19 Déc

Régionales 2015 : Louis Aliot, candidat à la présidence de la future grande région

Nouvelle région. Première candidature à sa présidence.

Louis Aliot

Louis Aliot

La fusion « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » c’est fait depuis mercredi dernier. L’Assemblée a prononcé le mariage en adoptant définitivement une carte de France à 13 régions.

Après la géographie, c’est le temps des élections.

Il faut peaufiner les castings et investir les candidats.

Pas de calendrier officiel du côté de l’UMP. Du côté du PS, la procédure s’étale jusqu’en février prochain.

Au Front National, c’est maintenant. Louis Aliot vient d’annoncer sa candidature au blog « Midi-Pyrénées Politiques » de France 3 Midi-Pyrénées.

« Je ne me présenterai pas aux cantonales. Je vais me concentrer sur la Région. Si je suis élu président de la Région, je démissionnerai de tous mes autres mandats ».

Le député européen et conseiller régional du Languedoc-Roussillon est confiant.

« On peut gagner la région. Le PS et l’UMP sont affaiblis. Je suis la seule personnalité véritablement connue. Le scrutin régional est un scrutin où la personnalisation est vitale ».

Cette officialisation n’est pas vraiment une surprise.

Louis Aliot a siégé au Conseil Régional de Midi-Pyrénées. Originaire de l’Ariège, élu local à Perpignan, le numéro 2 du FN a un pied dans les deux anciennes régions qui, désormais, forme une super collectivité. Une super région allant de Toulouse à Montpellier.

Son profil et sa notoriété font de lui un candidat « naturel ». D’ailleurs, dans les états major politiques, son nom circulait. A l’UMP comme au PS, on s’attendait à sa candidature.

Désormais, c’est dit. Louis Aliot est candidat.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

16 Déc

Philippe Martin : adieu la Région ?!

Petit meurtre entre camarades. Philippe Martin « poignardé » par les instances nationales du PS. C’est le cri de colère des soutiens de l’ancien ministre. La rue de Solferino fixe, par une circulaire, les dates concernant les prochaines régionales. Pour des responsables socialistes, c’est une « circulaire anti-Martin ». Elle lui barre la route de l’Hôtel de Région.

Philippe Martin

Philippe Martin

Philippe Martin est en piste pour les départementales de mars prochain. Le président du conseil général du Gers veut retrouver son fauteuil. Mais il a également des ambitions régionales. Or il ne pourra pas courir, en même temps, après les deux lièvres.

Impossible de se déclarer en pleine campagne départementale. Pas encore (ré)élu dans le Gers, Philippe Martin peut difficilement briguer un mandat régional. Les départementales puis les régionales, c’est jouable.

En revanche, la poursuite simultanée de mandats régionaux et départementaux renvoie l’image d’un élu « glouton », prêt à croquer toutes les opportunités. C’est « invendable » auprès des électeurs.

C’est surtout un tour de « passe-passe ».

Interdiction de cumuler la présidence de deux exécutifs. Département ou Région, il faut choisir. Dans le Gers, on élève des canards. Mais ce n’est pas le pays des « dindons de la farce ». Les électeurs du département ne vont pas élire un Philippe Martin qui, une fois (ré)élu, va s’envoler vers d’autres cieux. L’annonce d’une candidature aux régionales en plein scrutin départemental relève de l’acrobatie. Une acrobatie improbable. Intenable.

Le télescopage entre le timing des régionales (dépôt des candidatures entre le 22 et 28 janvier, investiture le 5 février) et le scrutin des départementales (22 et 29 mars) élimine, de fait, Philippe Martin de la course.

D’après nos informations, Philippe Martin a rencontré Martin Malvy. Il a fait part au président sortant de son incompréhension.

Pour ses amis, le crime est signé. Christophe Borgel et Stéphane Le Foll sont pointés du doigt. Les deux hommes sont suspectés de rouler pour Carole Delga. La ministre de François Hollande est, selon ses détracteurs, la « femme de Paris ». Elle serait sponsorisée par les instances nationales. L’Elysée serait favorable à sa candidature. La jeune secrétaire d’Etat serait la grande gagnante du calendrier. Le vrai perdant, c’est Philippe Martin. Il est exclu de la compétition.

