Elles se veulent un groupe de travail ayant consulté plusieurs associations et collectifs. A l’heure du Grenelle des violences conjugales lancé par le gouvernement, elles démontrent que des mesures peuvent aussi être prises au niveau local. Mais au-delà des violences, leurs propositions balaient tout le prisme de l’action municipale. Tour d’horizon.
« Pour une ville plus féministe » rien de mieux que commencer par mettre de l’ordre dans la mairie elle-même avec notamment une parité plus paritaire. « Par exemple, si le Maire est un homme, la Présidente de la Métropole est une femme ». Une parité dont il est de plus en plus question mais qui doit aussi assurer ses bases avec notamment une incitation des femmes à s’impliquer plus dans la vie publique locale.
« On est encore dans une société où ce sont principalement les femmes qui s’occupent des enfants. Celles qui s’engagent dans la vie publique sont soit très jeunes soit plus âgées, il y en a peu qui ont entre 30 et 40 ans » explique Katia Broussy co-fondatrice du groupe avec Ninon Gillet. Pour « les féministes au Capitole », l’égalité femmes-hommes ne doit pas non plus être oubliée dans la politique salariale municipale et métropolitaine.
Agir localement contre les violences faites aux femmes
Quelques jours après le lancement du Grenelle des violences faites aux femmes, de nombreuses « propositions programmatiques » énoncées démontrent que l’action peut aussi se faire au niveau local : création de logements d’accueil pour femmes victimes, prêt de téléphone pour urgence absolue avec ligne directe vers une cellule dédiée, création d’un centre de soins spécialisé dans les violences faites à toutes les femmes…
« Localement, il y a moyen de faire les choses plus rapidement, précise Katia Broussy. Par exemple, c’est le cas pour les logements vides que les mairies pourraient réquisitionner pour les femmes en difficulté. Une loi les y autorisent mais elles ne le font pas ».
Autre propositions remarquée : la création d’une « Maison des hommes violents » « dans laquelle les hommes coupables de violences conjugales vivraient en semi-liberté et feraient leur obligation de soins. « Ce dispositif a le double avantage d’éloigner les hommes violents du domicile conjugal (…) mais aussi de « traiter » la question de la violence des hommes sans forcément les faire passer par « la case prison » qui est bien souvent contre-productive ».
Le féminisme, un sport de combat ?
L’égalité femmes-hommes étant souvent une question d’éducation mais aussi de vivre-ensemble, de nombreuses mesures sont élaborées en cette direction. Des cours de récréations à repenser pour que les terrains de sports ne soient pas monopolisés par les garçons, des animateurs CLAE et ATSEM à former à l’égalité filles-garçons. Certaines pistes de réflexion peuvent aussi s’avérer plus radicales comme celle prônant la réservation de jours non-mixtes dans les city stades et skate parcs pour favoriser la pratique de ces sports par les filles.
« Ce ne serait pas à long terme mais juste le temps de la prise de conscience face à une vision encore très genrée. Ça peut être une demi-journée par semaine avec un encadrement pas des animateurs pour que les jeunes filles s’approprient ces espaces » tempère Katia Broussy. D’autres propositions concernant le sport trouvent, elles aussi, une résonnance avec l’actualité, notamment celles contenues dans le paragraphe « lutte contre le harcèlement et les propos sexistes ».
Toujours au chapitre du sport, mais pas seulement, des mesures très pragmatiques sont également évoquées : « par exemple ce n’est pas forcément l’équipe masculine de rugby qui doit avoir accès au terrain en vraie pelouse alors que l’équipe féminine est reléguée sur le terrain synthétique, alors qu’elle-même qu’elle est mieux classée au national que les garçons. » Ou encore : « création de places de stationnement pour les femmes enceintes dans les parkings et dans les rues, en particulier à proximité des maternités, pharmacies, crèches et écoles ».
Aux candidats de s’en emparer
Le livret de propositions a été envoyé, il y a quelques jours, à différents partis et mouvements politiques présents à Toulouse. Le RN dont le groupe de travail a jugé les prises de positions publiques « opposées au féminisme » n’en a pas été destinataire. Ce programme « féministe » pourrait également voyager : « Nous allons le diffuser dans d’autres communes, car ces problématiques se retrouvent partout en France ». Reste à savoir maintenant si les candidats s’en inspireront et dans quelles proportions.
Patrick Noviello (@patnoviello)