Les collapsologues nous demandent d’élargir le champ de nos compétences.

Essayons par exemple, que l’on soit manuel ou pas, de réparer les choses et objets que l’on aurait autrefois jeté sans vergogne. Mon voisin, qui n’est pas collapsologue et encore moins un dangereux baba-cool autarcique, l’a compris depuis longtemps. Non content d’entretenir un potager qui le rend autosuffisant en légumes d’été, il vient de réparer ma tondeuse en un clin d’œil.

Il m’en a coûté un euro cinquante de roulement à bille. Sans mon voisin, l’engin aurait terminé sa vie dans une décharge. Quant moi, j’aurais dépensé deux-cent fois plus au magasin de bricolage. Sans compter les deux heures de queue de perdues pour accéder à chacun de ses endroits pris d’assaut en ce moment.

Un bémol cependant… Vous vous doutez bien que j’avais d’abord moi-même désossé cette fichue tondeuse sans apercevoir la moindre once de panne. Je ne vais donc pas devenir mécanicien et agriculteur du jour au lendemain…

Le chemin que nous recommandent les collapsologues est donc encore long et semé d’embûches. Mais y réfléchir, c’est déjà commencer à l’emprunter, chacun à son rythme.

Patrick Noviello (@patnoviello)

27 Mai

Municipales : vote électronique ou par correspondance, procurations simplifiées, solutions à l’abstention ?

Dans à peine plus d’un mois, les citoyens de 474 communes de notre région seront appelés aux urnes. En période de déconfinement et alors que le coronavirus rôde encore, nombreux sont ceux qui redoutent une abstention record. Mais les votes par internet, par correspondance, ou la simplification des procurations sont-ils pour autant la solution pour redynamiser la vie démocratique ?

Premier tour des élections Municipales à Toulouse, le 15 mars dernier. Photo MaxPPP Michel Viala.

Face à la crise sanitaire « le vote par correspondance est la solution » affirme Laurent Hénard, le maire de Nancy dans une tribune publiée dans le Journal Du Dimanche. Mais pour la première concernée, La Poste, « ce n’est pas un sujet à ce jour ». « Nous nous adapterons à d’éventuelles sollicitations » précise toutefois la direction régionale. « Le vote par correspondance a été abandonné en 1975 pour lutter contre la fraude. Il n’y a pas de base légale pour le réinstaurer ». L’analyse sans appel est signée d’un spécialiste du droit électoral de l’Université Toulouse 1 Capitole.

Des risques de cyber-attaques

Mais Pierre Esplugas de préciser : « le vote électronique a toutefois été utilisé récemment pour les français de l’étranger».  Seulement l’expérience s’est arrêtée en 2017 face à des risques de cyber-attaque. « On ne maîtrise pas encore totalement la technologie et il y a bel et bien des menaces » reconnaît celui qui est aussi porte-parole Les Républicains en Haute-Garonne.

Pour sa collègue Sylvie Laval chercheuse à l’IDETCOM (1), laboratoire adossé à l’UT1,« on a là une boîte noire dont il est compliqué de savoir ce qui va en être fait ». Autrement dit un rassemblement de données sur « qui vote pour qui » ne pourrait que contribuer à renforcer la défiance du citoyen. « On a déjà vécu un certain nombre de scandales comme Cambridge analytica » rappelle la maître de conférence en sciences de l’information et de la communication.

On ne va pas voter comme on achète un livre ou un CD »

Pour elle, il faut voir cette problématique dans sa dimension globale. « En pleine crise du politique, le cheval de bataille d’Emmanuel Macron a été : il faut numériser la démocratie en instituant le vote électronique ». « Seulement on ne va pas voter comme on achète un livre ou un CD, s’agace Pascal Nakache. Ce côté dématérialisation de tout amènerait selon moi à appliquer le consumérisme à la République ».

« Le vote électronique ou par correspondance m’inspirent spontanément de la suspicion » reconnaît sans détour l’avocat qui est aussi candidat sur la liste Archipel Citoyen à Toulouse. « J’imagine tout de suite des maisons de retraite qui vont voter par wagons entiers » plaisante-il en riant jaune. « Et puis il y a aussi un côté charnel au vote. On se déplace. On va dans l’isoloir… » poursuit le président de la section toulousaine de la Ligue des Droits de l’Homme.

L’avantage du système actuel c’est sa simplicité et sa transparence »

« L’avantage du système actuel c’est sa simplicité et sa transparence » explique Sylvie Laval. « On vote et on dépouille à la vue de tous ». La chercheuse reconnaît toutefois la dimension « impressionnante » du protocole actuel. « Est-ce que certains ne vont pas voter à cause de ça ? Je le crois. Ça peut décourager » n’hésite-t-elle pas à affirmer. Parmi ces réticents : les jeunes. « Je dépouille régulièrement et je ne vois personne de moins de trente ans à mes côtés » souligne l’universitaire.