Christophe Borgel récuse l’accusation d’une manipulation. Le numéro 3 du PS rappelle que « la circulaire est nationale ». Pour le député de la Haute-Garonne, le choix du calendrier n’est absolument pas lié à Philippe Martin.

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Les soutiens de Philippe Martin ne s’avouent pas vaincus.

Vendredi, la Fédération du PS 31 va entrer en résistance. La circulaire de Solférino prévoit la possibilité d’une dérogation. Des socialistes haut-garonnais veulent faire jouer la clause. Une prolongation est possible jusqu’au 9 avril. C’est écrit (noir sur blanc) dans le texte adressé aux premiers fédéraux. Des membres de la fédération de Haute-Garonne demandent l’application de cette disposition.

L’objectif est clair : repousser les désignations aux régionales après les départementales.

Un espoir anime les soutiens du gersois (qui sont d’ailleurs parfois plus des anti-Delga que d’authentiques pro-Martin) : un effet domino qui se propage dans les autres fédérations de la région.

A suivre

Laurent Dubois

 

12 Déc

Succession Malvy, c’est parti !

Polémique avant la trêve des confiseurs. Une députée PS de Haute-Garonne n’a pas l’esprit à la fête. Quinze jours avant Noel, Monique Iborra ne fait pas de cadeau aux instances nationales de son parti. La parlementaire publie un message (au vitriol) sur Facebook et dénonce un « déni de démocratie ». Monique Iborra met en cause le calendrier pour les candidatures aux prochaines élections régionales.

Monique Iborra, députée PS de Haute-Garonne

Monique Iborra, députée PS 31

Pour elle, les échéances sont trop courtes et ne tiennent pas compte de la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. C’est trop tôt s’agissant d’un territoire très grand.

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Un responsable départemental du PS ne partage pas son point de vue.

D’après lui, « le choix du mois de février pour la désignation des têtes de liste est une nécessité. Ce n’est pas pour forcer la main à qui que ce soit. Nous n’avons pas le choix. Il vaut mieux partir tôt que tard. Que propose Monique Iborra ? Attendre la fin des départementales du mois de mars ? Organiser une désignation en avril ? Ce serait bien trop tard ».

Cette tempête dans un bocal est révélatrice.

Monique Iborra siège au Palais Bourbon. Mais elle connaît également l’Hôtel de Région. Elle a été une élue midi-pyrénéenne de 2004 à 2012. Face à des législatives qui s’annoncent meurtrières pour le PS, le terrain régional peut offrir une zone de repli.

Une zone de repli. Et même une zone avec fauteuil présidentiel.

La succession de Martin Malvy est ouverte. Le président sortant ne s’est pas encore exprimé. Stop ou encore. Personne ne sait vraiment. Mais des signes alimentent les spéculations. Des signes subliminaux. Mais très clairs.

Martin Malvy et Carole Delga

Dans une interview donnée à la presse ariégeoise, Carole Delga a ouvertement annoncé son intérêt pour les prochaines échéances régionales. Cette déclaration n’a rien d’une improvisation. Ni d’un coup de force. Carole Delga a bien précisé que son entrée en piste dépendra de la décision de Martin Malvy. Pas question de sortir le sortant. On est loin de la brutalité d’un Kader Arif. Lors des précédentes régionales, l’ancien secrétaire d’Etat n’hésitait pas à mettre en cause l’âge de Malvy.

Mais, au-delà des mots, il y a les gestes.

Carole Delga est très présente aux côtés du président Malvy. L’ancienne conseillère régionale et actuelle ministre est sur toutes les photos : SISQA (Salon de la Qualité Alimentaire), journée sur l’Economie Sociale et Solidaire organisée à l’Hôtel de Région.

Passation de relai ? Préparation d’un ticket ?

Dans les couloirs du Conseil Régional et les arcanes socialistes, cette omniprésence ministérielle a été remarquée. La réaction brutale de Monique Iborra n’est pas forcément étrangère à ce contexte.

En OFF, certains socialistes réduisent la déclaration au vitriol de Monique Iborra à une rivalité féminine. La députée voudrait gagner du temps pour préparer sa candidature. Contactée par téléphone, Monique Iborra estime prématurer de parler des régionales. Mais elle ne dément pas être intéressée.

