Une pétition. Un groupe sur Facebook. Les catalans sont vent debout contre Occitanie. Ils ne sont pas hostiles au nom voté par les conseillers régionaux. La dimension régionaliste et identitaire d’Occitanie convient parfaitement aux catalanistes. Mais l’absence de référence au pays catalan soulève une levier de bouclier. Cette réaction était prévisible. Elle a été anticipée par Carole Delga. Les mouvements catalans ont été reçus à l’hôtel de région. Des compensations ont été mises sur la table. Parmi elles une sorte de nom de substitution. Celui de l’Euro-région rebaptisée Occitanie-Catalogne.
A quoi correspond cette promesse ? Véritable compensation ou simple lot de consolation ? Éléments de réponse.
Le choix du nom Occitanie a déclenché une phase de diplomatie active. Pour désamorcer l’hostilité des catalans, la présidente de Région et le président du bureau de l’assemblée régionale ont reçu, à l’hôtel de Région, les représentants de collectif catalaniste « Sem ». Le président d’Unita Catalana, Brice Lafontaine, refuse de parler de contreparties : » nous n’acceptons en aucun cas que les mesures annoncées soient considérées comme des contreparties et elles ne nous font pas abandonner notre détermination à être reconnus« . Néanmoins, avant le vote en assemblée plénière, le 24 juin dernier, Carole Delga et Gérard Onesta ont proposé de modifier le nom de l’Euro-région et de déplacer son siège à Perpignan. Coté catalan, on refuse de considérer cette promesse comme une contrepartie.
Cette modification est visiblement en bonne voie.
Elle suppose l’accord de Barcelone, des îles Baléares et du conseil régional. Selon Brice Lafontaine : « des contacts ont été pris avec Barcelone et le ministre des affaires extérieures et il n’y a aucun soucis. Pas de soucis non plus du côté des Baléares« .
Concrètement, le changement de nom (une fois voté par les membres de l’Euro-Région) doit être validé par le gouvernement français. Mais, là encore, Brice Lafontaine est confiant.
L’autre volet du dossier concernant la domiciliation. L’Euro-Région est actuellement sur 3 sites : Toulouse, Barcelone et une représentation à Bruxelles. Carole Delga a promis que le siège sera transféré à Perpignan. Cette opération symbolique suppose un vote interne. Elle peut poser une question de gestion et de mobilité du personnel. L’équipe administrative de l’Euro-Région est composée d’une dizaine de personnes. Mais, sur le fond, pas d’inquiétude du côté des catalans. Le transfert est parfaitement réalisable.
Un nom intégrant « Catalogne » et un siège sur les terres catalanes. La contrepartie d’Occitanie n’est pas négligeable. Mais quelle est son poids réel et sa portée concrète ?
Autrement dit une Euro-Région ça sert à quoi ?
Un ancien élu régional parle d’une « coquille vide« .
Un fin connaisseur des arcanes régionales est plus précis : » C’est un peu un machin. Cela permet de se payer de bons repas à Toulouse ou Barcelone. Plus sérieusement, quelques actions de coordination et de mise en commun. Il y a toujours moyen de dire que c’est intéressant et sympathique mais cela produit peu. L’Euro-Région permet d’amorcer des dialogues et des échanges et de mieux se connaître. Ce n’est pas évident de dresser un bilan. L’installation du port sec de Barcelone à Eurocentre. C’est peut-être lié à l’Euro-Région. Le dernier moment fort de l’Euro-Région, c’est sous la présidence de Martin Malvy, lors d’un sommet organisé à Toulouse ».
Laurent Dubois (@laurentdub)