28 Avr

La députée PS Cathy Lemorton a-t-elle fait pression sur un avocat toulousain ?

L’avocat d’une salariée poursuivi par la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale. L’affaire n’est pas banale. Mais elle débute de manière assez « classique ». Une collaboratrice de la députée PS de Haute-Garonne Catherine Lemorton fait l’objet d’une procédure de licenciement. L’ex-employée tente une conciliation et finit par saisir la juridiction prud’homale. L’affaire est un contentieux du travail comme il en existe des milliers en France et la députée Lemorton n’est pas la première parlementaire à se retrouver sur la sellette.

Les législateurs entretiennent des relations parfois compliquées avec le code du travail. Mais la suite des événements est beaucoup plus originale. L’avocat de la salariée licenciée écrit au président de l’Assemblée, Claude Bartelone et au président du groupe PS, Bruno Le Roux. Catherine Lemorton n’apprécie pas du tout. Elle saisit, par l’intermédiaire de son avocate, le Bâtonnier de Toulouse en invoquant « un chantage sur un élu de la République ». Une enquête déontologique est ouverte. 

La députée Cathy Lemorton (Photo : AFP)

La députée Cathy Lemorton (Photo : AFP)

10 septembre 2015, Véronique Dufor est convoquée pour un entretien préalable à un licenciement. Elle travaille pour la députée de Haute-Garonne depuis 2007. Catherine Lemorton souhaite rompre son contrat de travail. Motif : « absences répétées et prolongées (qui) perturbent le fonctionnement de la permanence« . C’est la fin d’une collaboration qui se déroulait sans grosse anicroche. Quelques remarques sur un manque d’investissement politique. Véronique Dufor est une militante PS (encartée jusqu’en décembre 2015) mais, selon l’ancienne salariée, sa patronne trouve qu’elle manque d’enthousiasme pour distribuer des tracts ou participer à des réunions. Rien de très méchant. En 2011, un accroc plus sévère se produit. Véronique Dufor utilise le téléphone fixe et le portable de la permanence parlementaire à des fins personnelles. La facture est salée : 1 801, 53 euros. Catherine Lemorton adresse un rappel à l’ordre à sa collaboratrice qui s’engage à rembourser les sommes. Ces faits (aujourd’hui prescrits) auraient pu motiver un licenciement pour faute. Mais c’est en 2015, quatre ans plus tard, que le divorce est consommé.

Le licenciement est engagé en 2015

Une série d’arrêts maladie et de longues semaines d’absence (9 mars au 10 avril 2015, 6 mai au 31 juillet 2015, 26 août au 30 septembre 2015) finissent par conduire à un licenciement. Un licenciement dont l’ex-salariée ne conteste pas le principe mais les modalités pratiques. Véronique Dufor prend un conseil, Maître Claude Yéponde, du barreau de Toulouse. Le 21 septembre 2015, l’avocat toulousain écrit à Catherine Lemorton. Dans le courrier, Maître Yéponde propose « une solution négociée » tout en laissant planer la possibilité d’une action en justice. La réponse ne tarde pas. Elle est datée du 28 septembre. Elle se résume à une fin de non-recevoir : « votre lettre…n’est en rien le reflet de la réalité… la formulation est empreinte d’affirmations inutilement menaçantes, je prends rendez-vous avec mon conseil ». 

L’avocat écrit au président de l’Assemblée Nationale

Trois mois plus tard le ton monte d’un cran. Le 17 décembre 2015, l’avocat de l’ex-salariée fait remonter l’affaire vers le quatrième personnage de l’Etat, le président (socialiste) de l’Assemblée Nationale, Claude Bartelone, et vers le président du groupe PS au Palais-Bourbon, Bruno Leroux. Dans une lettre que s’est procurée France 3 Midi-Pyrénées, Maître Claude Yéponde écrit : « Compte tenu de ses fonctions et de ses hautes responsabilités au sein de cette Commission (ndlr des affaires sociales) et alors que sa connaissance et son application du droit du travail devraient être exemplaires, il me semblait essentiel de vous alerter sur les nombreux manquements qu’elle (Catherine Lemorton) a pu commettre à l’égard de ma cliente‘ ».

Voici la lettre envoyée au président de l’assemblée nationale :

L’avocat de la députée saisit le conseil de l’ordre

La lettre finit au panier. Mais du côté de Catherine Lemorton, pas question d’en rester là. Le bâtonnier de Toulouse est saisi et une enquête déontologique est ouverte. Contactée par France 3, Catherine Lemorton nie être à l’origine de la contre-attaque : « ce n’est pas moi mais mon avocate‘. Effectivement, selon nos informations, c’est bien Maître Vaysse-Lacoste, avocate au barreau de Toulouse et membre du conseil de l’Ordre qui a lancé la procédure. Une procédure qui a débouché, selon plusieurs sources concordantes, sur une convocation. Catherine Lemorton déclare : « Il peut être radié ou suspendu, c’est grave de faire pression sur un justiciable« . En réalité, selon une source judiciaire, l’épée de Damoclès se limite plutôt à un blâme ou à un avertissement.

En revanche, Catherine Lemorton cherche visiblement à calmer le jeu et à dégonfler les choses. La ligne « ce n’est pas moi mais mon avocate » va dans ce sens. Problème. Ce n’est pas très convaincant. Maître Vaysse-Lacoste la représente et agit au nom de sa cliente : Catherine Lemorton. D’ailleurs, c’est elle qui plaidera aux prud’hommes le dossier « Lemorton/Dufor ».

Les acrobaties verbales de la députée de Haute-Garonne traduisent simplement un malaise. C’est normal. Attaquer un avocat qui défend une salariée, c’est difficile à assumer. Surtout de la part d’une présidente socialiste de la commission des Affaires sociales

Laurent Dubois (@laurentdub)

27 Avr

Primaire à droite : le programme de la visite toulousaine de François Fillon

La tournée toulousaine des candidats à la primaire de la droite continue. Après Nathalie Kocsiusko-Morizet et Jean-François Copé cette semainece sera au tour de François Fillon le 12 mai prochain.

François Fillon (Photo : AFP)

François Fillon (Photo : AFP)

L’ancien premier ministre vient d’arrêter son programme avec son comité de soutien en Haute-Garonne. Un comité présidé par Jean-Marie Belin.

François Fillon arrivera en début d’après-midi. La première étape sera thématique et dédiée à l’agroalimentaire du futur. Une table ronde se déroulera, à Labège, dans les locaux d’Agronutrition. Anciennement située sur le site d’AZF, cette entreprise est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de compléments alimentaires à base d’oligo-aliments et d’algues.