En tout cas, une chose est certaine. Les régionales 2015, c’est maintenant.

Laurent Dubois

 

 

 

11 Déc

Elections professionnelles : quels enseignements ?  

 

Elles viennent de s’achever dans la Fonction Publique. Constituent-elles vraiment un indicateur des aspirations sociales et politiques des fonctionnaires ? Mettent-elles en exergue des tendances politiques ? Pas évident.

 

Quoi de neuf tout d’abord ? Une première depuis 38 ans : FO perd la majorité à la Mairie de Toulouse. Il faut dire que l’affaire Falba, du nom de son ancien leader soupçonné d’abus de confiance, a laissé des traces. La CGT en profite. Un syndicat donc plus à gauche dans une mairie qui vient de repasser à droite. Premier signe que les personnels ne suivent pas forcément la tendance politique.

 

Autre place forte où FO perd le leadership : la police. Alliance passe devant en termes de suffrages mais les deux syndicats ont au final le même nombre de sièges : quatre. Assiste-t-on à une droitisation des troupes dans une période où l’ordre public est ébranlé par une série de manifestations dures en centre-ville de Toulouse et après l’impopularité des forces de l’ordre liée au décès de Rémi Fraisse à Sivens ?

 Votes et manifs 

La CGT gagne du terrain à la mairie mais en perd chez Airbus.  Il faut dire que dans cette entreprise le « marqueur » lutte sociale est moins fort qu’ailleurs, la centrale reconnue comme particulièrement contestataire y recueille donc moins de suffrages.

 

Un théorème qui ne se vérifie pas à l’hôpital où les grèves et autres rassemblements sont incessants depuis des mois. La Confédération Générale du Travail reste majoritaire mais perd 11% de ses voix en trois ans pendant que la CFDT en gagne autant pour se placer deuxième centrale devant FO et Sud.

 

Autre zone de contestation syndicale : les collectivités locales. La nouvelle carte des régions y entraîne une crainte de suppressions de postes. C’est l’argument massue de la CGT à l’Hôtel de Région. Au Conseil Général de Haute-Garonne, Sud-Solidaire préfère pointer le spectre de la métropolisation. Argument gagnant, le syndicat remporte un siège supplémentaire et vire en tête.

 

Top et flop de participation

 

De grands écarts de participation caractérisent enfin ces élections professionnelles d’un secteur à l’autre. Les hospitaliers se sont peu déplacés aux urnes, moins d’un tiers de votants, contrairement aux Finances Publiques qui remportent la palme du civisme avec 90% de participation. Des services des impôts où la grogne a été active tout au long de l’année et largement relayée par le syndicat qui reste majoritaire : Solidaires.

 

Que retenir de tout cela ? Qu’aucun bastion n’est imprenable évidemment, mais aussi qu’on peut toujours tomber plus bas. Ensuite que dans l’ensemble, les syndicats ont peiné à mobiliser d’avantage, dans les urnes comme dans la rue. Enfin qu’il y a des secteurs comme l’Education Nationale ou les Finances Publiques où le changement n’est pas pour maintenant.

 

Patrick Noviello

03 Déc

Mort du juge Michel : affaire politique ?

Ce mercredi sort sur grand écran « La French » (*) dernière superproduction avec Jean Dujardin mais surtout l’histoire de la mort du juge Michel. Une affaire qui mêle politique et Milieu. L’auteur toulousain Thierry Colombié nous donne quelques clés supplémentaires pour comprendre ce dossier avec son ouvrage qu’il qualifie de « contre-enquête sur l’assassinat d’un incorruptible ».

L’ouvrage, comme le film, démarre sur les chapeaux de roues. « Monsieur, je vous invite à la prudence : oui, c’est une affaire politique mais peut-être pas celle que l’on croit » confie à Thierry Colombié la femme d’un avocat marseillais.

