Dans le Tarn, l’absence de candidat « macroniste » en face du député (centriste) Philippe Folliot suscite une véritable fronde dans les rangs d’En Marche !
Emmanuel Macron réveille deux spécialités que l’on croyait réserver au Vatican et au Kremlin : l’interprétation savante de la parole officielle. Le nouveau président communique peu. La moindre déclaration est soigneusement scénarisée et la communication élyséenne est totalement cadenassée. Dans le département du Tarn, le mouvement d’Emmanuel Macron respecte scrupuleusement la ligne.
Jeudi 18 mai, En Marche ! 81 a publié un communiqué de presse. A première vue, c’est un non-événement. Les « macronistes » tarnais rappellent qu’ils soutiennent leurs candidats dans le département. C’est la moindre des choses. Le contraire serait étonnant et même détonnant. Dans le même communiqué de presse, En Marche 81 ! précise également :
Nous prenons acte de la décision de la CNI de ne présenter aucun candidat représentant notre mouvement sur la 1ère circonscription du Tarn
Cette déclaration est dans le veine du reste du communiqué de presse. Une belle Lapalissade. Le mouvement En Marche ! se transforme tout juste en véritable parti. Mais, parti ou mouvement, En Marche ! reste une structure avec une hiérarchie et une organisation verticale. Les « macronistes » du Tarn respecte les décisions du national. Là encore, c’est normal et banal. Mais attention, les apparences sont trompeuses. C’est une vieille règle de la rhétorique et de la communication politique : soulignez les évidences montre qu’il y a un loup dans la bergerie.
C’est exactement ce qui passe dans le Tarn. En Marche ! 81 affiche et affirme que l’absence d’un candidat face à Philippe Folliot est intégré. Mais, en réalité, les dents grincent. Avant la proclamation des investitures, une pétition a été adressée aux instances nationales d’En Marche ! Les signataires exprimaient leur défiance envers Philippe Folliot. Une fois les candidatures connues, une nouvelle mobilisation s’est organisée. Des adhérents d’En Marche ! se sont adressés au référent départemental du mouvement, Clément Baller, pour soutenir sa candidature face à Philippe Folliot.
Autre fait, autre signe d’une fronde, un adhérent d’En Marche ! veut se présenter contre le centriste Folliot. Lors de la conférence officialisant cette dissidence, un représentant d’En Marche ! était dans la salle. Le signal est clair. Des « macronistes » du Tarn refusent d’entériner l’accord Macron-Folliot. Un accord en forme de pacte de non agression : pas de candidat en face du député sortant.
Selon nos informations, une procédure est en cours pour couper les ponts entre En Marche ! et le candidat anti-Folliot. Ce n’est pas simple. Il faut trouver une base statutaire pour mettre hors jeu le trublion. Mais le message est clair : pas question de laisser prospérer une dissidence.
En attendant, le mal est fait. En Marche ! 81 (à la différence d’autres départements) évite un schisme sur la place publique. Mais, en coulisse et en OFF, les « macronistes » du Tarn ne cachent pas leur déception.
Une déception (souvent) teintée de colère.
Laurent Dubois (@laurentdub)