Deux starts-up seront invitées à débattre avec François Fillon.

Le second volet de la visite sera plus politique. Une rencontre est prévue avec des élus. Ce sera l’apéritif avant le plat central : un meeting dans le gymnase de Balma, sur les terres du conseiller régional et maire de la ville, Vincent Terrail-Novès. Des personnalités régionales sont conviées : Gérard Trémège, le maire de Tarbes et conseiller régional, Brigitte Barèges maire de Montauban, Marie-Thérèse Sanchez-Schmid députée européenne. Dominique Reynié, président du groupe de la droite et du centre au conseil régional, pourrait participer au meeting.

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et la députée de Haute-Garonne/Présidente de la fédération LR31, Laurence Arribagé sont invités. Ils ne souhaitent pas prendre la parole mais leur présence semble acquise.

Jean-Marie Belin souhaite complèter ce programme (table ronde, rencontre avec des élus, meeting) avec une visite sur le terrain, auprès des agriculteurs à Montastruc-la-conseillère (31). Cette formule n’est pas encore validée et elle sera, éventuellement, calée en fin de matinée, avant la table ronde sur l’agroalimentaire.

Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Avr

[Exclusif] Jean-François Copé : « Rien n’est joué pour 2017 »

Deux mois après l’annonce de sa candidature, Jean-François Copé multiplie les déplacements à un rythme soutenu. Carcassonne, Nîmes, Manosque et Cavaillon la semaine dernière. Ce  mercredi 27 avril, il est à Toulouse avant les Pyrénées-Orientales. Les sondages ne classent pas Jean-François Copé parmi les favoris de la primaire. Il oscille entre 1 et 3 points dans les baromètres. Mais l’ancien président de l’UMP affirme qu’il peut gagner même s’il relativise en précisant qu’il a « conscience d’attaquer l’Himalaya par la face Nord« .

Dans une interview exclusive pour Le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées, Jean-François Copé déclare disposer des parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire et cite parmi ses soutiens la députée de Haute-Garonne et présidente de LR31, Laurence Arribagé. Le candidat à la primaire se prononce également sur les « chances » d’Alain Juppé et défend son programme.

Jean-François Copé (Photo : AFP)

Jean-François Copé (Photo : AFP)


Le Blog Politique. Vous étiez opposé au principe des primaires. Vous êtes désormais candidat et engagé dans la compétition. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis et convaincu de vous présenter sur la ligne de départ ?

Jean-François Copé. C’est vrai qu’à l’origine je n’étais pas à l’aise avec ce principe des primaires. Il me semblait en rupture avec l’esprit de la Vème République, celui de la rencontre d’un homme et du peuple… J’ai évolué ! Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui aucun leader naturel ne s’impose à droite. Et comme il serait suicidaire d’utiliser le premier tour de l’élection présidentielle pour départager tous les candidats de notre famille politique, mieux vaut le faire dans le cadre de primaires ! Elles permettront de dégager un candidat reconnu par l’ensemble de la droite et du centre. A titre personnel, je m’étais donné deux critères pour être sur la ligne de départ. Le premier était d’être lavé de tout soupçon dans l’affaire dite Bygmalion, sur le financement de la campagne présidentielle de 2012. Les juges, vous le savez, m’ont fait connaître qu’ils ne retenaient aucune charge contre moi. Mon éthique personnelle m’aurait empêché de me présenter si jamais j’avais été mis en examen. Le second critère était d’être prêt, tout simplement. Je le suis. J’ai derrière moi 20 ans d’engagement politique local et national. Surtout, je porte des idées, celles d’une droite décomplexée, que je ne vois nulle part ailleurs. Des idées  que j’ai décrites dans mon livre, le Sursaut français, je veux les porter moi-même. Mon expérience, mon parcours, mon projet me portent à être candidat pour me mettre au service des Françaises et des Français…

Contrairement aux autres principaux concurrents, je n’ai pas été aux manettes entre 2007 et 2012″

Le Blog Politique. 11 candidats sont en piste. Ce n’est pas trop ? Vos atouts par rapport aux autres concurrents ?

Jean-François Copé. C’est la démocratie ! Mais ne nous y trompons pas : il y a beaucoup de candidats à la candidature, mais il y en aura beaucoup moins sur la ligne de départ fin septembre. Tous n’auront pas les parrainages requis. Il y aura cinq ou six candidats au final. Quant à moi, j’estime avoir plusieurs différences avec les autres candidats. D’abord, je ne suis comptable d’aucun bilan. Contrairement aux autres principaux concurrents, je n’ai pas été aux manettes entre 2007 et 2012. Or ce quinquennat –où tout n’a pas été mauvais loin de là !- a été une occasion manquée pour réformer la France en profondeur. Les Français avaient des attentes immenses en 2007, ils ont été déçus. Ils savent qu’il y a peu de raisons que ceux qui n’ont pas eu assez de résultats hier, en aient plus demain. Moi, je n’ai pas ce problème, j’étais de ceux qui poussaient pour réformer plus en avant : par exemple, c’est moi qui, avec mes amis députés, ait bataillé pour interdire le port de la burqa alors que l’exécutif, initialement, ne voulait pas de cette loi ! Ensuite, je suis le seul maire d’une ville moyenne, Meaux. Une petite France ancrée dans le réel : 50% de logements sociaux, 27 nationalités. Et j’y ai eu des résultats : la délinquance a été divisée par deux en dix ans, des centaines d’emploi ont été créés, la laïcité a été réaffirmée, la rénovation des quartiers a changé le visage de la ville… Si j’ai été réélu à chaque fois au premier tour, c’est bien parce que mes administrés ont vu leur cadre de vie s’améliorer. Ce que je fais pour Meaux, c’est ce qu’il faut faire pour la France. Enfin, je suis le seul à assumer une méthode de gouvernement infaillible pour réformer : celles des ordonnances, c’est-à-dire de 15 décisions immédiatement applicables au lendemain de l’élection sans passer par l’interminable procédure législative. Je n’aurai pas la main qui tremble quand il s’agira de prendre des décisions difficiles qui seules pourront remettre notre pays en ordre de marche !

Le Blog Politique. Pour participer aux primaires, le ticket d’entrée est élevé : 250 élus dont 20 parlementaires issus de 30 départements et 2 500 adhérents. Où en êtes-vous de votre « récolte » de signatures ?

Jean-François Copé. J’aurai les parrainages nécessaires malgré les pressions assez peu « fair-play» des uns et des autres… Plus de 20 parlementaires et des centaines d’élus m’ont déjà assuré par oral ou par écrit de leur soutien !

