Des sections vides. Des cartes non renouvelées. Le PS souffre et il souffle un air de déprime sur le parti de Jaurès. Cette dépression est mesurable et chiffrée. Au niveau national comme à l’échelon régional, le baromètre pointe une chute des adhésions et une vague de défection. Mais le fléchissement du nombre d’adhérents n’est pas uniforme. En Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, les deux plus grosses fédérations socialistes, la Haute-Garonne et l’Hérault, connaissent une perte de militants. Elles limitent les dégâts. Même si le reflux reste sensible.
Dans le département du Tarn, la baisse est également relative. Mais la baisse est incontestable. Le 1er Fédéral, Patrick Vieu, veut endiguer la tendance et lance, avant l’été, une opération « reconquête ».
En dix ans, le PS a perdu plus de la moitié de ses militants. Au niveau national, les 280 000 adhérents de 2006 se sont transformés en moins de 100 000 cartes. Au 1er janvier 2016, 86 171 adhérents sont à jour de cotisation. Ce mouvement est (partiellement) structurel. Comme le précise le patron des élections du PS, le député de la Haute-Garonne Christophe Borgel, « tous les partis subissent une baisse du nombre de leurs militants depuis les années 2000″. C’est exact. Les partis politiques sont des coquilles vides. Pour retrouver la trace d’un parti de masse il faut remonter au Parti Communiste de la Libération.
Quand tu tends un tract du PS, tu as peur de prendre une gifle ».
Néanmoins, le structurel est renforcé au PS par le conjoncturel. Christophe Borgel reconnaît cette évidence. Inutile de sortir des sondages ou de savantes études pour décrire les turbulences qui entourent la fin du mandat de François Hollande. Des turbulences qui secouent également les fédérations et les sections. « Quand tu tends un tract du PS, tu as peur de prendre une gifle« . Un vieux militant traduit à sa façon une atmosphère décrite à longueur de colonnes dans toute la presse : impopularité historique de François Hollande, divorce avec l’électorat de gauche autour de certaines réformes…
La Grande Région n’échappe pas à ce contexte défavorable aux adhésions et au renouvellement des cartes. De Toulouse à Montpellier, de la Haute-Garonne en passant par le Gers et l’Aude, les cœurs battent à gauche. La région LRMP est un des derniers bastions du PS. Malgré cela, la crise des vocations frappe. Le parti à la Rose perd ses pétales. En Haute-Garonne, le 1er fédéral, Sébastien Vincini avoue une perte de 150 adhérents par an. Dans les années 90, la Fédé du PS 31 pouvait revendiquer 7 500 militants. Mais une constante érosion a fait tomber le chiffre à 4 384 en 2012. Entre 2012 et 2016, le mouvement se renforce. En 6 ans, ce sont 624 cartes qui ne sont pas renouvelées.
Même constat dans la seconde fédération de la grande région. Dans l’Hérault, le premier fédéral Hussein Bourgi affiche 2 200 adhérents. Mais il dénombre 600 départs. 300 au moment des municipales de 2015. La dissidence de Philippe Saurel et sa confrontation avec le candidat soutenu par le PS, Jean-Pierre Moure, s’est traduite par des exclusions et des démissions. Les 300 autres disparitions de cartes sont, quant à elles, liées au « contexte national » selon un cadre de la fédération héraultaise. Hussein Bourgi relativise le solde débiteur de sa Fédé. Le 1er secrétaire insiste sur les nouvelles adhésions : 300.
Une perte sèche de 1300 personnes qui s’explique par l’hémorragie des municipales à Montpellier
Une source donne d’autres chiffres : « en 2012, il y avait 3100 cartes actives sur environ 5 000 sur Rosam (ndlr fichier national). Pour les congrès de 2015 il y avait 1826 votants et 3992 Rosam. C’est une perte sèche de 1300 personnes qui s’explique par l’hémorragie de Montpellier (1202 votants pour l’investiture des municipales en octobre 2013) aujourd’hui le chiffre est confidentiel mais pas seulement…Le nombre d’adhérents des partis est toujours difficile à évaluer ».
Dans le département de Jaurès, les sections de la fédération connaissent également un baisse des effectifs. En 2005, le PS du Tarn compte 1800 cartes. 7 ans plus tard, en 2012, les socialistes tarnais sont au nombre de 1 279. En juin 2015, le compteur passe à 1 182 adhérents. Cette pente descendante est relativement douce. En 10 ans, le PS tarnais perd uniquement 618 adhérents. L’essentiel de la baisse s’effectue entre 2008 et 2012. Elle est antérieure à l’élection de François Hollande.
Cette réalité statistique rappelle une vérité valable dans toutes les fédérations de France et de Navarre. Le contexte local et le climat interne à chaque fédération départementale jouent. Des défaites municipales, l’animation de la Fédé ou des tensions « domestiques » impactent le nombre de militants. Il faut également ajouter les événements naturels de l’existence : décès, mutations professionnelles…
Le PS du Tarn va lancer l’opération « 1 militant = 1 adhérent »
La campagne interne pour les législatives 2017 va mécaniquement produire des « reprises » de cartes. C’est vieux comme des élections internes. Rien ne vaut des camarades-amis pour décrocher une investiture. Cela peut coûter quelques dizaines d’euros, le prix d’une adhésion, mais c’est un investissement rentable. En « achetant » des cartes et donc des électeurs, un candidat à l’investiture pour les législatives peut remporter un ticket pour 2017. Pour les députés « sortants » c’est encore plus « confortable ». Le paiement des cartes peut être financer sur la « cassette » de la fameuse Indemnité représentative de frais de mandat . Une Indemnité qui s’élève à 5 770 euros brut par mois et qui permet d’effectuer des dépenses « courantes » sans justificatif. Au milieu des notes de restaurant et des factures de téléphone, il est toujours possible de glisser quelques centaines d’euros pour « offrir » (en liquide) des cartes à des camarades bienveillants.
Le 1er fédéral du Tarn n’attends pas le « printemps » des législatives pour augmenter le nombre de ses adhérents. Avant l’été, Patrick Vieu va lancer l’opération « 1 militant=1 adhérent« . Chaque militant va se transformer en « sergent recruteur ». Le but est de rameuter et de ramener dans les rangs des nouvelles têtes.
Dans le contexte actuel, ce n’est pas gagné.
Laurent Dubois (@laurentdub)