14 Fév

Incroyable Italie

Imaginez le premier secrétaire du PS allant  négocier avec Nicolas Sarkozy ou François Fillon un accord sur une nouvelle loi électorale ! Imaginez un chef de parti renversant le premier ministre, du même bord que lui, par un vote interne ! Imaginez un gouvernement de coalition qui mêle droite et gauche. Inimaginable en France et pourtant le quotidien de l’Italie.

 

Letta poussé dehors

 

« L’Italie donne l’image d’un pays fatigué, apeuré, résigné, difficile à changer. Elle n’est pas, ne peut pas être ainsi. Nous méritons mieux » lance Matteo Renzi  dans son projet lors des Primaires du Parti Démocrate en décembre dernier. Après avoir remporté ce scrutin interne, et sans plus attendre, il a poussé Enrico Letta à la démission ce jeudi. Le pays se retrouve donc une nouvelle fois sans gouvernement. Mais le florentin de 39 ans est en embuscade et a sûrement déjà tout prévu.

 

            Revoir la carte administrative du pays, diminuer de 15% les dépenses des administrations…Un programme qui rappelle deux des dernières doléances de François Hollande : des fragrances de centre gauche ou de social démocratie ? Une différence toutefois avec le chef de l’Etat français. Président de la province de Florence à 29 ans. Premier ministre 10 ans plus tard ? Rien ne semble pouvoir stopper « l’étoile filante » Renzi comme il est surnommé.

 

Aléas et fiction

 

Auparavant seul Pierluigi Bersani l’avait battu, là encore lors de primaires, mais ce dernier n’avait pas réussi à former de gouvernement. Aléatoire, ainsi est la politique de la péninsule, aléatoire, tout autant sa constitution avec un Président de La République « obligé » de se représenter contre sa volonté tant le pays est au bord du gouffre.

 

Le héros du dernier film de Roberto Andò se prénomme Enrico, comme Letta. Tiens, tiens… Il est interprété par Toni Servillo. Dans la fiction, ce leader de parti (qui ressemble au Parti Démocrate) est en route vers des élections, que ses ennemis comme ses alliés pronostiquent perdues d’avance. Il décide alors de disparaitre. Son spin-doctor lui trouve un jumeau, sorti de l’asile, pour le remplacer. Ce dernier aussi fou que poète se met à parler à un peuple qui retrouve espoir et confiance.

 

Et après ?

 

Ce n’est hélas que du cinéma. Mais pour Tony Blair à qui on compare souvent le maire de Florence : « Renzi représente optimisme et espoir pour l’Europe ». Seulement, qu’est-ce qui prouve que l’ambitieux toscan fera mieux que son prédécesseur ? Quelle combinazione peut encore sortir du chapeau ou des secrets de Palais ? Réponse aux prochaines élections.

 

Patrick Noviello

29 Jan

Les fractures françaises et l’impossible analyse

Notre pays est-il en train de se refermer sur lui-même ? C’est ce que tend à prouver le baromètre Ipsos-Steria « fractures françaises » réalisé pour Le Monde, France Inter, la Fondation Jean Jaurès et le Cévipof. 79% des français interrogés y pensent qu’ « on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ». Que vaut une société qui n’a plus confiance en elle-même ou en autrui ? A quelles extrémités peut-elle se livrer ?

Au regard de la morosité qui s’installe dans l’opinion publique, cette étude fait planer quelque chose d’inquiétant chez les analystes sociétaux que nous sommes. Rajoutons à cela que 66% des interrogés sont d’accord avec l’idée qu’il y a trop d’étrangers en France et que près de 50% des français seraient pour le rétablissement de la peine de mort, on sent évidemment comme une radicalisation de l’opinion.

Quelles préoccupations ?

Défiance également à l’égard de la classe politique, phénomène que nous connaissons bien. Nous, journalistes politiques, ne sommes pas forcément là pour combattre ce phénomène mais pour essayer de rendre le débat démocratique accessible voire intéressant. Pourtant, toujours selon cette étude, pour 74% des sondés,  les journalistes ne parlent pas des vrais problèmes des français.