Une affaire où se mêlent milieu marseillais, mafia italienne et classe politique

Et l’auteur de poursuivre : « comprendre l’affaire Michel, offrir une version qui s’apparenterait à « une affaire politique », pour reprendre l’expression de l’épouse de l’avocat, nécessite en effet de replonger dans le contexte de la fin des années 1970, avant et après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République. Et de faire un saut de l’autre côté des Alpes, à Palerme, Milan ou Rome, pour comprendre les enjeux liés à la guerre que se livraient les clans mafieux criminels et les représentants de l’Etat, sans oublier les manipulations dont furent l’objet les partis extrémistes, de gauche ou de droite ».

Comment en est-on arrivé là ? Autrement dit à ce 21 octobre 1981, 12h49, où un magistrat à moto est abattu de 3 balles en plein centre de Marseille. Le juge s’attaquait au Milieu, et à 38 ans à peine avait déjà fait arrêter plus 70 trafiquants de drogue, provoquant la haine de nombre d’entre eux. Au début du livre, Pierre Michel se rend à Palerme pour essayer d’établir des connections entre réseaux français et italiens. Un des malfrats qu’il interroge sans succès, Gerlando Alberti, dit le Zio, constate que « le Français s’acharnait à nier la puissance d’un monde souterrain qui, par bien des astuces comptables, participait à financer des caisses de nombreux Etats, donc à faire vivre magistrats et policiers. »

Un juge haï par le Milieu

Dans sa méthode d’interrogatoire le juge Michel ne fait pas dans la nuance bousculant verbalement ses adversaires qui commencent à lui vouer une haine farouche. « Le Zio aurait préféré un peu plus de reconnaissance de la part d’un juge qu’il pouvait éliminer, ce soir, (…) ou dans dix ans si Michel osait de nouveau se hisser à sa hauteur et le traiter de menteur ». Le juge procèdera de la même sorte avec le parrain Gaétan Zampa qui dément tout lien avec son assassinat.

Le juge Pierre Michel.  Photo AFP de Gérard Fouet

Le juge Pierre Michel.
Photo AFP de Gérard Fouet

Autre question majeure de l’enquête de Thierry Colombié : le juge Michel gênait-il d’autres sphères que celle des trafiquants de drogue ? « Tradition oblige, le Milieu finançait les campagnes électorales à droite comme à gauche » confie un policier à Lionel Collard, un des leaders du S.A.C. Le Service d’Action Civique, c’est à l’origine une « police parallèle » sensée constituer la « garde rapprochée » du général De gaulle à son retour en 1960. Mais vingt ans plus tard, le service d’ordre dérape et est mêlé à des affaires de détournement de fond et même à des assassinats. Il est dissous par Mitterrand en 1982.

« Regarder sous les jupes de la cinquième République »

C’est la tuerie d’Auriol qui est le déclencheur de cette mesure. Il s’agit de l’assassinat de Jacques Massié, chef local du SAC marseillais, et de toute sa famille. La scène est décrite sans fioriture dans l’ouvrage avec notamment la mise à mort d’un garçonnet. A la manœuvre : les hommes de Massié qui croient qu’il va les trahir au profit de la gauche. Certains d’entre eux sont incarcérés et le juge Michel instruit. « Il aurait fallu que le SAC lui-même soit mis en examen pour ratisser le plus large possible (…) renverser tous les placards de France et de Navarre ; or personne au sein de la magistrature ne parvenait, disait-on, à prendre une telle décision de peur que les profanes puissent regarder sous les jupes de la Cinquième République. »

Pierre Michel n’aura donc pas le temps de mener tous ses dossiers à leurs termes. Son assassin et ses complices sont retrouvés cinq ans après qu’il ait été abattu. C’est un repenti arrêté pour un trafic en Suisse qui livrera leurs noms. François Checchi a tiré pendant que Charles Altiéri pilotait la moto. L’opération était commanditée par deux membres de la French : François Girard et Homère Filippi. L’ouvrage de Thierry Colombié décrypte aussi magistralement les sombres motivations de ces hommes du Milieu.

Patrick Noviello

« La mort du juge Michel : contre enquête sur l’assassinat d’un incorruptible » Thierry Colombié, Editions La Martinière

« La French » de Cédric Jiménez, sortie le 3 décembre.

(* )Allusion à la « French Connection » réseau de narcotrafiquants qui importe de la morphine d’Orient, la transforme en France dans des laboratoires clandestins puis l’exporte aux Etats-Unis.

