La LGV divise et oppose un des groupes de la majorité régionale. Plusieurs élus de « Nouveau Monde En Commun » plantent des banderilles dans l’échine de leurs camarades au sujet de la budgétisation de la gare (TGV) de La Mogère-Montpellier. Trahison des engagements de campagne. Des Etats Généraux du Rail vides de sens. La charge est frontale. Elle vient des rangs du Front de Gauche et de la Nouvelle Gauche Socialiste. Elle vise écologistes et communistes.
« Le vote des crédits en faveur de projets ferroviaires controversées représente une entorse de plus à des engagements majeurs de notre campagne. (Le vote) a été adopté avec l’appui de la majorité de notre groupe composée d’élus EELV et PCF, et qui a considéré que le contrat de majorité ne devait surtout pas être rompu avec le PS ». Pour Liêm Hoang Ngoc, le vote d’une enveloppe de 5 millions pour financer la gare de la Mogère-Montpellier constitue une ligne rouge qui n’aurait jamais du être franchie.
Il s’agit même d’une double ligne rouge.
Au-delà d’un reniement-retournement s’agissant de la LGV, c’est l’organisation de la consultation sur l’avenir du rail qui est assimilé à une mascarade. « Le choix de la Région d’octroyer dès maintenant les crédits à des projets faisant précisément l’objet des Etats Généraux du Rail, s’opère au mépris des débats en cours avec nos concitoyens, qui sont dès lors en droit de douter de l’utilité des Etats de Généraux » déclare le conseil régional du Gers.
Pour Liêm Hoang Ngoc, ce déraillement est imputable à ses collègues d’Europe Ecologie. « C’est l’abstention de 13 écolos qui fait passer le chapitre transport et l’amendement déposé (par EELV pour demander le retrait du financement de la Mogère) est un simple jeu de rôle. Les associations sur le terrain ne comprennent pas ce double jeu. David Cormand (ndrl secrétaire national d’EELV) est venu à la Mogère et a affirmer son hostilité au projet. Mais quand il s’agit de passer aux travaux pratiques, ça coince. Encore une fois, c’est l’abstention des écologistes qui a permis le vote de la ligne budgétaire« .
Pour le représentant de la Nouvelle Gauche Socialiste, les écologistes ne sont pas les seuls responsables. Les communistes sont également pointés du doigt. Le vice-président (PC) en charge des transports, Jean-Luc Gibelin, est particulièrement visé : » il n’est pas sérieux. Il laisse passer la gare de La Mogère. Mais il nous dit qu’il est contre la gare de Manduel et qu’il va s’opposer au projet (ndlr une autre gare TGV sur le tracé Montpellier-Perpignan). Or si on construit La Mogère, il faut construire également Manduel« .
Du côté des « accusés » la défense est simple. Le réquisitoire est jugé totalement infondé. Pour Gérard Onesta, il n’y a pas de financement de la gare de La Mogère. Gérard Onesta reconnait qu’il existe « un point de crispation au sein du groupe« . Mais le président (EELV) du bureau de l’assemblée régionale ajoute immédiatement : » Carole Delga essaye de ménager tout le monde. Une partie du financement a été bloqué et ce n’est pas parce qu’une dépense est budgétée qu’elle est réalisée. Il ne s’agit pas d’un financement fléché. Les 5 millions d’euros sont dans le chapitre transport. Ils peuvent très bien servir ailleurs et pour autre chose ».
Selon nos informations, la querelle interne (virant à la lutte intestine) pourrait finir par s’éteindre. Visiblement, les lignes bougent. Sous l’influence du président du groupe PS du Conseil Régional, Christian Assaf, il y aurait une prise de conscience : le dernier poumon vert (dans une zone inondable) de Montpellier n’est pas fait pour accueillir une gare TGV. Un compensation (sous la forme d’un financement de la ligne C du tramway) pourrait « dédommager » les montpelliérains.
Mais, avant d’arriver à cette (éventuelle) conclusion, il reste à dépouiller les résultats des Etats Généraux du Rail. Le dossier de La Mogère et, plus généralement de la LGV, ne peuvent bouger qu’à la rentrée prochaine. Cet été , les conclusions vont être rédigées et rendues publiques. Carole Delga ne peut formaliser aucune décision avant cette échéance. Autrement, ce serait donner raison à Liêm Hoang Ngoc et faire un aveu inavouable : des dizaines de réunions publiques sur l’avenir du rail ne servent à rien.
Laurent Dubois (@laurentdub)