Chacun connaît ma proximité amicale et politique avec Laurence Arribagé »

Le Blog Politique. Vous pensez pouvoir obtenir des soutiens dans la région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon ? Combien et lesquels ?

Jean-François Copé. Bien sûr ! J’étais par exemple la semaine dernière à Nîmes où mon ami député européen Franck Proust me soutient ! Et puis chacun connaît ma proximité amicale et politique avec Laurence Arribagé, Elie Aboud, François Calvet… Beaucoup d’entre eux sont engagés en tant qu’organisateurs du scrutin dans leur département et, à ce titre sont tenus à une certaine réserve. Ils feront part de leurs choix le moment venu !

Laurence Arribagé et Jean-François Copé en 2013 (Photo : MaxPPP)

Laurence Arribagé et Jean-François Copé en 2013 (Photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. Quels sont les thèmes que vous allez défendre pendant cette primaire ?

Jean-François Copé. Un axe fort : le commandement. La France souffre de ne plus être commandée : regardez François Hollande qui recule devant la pression de l’UNEF et de certains casseurs de Nuit Debout pour édulcorer la loi El Khomri… c’est consternant ! Jusqu’à quand allons-nous laisser la France décrocher ainsi ? Partout, nos compatriotes disent que notre pays n’est plus tenu. Eh bien je m’engage à ce que désormais il le soit, à ce « qu’on ne recule plus », c’est pour cela que j’ai fait de cette phrase forte mon slogan de campagne ! Je propose de changer la France en votant dès l’été 2017, 15 ordonnances pour rétablir l’autorité de l’Etat (création de 50 000 postes de policiers, gendarmes, magistrats, gardiens de prison, militaires…), restaurer la liberté économique (avec 50 milliards de baisses d’impôts et de charges), lutter contre le communautarisme (faire en sorte que l’Islam s’adapte à la République et pas l’inverse)… Il n’y aura pas de Sursaut français possible sans rétablissement du commandement, du leadership, à la tête de notre pays !

Le Blog Politique. Pensez-vous que les perdants aux primaires vont s’aligner derrière le vainqueur ? La lutte ne va-t-elle pas laisser des traces ?

Jean-François Copé. Pas d’angélisme : il n’y a pas de compétition sans éclats. Il y aura forcément des frictions. Pas de catastrophisme non plus : nous serons tous derrière le vainqueur ! En tous cas, moi je n’aurai pas d’état d’âme. Si jamais je ne l’emportais pas, je serai à 100% derrière notre candidat ! L’essentiel est de réussir l’alternance. François Hollande est le pire Président de la Vème République, la France ne peut pas se permettre de continuer avec lui.

Le Blog Politique. Nicolas Sarkozy est un des favoris des primaires. Pensez-vous que sa mise en examen dans l’affaire Bygmalion est un obstacle ? Son éventuelle qualification aux primaires peut-elle « exploser » en vol en raison d’un calendrier judiciaire qui peut venir percuter celui des présidentielles ?

Jean-François Copé. Je n’ai pas d’information particulière en ce qui concerne Nicolas Sarkozy ni en ce qui concerne l’avancée de l’instruction de l’affaire du financement de la campagne présidentielle de 2012. Il prendra sans doute la décision de se présenter ou non en accord avec ses valeurs.

Nous sommes à un an des élections tant de choses peuvent se passer… Rien n’est joué, rien n’est plié, rien n’est écrit

Le Blog Politique. Alain Juppé est le favori des sondages. Le match est plié ? S’il gagne les primaires, il deviendra le futur président de la République ?

Jean-François Copé. Les sondages d’avril 2016 ne font pas le Président de mai 2017. Nous sommes à un an des élections tant de choses peuvent se passer… Rien n’est joué, rien n’est plié, rien n’est écrit. Fin 1994 pas grand monde ne misait sur Jacques Chirac et il a gagné six mois après… Les pronostics ne servent à rien, seule la vérité des urnes compte.

Le Blog Politique. Ce week-end l’extrême droite a remporté une victoire historique en Autriche. En France Marine Le Pen est bien placée dans les sondages pour 2017. Pensez-vous que la présidentielle va se gagner en « droitisant » la droite ?

Jean-François Copé. Le score de l’extrême-droite en Autriche s’explique largement par l’incapacité de l’Europe à apporter une réponse crédible à la crise des migrants… Tout se joue là : dans la crédibilité et les résultats pas dans la « gauchisation » ou la « droitisation ». Celui ou celle qui sera le prochain président de la République sera celui ou celle qui aura donné le plus de gages quant à sa capacité à agir pour redonner à la France son indépendance et sa grandeur, à agir pour que, dans les dix ans qui viennent nos enfants, qui aujourd’hui ont la tentation de l’expatriation, puissent vivre et réussir dans notre pays.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Primaire à droite : quelles garanties d’une consultation sincère ?

La droite part favorite pour la présidentielle de 2017. Mais un dérapage incontrôlé lors des primaires pourrait « tuer » ses chances. Un simple doute ou une impression de « bidouillages » peuvent « torpiller » la dynamique. Une personnalité doit veiller au grain. Anne Levade est la présidente de la Haute Autorité en charge de l’organisation et du contrôle des primaires.

Cette juriste de 46 ans, professeur de droit public à Paris-Est, connaît les arcanes et les procédures de l’ex-UMP. En 2014, Anne Levade était déjà aux manettes pour assurer la régularité de l’élection du président du parti.

Quelles sont les garanties de sincérité du vote pour les primaires qui se dérouleront en novembre prochain ? Comment s’assurer que les votants remplissent les conditions pour participer au scrutin ?

NKM et Jean-François Copé sont sur Toulouse cette semaine. Ce sera ensuite le tour de Bruno Le Maire et de François Fillon, mi-mai. Comment la Haute Autorité présidée par Anne Levade va-t-elle encadrer les fédérations départementales ? Interview.

Anne Levade (Crédit photo : MaxPPP)

Anne Levade (Crédit photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. Comment est composée la Haute-Autorité que vous présidez et quelles sont les garanties d’indépendance ?