Je me permets donc une légère riposte. Que penser de cette réponse en rapport avec les premiers mots de cette chronique (Notre pays est-il en train de se refermer sur lui-même ?) ? Est-ce nous qui ne captons pas les préoccupations majeures des français ou celles-ci sont-elles si individuelles qu’impossibles à exposer dans leur ensemble ?

Dans un autre registre, la divergence de point de vue n’est-elle pas aussi trop opposée désormais. Prenons l’exemple, certes souvent ressassé mais toujours marquant, du clivage entre les catégories populaires et plus aisées, toujours selon ce baromètre. Comment expertiser un thème comme la mondialisation quand pour 68% des cadres elle est une opportunité et quand pour 74% des ouvriers, elle représente une menace ?

Municipales au révélateur

Autant vous dire que le prochain scrutin va se dérouler dans un véritable chaudron idéologique, pas forcément très fin en termes d’ingrédients contenus, mais très brûlant. Le maire est sensé incarné l’élu le plus proche et populaire pour les citoyens. Ça tombe bien quand toutes les autres institutions sont au plus bas (72% des français n’ont pas confiance dans l’Assemblée Nationale, 73% dans le Sénat). Paradoxalement 84% des personnes interrogées s’accordent à dire qu’on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre. Ils sont aussi nombreux à penser que les hommes et femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels.

Ces Municipales ne constituent-elles pas pour la classe politique l’occasion de prouver le contraire ? Les candidats ont l’occasion d’exposer des projets collectifs et concernant pour le grand public, le tout à l’échelle d’une commune. Profitons-en parce que dès ce scrutin passé, les élections Européennes, elles, vont plutôt nous ramener à des considérations de partis voire de blocs de partis. Une guerre d’étiquettes qui ne risque pas d’améliorer l’image de l’élu dans l’opinion publique.

Patrick Noviello

17 Jan

Régions : à géographie variable

Mais que va-t-il advenir de notre région ? Les rumeurs les plus folles se sont mises à circuler après l’allocution du Président de la République. François Hollande a proposé de « doter les régions d’un pouvoir réglementaire mais d’en réduire le nombre ». Dans la foulée, sur les réseaux sociaux, les caractères s’enflammaient : en Aquitaine, on se voit fusionner avec Midi-Pyrénées, mais en Languedoc-Roussillon aussi, le département des Pyrénées orientales pourraient être annexé, on parle aussi de l’Aude ou encore de la Lozère etc… Au journal de 20h de France2, on nous ressortait l’étude qui ramènerait la France à quinze entités (la notre ne bougerait pas selon cette hypothèse).

Compétences nouvelles ?

Alors qu’en pense celui qui dirige Midi-Pyrénées, Martin Malvy ? «François Hollande n’est pas le premier à parler du périmètre des Régions. Il est par contre le premier à évoquer le sujet en l’assortissant d’une volonté de renforcement de leurs missions et responsabilités. Et en cela le président de la République est novateur car le problème du périmètre n’a de signification que si on l’assortit de compétences nouvelles indispensables à une clarification et à l’efficacité des politiques publiques. ». Ok  pour la réduction donc, mais à condition d’avoir d’avantage la main.

Des compétences, les régions en ont déjà beaucoup, mais là où le bât blesse ce sont les finances. Communes, départements et régions sont au régime sec depuis le 1er janvier, avec une diminution annoncée de 1,5 milliard d’euros cette année de leurs dotations, et ce ne sera pas mieux l’année prochaine. Des dépenses publiques que François Hollande souhaite justement voire maîtriser par cette diminution de nombre de région. Là au-delà des guerres de clocher, ce sont de nombreux avis d’experts qui s’élèvent pour dire que les économies seront anecdotiques.

Où faire des économies ?

