L’aéronautique, la santé. Et maintenant : l’audiovisuel. Midi-Pyrénées est une terre d’innovation. La Région est connue et reconnue pour ses A 350 et son Cancéropôle. Elle ajoute une rubrique : la télévision régionale.
Il ne faut rien exagérer. Inutile de transposer, en bord de Garonne, une spécialité de la Canebière. L’innovation en question est politique. Elle se résume à un rapport et à une commission. Elle se limite au rapport d’une commission.
Néanmoins, le document débouche sur une préconisation phare. Il couche, sur le papier, un projet original : l’expérimentation, en Midi-Pyrénées, d’un France 3 vraiment régional.
Retour, avec la présidente de la commission, Dominique Salomon, sur ce projet.
« De la mi-janvier à la fin juin« , l’élue PRG a mené auditions et réflexions. La Bretagne a ouvert le dossier de l’audiovisuel régional. L’Association des Régions de France s’est penchée sur le sujet. Pour les élus régionaux de l’Hexagone, la télévision n’est pas un objet non identifié. Néanmoins, en Midi-Pyrénées, les travaux ont été particulièrement importants. Et même imposants.
Le Conseil Régional a réuni, pendant des semaines, toutes les tendances politiques au sein d’une commission spéciale. Et, dès le départ, l’objectif n’est pas une simple radiographie. Comme le souligne Dominique Salomon, « le but était de proposer des pistes et si possible des préconisations ». « Comprendre les enjeux et notamment y voir plus clair dans les problématiques de France Télévisions » était une étape indispensable.
« Dans un contexte très particulier de tension sociale à France 3 et de problèmes à Télé Toulouse » Dominique Salomon et ses collègues ont commencé leurs travaux par une phase de défrichage. « A marche forcée, pendant 5 mois, toutes les semaines, (les élus midi-pyrénéens) ont mené 2 à 3 auditions de responsables syndicaux et éditoriaux, de représentants de la filière formation et production ». Ce marathon des mots et des maux a permis aux élus régionaux de se forger une opinion. Ils ont pu entendre l’analyse des professionnels du secteur et cerner les problèmes de l’audiovisuel régional.
Après la consultation, l’action. Ou plutôt la rédaction. Dominique Salomon « recherchai(t) le consensus sur un sujet qui n’est ni de droite, ni de gauche ». Elle n’a pas été déçue. « Aucun point n’a donné lieu à des oppositions très marquées« . Le Front de Gauche, Europe Écologie, l’UMP, le PS et le PRG ont dressé « un constat partagé« . Notamment sur la place du service public dans le paysage audiovisuel régional. Le rapport a été adopté à l’unanimité. Ce n’était pas évident. Un tel unanimisme est même rare. Mais, eu égard le déroulement des débats, « c’était prévisible« .
La teneur du rapport n’est pas étranger à ce front uni. Les conclusions sont parfois audacieuses. Les conseillers régionaux sont prêts à soutenir une expérimentation s’agissant de France 3. Accroissement du temps d’antenne. Passage « de l’actuel décrochage régional à un accrochage national« . Mais Dominique Salomon insiste. D’après elle, les préconisations sont « réalistes et équilibrées« . Il s’agit de « préconisations de bon sens qui permettent de rationaliser, mutualiser, mettre en réseau ». Le rapport « est très prudent, parfois au conditionnel et avec beaucoup de précautions dans les préconisations« .
Ainsi, s’agissant de l’expérimentation, « il faudra des moyens de l’Etat« . Le rapport envisage la signature d’un Contrat d’Objectifs et de Moyens avec France Télévisions. Mais « l’Etat doit transférer des ressources financières« .
Dominique Salomon passe maintenant le relai. Elle « lance un appel aux parlementaires de Midi-Pyrénées« . Le président Malvy a publiquement acté et politiquement endossé le rapport de la Commission Salomon. C’est maintenant aux députés et sénateurs de la Région « de s’engager et d’appuyer » les préconisations auprès du gouvernement. Si cette mobilisation réussie, « ce sera l’apothéose. La Région Midi-Pyrénées aura totalement réussie ».
Laurent Dubois