Anne Levade. En application de la Charte de la Primaire, la Haute Autorité est « composée de cinq membres extérieurs aux partis et groupements concourant à la primaire, choisis pour leur compétence juridique parmi des personnalité offrant toutes garanties d’indépendance et jouissant de la plus haute considération morale ».Les membres de la Haute Autorité sont, outre sa présidente, Anne Debet, agrégée de droit privé et professeur des universités, ancien membre de la CNIL, elle est spécialiste des nouvelles technologies ; Jean-Claude Magendie, magistrat, il a notamment été président du TGI de Paris puis premier président de la Cour d’Appel de Paris ; il a été membre de la Commission nationale sur la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique ; Bertrand Mathieu, agrégé de droit public et professeur des Universités, ancien membre du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), il est vice-président de l’Association internationale de droit constitutionnel ; Pierre Steinmetz, Préfet de Région en métropole et en outre-mer, il a été successivement directeur général de la Gendarmerie, directeur de cabinet du Premier ministre, Conseiller d’Etat et membre du Conseil constitutionnel.

Le Blog Politique. Quels points vous semblent cruciaux pour assurer l’objectivité et la sérénité du secret ? 

Anne Levade. Comme pour tout scrutin, le secret du vote est garanti et l’ensemble des moyens sont mis en œuvre, par transposition des règles applicables aux scrutins de la République, pour assurer qu’il en soit ainsi, que le vote ait lieu par bulletin papier ou par voie électronique.

Le Blog Politique. Pour pouvoir se présenter aux primaires, les candidats doivent justifier du soutien de 2 500 adhérents. Comment allez-vous vérifiez que les adhérents sont bien des « vrais » adhérents avec des cotisations à jour ?

Anne Levade. Il faut, à titre préalable, rappeler que la règle que vous évoquez ne vaut que pour les candidats issus du parti « Les Républicains ». Le guide électoral que nous avons rendu public vendredi 22 avril prévoit que les adhérents de ce parti doivent être à jour de cotisation au 31 décembre 2015 ou au 30 juin 2016. A compter de cette date, le parti nous communiquera la liste de ses adhérents à jour de cotisation et c’est sur cette base que nous procéderons aux vérifications dans la limite du nombre requis pour être candidat.

Le Blog Politique. Comment vont se dérouler les opérations de vote ? Comme dans tous les scrutins et une sorte de « copier-coller » du Code Electoral, il existera des scrutateurs, des présidents de bureau de vote, une liste d’émargement ?

Anne Levade. Il n’est pas possible d’entrer dans le détail de manière exhaustive. Je ne peux que vous renvoyer au Guide électoral que nous avons rédigé et qui est disponible sur le site de la primaire. Mais, en effet, la Charte de la Primaire prévoit que la tenue des bureaux de cote et le dépouillement du scrutin se font conformément aux règles applicables aux scrutins de la République. Il y aura donc évidemment des listes d’émargement dans chacun des 10 337 bureaux de vote qui seront tenus par un président et des assesseurs comme pour tout scrutin et le dépouillement sera opéré par des scrutateurs, le tout sous l’œil de délégués des candidats.

Le Blog Politique. Pas de procuration de vote en métropole pourquoi ?

Anne Levade. C’est le choix qui a été fait par les rédacteurs de la Charte de la Primaire et il s’applique à l’ensemble des opérations de vote soit, bien sûr, en métropole mais aussi outre-mer et pour les Français établis hors de France.

Le Blog Politique. Comment la collecte et la transmission des résultats locaux vont-ils être gérés ? 

Anne Levade. Le recensement des résultats se fera tout entier sous le contrôle de la Haute Autorité qui procédera à une consolidation des résultats par circonscription législative et par département avant de proclamer les résultats nationaux.

Le Blog Politique. En cas de contestation des résultats quel est votre compétence ?

Anne Levade. Une fois encore, les choses sont clairement établies par la Charte de la Primaire et le Guide électoral en précise les modalités d’application. Comme pour un scrutin national, tout électeur peut contester la régularité des opérations de vote dans le bureau où il aura voté en faisant porter une réclamation au procès-verbal. Par ailleurs, tout candidat peut, dans les vingt-quatre heures suivant la clôture du scrutin, contester la régularité de l’ensemble des opérations devant la Haute Autorité. Les pouvoirs de la Haute Autorité sont les mêmes que ceux de tout juge électoral : si elle constate des irrégularités, il lui revient d’en apprécier la nature et la portée et de décider s’il y a lieu de poursuivre les opérations électorales ou de prononcer leur annulation totale ou partielle.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Christophe Borgel : « Tout faire pour une primaire » à gauche pour 2017

Une vingtaine de ministres pour défendre le bilan de François Hollande. C’est l’opération « Hé oh la gauche » lancée par Stéphane Le Foll et qui s’est déroulée le lundi 25 avril. Un grand rassemblement progressif. C’est la « Belle alliance populaire » inaugurée mi-avril par le 1er secrétaire national du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Les socialistes se mobilisent et donnent au mois d’avril un air de pré-campagne présidentielle. Quel est le sens de cette mobilisation ? Une préparation d’une candidature Hollande ? Une tentative de sauver les meubles d’une maison qui brûle ? Réponse avec le numéro 3 du PS et député de Haute-Garonne, Christophe Borgel. Interview.

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne et numéro 3 du PS

Le Blog Politique. « Hé Oh la gauche  » avec Stéphane Le Foll. « Belle Alliance populaire » du côté de Cambadélis. Comment expliquez-vous cette soudaine mobilisation ? 

Christophe Borgel. « Belle alliance populaire », c’est la volonté de se tourner vers le mouvement social. Le PS ne doit pas se rétracter sur lui-même, il s’agit d’appeler à un débat serein, honnête et étayé. C’est une volonté d’élargissement et de dépassement du PS. Il s’agit d’affirmer un bloc réformiste. Si le PS ne s’ouvre pas, il va se rétracter encore plus. Il faut se tourner vers le mouvement social. Pour « Hé Oh la gauche », c’est le fruit d’une expérience vécue par Stéphane (ndrl Le Foll). Il était sur un marché et une personne l’interpelle en lui disant qu’il n’est pas question de faire travailler les français jusqu’à 65 ans en repoussant l’âge de la retraite. Stéphane lui a répondu qu’il ne voyait absolument pas à quel projet du gouvernement cette personne pouvait faire allusion. Il n’a jamais été question de repousser l’âge de la retraite à 65 ans. En fait, cette personne croisée sur un marché confondait avec une proposition faite par Alain Juppé. Il faut expliquer l’action du gouvernement car la perception est totalement brouillée.

Le Blog Politique. Vous parlez d’un débat ouvert pour éviter un repli du PS. Cette ouverture va-t-elle jusqu’au turbulent Emmanuel Macron ?

Christophe Borgel. Emmanuel Macron peut être une pierre de plus.

Le Blog Politique. Le PS a tenu son Congrès il y a moins d’un an. Pourquoi faut-il clarifier l’action du PS et du gouvernement un an après. C’était un Congrès pour rien ?

