Et si le Larzac était l’exemple à suivre en matière d’agriculture paysanne autogérée ? La question se pose cette semaine avec la visite en Aveyron du ministre de l’agriculture. Stéphane Le Foll se rend ce jeudi à la ferme des Baumes à Millau. Il y prorogera le bail accordé à la société civile des terres du Larzac. La SCTL gère 6300 hectares de terres appartenant à l’Etat sur le plateau.
Petit retour en arrière…. 1971 : un mouvement se fait jour, non seulement sur le Larzac mais dans l’ensemble du pays, contre l’extension d’un camp militaire. La centaine d’agriculteurs du départ va être rejointe par des dizaines de milliers de jeunes militants voulant lutter contre le militarisme et le capitalisme. Un combat gagné en 1981 lorsque François Mitterrand annonce l’abandon du projet militaire et le retour des terres à une vocation agricole.
Ainsi en 1985, un bail emphytéotique est signé avec la société civile des terres du Larzac. De jeunes agriculteurs s’installent alors avec le devoir d’entretenir le territoire et d’y développer une agriculture et un élevage respectueux de l’environnement. « Cela a permis d’augmenter de 20% le nombre de paysans » sur le secteur explique José Bové un des trois gérants de la SCTL. Le futur leader d’EELV aux prochaines élections européennes présente aujourd’hui ce système comme « un modèle d’autogestion ». Chaque année, la société civile paie 4500 euros à l’Etat, un prix modique.
Alors que va permettre cette signature de jeudi avec le ministre de l’agriculture ? Tout simplement de rallonger cet accord jusqu’en 2083. « C’est très important pour nous » confirme le secrétaire national de la Confédération Paysanne. « Nous sommes nombreux à prendre notre retraite d’ici à 5 ans. Le prolongement de ce bail va permettre de couvrir l’intégralité de la carrière des jeunes qui vont s’installer à notre place » argumente Christian Roqueirol.
Au-delà de cette nouvelle génération, l’agriculture du plateau joue aussi son avenir sur les modèles économiques qu’elle met en place. « Nous développons des coopératives notamment une de bergers et une autre autour de la viande. Nous avons aussi crée un groupement de vétérinaires nous permettant de ne plus être facturés à l’acte mais à un prix de groupe » explique le syndicaliste agricole. Des initiatives que la Confédération Paysanne va exposer à Stéphane Le Foll et aimerait voir se développer ailleurs dans le pays.
Un échange qui s’effectuera lors d’un déjeuner à la mairie de Millau en présence d’élus et des autres instances professionnelles agricoles. Entre l’entrecôte d’Aubrac et un morceau de Laguiole, Christian Roqueirol aimerait aussi touché un mot du projet de l’aéroport de Notre Dame au Ministre. Histoire de ne pas oublier la tradition de la lutte impulsée sur le Larzac…