Emmanuel Macron doit officialiser sa candidature avant le 10 décembre. L’hypothèse planait dans l’air. C’est désormais une information véhiculée par l’entourage de l’ancien ministre de l’Economie et reprise par l’Agence France Presse (AFP). Le PRG et sa présidente, Sylvia Pinel, ont immédiatement réagi. La présidente des radicaux de gauche est certaine que la présidentielle est perdue pour la gauche. Sylvia Pinel estime que le second tour se réduira à un duel entre le candidat de la droite et le Front National.
« La candidature désormais certaine d’Emmanuel Macron, ajoutée à celle déjà déclarée de Jean-Luc Mélenchon sonne le glas de la présence de la gauche au second tour de l’élection présidentielle ». Sylvia Pinel n’est pas simplement pessimiste. La présidente du PRG est ouvertement défaitiste. Quel que soit le candidat de la gauche, il est éliminé par la candidature d’Emmanuel Macron. François Hollande ou l’éventuel vainqueur de la primaire organisée par le PS sont battus d’avance.
Le (sombre) pronostic de Sylvia Pinel s’applique au président sortant mais aussi à Arnaud Montebourg et (en cas d’abandon de François Hollande) à Manuel Valls. Le 26 novembre prochain, les radicaux de gauche doivent arrêter leur position sur la présidentielle de 2017. Une partie du parti est hostile à toute participation à une primaire qu’ils considèrent comme une primaire…socialiste. Le bras droit de Sylvia Pinel, Guillaume Lacroix, et l’ancien président du PRG, Jean-Michel Baylet, sont au contraire favorables à l’initiative lancée par Jean-Christophe Cambadélis et validée par François Hollande.
A ces divergences stratégiques s’ajoute un vrai clivage. Un clivage qui peut se transformer en (véritable) schisme. En effet, de nombreux radicaux de gauche rejoignent Emmanuel Macron. Dans ce contexte tendu, la déclaration (alarmiste) de Sylvia Pinel brouille la ligne du parti et ne va pas (forcément) calmer les esprits.
Si c’est perdu d’avance, pourquoi se lancer dans une primaire aventureuse ?
C’est pourtant la ligne que va défendre, fin novembre, la présidente du parti.
Néanmoins, il ne faut pas (forcément) chercher de rationalité politique dans les propos de Sylvia Pinel. Associer la candidature d’Emmanuel Macron a un cataclysme peut simplement traduire un fait connu de tous au sein du PRG : l’inimitié de Sylvia Pinel envers l’ancien ministre des Finances. Diaboliser l’adversaire est une technique aussi vieille que la rancoeur.
Une rancoeur qui fait parfois confondre vitesse et précipitation.
Laurent Dubois (@laurentdub)