Christophe Borgel. Non le Congrès a servi à régler des choses et notamment à assumer la politique suivie et à demander des inflexions. Certaines ont été réalisées d’autres sont restées lettre morte. Le PS a été suivi sur la réforme du travail. Mais il l’a été moins sur le pacte de responsabilité (ndrl : ensemble de mesures à destination des entreprises et perçues par une partie de la gauche comme un cadeau au patronat). A un an de la fin du quinquennat, on veut bien entendre des critiques fortes. Mais une partie de la gauche prétend que le PS c’est la droite en pire. On ne peut laisser dire sans réagir. Il faut prendre le débat à bras le corps. 

Le Blog Politique. Le meilleur moyen pour débattre avec toute la gauche, ce n’est pas une primaire ?

Christophe Borgel. Cela ne dépend pas de nous. Le PS est partant mais à une seule condition : que tous les participants soutiennent celui qui l’emporte. Les primaires de 2011 ont été un succès parce que nous avons pu faire une belle photo Aubry-Hollande. S’il faut attendre 10 jours de tractation pour faire la photo et on renvoie une image politicienne on tue l’essentiel de la primaire. Les sondages traduisent l’éparpillement de la gauche et le risque d’être absent du 2nd tour.

Le Blog Politique. Pour vous l’organisation d’une primaire est donc une bonne solution.

Christophe Borgel. On va tout faire pour qu’elle ait lieu. Mais les Verts ont quasiment fermé la porte et le PC ne veut pas entendre parler d’une primaire avec François Hollande.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Avr

Primaires à droite : Bruno Le Maire à Toulouse le 9 juin

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Bruno Le Maire sera à Toulouse le 9 juin prochain.

Après NKM (25 avril), Jean-François Copé (27 avril), Frédéric Lefebvre (28 avril) et François Fillon (12 mai), l’ancien ministre des Affaires Etrangères sera le cinquième candidat aux Primaires (pour la présidentielle de 2017) à venir dans la ville Rose.

Le programme du déplacement n’est pas (encore) définitivement arrêté. Mais, selon son staff, cette journée passera par l’aéronautique, l’Oncopôle et les biotechnologies. Une rencontre avec les militants de la Haute-Garonne est prévue. Elle doit se dérouler dans la soirée.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Hémorragie des militants au PS : état de santé dans la région

Des sections vides. Des cartes non renouvelées. Le PS souffre et il souffle un air de déprime sur le parti de Jaurès. Cette dépression est mesurable et chiffrée. Au niveau national comme à l’échelon régional, le baromètre pointe une chute des adhésions et une vague de défection. Mais le fléchissement du nombre d’adhérents n’est pas uniforme. En Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, les deux plus grosses fédérations socialistes, la Haute-Garonne et l’Hérault, connaissent une perte de militants. Elles limitent les dégâts. Même si le reflux reste sensible.

Dans le département du Tarn, la baisse est également relative. Mais la baisse est incontestable. Le 1er Fédéral, Patrick Vieu, veut endiguer la tendance et  lance, avant l’été, une opération « reconquête ».

Crédit photot : MaxPPP

Crédit photo : MaxPPP

En dix ans, le PS a perdu plus de la moitié de ses militants. Au niveau national, les 280 000 adhérents de 2006 se sont transformés en moins de 100 000 cartes. Au 1er janvier 2016, 86 171 adhérents sont à jour de cotisation. Ce mouvement est (partiellement) structurel. Comme le précise le patron des élections du PS, le député de la Haute-Garonne Christophe Borgel, « tous les partis subissent une baisse du nombre de leurs militants depuis les années 2000″. C’est exact. Les partis politiques sont des coquilles vides. Pour retrouver la trace d’un parti de masse il faut remonter au Parti Communiste de la Libération.

Quand tu tends un tract du PS, tu as peur de prendre une gifle ».

Néanmoins, le structurel est renforcé au PS par le conjoncturel. Christophe Borgel reconnaît cette évidence. Inutile de sortir des sondages ou de savantes études pour décrire les turbulences qui entourent la fin du mandat de François Hollande. Des turbulences qui secouent également les fédérations et les sections. « Quand tu tends un tract du PS, tu as peur de prendre une gifle« . Un vieux militant traduit à sa façon une atmosphère décrite à longueur de colonnes dans toute la presse : impopularité historique de François Hollande, divorce avec l’électorat de gauche autour de certaines réformes…

La Grande Région n’échappe pas à ce contexte défavorable aux adhésions et au renouvellement des cartes. De Toulouse à Montpellier, de la Haute-Garonne en passant par le Gers et l’Aude, les cœurs battent à gauche. La région LRMP est un des derniers bastions du PS. Malgré cela, la crise des vocations frappe. Le parti à la Rose perd ses pétales. En Haute-Garonne, le 1er fédéral, Sébastien Vincini avoue une perte de 150 adhérents par an. Dans les années 90, la Fédé du PS 31 pouvait revendiquer 7 500 militants. Mais une constante érosion a fait tomber le chiffre à 4 384 en 2012. Entre 2012 et 2016, le mouvement se renforce. En 6 ans, ce sont 624 cartes qui ne sont pas renouvelées.

Même constat dans la seconde fédération de la grande région. Dans l’Hérault, le premier fédéral Hussein Bourgi affiche 2 200 adhérents. Mais il dénombre 600 départs. 300 au moment des municipales de 2015. La dissidence de Philippe Saurel et sa confrontation avec le candidat soutenu par le PS, Jean-Pierre Moure, s’est traduite par des exclusions et des démissions. Les 300 autres disparitions de cartes sont, quant à elles, liées au « contexte national » selon un cadre de la fédération héraultaise. Hussein Bourgi relativise le solde débiteur de sa Fédé. Le 1er secrétaire insiste sur les nouvelles adhésions : 300.

Une perte sèche de 1300 personnes qui s’explique par l’hémorragie des municipales à Montpellier

Une source donne d’autres chiffres : «  en 2012, il y avait 3100 cartes actives sur environ 5 000 sur Rosam (ndlr fichier national). Pour les congrès de 2015 il y avait 1826 votants et 3992 Rosam. C’est une perte sèche de 1300 personnes qui s’explique par l’hémorragie de Montpellier (1202 votants pour l’investiture des municipales en octobre 2013) aujourd’hui le chiffre est confidentiel mais pas seulement…Le nombre d’adhérents des partis est toujours difficile à évaluer ».