Seulement, quid des anciennes villes capitales en cas de fusion des régions ? Que faire des agents territoriaux administratifs s’il n’y a plus qu’un hôtel de région au lieu de deux ? Ne devra-t-il pas être maintenu des antennes de proximité pour certains services ? L’étude qui parle d’un France à 15 entités territoriales n’a par exemple jamais garanti la moindre économie en termes de dépenses.

Et les Verts de, si ce n’est de complexifier, d’ étoffer le débat. Gérard Onesta propose par exemple la création d’une seconde assemblée régionale qui serait le fruit de la disparition des départements. « Une assemblée qui représente les citoyens, et une deuxième qui représente les territoires » explique le vice-président EELV de la région. Là pour le coup, des économies seraient faites, le nombre d’élus départementaux étant diminué des deux tiers.

Supprimer les départements c’est aussi l’idée de Jean-François Copé. Mais côté UMP Midi-Pyrénées, pour Elisabeth Pouchelon, « la réforme ne doit pas être une question de taille de territoire ou de découpage mais d’efficacité, de simplification et d’économie ». On en revient toujours là : l’argent le nerf de la guerre avec un millefeuille administratif à dégraisser. Reste à savoir quelle couche peut ou doit être supprimée…

 

Patrick Noviello

12 Nov

Ma vie aux urgences

« Les urgences, parfois, ont des allures de Vaudeville. Il manque le placard et l’amant caché dedans. Certains jours, l’opérette cède la place à la tragédie antique. L’hôpital est un théâtre : on y chante ce que nous sommes, ce qui nous détermine ou nous émeut. En bien, en mal, ce lieu est un athanor alchimique où se distille lentement l’humanité malade de la vie »

 

CVT_Alors-voilaLes-1001-vies-des-Urgences_484Le décor est ainsi planté. Baptiste Beaulieu est interne à l’hôpital d’Auch alors qu’il écrit ces lignes. Il raconte comme au théâtre mais en même temps il vit dans cet endroit et en ressent tous les sentiments inhérents.

L’auteur se prend d’affection pour une patiente en soin palliatifs, condamnée par un cancer et qui attend pour mourir que son fils, coincé par le nuage d’un volcan en Islande, puisse reprendre un avion pour venir la voir une dernière fois.
Elle lui dit :
– Une question me tarabuste depuis des années ? Pourquoi attendons-nous aussi longtemps aux urgences ? Y-a-t-il un secret ? Une sorte de mystérieux triangle des Bermudes qui naîtrait dans les salles d’attente et dilaterait les minutes en heures ?

L’interne rit intérieurement et repense à un patient vu quelques heures auparavant parce qu’il avait le coude douloureux seulement quand il l’agitait dans tous les sens. Quelle idée de faire ça à son coude… Ou encore un autre qui lui dit préférer venir à l’hôpital plutôt que de déranger pour rien son médecin généraliste !

Le narrateur reste toutefois objectif : le problème ne vient pas toujours des patients. Et Baptiste Beaulieu d’habiller certains de ses chefs pour l’hiver.
« Le chef Gueulard tient le téléphone devant le vide-ordure qui lui sert de bouche. Je l’entends vociférer au téléphone sa haine des Urgences, du personnel des Urgences, etc. pour lui, les Urgences sont le paillasson sur lequel il essuie ses frustrations ».

Les urgences un univers à part que Baptiste Beaulieu humanise par sa façon parfois onirique de voir les choses ou les situations. Il parvient à cet enchantement tout en remettant régulièrement les choses à plat :
« Aux urgences, les patients viennent puis repartent. Chez eux ou dans les services. On ne sait pas ce qu’ils deviennent : vie ? mort ? guérison ? aggravation ? Mystère… Pire on ignore qui est vraiment le coupable. »

Ce qui marquera le lecteur dans cette compilation de notes et de souvenirs (au départ un blog) c’est la description au plus près de la mort que fait le soignant. Sans fard mais sans pathos, sans pincettes mais sans volonté de choquer pour choquer. En atteste cette rencontre entre un de ses chefs et une patiente : « Je le vois se confier à cette parfaite inconnue sans m’en étonner : au seuil du grand passage, les convenances et les frontières sont abolies. Nous ne sommes jamais vraiment étrangers à une personne qui va mourir ».