27 Nov

Sivens : « bye, bye » l’argent européen

L’Europe fait barrage. Bruxelles se penche sur le projet de Sivens. Le dossier est désormais entre les mains de la Commission. Le respect d’une directive « eau » est sur la sellette. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, réaffirme la nécessité d’un ouvrage dans la vallée du Tescou. Mais l’intervention des instances communautaires bloque les fonds européens. Début de la fin ? Péripétie temporaire ? Gérard Onesta exprime son point de vue. Un point de vue « partial ». L’élu régional est écologiste. Hostile au projet. Mais son point de vue est loin d’être « partiel ». L’actuel vice-président à la Région a été pendant des années le vice-président du Parlement Européen. Gérard Onesta connaît bien les arcanes Bruxelloises.

 

Gérard Onesta- vice-président EELV de la Région

Gérard Onesta- vice-président EELV de la Région

-Midi-Pyrénées Politiques : D’après vous, qu’est-ce qui explique l’intervention de la Commission ?

Gérard Onesta : « Hommage au Collectif (du Testet). Hommage à ceux qui ont tenu bon. Si le Collectif n’avait pas défendu mètre par mètre le site de Sivens et, si malheureusement, un gamin n’avait pas perdu la vie, la Commission ne serait pas intervenu avant 2 ou 3 ans. Je connais le fonctionnement de la Commission. C’est parce que l’on parlé de Sivens dans les médias que Bruxelles a bougé ».

-Midi-Pyrénées Politiques : Pas de lobbying des Verts auprès de la Commission ?

Gérard Onesta : « Il y a eu des relais via le Parlement Européen, nos élus régionaux et nationaux. Mais la cause principale de l’intervention de la Commission c’est la médiatisation. Les commissaires ont entendu parlé de Sivens. Ils se sont saisis du dossier ».

-Midi-Pyrénées Politiques : Une procédure est ouverte. Mais, d’après vous, le « verdict » va tomber dans combien de temps ?

Gérard Onesta : « Ce n’est que mon pif politique. Mais je me dis que s’ils se sont saisis relativement rapidement du dossier ce n’est pas pour trancher dans quelques années. Mais plutôt dans quelques mois. Encore une fois, c’est une simple intuition ».

-Midi-Pyrénées Politiques : L’intervention de la Commission marque un coup d’arrêt au projet ?

Gérard Onesta : «  L’ouverture d’une procédure d’infraction c’est « bye, bye » l’argent européen. La perte du financement européen c’est un coup dur et peut être même fatal au projet. C’est un quart du budget qui disparaît. Je suis catégorique. Pour les deux millions européens c’est cuit. Ils ne les auront pas (les conseillers généraux du Tarn, maitres d’œuvre du projet). Il n’y a plus de carotte européenne. Et, en plus, c’est un coup de bâton avec un risque de condamnation de la France ».

-Midi-Pyrénées Politiques : L’entrée en scène de la Commission va-t-elle influencer la position de Ségolène Royal ?

Gérard Onesta : « Ségolène Royal a désormais une porte de sortie supplémentaire. Elle sait que la responsabilité de l’Etat français peut être recherchée. Cela peut déboucher sur des pénalités financières. Elle va tout faire pour s’en prémunir. De plus la Commission vise la directive sur l’eau. Je n’imagine pas une seule seconde qu’elle n’en tire pas toutes les conséquences ».

Propos recueillis par Laurent Dubois

18 Nov

Départements : le changement c’est maintenant?

Après Augustin Bonrepaux en Ariège, Pierre Izard s’apprête à passer la main en Haute-Garonne. Et après lui d’autres ? Les élections de mars prochain promettent donc de faire émerger de nouveaux présidents dans un contexte très agité pour les départements.

 

Pierre Izard ne briguera pas un nouveau mandat pour la présidence du Conseil général de Haute-Garonne.

Pierre Izard ne briguera pas un nouveau mandat pour la présidence du Conseil Général de Haute-Garonne.

Rien d’officiel mais une certitude administrative : Pierre Izard n’a pas déposé sa candidature paritaire avant-hier soir minuit comme le processus de désignation interne l’impose. Le PS 31 a donc pris acte de la décision du président du Conseil Général de Haute-Garonne de ne pas se représenter.