Dans le département de Jaurès, les sections de la fédération connaissent également un baisse des effectifs. En 2005, le PS du Tarn compte 1800 cartes. 7 ans plus tard, en 2012, les socialistes tarnais sont au nombre de 1 279. En juin 2015, le compteur passe à 1 182 adhérents. Cette pente descendante est relativement douce. En 10 ans, le PS tarnais perd uniquement 618 adhérents. L’essentiel de la baisse s’effectue entre 2008 et 2012. Elle est antérieure à l’élection de François Hollande.

Cette réalité statistique rappelle une vérité valable dans toutes les fédérations de France et de Navarre. Le contexte local et le climat interne à chaque fédération départementale jouent. Des défaites municipales, l’animation de la Fédé ou des tensions « domestiques » impactent le nombre de militants. Il faut également ajouter les événements naturels de l’existence : décès, mutations professionnelles…

Le PS du Tarn va lancer l’opération « 1 militant = 1 adhérent »

La campagne interne pour les législatives 2017 va mécaniquement produire des « reprises » de cartes. C’est vieux comme des élections internes. Rien ne vaut des camarades-amis pour décrocher une investiture. Cela peut coûter quelques dizaines d’euros, le prix d’une adhésion, mais c’est un investissement rentable. En « achetant » des cartes et donc des électeurs, un candidat à l’investiture pour les législatives peut remporter un ticket pour 2017. Pour les députés « sortants » c’est encore plus « confortable ». Le paiement des cartes peut être financer sur la « cassette » de la fameuse Indemnité représentative de frais de mandat . Une Indemnité qui s’élève à 5 770 euros brut par mois et qui permet d’effectuer des dépenses « courantes » sans justificatif. Au milieu des notes de restaurant et des factures de téléphone, il est toujours possible de glisser quelques centaines d’euros pour « offrir » (en liquide) des cartes à des camarades bienveillants.

Le 1er fédéral du Tarn n’attends pas le « printemps » des législatives pour augmenter le nombre de ses adhérents. Avant l’été, Patrick Vieu va lancer l’opération « 1 militant=1 adhérent« . Chaque militant va se transformer en « sergent recruteur ». Le but est de rameuter et de ramener dans les rangs des nouvelles têtes.

Dans le contexte actuel, ce n’est pas gagné.

Laurent Dubois (@laurentdub)

21 Avr

Laurent Blondiau : l’homme « libre » dans l’ombre de Carole Delga

Un homme du Nord au cœur du Sud. Laurent Blondiau est originaire de Lille mais, depuis plus de dix ans, l’ex-journaliste de L’Huma a planté ses racines dans les lieux de pouvoir de Toulouse et Montpellier. Ancien homme de communication de Georges Frêche, Laurent Blondiau a vécu la campagne des européennes de José Bové, les municipales à Nîmes et Béziers, deux élections régionales sur les bords de la Garonne et du Lez. Depuis janvier dernier, il dirige le cabinet de Carole Delga et se retrouve en première ligne pour un chantier inédit : la construction d’une des plus grandes régions de France.

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Sa nomination a surpris. Le choix d’un communicant qui n’a pas sa carte au PS a étonné certains. Surtout au Parti Socialiste. Son passage dans les rangs du PCF et son pedigree « frêchiste » agacent parfois. Un élu régional, qui n’est pas de droite, ironise : « Stalinien et Frêchiste, cela fait beaucoup !« . Au delà des impressions, et des a priori qui est Laurent Blondiau ? Quel est son parcours passé et son rôle actuel ? Comment est-il arrivé aux côtés de Carole Delga et quelle place occupe-t-il dans la nouvelle présidence de région ? Portrait.

Proche de Georges Frêche ou « fréchiste » ?

« Je ne suis pas étonné. Laurent transpire la politique. Il bascule de nouveau dans l’opérationnel ». Le jugement émane d’un spécialiste. Frédéric Bort connait Laurent Blondiau depuis les années 2000. C’est surtout un vieux compagnon de route. L’ancien lieutenant de Georges Frêche est maintenant au milieu des vignes, dans son domaine viticole de Christol. Mais, pendant plus de dix ans, Frédéric Bort a partagé le quotidien de Laurent Blondiau. A l’époque, Laurent Blondiau et Frédéric Bort débutent leurs journées par un exercice plein d’adrénaline : la lecture de la presse et la découverte des sorties médiatiques tonitruantes de Georges Frêche.

Avec Carole Delga, Laurent Blondiau n’a pas droit au même régime.

La présidente de Région invoque régulièrement l’héritage de Georges Frêche. Mais le véritable « frêchisme » s’est éteint avec l’ancien maire de Montpellier. Il est enterré sur un lopin de terre tarnais, dans le village natal de Georges Frêche. Laurent Blondiau ne connaîtra plus, les colères homériques, les polémiques nationales au sujet de harkis qualifiés de « sous-hommes » ou de la composition de l’équipe de France de foot (« Neuf black sur onze »). Carole Delga a un profil beaucoup plus lisse. Mais ce qui reste à Laurent Blondiau, c’est le grand bain des jeux d’influence.

L’homme qui dit non et qui protège Carole Delga

S’agissant de la présidence Delga, Laurent Blondiau est servi. Et même gâté. Dans la (nouvelle) grande Région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées le jeu politique mélange « billard à plusieurs bandes » et « puzzle version arc-en-ciel ». Pour gouverner Carole Delga doit concilier trois majorités : le PS, les Radicaux de Gauche et « Nouveau Monde ». Dans cette tour de Babel politique, Laurent Blondiau joue le rôle du gardien des clés. Il ouvre et parfois ferme les portes. Comme le précise Guillaume Cros, un des vice-présidents « Nouveau Monde », « Laurent Blondiau protège Carole Delga. C’est l’homme qui dit non« .

Au temps de Georges Frêche (à l’Agglo puis à la Région), Laurent Blondiau est une « digue ». Comme le souligne Frédéric Bort, « dans les discours fleuves de Georges Frêche, il y avait entrée, plat, dessert et fromage. On y trouvait tout et les médias retenaient des choses que Georges Frêche n’avaient pas vraiment dites ou qui étaient répercutées d’une façon qui ne lui convenait pas. C’était le rôle de Laurent de veiller à cela ».

Jamais très loin de Carole Delga (Photo : MaxPPP)

Jamais très loin de Carole Delga (Photo : MaxPPP)

Avec Carole Delga, le job de Laurent Blondiau est plus politique. Il reste un homme de communication. Mais il doit servir d’interface avec les différentes composantes de la majorité régionale. Il dispose d’un atout : sa proximité avec le président du groupe PS, Christian Assaf. C’est lui qui a présenté Laurent Blondiau à la candidate Delga. Celui qui n’est pas socialiste et qui ne compte pas adhérer au PS peut compter sur les bons offices du député PS de l’Hérault. Christian Assaf, qui est également adjoint du numéro 3 du parti socialiste, Christophe Borgel.