Baptiste Beaulieu ne tombe pas plus dans l’angélisme quand il s’agit de décrire l’environnement économique dans lequel il évolue, un milieu où l’argent reste le nerf de la guerre (voir l’actualité sociale) : « L’argent est un sujet tabou à l’hôpital. Officiellement, la santé des gens ne se monnaye pas ! Officieusement ? il en est question partout. C’est comme une grosse pépite d’or qui roule dans les couloirs. On court après. Tout le temps. Le directeur, l’administration, les chefs de service, c’est une vraie chasse au trésor. A l’hôpital, officiellement, on ne parle pas d’argent. Le silence est d’or et cet or est joueur… ».
Lisez « Alors voilà » et vous ne verrez plus votre attente aux urgences de la même façon. C’est en partie pour ça que Baptiste Beaulieu a écrit ce livre, un ouvrage également hommage au personnel soignant.

Patrick Noviello

« Alors Voilà. Les 1001 vies des urgences ». Baptiste Beaulieu. Fayard.

Baptiste Beaulieu sera l’invité de « La Voix est Libre » consacrée aux urgences le 16 novembre.

14 Oct

Municipales : Pour qui et pourquoi voter ?

Menaces de vote sanction contre l’actuelle majorité socialiste, appel à l’alternance, ombre du FN sur le scrutin. N’est-il pas temps de se poser les bonnes questions ?

Voilà que l’on nous fait d’une Cantonale partielle, un évènement majeur. Je parle évidemment de celle de Brignoles, dans le Var, pour ceux qui rentreraient d’un voyage de quinze jours au Groenland et ne seraient pas au courant. Quoi ? Le FN peut emporter une élection locale partielle avec 5000 voix ? Eh bien oui. Ce n’est pas une première et sûrement pas une dernière.

Les analystes de notre belle et palpitante vie politique n’ont pas attendu les résultats définitifs pour s’emparer du dossier. La mèche avait été allumée dès le premier tour. J’aurais bien aimé avoir autant d’échos et de téléspectateurs au moment où Laurent Dubois et moi-même, essayions d’expliquer les enjeux des dernières cantonales et à quoi sert un conseil général.

Brignoles et après ?

Donc les analyses sur l’effet Brignoles se multiplient mais pour nous dire quoi ? Principalement que le FN pourrait jouer un rôle majeur dans les prochaines Municipales et majoritairement dans les communes de moins de 3000 habitants. Mais ce parti a-t-il envie de gérer des petites villes ou des villages ? Eux-mêmes, j’en suis sûr, sont bien conscients qu’ils n’en auraient pas les forces vives. Mais le prochain scrutin est une caisse de résonnance formidable pour les Marinistes. Quant au suivant ? « Front National : le premier parti de France aux Européennes de juin » selon un sondage IFOP pour le Nouvel Observateur. Au nom de quoi ? Sur quels critères ? Décidément, le FN fait vendre du papier et des sondages.

Et puis nous sommes dans un pays qui aime bien se faire peur : « Imaginez si les frontistes entraient en force dans les Conseils Municipaux à la faveur du nouveau mode de scrutin ! », « Imaginez si la droite se décide à faire alliance dans l’entre-deux tours, comme ça, ni vu ni connu, avec des candidats sans étiquette mais qui seraient à la solde du FN ! », « Imaginez si telle ou telle commune venait à être conquise ! » et si, et si…

Hommes ou étiquette ?