 Une page qui se tourne

« Une page de l’histoire de la gauche en Haute-Garonne qui se tourne » dit le Premier Fédéral. On peut même parler d’un chapitre voire d’un tome tant la présidence Izard fut longue. Conseiller général depuis 1967, il avait pris la direction du département en 1988. Alors qui pour lui succéder ? Trop tôt pour le dire. Des prétendants sont en lice mais à l’heure actuelle c’est un peu pour eux la devise du « premier qui bouge a perdu ». Pas un mot donc des Jean-Michel Fabre, Georges Méric ou encore Jean-Jacques Mirassou. Chacun sait ce que parler aujourd’hui peut lui coûter…

 

Ne pas se dévoiler trop tôt, c’est en ce moment la règle d’or des socialistes. La campagne sera rude. Le parti de gouvernement mise sur un rajeunissement des têtes d’affiche et sur un renouvellement des candidats. Exemple en Haute-Garonne seuls 21 des 39 sortants se représenteront. Mais est-ce que cela suffira à donner le change face à un gouvernement et une politique de plus en plus impopulaires ?

 Quels enjeux ?

Rappelons tout de même que les départements de gauche de notre région (tous hormis l’Aveyron) possèdent de solides majorités, parfois même écrasantes comme en Ariège. Deux d’entre eux sont détenus par le PRG, Hautes-Pyrénées et Tarn et Garonne. Dans ce dernier, Jean-Michel Baylet, battu aux Sénatoriales (donc par la volonté des grands électeurs), devra mener une campagne des plus stratégiques.

 

Le patron des Radicaux De Gauche se targue d’avoir été celui qui a sauvé les départements ruraux lors des négociations de son parti avec le gouvernement. Un trophée à son tableau de chasse qui pourrait lui permettre de récupérer  pour le prochain scrutin les soutiens qui lui ont fait défaut aux Sénatoriales.

 

A gauche, les défections sont donc désormais actées, reste maintenant à connaître quelles seront les forces en présence pour les élections départementales des 22 et 29 mars prochains. Du côté de la droite, l’espoir de conquérir de nouveaux sièges est largement avoué, celui de viser la conquête d’un département reste plus ténu.

 

Patrick Noviello

13 Nov

Qui est Ben Lefetey, le leader des anti-barrage de Sivens ?

Tête de Turc des pro-barrages. Porte-drapeau des anti-Sivens. Ben Lefetey attire les micros et attise les rancœurs. L’ancien pâtissier, fils de paysan normand, est l’interlocuteur incontournable des médias. Il incarne la lutte contre le projet de Sivens. Pour certains, c’est un agitateur professionnel. Un activiste qui souffle sur les braises. Pour d’autres, c’est un militant connaissant son dossier et le monde agricole. Un interlocuteur constructif. Ben Lefetey accepte de lever le voile sur son parcours, ses intentions. Au delà des questions sur sa personnalité, le militant Europe-Ecologie avance des propositions alternatives pour une sortie de crise.

Ben Lefetey © MaxPPP

Ben Lefetey © MaxPPP

Midi-Pyrénées Politiques : Comment vous êtes vous retrouver au cœur de la lutte contre le barrage de Sivens ?

Ben Lefetey. Je suis arrivé dans le Tarn, il y a deux ans. Après un séjour de huit ans et demi en Asie ou je me suis occupé de tourisme équitable. Avec ma famille, nous avons décidé de rentrer en France et nous avons choisi le Tarn parce que des amis habitent à côté de Rabastens. En plus, on souhaitait être proche d’une grande ville, Toulouse, sans être à Toulouse. Gaillac était un bon choix. Je ne connaissais pas Sivens. Un jour, j’ai trouvé un tract sur le pare-brise de ma voiture. J’ai travaillé 13 ans dans des ONG nationales. Notamment à Greenpeace France. J’avais donc une sensibilité. Je ne pouvais pas rester indifférent. Je me suis dit : on continue les projets agricoles dépassés.

Midi-Pyrénées Politiques : Avez vous un passé politique ? Notamment du côté de l’extrême gauche ?

