Brigitte Barèges vient de perdre, dans le cadre de son mandat de conseillère départementale, la présidence du principal organisme HLM du Tarn-et-Garonne. Une alliance entre la maire LR de Montauban et les radicaux de gauche n’a pas permis d’éviter ce débarquement.
C’est la deuxième lame du couperet. En décembre 2016, Brigitte Barèges a été évincée d’une vice-présidence du conseil départemental. Quatre mois plus tard, la maire de Montauban est privée de son dernier levier au sein de l’institution départementale : la présidence de Tarn-et-Garonne Habitat (TGH). Brigitte Barèges dénonce de « basses postures politiques » et parle d’une « purge bien orchestrée ».
La moitié des logements sont sur le Grand Montauban
Sa colère est à la hauteur de l’enjeux. Brigitte Barèges préside TGH depuis juin 2015 et la perte du conseil départemental par Jean-Michel Baylet. Cette présidence est loin d’être symbolique. Tarn-et-Garonne Habitat est le 1er bailleur social du département. Il gère 4363 logements sur 73 communes. Géré pendant 20 ans par le PRG, TGH a connu des périodes un peu compliquées. Les impayés de loyer constituent toujours un problème. Mais ses finances (grâce notamment à un versement de 6 millions d’euros de l’Etat au travers de la Caisse des dépôts et Consignation) sont saines.
Un détail n’a rien d’accessoire : 48% des logements de TGH sont situés sur le Grand Montauban. Pour la maire de Montauban, la présidence de TGH est donc stratégique. Cela permet de maîtriser l’offre de logement social sur ses terres municipales. Sans parler de l’attribution de marchés publics. Auprès des entreprises comme des locataires (qui sont des électeurs potentiels), TGH est une bonne vitrine. C’est un investissement (politiquement) rentable.
Décidé par le président Christian Astruc
Pour Brigitte Barèges, la perte de l’organisme HLM (satellite du conseil départemental) est (incontestablement) un mauvais coup. La maire de Montauban sait parfaitement d’où il vient. C’est le président du département, Christian Astruc qui a souhaité retirer à Brigitte Barèges le levier de TGH. Le vote a eu lieu à l’occasion d’un débat d’orientation budgétaire. Mais, peu importe le moment, l’intention était publique. Elle est même assumée. Brigitte Barèges a refusé de voter le budget départemental de Christian Astruc. Depuis cet acte de sédition, le sort de la maire de Montauban est scellé.
Soutenue par 7 voix… du PRG
Ce qui est moins évident c’est la contre-attaque de Brigitte Barèges. La maire de Montauban s’est appuyée sur ses meilleurs « adversaires » : les radicaux de gauche. Le PRG a triplement aidé Brigitte Barèges. Les élus de Jean-Michel Baylet n’ont pas présenté de candidat(e) face à la maire de Montauban. Mais, ce n’est pas tout. Le PRG a voté pour Brigitte Barèges.
Enfin, les radicaux de gauche se sont transformés en « agents électoraux ». Les conseillers départementaux PRG ont essayé de rallier les socialistes pour qu’ils votent en faveur de Brigitte Barèges. Le PS a refusé de rentrer dans la manœuvre et il s’est retiré du vote en s’abstenant. Au final, Brigitte Barèges obtient 10 voix sur les 26 votants. Ces 10 voix comprennent 7 voix PRG.
La lutte frontale (et même brutale) entre Jean-Michel Baylet et Brigitte Barèges n’est plus d’actualité. Elle laisse la place à une alliance « objective » dont le ciment porte un nom. Celui du tombeur et du successeur de Jean-Michel Baylet à la présidence du Tarn-et-Garonne : Christian Astruc.
C’est un incroyable renversement de situation. Brigitte Barèges a permis la victoire de Christian Astruc contre…Jean-Michel Baylet.
L’ancien ennemi est devenu un allié et l’ex-partenaire un adversaire.
Dans le Tarn-et-Garonne, la politique réserve de vraies surprises.
Laurent Dubois (@laurentdub)