« Pour qui et pourquoi vont voter les électeurs » reste sans aucun doute les seules questions qui vaillent d’être posées. N’est-il pas rabâché que pour des Municipales plus que pour toute autre élection, le citoyen vote pour un homme ou une femme qu’il connaît de près ou de loin, plutôt que pour une étiquette. Oui mais par exemple à Toulouse, quel nouvel arrivant connaît Cohen, Moudenc, Maurice, De Veyrac…. et Laroze.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que le FN puisse figurer au second tour à Toulouse. Et Serge Laroze, le candidat frontiste, n’y croit d’ailleurs pas lui-même à vrai dire ou tout du moins la dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il ne m’en a pas convaincu. Mais ailleurs qu’à Toulouse ? Dans les villes préfectures, les communes moyennes ou même dans les campagnes où les dernières Législatives ont été teintées d’un bleu très foncé sur certaines circonscriptions ?

Contestation et alternative

Là encore certains s’inquiètent, lancent des incantations menaçantes comme cette tête de liste socialiste désigné dans le Tarn et Garonne qui prédit un grand risque F.N à Moissac. D’autres ne voudraient pas que, l’année du centenaire de la mort de Jaurès, ses terres tarnaises plébiscitent le parti de Marine Le Pen. Des listes se préparent à Saint-Benoît de Carmaux et Carmaux.

Mais pourquoi utiliser le bulletin FN alors ? Pour contester, faire-valoir sa déception de « l’UMPS » comme on dit chez les frontistes ? Pour une alternative ? Pour changer ? Pour bien voir ce qu’ils seront capables de faire que n’ont pas réalisé les parti traditionnels (en dehors des sempiternels thèmes de la sécurité et de l’émigration) ? Les trottoirs seront-ils plus propres repeints en bleu marine ? Les routes seront-elles moins embouteillées ? Les impôts locaux vont-ils baisser ?

Parce que les véritables problématiques de ces élections, ce sont celles-là. Une vague plus ou moins bleue foncée au soir du 30 mars prochain ne renversera pas le gouvernement. François Hollande restera à l’Elysée jusqu’en 2017 et se représentera dans la foulée (je dis ça pour les impatients de droite comme de gauche).

En revanche :

  • si vous vous demandez pourquoi vous avez encore écrasé une déjection canine alors que vous leviez les yeux au ciel pour compter les étages de l’immeuble qui se construit en face de chez vous,
  • si vous vous rendez-compte qu’une heure de stationnement en centre-ville coûte désormais un euro cinquante mais qu’il y a plus de pistes cyclables ou encore que votre bus passe plus fréquemment qu’avant et qu’il est plus confortable,

là vous pourrez vous demander pour qui et pourquoi vous allez voté le 23 mars prochain.

Patrick Noviello

27 Sep

Les « pousse-au-crime »

C’est peu de dire que le gouvernement Ayrault et le Président Hollande n’ont actuellement pas la côte dans l’opinion. Mais cette semaine, une limite a sans doute été franchie après les propos du sénateur UMP Eric Doligé. Des joutes verbales nauséabondes qui nous ramènent un siècle en arrière.

Voici les propos, qu’Eric Doligé a tenus sur le site Le Lab Europe 1 « Moi je dois vous dire que j’ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des citoyens, moi je ne supporte plus Hollande et sa bande ! ». Et le sénateur de surenchérir : « Moi, j’ai une liste de gens que je peux vous donner sur qui il faut tirer, hein. Il y en a une quarantaine, c’est tous ceux du gouvernement. »

Croyez-vous qu’à ce moment-là, ses collègues de l’UMP qui l’accompagnent s’en offusquent ou en restent interdits ? Point du tout puisque que Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de Marseille, rajoute même en riant : « Je peux donner les kalachnikov ». C’est vrai que quand on voit l’usage qui est fait des armes dans sa ville, il est bienvenu pour le premier magistrat de la cité de faire de l’humour autour des noms de fusil automatique…

Quelles sanctions ?

