Fin du suspens. Depuis des semaines, le landerneau politique s’interroge. Martin Malvy va-t-il être candidat ? Le président sortant sera-t-il sur la ligne de départ des Régionales de décembre 2015 ?
Martin Malvy. Président de la Région Midi-Pyrénées
La décision est prise. Martin Malvy arrête. Son mandat actuel sera le dernier (lire ici notre article « Martin Malvy ne sera pas candidat aux élections régionales de 2015″, sur France 3 Midi-Pyrénées).
Martin Malvy occupe son fauteuil depuis mars 1998. Il restera le dernier président de Midi-Pyrénées. Il ne participera pas à la compétition électorale qui accompagne la fusion avec le Languedoc-Roussillon.
Martin Malvy a reçu des appels téléphoniques lui demandant de continuer. Sur Facebook, des soutiens se sont mobilisés. Pour des socialistes et ses alliés radicaux, il est le seul candidat capable de maintenir la future SuperRégion à Gauche. Président de Région le mieux élu de France en 2010, Martin Malvy dispose d’une véritable équation personnelle. Des communes ont voté à plus de 80% pour lui aux dernières régionales. Certaines ont même atteint le seuil des 100 % !!! Des voix de droite se sont portées sur une personnalité (re)connue pour sa bonne gestion et sa maîtrise des dossiers.
Malgré cela, Martin Malvy est resté insensible aux appels du pied.
Sa majorité et même l’opposition lui reconnaissent une capacité de travail hors du commun. Des capacités intellectuelles et une vivacité d’esprit « bluffantes ». Mais Martin Malvy va fêter le 24 février prochain ses 79 ans. Le président de la Région le répète. Les Malvy vivent vieux et vieillissent bien.
Néanmoins, Martin Malvy a conscience que son état civil est problématique.
A ces raisons personnelles s’ajoutent des considérations politiques.
Les élections régionales vont se dérouler sur un nouveau territoire. La fusion « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » dessine une « géographie » inédite. Du côté de l’Aude et du Gard, le Front National est fort. Le PS divisé. Qu’il s’agisse des électeurs ou des fédérations socialistes, c’est un autre univers. Martin Malvy laboure depuis des décennies Midi-Pyrénées. Il en connaît les contours et les détours. Le Languedoc-Roussillon, c’est une terre de mission.
De plus, le contexte national n’est pas celui de 2010.
C’est le PS qui est au pouvoir. Nicolas Sarkozy n’est plus l’agent électoral de la gauche. Martin Malvy bénéficie d’une vraie notoriété dans le Gers ou le Tarn. En revanche, vers Perpignan, c’est d’abord son dossard socialiste qui risque de sauter aux yeux. Martin Malvy dispose d’un bouclier sur ses terres. Dans l’autre partie de la nouvelle région, il est exposé aux flèches d’un vote sanction.
Martin Malvy ne peut ignorer ces risques. La campagne de 2015 va être difficile. Cette (més)aventure peut gâcher la fin de sa carrière politique. Le président sortant a accompli un joli parcours : ancien ministre, député, maire, conseiller général, président de Région. Une nouvelle candidature peut devenir la candidature de trop.
Martin Malvy n’est pas le seul à le penser. Sa femme, Brigitte, fait la même analyse. Elle a longtemps plaidé pour une décision raisonnable. Raisonnable et raisonnée.
Cela fait des mois (avant l’été dernier) que Martin Malvy réfléchit. Avec son entourage proche, il a pesé le « pour » et le « contre ». Il a notamment évoqué le sujet avec Laurent Fabius. Au moment de la réforme territoriale, il a annoncé à André Vallini (secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale) sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat. Mais, peu de temps après, il lui a téléphoné pour lui demander d’oublier leur conversation.
Prudence ou hésitation ? Une chose est certaine.
Il y avait de quoi hésiter.
Pour Martin Malvy, la Région c’est sa Vie et sa Vie c’est la Région.
Des parapheurs signés après minuit. Des centaines de kilomètres par semaine. Des journées qui dévorent les soirées. Pour Martin Malvy, quitter l’hôtel de Région est plus qu’une décision politique. C’est une rupture existentielle.
Malgré tout, un de ses amis le trouve, selon ses mots, serein.
La sérénité des décisions murement pesées.
Laurent Dubois