Ben Lefetey. Non. Je n’ai jamais milité dans un mouvement d’extrême-gauche. Au NPA ou ailleurs. Je n’ai jamais milité dans un parti politique. Sauf depuis l’an dernier ou j’ai adhéré à Europe-Ecologie.

Midi-Pyrénées Politiques : Vous n’avez donc jamais fait le coup de poing dans des manifestations violentes ? Pas de passé d’activiste ?

Ben Lefetey. J’ai été salarié pendant 13 ans de Greenpeace et d’autres ONG dont « Les amis de la Terre ». J’ai été formé à Greenpeace aux actions « coups de poing ». Mais des actions non-violentes et symboliques. J’ai vu et subi la violence des forces de l’ordre. Notamment dans une manifestation en région parisienne avec le DAL (Droit Au Logement). Mais je n’ai jamais basculé dans la violence. « Utiliser la violence pour gagner » n’a jamais été ma théorie. D’ailleurs cette théorie n’a jamais fait la démonstration de sa réussite.

Midi-Pyrénées Politiques : C’est vous qui avez fait venir les Zadistes qui occupent le site de Sivens ?

Ben Lefetey. Non. J’ai même dissuadé en février 2013 des Zadistes de venir.

Midi-Pyrénées Politiques : Avez vous des ambitions politiques ? Vous serez candidat à des élections ?

Ben Lefetey. Avant mon départ pour l’Asie, j’ai passé plus de dix ans dans des ONG qui sont des contre-pouvoirs. On n’obtient pas de changement significatif en tant que contre-pouvoir. J’ai participé à la rédaction d’un livre blanc sur « la politique de développement durable en France » sous le gouvernement Raffarin. Il a fini à la poubelle. Alors oui.

Midi-Pyrénées Politiques : Le dossier de Sivens est devenu un dossier politique. Avec notamment l’intervention de Ségolène Royal. Comment jugez-vous la première réunion qui s’est déroulée au ministère de l’Ecologie ?

Ben Lefetey. Le bilan est très positif. C’est l’instauration d’un dialogue. Nous avons discuté de la méthode. Pas du fond. Tout le monde était forcément d’accord. Lors de la seconde réunion (qui s’est déroulée ce jeudi 13 novembre), nous allons soulevé la question du coût, du financement. Prochainement, nous allons demander que soient associés les 200 agriculteurs de la vallée du Tescou.

Midi-Pyrénées Politiques : Vous parlez de dialogue. Dans le cadre de négociations, êtes vous prêt à faire un geste et à évacuer une partie du site de Sivens ?

Ben Lefetey. C’est aux pouvoirs publics de voir à quelles conditions les Zadistes peuvent partir. Ils doivent prendre contact avec eux. Je l’ai dit à un conseiller de Ségolène Royal. D’ailleurs il faut associer les Zadistes aux réunions avec les autres acteurs du dossier. Les Zadistes sont des lanceurs d’alerte. Ce ne sont pas des voyous, des assistés et des casseurs. Le noyau dur c’est 30 ou 40 personnes. Et contrairement à ce que l’on prétend, elles sont originaires de Midi-Pyrénées. Il y a beaucoup de Tarnais parmi eux. De Gaillac, Castelnau de Montmirail.

Midi Pyrénées Politiques : Quelles sont vos propositions alternatives ?

Ben Lefetey. Il faut trouver de l’eau pour la vallée du Tescou. Il faut regarder la quantité et pour qui. Une fois cette évaluation faite, il faut regarder si il ne faut pas financer des réserves au niveau des fermes.

Midi-Pyrénées Politiques : Et si le création de réserves ne suffit pas ? Un barrage ?

Ben Lefetey. Oui. S’il reste encore des besoins, construire une retenue en amont ou en aval du site actuel. Mais je pense que la création de réserves individuelles suffira. En revanche, il est impossible et impensable de faire des travaux sur le site où est mort Rémi Fraysse. C’est devenu un lieu de sépulture.

Midi-Pyrénées Politiques : Les pro-barrages descendent dans la rue samedi. Une réaction ?