La première réflexion que m’inspire ce débordement verbal est la même que celle de mon confrère Hubert Huertas. A travers un édito brillant, ce dernier nous demande d’imaginer quelles auraient été les réactions et les sanctions si de tels propos avaient été tenus par un lycéen, un étranger ou encore un chanteur de rap. Exemple fictif de ce que cela pourrait donner dans la bouche d’un lycéen, toujours sous la plume du spécialiste politique de France Culture.

« Moi je vous dis que j’ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des élèves, moi je ne supporte plus le proviseur et sa bande de profs. On a assez de profs sur qui tirer pour nous laisser libre de dire ce qu’on a envie de dire ». Quelles sanctions seront décidées par les instances de l’UMP à l’encontre d’Eric Doligé ? J’attends de voir…

Le souvenir de Jaurès

La deuxième réflexion que m’inspirent les paroles acides de Monsieur Doligé me ramène un siècle en arrière, en 1914, quand à l’aube de la première guerre mondiale, les adversaires politiques au pacifisme de Jean Jaurès appelaient également à un instinct criminel. Dans son ouvrage « 1914 » (XO Editions), l’historien Max Gallo nous en retrace bien le contexte. « Charles Péguy, devenu un patriote exalté met sa passion et son talent au service de sa nouvelle cause : « En ces temps de guerre, dit-il, il n’y a qu’une politique et c’est la politique de la Convention nationale. Mais il ne faut pas se dissimuler que la politique de la Convention nationale, c’est Jaurès dans une charrette et un roulement de tambour pour couvrir cette grande voix.» Voilà Jaurès promis à la guillotine. »

Aujourd’hui, les fusils automatiques ont remplacé la guillotine, Hollande n’est évidemment pas Jaurès, la guerre ne menace pas notre pays, mais il me semblait que les débordements verbaux du siècle dernier avaient servis de leçon. Apparemment non.

Patrick Noviello

 

12 Sep

Etat-Région : gagnant-gagnant ?

Deux heures d’entretien avec le premier ministre pour négocier le montant des futurs contrats de plan Etat-Région (2014-2020), c’est le temps qu’ont eu les présidents régionaux pour négocier.

Sur la traditionnelle trame « toujours plus de responsabilité et de moins en moins de ressources », Martin Malvy a donc trouver quelques arguments supplémentaire, même s’il «comprends le besoin actuel de réduire les dépenses ».


Interview de Martin Malvy par france3midipyrenees

Premier élément de satisfaction pour les élus régionaux, l’annonce prochaine d’un grand plan de rénovation du réseau ferré existant par RFF (sous-entendu les lignes empruntées par les TER financés par Régions). Autre inquiétude soulevée par Martin Malvy : la crainte d’une réduction des Fonds Européens de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. Là où il redoutait une chute de 37% de ces fonds, ce ne sera finalement que 10% qui disparaîtront sur l’autel de la restriction budgétaire. « L’Etat a compensé » explique Martin Malvy.
Et l’agriculture ?
De son côté Jean-Marc Ayrault a défini les grandes priorités de ces futurs contrats de plan : innovation, filières d’avenir et l’usine du futur, couverture du territoire en haut-débit et développement des usages du numérique, transition écologique et énergétique et mobilités multimodales. « Ces orientations doivent toutes contribuer à l’emploi » affirme déterminé le premier ministre.
Grande oubliée de ces priorités selon l’opposition régionale : l’agriculture. Elle représentait 160 millions d’euros dans la précédente enveloppe. « Les élus du Groupe Osons Midi-Pyrénées font part de leur vive inquiétude face aux orientations données  par le gouvernement ». Si plus d’un milliard d’euros a été versé par l’Etat à Midi-Pyrénées sur le précédent contrat, aucune indication n’a été donnée par le premier ministre aux présidents de région pour le prochain.
Pas avant 2015
De nouvelles négociations vont maintenant avoir lieu entre chaque région et l’Etat. Puis viendra le temps du débat dans l’hémicycle régional pour déterminer les projets à mener. La région devra aussi discuter avec les autres collectivités territoriales, départements en premier, au vu du scrutin municipal qui approche. En raison de ce dernier, le futur contrat de plan ne devrait pas être acté avant juin ou septembre 2014 pour une probable application en 2015.