Mais doit-on pour autant essayer de se rapprocher des jeunes générations et de leur univers numérique via un vote par internet ? La question reste ouverte pour Sylvie Laval. Seulement, ces électeurs potentiels voteront-ils plus s’ils peuvent le faire de chez eux ? Là encore, rien de moins sûr. Quoi qu’il en soit la plupart des spécialistes s’accordent sur un point : le délai trop court, d’ici le 28 juin, pour envisager quelque changement que ce soit en matière de votation.

Un tel changement institutionnel en si peu de temps n’est pas souhaitable »

« Un tel changement institutionnel en si peu de temps n’est pas souhaitable. Est-ce qu’on peut imaginer les dégâts qu’occasionnerait un soupçon de fraude surtout en période de crise » prévient Sylvie Laval. « Mais il faut y penser pour l’avenir » insiste Pierre Esplugas. Aujourd’hui ou demain, « j’ai clairement peur que ça ne renforce la défiance du citoyen envers le politique » s’inquiète Pascal Nakache.

« Les modalités de la procuration doivent être assouplies » estime en revanche Pierre Esplugas. Pour le professeur de droit public, « commissariats et gendarmerie ne sont pas des lieux idéaux pour effectuer la démarche ». « Il faut faciliter la procuration électronique » recommande celui qui est aussi le chargé des relations presse pour la campagne de Jean-Luc Moudenc.

Retour à la normale ?

L’incantation présidentielle, et d’autres, de « numériser la démocratie » ne semble donc pas à l’ordre du jour. La crise sanitaire a-t-elle là aussi fait son œuvre ? « Aujourd’hui la télévision redevient un média de masse, fait remarquer Sylvie Laval. Les allocutions du Président ou du Premier Ministre y sont suivies. La routine fatigue parfois, mais elle rassure aussi ».

Patrick Noviello (@patnoviello)

(1) Institut de Droit de l’Espace, des Territoires, de la Culture et de la Communication.

16 Mar

Municipales Toulouse : plutôt que le second tour, la mobilisation face au coronavirus

Dès ce dimanche soir, l’ensemble des candidats qualifiés pour le second tour ou en position de fusionner, n’y croyaient plus vraiment. Ce lundi pour eux, ça ne fait plus aucun doute : oublions le second tour et pensons à la sécurité de tous.

Jean-Luc Moudenc lors du vote dimanche matin. Photo MaxPPP Xavier De Fenoyl

« Pour ma part, plus que jamais, avec les élus du Conseil municipal et les agents de la collectivité, je continue à me consacrer à la gestion municipale et métropolitaine des conséquences de la crise, afin de protéger les Toulousains. C’est mon unique préoccupation. » Le titre du communiqué du maire de Toulouse est clair : « on ne doit pas jouer avec la santé des personnes ». Le candidat Jean-Luc Moudenc n’est plus vraiment en campagne mais au travail pour protéger sa population.

La protection de nos concitoyens est la priorité absolue »

Du côté de ses adversaires sur ces Municipales, même démarche. Pierre Cohen et Antoine Maurice qui se sont réunis ce lundi matin n’ont pas parlé fusion de liste mais bel et bien riposte face à l’épidémie de coronavirus. « La protection de nos concitoyens est la priorité absolue. Nous avons souhaité tenir une première réunion au sujet des mesures à prendre pour permettre le bon fonctionnement des services publics et organiser les solidarités » explique Archipel Citoyen (27% des voix ce dimanche soir) dans un communiqué commun avec Pierre Cohen.

Et la liste de proposer un ensemble de mesures qu’elle prendrait au niveau de la municipalité si le second tour était maintenu ou si elle l’emportait : transformer Allô Toulouse en service d’aide et d’écoute contre la solitude, continuité des services publics municipaux de protection et de propreté, organisation des solutions de garde d’enfants pour les personnels des services publics essentiels, renforcement du service de portage de repas à domicile pour les personnes empêchées…

Le gouvernement doit prendre la mesure de l’angoisse des français »

« En attendant la tenue du second tour, nous nous tenons à la disposition de Jean-Luc Moudenc afin de contribuer à la mise en place de ces mesures » conclut Archipel dans son communiqué. « C’est à lui de voir s’il a besoin de discuter avec la liste qui se constitue » explique Pierre Cohen. Mais avec qui pourrait discuter Jean-Luc Moudenc ? Sa liste rivale ou ses conseillers municipaux d’opposition ? Du côté de la mairie, comme du candidat Moudenc, on dit ne pas avoir été contacté. « Une belle phrase dans un communiqué qui ressemble à une opération de com' » commente-t-on dans l’entourage du candidat sortant.

Quoi qu’il en soit, ces candidats toulousains comme l’ensemble de ceux qualifiés pour le second tour ce dimanche soir ont tous un point en commun. Ils attendent l’allocution du président ce soir à 20h. « Le Gouvernement doit prendre la mesure de l’angoisse des Français et la conviction (que seuls les scientifiques peuvent confirmer ou infirmer) d’une majorité croissante d’entre eux que voter dimanche c’est se mettre en danger : on ne doit pas jouer avec la santé des personnes ! » prévient le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, candidat à sa succession.

Patrick Noviello (@patnoviello)