09 Avr

Pro et anti-Macron : le grand écart de la majorité municipale de Jean-Luc Moudenc à Toulouse

Durant le week-end passé, des élus de la majorité de Jean-Luc Moudenc ont distribué des tracts contre la politique d’Emmanuel Macron pendant que d’autres élus, de la même majorité, tractaient eux, pour promouvoir la politique du gouvernement.

L’un des adjoints de Jean-Luc Moudenc, Bernard Serp (à droite sur l’image) tractant avec les Républicains contre la politique de Macron (pHoto : LR31)

Une majorité municipale c’est généralement un patchwork : l’assemblage de sensibilités et de personnalités diverses, pas toujours d’accord sur tous les sujets, mais qui se rejoignent sur l’essentiel.

Depuis quelques mois, surtout après l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée, l’équipe municipale de Jean-Luc Moudenc à Toulouse est traversée par de vraies divergences sur les sujets de politique nationale : il y a dans cette majorité locale des opposants et des partisans de la politique gouvernementale. Au point de se retrouver dans la rue, ensemble mais séparément, avec des mots d’ordre opposés.

Illustration parfaite lors du week-end des 7 et 8 avril.

C’était mobilisation générale pour La République en Marche, qui a lancé sa grande marche européenne, un an avant les élections européennes de 2019. Il faut donc quadriller la ville et porter la bonne parole du gouvernement et du Président de la République dans les boîtes aux lettres des Toulousains.

 

Sur les photos, on voit notamment à l’oeuvre Franck Biasotto, membre de LREM et adjoint au maire de Toulouse chargé du logement. Il est, avec la députée Elisabeth Toutut-Picard, l’un des principaux membres de la majorité nationale au sein de la majorité municipale.

Au même moment, ses collègues des Républicains, membres de la même majorité de Jean-Luc Moudenc (lui-même toujours membre de LR) étaient aussi sur le pont, distribuant des tracts contre… la politique d’Emmanuel Macron !

Au contact des Toulousains, Bertrand Serp, notamment, adjoint au maire chargé de l’innovation et du numérique. Ajoutons, que la patronne de la fédération départementale de LR de Haute-Garonne, Laurence Arribagé, est 2ème adjointe au maire de Toulouse.

Bref, lors du même week-end militant, plusieurs adjoints au maire de Toulouse ou membres de sa majorité municipale, militaient dans les rues de la ville les uns contre les autres !

Alors cette particularité de la majorité municipale toulousaine est-elle un handicap pour le maire Jean-Luc Moudenc ? Pas forcément. Au contraire, cela peut lui permettre de maîtriser jusqu’aux élections municipales de 2020 l’extension de LREM dans la ville, et, en entretenant de bonnes relations avec les élus En Marche ! de Toulouse, d’éviter qu’une liste soutenue par le président de la République se présente face au maire sortant. Voire d‘obtenir lui-même le parrainage de La République en Marche pour les prochaines municipales, élargissant ainsi le spectre de la droite et du centre toulousain au parti de l’actuel président.

Mais cette tactique a ses limites. L’attitude du maire de Toulouse, également président de France Urbaine (qui regroupe les métropoles et communautés urbaines de France), parfois très critique vis-à-vis des décisions du gouvernement, agace au plus haut niveau, y compris au gouvernement.

Le maire de Toulouse a l’oreille de deux ministres, Benjamin Grivaux et Gérald Darmanin. Mais cela pourrait ne pas suffire : à différentes reprises le Premier ministre Edouard Philippe s’est plaint en petit comité du manque de « clarté politique » du maire de Toulouse. 

Selon un responsable LREM, « si Jean-Luc Moudenc ne prend pas franchement ses distances avec Laurent Wauquiez et Les Républicains, il n’aura jamais le soutien de La République en Marche aux municipales ». 

La politique c’est toujours un savant dosage. Localement, à Toulouse, le précipité n’est pas encore sorti de l’éprouvette.

FV (@fabvalery) avec LD (@laurentdub)