Etat-Région : gagnant-gagnant ?

Deux heures d’entretien avec le premier ministre pour négocier le montant des futurs contrats de plan Etat-Région (2014-2020), c’est le temps qu’ont eu les présidents régionaux pour négocier.

Sur la traditionnelle trame « toujours plus de responsabilité et de moins en moins de ressources », Martin Malvy a donc trouver quelques arguments supplémentaire, même s’il «comprends le besoin actuel de réduire les dépenses ».


Interview de Martin Malvy par france3midipyrenees

Premier élément de satisfaction pour les élus régionaux, l’annonce prochaine d’un grand plan de rénovation du réseau ferré existant par RFF (sous-entendu les lignes empruntées par les TER financés par Régions). Autre inquiétude soulevée par Martin Malvy : la crainte d’une réduction des Fonds Européens de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. Là où il redoutait une chute de 37% de ces fonds, ce ne sera finalement que 10% qui disparaîtront sur l’autel de la restriction budgétaire. « L’Etat a compensé » explique Martin Malvy.
Et l’agriculture ?
De son côté Jean-Marc Ayrault a défini les grandes priorités de ces futurs contrats de plan : innovation, filières d’avenir et l’usine du futur, couverture du territoire en haut-débit et développement des usages du numérique, transition écologique et énergétique et mobilités multimodales. « Ces orientations doivent toutes contribuer à l’emploi » affirme déterminé le premier ministre.
Grande oubliée de ces priorités selon l’opposition régionale : l’agriculture. Elle représentait 160 millions d’euros dans la précédente enveloppe. « Les élus du Groupe Osons Midi-Pyrénées font part de leur vive inquiétude face aux orientations données  par le gouvernement ». Si plus d’un milliard d’euros a été versé par l’Etat à Midi-Pyrénées sur le précédent contrat, aucune indication n’a été donnée par le premier ministre aux présidents de région pour le prochain.
Pas avant 2015
De nouvelles négociations vont maintenant avoir lieu entre chaque région et l’Etat. Puis viendra le temps du débat dans l’hémicycle régional pour déterminer les projets à mener. La région devra aussi discuter avec les autres collectivités territoriales, départements en premier, au vu du scrutin municipal qui approche. En raison de ce dernier, le futur contrat de plan ne devrait pas être acté avant juin ou septembre 2014 pour une probable application en 2015.

Cumulards ou pas ?

Jean-Michel Baylet ©JACQUES DEMARTHON / AFP

« Oui mon maire est aussi député, mais ça sert quand on veut faire remonter un dossier de la ville à Paris »… L’argument massue moult fois répété peut faire mouche. Mais d’autres répondront : « être à Paris ou sur ses terres d’élections, c’est ingérable, il faut choisir ». Le tout pendant que les Sénateurs tonneront, révoltés : « Nous représentons les collectivités territoriales de la République, alors quoi de plus normal que nous y soyons aussi élus… »

