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33 Premiers secrétaires Fédéraux du PS dont ceux de l’Aveyron et de l’Ariège ont signé ce mardi 20 juin une tribune dans le journal Libération. Pour eux, « le renouveau du PS doit passer par les militants ». Explication et état d’esprit par l’un des signataires de notre région l’aveyronnais Bertrand Cavalerie et un autre premier fédéral qui, lui, n’a pas signé mais a aussi son idée sur la question, le haut-garonnais Sébastien Vincini.
En préambule de la tribune, les jeunes premiers secrétaires disent ne pas vouloir se faire voler leur refondation. Mais voler par qui ? « On ne vise personne. C’est une tribune consensuelle » tempère Bertrand Cavalerie ». Le 1er Fédéral de l’Aveyron explique que « les socialistes ont besoin de se retrouver ». « Il ne faut pas que regarder dans le rétro. On a pris une grande claque, moi le premier aux Législatives, mais il faut maintenant regarder vers l’avenir, on ne peut que remonter ».
« Pour moi, cette tribune est justement trop consensuel » assène Sébastien Vincini. Le patron du PS 31, n’a pas « voulu signer un papier qui dit que pour que tout change, il faut que rien ne change ». « Je ne veux pas rentrer dans de nouvelles querelles de personnes. Il y a nécessité de rebâtir plus en profondeur ».
Décentraliser »
Pour les signataires de la tribune, le premier écueil à éviter est celui de retomber dans une centralisation du Parti. « On a parfois l’impression que nos dirigeants ne sont pas connectés aux territoires. Moi, je ne veux pas la tournée des grands mouvements ou des chapelles qui ne rassemblent chacun qu’un demi-point de l’opinion française» développe Bertrand Cavalerie.
Sébastien Vincini le rejoint sur ce point. « Plus rien ne remontait à la direction. Nous sommes devenus un parti très parlementaire où il n’y avait d’échanges qu’entre Solferino (NDR : siège parisien du PS) et l’Assemblée Nationale. Il faut repartir des aspirations des territoires sur des thèmes comme la vitalité de la ruralité, la question du péri-urbain et la ghettoïsation des faubourgs des métropoles par exemple ».
Parole aux militants »
Les signataires de la tribune veulent également remettre les militants au centre de la réflexion. En Aveyron, ils sont environ 500. « Certains ont trahi, comme Marie-Lou Marcel (NDR : ancienne députée PS qui ne se représentait pas), ex-frondeuse aujourd’hui macroniste. Mais ce phénomène a été vu dans à peu près toutes les fédérations » commente Bertrand Cavalerie. « Mais le cœur des militants est resté là. Le problème aujourd’hui est qu’il ne correspond plus forcément à la société française. »
« Il faut aller plus large qu’à nos simples militants. Si on reste sur notre corps actuel, on va retomber dans nos mêmes querelles. Il faut une vraie consultation citoyenne. Alors on ne va pas distribuer des tracts dans des boîtes aux lettres, on ne va pas aller agresser les gens » assure Sébastien Vincini. Pour le 1er Fédéral de Haute-Garonne, il faut mettre en place « un vrai processus avec des outils collaboratifs permettant des rencontres et des débats ». « Quand les Indignés sont passés à Podemos, ils ont organisé des forums avec des grandes questions à trancher. Aujourd’hui on parle écologie mais on ne tranche pas sur le diesel ou le nucléaire par exemple ».
La ligne »
« Il faut définir une ligne et la tenir. L’étalage de nos divisions à Paris ces dernières années a été nocif » analyse le premier fédéral de l’Aveyron. « A gauche, un parti social-démocrate est capable de rassembler » poursuit-il. Mais la première force de gauche actuelle dans les urnes n’est-elle pas La France Insoumise ? « Je pense qu’il faut travailler avec tout le monde, mais en ont-ils envie ? Je ne crois pas » avoue sans détour Bertrand Cavalerie.
« On peut être progressiste et défendre des acquis sociaux. La social-démocratie a fait beaucoup mais au XXème siècle. La question aujourd’hui est de savoir comment élargit-on les acquis sociaux à une société ubérisée » resitue Sébastien Vincini. « Je ne vais pas vous dire aujourd’hui quelle est la ligne précise. Si on l’avait eu, les français l’auraient vue. Mais entre Macron qui a une image moderne du libéralisme et La France Insoumise dans la contestation systématique de la mondialisation, il y a une voie ».
« En Marche », c’est du vent ! »
Seul problème, c’est qu’actuellement cette gauche socio-démocrate, vantée par Bertrand Cavalerie et à faire évoluer selon Sébastien Vincini, est partie vers « En Marche ». «Pour moi, Macron c’est Giscard. Il va dériver vers le centre-droit et dans cinq ans ce sera un libéral » prévoit Bertrand Cavalerie. « En Marche, c’est du vent. Sur quoi repose ce mouvement ? Avez-vous vu des grandes manifestations de joie citoyenne le soir de l’élection d’Emmanuel Macron ? » insiste le leader du PS Aveyronnais. « Je ne sais pas sur quoi le mouvement du Président repose. Nous, on sait sur quoi se retrouver. »
Premier test grandeur nature pour se retrouver : samedi. Le Parti Socialiste tiendra un conseil national à Paris. Jeudi soir à Toulouse, Sébastien Vincini animera, lui, un conseil Fédéral. Il a notamment dans l’idée de créer une plateforme de consultation numérique. Il en débattra avec ses troupes. Il réfléchit aussi avec Carole Delga, la Présidente Socialiste d’Occitanie, à une synergie entre les forces socialistes du territoire. La reconstruction commence.
Patrick Noviello (@patnoviello)