Ben Lefetey. On est complétement dans l’irrationnel. Il s’agit de manifester soi-disant pour défendre la démocratie. Mais ceux qui manifestent veulent imposer par la force un projet retoqué par des experts. Les associations n’ont pas été entendues. Les avis défavorables émis contre le projet ont été méprisés. Le prétendu respect de la démocratie locale invoqué par les manifestants a été bafoué.

Propos recueillis par Laurent Dubois

05 Nov

Sivens : dossier politique

Réunion au Ministère de l'Ecologie, hier soir. AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

Réunion au Ministère de l’Ecologie, hier soir. AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

Comme de l’eau retenue, il stagne…. Ni abandon, ni reprise des travaux, le projet de barrage de Sivens est à l’arrêt. A l’issue de la réunion organisée au Ministère de l’Ecologie par Ségolène Royal, pas de décision définitive donc. A quoi pouvait-on s’attendre d’autre ?

Certains de mes confrères se sont bien agités hier en fin d’après-midi croyant un abandon possible, mais je ne préfère ne voir là que la crainte d’une nouvelle réaction épidermique d’un gouvernement totalement imprévisible.

Non finalement Ségolène Royal aura choisi la retenue (NDR : selon l’expression consacrée, n’y voyez aucun rapport avec sa préférence quant au projet). Et voilà qu’elle promet l’envoi de trois nouveaux experts : hydrologue, agronome et biodiversité. La vallée du Testet aura décidément été examinée sous toutes les coutures.

Et le grand public de se demander : « mais ça avait pas été fait tout ça déjà ? Si si… Ce qui conforte Jacques Valax Conseiller Général du Tarn dans sa position : « si le travail pour lequel j’ai été élu ne sert à rien, je rends mon tablier ! »

Le cœur du débat politique porte sur deux conceptions de la manière de porter des dossiers comme celui de Sivens. D’un côté des élus écologistes et Front de gauche qui demandent à ce que le citoyen soit plus écouté et qui se retournent vers l’Etat pour demander un moratoire.

De l’autre la majorité des élus départementaux qui disent avoir justement suivi la procédure légale imposée par l’Etat pour mener le projet et qui aujourd’hui expliquent que si le citoyen doit être plus entendu, c’est à l’Etat de le décréter. Ce sera tout l’enjeu du débat que nous allons impulser ce samedi 8 novembre dans « La Voix est Libre » dans le cadre de notre polémique de la semaine.

 

Patrick Noviello

04 Nov

Ségolène Royal et Sivens : un simple tour de table

Fin de la réunion. Ségolène Royal vient de présenter à la presse son compte rendu. Pendant plus d’une heure, la ministre de l’Ecologie a reçu les acteurs du dossier Sivens. Les premières réactions sont mitigées. Le ressenti des participants est franchement négatif.

Ségolène Royal. Photo @AFP

Ségolène Royal. Photo @AFP

Du côté d’Europe Ecologie, le bilan est plutôt positif.

Guillaume Cros, président du groupe EELV à la Région estime qu’ « a priori on n’est pas dans une situation bloquée. Ce que l’on pouvait craindre ». Il retient surtout l’hypothèse de la création d’une retenue en amont. L’élu écologie avait plutôt en tête une alternative en aval. Mais il va réfléchir à cette piste.

Au final, Guillaume Cros continue «  à demander l’arrêt du projet ». Néanmoins, il précise immédiatement : « l’intervention de Ségolène Royal permet d’espérer une issue ».

Le point noir concerne l’appel à une évacuation de Sivens. Guillaume Cros est catégorique. La ministre demande la fin de l’occupation du site. L’élu écologiste estime que c’est « totalement irréaliste. Pour déloger les Zadistes, il faut renvoyer les gendarmes ».

Du côté des participants le ressenti est franchement négatif Un des invités salue l’ambiance sereine et la liberté d’expression. Néanmoins, pour lui, cette réunion se résume à un simple tour de table, sans échange. Un autre participant estime même qu’il entendu lors de la conférence de presse de la ministre des choses qu’il n’a pas entendu pendant la réunion.

Pierre Verdier (président de la commission développement durable du Conseil Général du Tarn) est plus modéré. Le conseiller général précise : « il ne faut pas trop attendre d’une première réunion. Nous avons pu exposer la position du conseil général ». Il repart « un peu frustré ».

 

Laurent Dubois