12 Sep

Cumulards ou pas ?

Jean-Michel Baylet ©JACQUES DEMARTHON / AFP

« Oui mon maire est aussi député, mais ça sert quand on veut faire remonter un dossier de la ville à Paris »… L’argument massue moult fois répété peut faire mouche. Mais d’autres répondront : « être à Paris ou sur ses terres d’élections, c’est ingérable, il faut choisir ». Le tout pendant que les Sénateurs tonneront, révoltés : « Nous représentons les collectivités territoriales de la République, alors quoi de plus normal que nous y soyons aussi élus… »

Ah le serpent de mer du cumul des mandats… Cette semaine, c’est l’Express qui fourre son nez dedans. Et là, que peut-on y découvrir, nous Midi-Pyrénéens ? Que sept de nos élus figurent les 141 plus gros cumulards de France. Parmi les « mieux » classés : Jean-Michel Baylet 3ème, Martin Malvy 15ème et Pierre Cohen 28ème.
Que peut-on en conclure ? Pas grand-chose à vrai dire. D’autant que certains, comme Martin Malvy, contestent ce classement. « Comment confondre mandats indemnisés et fonctions non rémunérées, le mélange est étrange » s’interroge le président de région. Et l’ancien ministre de conclure : « Plus sérieux serait de rechercher les cumuls de mandats et celui d’activités professionnelles- ce qui ne me paraît pas moins chronophage bien évidemment- mais qui est à l’évidence infiniment plus intéressé ».
Justement, ce sera tout l’objet de la loi en cours d’examen. Si elle est adoptée, tout parlementaire français ou européen ne pourra plus diriger une collectivité locale. Et pour en revenir aux propos de Martin Malvy, le rapporteur du texte affirme dans les pages de l’Express : « L’objection est légitime. C’est pourquoi, à terme, le cumul entre un mandat de parlementaire et une activité professionnelle sera aussi interdit ». Je trouve Christophe Borgel bien optimiste, mais je ne demande qu’à voir ça. Et l’Express de nuancer également le propos en expliquant que bon nombre de parlementaires de la majorité n’y seraient pas forcément favorables « en particulier les Radicaux de Gauche dont les voix seront précieuses pour l’adoption du texte et dont le président, Jean-Michel Baylet, tient par-dessus tout à rester patron du groupe de presse La Dépêche… »
Quoi qu’il en soit si la loi sur le non-cumul est adoptée, elle prendra effet en fonction des scrutins à venir : en juin 2017 pour les députés, en septembre de la même année pour les Sénateurs et en juin 2019 pour les députés européens. D’ici là, on n’aura le temps d’en reparler… et de cumuler.
Patrick Noviello