La Grande-Bretagne est redevenue une île. Les anglais quittent l’Union Européenne. On ne mesure pas encore toutes les conséquences du Brexit. Mais une chose est certaine, le vendredi 24 juin entre dans les livres d’Histoire. Depuis 1951 et le premier traité fondateur, l’Europe n’a cessé de grandir et de s’agrandir au point de compter 28 Etats membres et 508 millions d’habitants. Pendant des décennies, des candidats ont frappé à la porte de l’Union Européenne. L’Europe a été attractive et enviée. Attractivité d’un espace démocratique. Réussite économique d’un des plus grands marchés du monde.
Mais au fil du temps la répulsion et l’euroscepticisme ont gagné du terrain. Ce processus d’érosion connaît un point d’orgue avec le référendum (historique) organisé en Grande Bretagne.
Un ancien acteur de la scène européenne réagit sur cet événement inédit.
Ancien vice-président (EELV) du Parlement Européen, Gérard Onesta est un européen convaincu. Mais il ne verse pas de larmes. Interview.
Le Blog Politique. La Grande-Bretagne quitte l’Union Européenne. Votre réaction.
Gérard Onesta. J’appartiens à une espèce rare. Je suis un européaniste pas mécontent. J’ai vu comment le libéralisme anglais a toujours eu le pied sur le frein. Je l’ai vécu. Blocage des normes environnementales. Blocage des réformes institutionnelles et chantage permanent. Je peux comprendre que la City ait la gueule de bois. Les Anglais, c’était l’Europe de la City. Je ne suis pas dupe des racistes et des populistes contre qui ont voté en faveur du Brexit. J’ai regardé le détail des votes et j’ai bien vu que ceux qui ont voté pour la sortie de l’Europe ont plus de 50 ans. C’est dramatique de voir que ce sont les jeunes qui vont devoir vivre et grandir avec une décision qu’ils ne voulaient pas.
Le Blog Politique. C’est une journée sombre pour la construction européenne et le début de la fin pour l’Europe ?
Gérard Onesta. C’est un coup de pied dans la fourmilière qui peut secouer le cocotier européen. Ce n’est que le début et le plus important c’est la suite. La crise doit permettre de refonder l’Europe. Mais il y a urgence. Il faut refonder l’Europe aussi vite qu’elle risque de s’effondrer suite au départ de la Grande-Bretagne.
Le Blog Politique. Vous êtes optimiste sur la capacité des européens à se réformer ?
Gérard Onesta. Pendant des années, j’ai été le négociateur entre Europe-Ecologie et le PS sur les questions européennes. Sur 28 propositions pour débloquer le système, le PS en a gardé exactement zéro. Il faut que l’Europe se réforme très vite ou elle risque d’exploser très vite mais je crains que François Hollande et Angela Merkel restent dans leurs petits agendas.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)