26 Mai

Euro-catastrophés et après ?

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles - AFP

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles – AFP

« Un séisme », « un choc », « une éruption volcanique aux pluies très acides » bref Armageddon, quoi ! Les grands mots n’ont pas manqué hier soir pour commenter les résultats des élections européennes. Certes le Front National a fait quatre fois plus de voix qu’il y a cinq ans en Midi-Pyrénées. Mais y-a-t-il lieu de crier à la catastrophe ? Seul notre dernier eurodéputé Midi-Pyrénéen, José Bové, semblait vouloir garder de la mesure hier soir sur les plateaux télé, en déclarant « les français se sont lâchés », expliquant que pour eux, ces élections défouloirs n’avaient pas d’importance car les enjeux avaient probablement été mal expliqués donc mal compris.
Autre question qui taraude les esprits : va-t-on passer, nous français, pour des europhobes ou des grands protectionnistes, parce que nous envoyons la plus grosse cohorte d’élus d’extrême droite au parlement européen ? Nous n’en sommes pas encore là. Le Front National n’est pas Aube Dorée, et nous n’avons pas Viktor Orban comme Premier Ministre. Donc a priori, pas de leçon d’ouverture à recevoir de nos voisins… Qu’ont-ils fait d’ailleurs nos voisins directs ? L’Espagne a fait émerger « Podémos » un parti né de la révolte des « indignés » alors que chez nous Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche stagnent.
Un Jean-Luc Mélenchon, réélu du Sud-ouest, attristé, au bord des larmes même en conférence de presse hier soir, qui appelle les travailleurs à se ressaisir. Parce qu’au fond, c’est aussi l’ensemble de la gauche qui a pris une claque ce dimanche 25 mai. Y compris dans notre région où seul l’Aveyron, dernier bastion de droite en Midi-Pyrénées, a placé l’UMP devant le FN. Il faut bien dire que les socialistes sont partis dans cette campagne à reculons, avec une tête de liste qu’ils n’avaient pas choisie, la PRG Virginie Rozière.
Le patron du PRG, Jean-Michel Baylet dit avoir reçu le message des urnes : « nous comprenons l’amertume et la désillusion d’une partie de nos concitoyens face à l’état de l’Europe aujourd’hui et sommes conscients qu’il faudra tirer les conséquences d’un tel résultat. » Pour Martin Malvy, « c’est davantage qu’une correction, un sérieux avertissement pour l’avenir ». Et l’avenir quel est-il ? Des élections cantonales et régionales dont on ne connait pas la date, réforme territoriale oblige.
Il serait trivial d’imaginer déjà un FN en tête sur ces futurs scrutins. Premier élément : pas question de proportionnelle dans ces élections, les candidats frontistes devront donc ferrailler dans un second tour, s’ils s’y qualifient… Ensuite, même si la participation est loin d’être garantie, voter pour la couleur politique de sa région peut sans doute mobiliser plus que les questions européennes. Ces élections locales resteront sans doute le réel test d’évaluation des forces de la gauche traditionnelle ici en Midi-Pyrénées. Et pour l’électeur l’occasion de rassurer ou pas les « euro-catastrophés ».
Patrick Noviello