La proximité entre Laurent Blondiau et Christian Assaf dépasse d’ailleurs le cadre de l’hémicycle régional. La compagne de Laurent Blondiau est la collaboratrice du député Assaf au groupe PS de la Région. Un fin connaisseur de la vie politique régionale parle également  d’un tandem pour préparer  les prochaines municipales à Montpellier. Le député-conseiller régional bénéficierait des conseils avisés et d’un travail de fond de Laurent Blondiau.

De L’Huma à Georges Frêche

Au delà de ses entrées au PS, Laurent Blondiau peut également compter sur…Laurent Blondiau. Dans une autre vie, il a tenu la plume dans les colonnes d’un monument du PCF : L’Huma. Après des études d’histoire à Toulouse et une expérience syndicale à l’UNEF, Laurent Blondiau devient Laurent Flandre et signe (sous ce pseudo) des papiers. Chef de rubrique à Paris puis correspondant local à Toulouse et Montpellier, Laurent Blondiau alias Laurent Flandre fréquente, par « profession » et conviction, la gauche non socialiste.

C’est d’ailleurs la connaissance des réseaux « rouges » qui lui vaut d’être remarqué par Georges Frêche. Le journaliste Blondliau apporte à Georges Frêche une ouverture médiatique et des entrées dans les rédactions. Mais l’ex-président de l’AGET-UNEF et collaborateur du quotidien communiste offre également une fenêtre sur la « gauche de la gauche » à une époque ou le maire de Montpellier étend son pouvoir en dehors des murs de sa municipalité.

Dix plus tard, le directeur de cabinet de Carole Delga a toujours cet atout dans sa manche.

Souvenirs d’anciens camarades de fac

Lors de la campagne des régionales, Laurent Blondiau a un accès facile avec la liste « amie » (mais néanmoins concurrente) de « Nouveau Monde« . De ses années Mirail et au PC, Laurent Blondiau conserve une amitié avec une camarade de fac : la conseillère régionale sortante, Marie-Pierre Vieu. En novembre 2015, une ligne directe avec la responsable communiste va notamment permettre de déminer le terrain explosif de la LGV.

Le parcours et le carnet d’adresse ne sont pas les seuls alliés de Laurent Blondiau. Sa personnalité et son pragmatisme peuvent être utiles à Carole Delga. Laurent Blondiau sait concilier les susceptibilités et  tricoter une majorité d’idées ou d’intérêt. Laurent Blondiau est parfois qualifié de « mercenaire à la solde des maîtres qui le paient ». Certains de ces détracteurs pointent sa capacité à passer de Georges Frêche à une agence de communication privée (après son départ de l’Hotel de Région suite au décès de l’ancien président du Languedoc) et le grand écart entre des clients de droite et de gauche.

Preuve de cette « souplesse ». En pleine bataille des Régionales, l’agence de communication pour laquelle travaille Laurent Blondiau, Wonderful,  a comme client le meilleur ennemi politique de Carole Delga : Philippe Saurel et la Métropole qu’il préside.

En tout cas, une chose est certaine. Laurent Blondiau transcende les clivages partisans. La présidente du groupe FN à la Région, France Jamet le trouve « brillant et sympathique même s’il est cynique « . Le secrétaire départemental de LR dans l’Hérault, Arnaud Julien, déclare : «  je l’ai connu en tant que correspondant local de l’Huma. Il n’a jamais été dogmatique et passer d’un boulot de journaliste à l’Huma à un poste de directeur de cabinet à la Région, je trouve cela sympa« .

Pour Saurel il ne fait pas de la politique mais de la communication

Philippe Saurel est beaucoup moins positif dans ses propos. Le maire de Montpellier a été confronté au « Blondiau-artisan de la campagne de Carole Delga ». Ce passé récent (sans parler d’un récent épisode autour de la présidence de Montpellier Events) a forcement laisser des traces et explique un jugement réservé : « Laurent Blondiau ne fait pas de la politique mais de la communication ».

Néanmoins, dans les rangs de la gauche comme de la droite, Laurent Blondiau bénéficie de bons points voire de points d’appuis. Cette alchimie repose sur une personnalité plutôt ronde. Comme le précise Marie-Pierre Vieu : « Laurent Blondiau, même s’il peut avoir de mauvaises colères, déteste le conflit et il fait tout pour que les gens puissent s’entendre ». Durant la campagne des régionales, Laurent Blondiau a souvent arrondi les angles avec la presse. Il est parvenu à faire baisser la tension entre sa candidate et les médias. Notamment lors de la polémique nationale entourant le projet d’une présidence déléguée au profit de Damien Alary.

De la candidate Delga à la présidente Delga

Cette capacité à prendre du recul et à « surfer » sur les événements expliquent la montée en puissance de Laurent Blondiau. Au départ, le communicant doit « simplement » jouer le « spin doctor » : travail d’image, plan com…Mais, rapidement, Laurent Blondiau devient le pilier central de la campagne Delga. C’est la « Blondiau touch » : sentir et ressentir les personnes qu’il a en face et se mettre en phase. En 2009, Laurent Blondiau travaille pour José Bové. Pour clôturer sa campagne des européennes, le démonteur de Mac Do veut casser la baraque et cherche à organiser un événement original sur Bordeaux. Laurent Blondiau lance un leitmotiv :  » tu dois rendre l’écologie rock n’roll« . Un meeting-concert va naître de cette proposition.

Cette anecdote résume la méthode Blondiau : pragmatisme. Un pragmatisme valable dans l’exercice de son métier mais aussi dans la gestion de sa carrière.

A la fin de la campagne des régionales, Laurent Blondiau parlait souvent d’un certain ras-le-bol ou du moins d’une envie de tourner la page. Le jour de la première assemblée plénière du (nouveau) conseil régional, le 4 janvier dernier, Laurent Blondiau n’est pas encore le directeur de cabinet de Carole Delga. Il croise une amie qui l’interroge sur son avenir immédiat : « tu ne vas pas retomber dans la com tarifaire et devenir fonctionnaire » à la Région. Laurent Blondiau regarde ses pompes.

Laurent Blondiau n’est jamais retourné dans l’agence de communication pour laquelle il travaillait au cours de la campagne des Régionales. Le soir du 4 janvier, Carole Delga officialise sa nomination à la direction de son cabinet.