Ah le serpent de mer du cumul des mandats… Cette semaine, c’est l’Express qui fourre son nez dedans. Et là, que peut-on y découvrir, nous Midi-Pyrénéens ? Que sept de nos élus figurent les 141 plus gros cumulards de France. Parmi les « mieux » classés : Jean-Michel Baylet 3ème, Martin Malvy 15ème et Pierre Cohen 28ème.
Que peut-on en conclure ? Pas grand-chose à vrai dire. D’autant que certains, comme Martin Malvy, contestent ce classement. « Comment confondre mandats indemnisés et fonctions non rémunérées, le mélange est étrange » s’interroge le président de région. Et l’ancien ministre de conclure : « Plus sérieux serait de rechercher les cumuls de mandats et celui d’activités professionnelles- ce qui ne me paraît pas moins chronophage bien évidemment- mais qui est à l’évidence infiniment plus intéressé ».
Justement, ce sera tout l’objet de la loi en cours d’examen. Si elle est adoptée, tout parlementaire français ou européen ne pourra plus diriger une collectivité locale. Et pour en revenir aux propos de Martin Malvy, le rapporteur du texte affirme dans les pages de l’Express : « L’objection est légitime. C’est pourquoi, à terme, le cumul entre un mandat de parlementaire et une activité professionnelle sera aussi interdit ». Je trouve Christophe Borgel bien optimiste, mais je ne demande qu’à voir ça. Et l’Express de nuancer également le propos en expliquant que bon nombre de parlementaires de la majorité n’y seraient pas forcément favorables « en particulier les Radicaux de Gauche dont les voix seront précieuses pour l’adoption du texte et dont le président, Jean-Michel Baylet, tient par-dessus tout à rester patron du groupe de presse La Dépêche… »
Quoi qu’il en soit si la loi sur le non-cumul est adoptée, elle prendra effet en fonction des scrutins à venir : en juin 2017 pour les députés, en septembre de la même année pour les Sénateurs et en juin 2019 pour les députés européens. D’ici là, on n’aura le temps d’en reparler… et de cumuler.
Patrick Noviello

Cumulards ou pas ?

Jean-Michel Baylet ©JACQUES DEMARTHON / AFP

« Oui mon maire est aussi député, mais ça sert quand on veut faire remonter un dossier de la ville à Paris »… L’argument massue moult fois répété peut faire mouche. Mais d’autres répondront : « être à Paris ou sur ses terres d’élections, c’est ingérable, il faut choisir ». Le tout pendant que les Sénateurs tonneront, révoltés : « Nous représentons les collectivités territoriales de la République, alors quoi de plus normal que nous y soyons aussi élus… »

Ah le serpent de mer du cumul des mandats… Cette semaine, c’est l’Express qui fourre son nez dedans. Et là, que peut-on y découvrir, nous Midi-Pyrénéens ? Que sept de nos élus figurent les 141 plus gros cumulards de France. Parmi les « mieux » classés : Jean-Michel Baylet 3ème, Martin Malvy 15ème et Pierre Cohen 28ème.
Que peut-on en conclure ? Pas grand-chose à vrai dire. D’autant que certains, comme Martin Malvy, contestent ce classement. « Comment confondre mandats indemnisés et fonctions non rémunérées, le mélange est étrange » s’interroge le président de région. Et l’ancien ministre de conclure : « Plus sérieux serait de rechercher les cumuls de mandats et celui d’activités professionnelles- ce qui ne me paraît pas moins chronophage bien évidemment- mais qui est à l’évidence infiniment plus intéressé ».
Justement, ce sera tout l’objet de la loi en cours d’examen. Si elle est adoptée, tout parlementaire français ou européen ne pourra plus diriger une collectivité locale. Et pour en revenir aux propos de Martin Malvy, le rapporteur du texte affirme dans les pages de l’Express : « L’objection est légitime. C’est pourquoi, à terme, le cumul entre un mandat de parlementaire et une activité professionnelle sera aussi interdit ». Je trouve Christophe Borgel bien optimiste, mais je ne demande qu’à voir ça. Et l’Express de nuancer également le propos en expliquant que bon nombre de parlementaires de la majorité n’y seraient pas forcément favorables « en particulier les Radicaux de Gauche dont les voix seront précieuses pour l’adoption du texte et dont le président, Jean-Michel Baylet, tient par-dessus tout à rester patron du groupe de presse La Dépêche… »
Quoi qu’il en soit si la loi sur le non-cumul est adoptée, elle prendra effet en fonction des scrutins à venir : en juin 2017 pour les députés, en septembre de la même année pour les Sénateurs et en juin 2019 pour les députés européens. D’ici là, on n’aura le temps d’en reparler… et de cumuler.
Patrick Noviello