Sur sa relation (assez récente) avec Carole Delga, Laurent Blondiau ne fait qu’un seul commentaire : « c’est parce que c’est elle et c’est parce que c’est moi. Sans liberté et sans confiance, je ne peux pas travailler et avec Carole Delga j’ai les deux ».

Laurent Dubois (@laurentdubois)

19 Avr

Edito : Des Primaires secondaires ?

Thierry Solère, président de la commission nationale de la primaire de la droite et du centre (Photo Max PPP)

Thierry Solère, président de la commission nationale de la primaire de la droite et du centre (Photo Max PPP)

Je suis peut-être de la vieille école mais n’ai jamais vraiment adhéré au concept de « Primaires ». En politique, un chef ne devrait-il mieux pas s’imposer de lui-même ? Un seul antécédent pour ce type d’expérience en France : la désignation à gauche  de François Hollande en 2012. On ne peut pas dire que ça lui a porté chance ou donner une réelle assise… Quant à une nouvelle tentative de la gauche en matière de Primaires, elle reste pour l’heure en suspend.

Onze au départ, combien à l’arrivée ?

Hier donc, Thierry Solère était de passage à Toulouse pour lancer les Primaires de la droite et du centre. 11 candidats officiellement en lice, pour l’instant, sans compter Nicolas Sarkozy. « Mais ils ne seront sas doute pas tous à l’arrivée », rassure le président de la commission nationale d’organisation.

Parce qu’il y a quand même des règles, qui forcément vont institutionnaliser ce vote mais le certifier également. On ne peut pas tout avoir… 250 parrainages d’élus dont vingt parlementaires et 2500 soutiens d’adhérents issus de quinze départements. Mais est-ce que ça légitime une femme ou un homme ? Pas sûr…

Etre électeur et de droite

Ensuite qui va voter ? Des électeurs, ayant leur carte, qui devront signer un engagement dans lequel ils se revendiquent des valeurs de droite. Obligation donc d’être déjà dans la boucle civique et de se positionner politiquement.  Avis aux amateurs mais pas évident que ces critères de participation séduisent de nouveaux citoyens qui souhaitent s’investir dans la vie politique du pays.

Autre paramètre en effet qu’il ne va pas falloir éluder pour « Les Républicains » et les partis centristes, ces primaires s’annoncent aussi comme un test grandeur nature sur l’état de mobilisation de leurs troupes. On sait qu’une Présidentielle (surtout au premier tour) se gagne sur un socle d’électeurs issus des partis.

Un débat malgré tout

Référence de base pour ces Primaires à forte connotation interne sans vouloir l’être, les trois millions d’électeurs qui s’étaient prononcés en 2011 pour départager François Fillon et Jean-François Copé à la tête du parti. Ils avaient alors aussi pu voter par internet, ce qui n’est plus le cas cette fois-ci. Seul hic de cette précédente expérience, la confusion qui en était ressortie des urnes : impossible par exemple de savoir qui l’avait emporté dans les 158 bureaux de vote de la Haute-Garonne.

Élément positif tout de même de ce scrutin prévu les 20 et 27 novembre prochain : le débat qu’il amorcera. Chacun va faire valoir son premier jet de programme, ses positions sur des grands thèmes de société et ses éventuelles orientations présidentielles. C’est peut-être, selon moi, le seul vrai intérêt de ces Primaires.

Patrick Noviello

Pour Jean-Christophe Sellin, « le FN est venu pour pourrir » la réunion du Conseil régional

Jean-Christophe Sellin réagit à l’interview de France Jamet publiée sur le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées. L’élu régional du Front de Gauche donne sa version des faits.

Jean-Christophe Sellin conseiller régional "Nouveau Monde".

Jean-Christophe Sellin conseiller régional « Nouveau Monde ».

Pour Jean-Christophe Sellin, « la réaction de France Jamet, pour le Front National, est révélatrice du profil de son groupe. Elle se présente comme victime alors qu’elle est venue avec un lance-flamme et ses collègues avec des bidons d’essence ». 

L’élu du Front de gauche argumente en faisant référence aux « pancartes brandies par quarante élus stigmatisant le «Delgastan», assimilant notre région à une entité à consonnance orientale qui, pour eux , est forcément antidémocratique, musulmane et intégriste (…) puis, Jean-Guillaume Remise (FN Aveyron) qui a poursuivi par des propos sexistes accusant Carole Delga de faire du «népotisme en tailleur» ( on ne parle jamais de népotisme en pantalon, n’est-ce-pas…..) ».

  Le Front National est venu pour pourrir l’Assemblée Plénière

Pour lui, « le bilan, c’est que le FN était venu pour pourrir l’Assemblée Plénière mais au fur et à mesure de la journée et notamment après mon intervention sur l’orientation budgétaire, l’éthique de l’emprunt et les aventures au Panama avec l’argent public, le Front National a été secoué, déstabilisé et a complètement perdu pied ».

  Le fascisme est un courant politique et non une insulte

« Finalement, poursuit Jean-Christophe Sellin, c’est Julien Sanchez, conseiller régional et maire de Beaucaire qui a tenté de reprendre la main et de ressouder les rangs fascistes (je rappelle que le fascisme est un courant politique et non une insulte).
Il a mené la bronca pendant la présentation du voeu sur l’accueil des réfugiés avec hurlements et bruyants sarcasmes à l’encontre de ceux qui fuient la guerre, la misère, le dérèglement climatique avec puis a craché sa haine sur tout ce qui bouge. Pour ceux qui en doutaient, cette journée a très clairement prouvé que le FN ne sert en rien l’intérêt général. Il ne sert à rien. Sinon à distiller la haine ».

On savait que la composition de la nouvelle assemblée régionale avec le Front National comme premier groupe d’opposition (en nombre d’élus) amènerait des tensions. On en en eu la preuve avec les incidents de vendredi à Montpellier.

On sait aussi maintenant que l’attitude des élus FN peut être un moyen de souder une majorité de gauche, plurielle et parfois frondeuse. Jean-Christophe Sellin et trois de ses camarades de « Nouveau Monde » se sont abstenus lors de l’élection de Carole Delga à la présidence de la Région, en janvier dernier. La préparation du budget et le dossier de la LGV risquent de créer de nouvelles tensions entre la présidente socialiste et la « gauche de sa gauche ». Mais, le temps d’une « plénière » houleuse, Carole Delga peut se « féliciter » de l’action du FN.

Le Front National lui « offre » un front uni.

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valéry (@FabValery)