Le verdict va tomber. José Bové est sur le billot. Il risque de perdre la tête de liste pour les prochaines européennes. Samedi après-midi, Europe-Écologie va trancher. D’après un cadre national d’Europe-Écologie,
« il y a un danger important. Il existe une grosse pression interne pour éliminer José Bové ».
Le péril vient de l’intérieur. José Bové sera, en toute hypothèse, sur l’affiche électorale. En octobre dernier, les militants ont voté pour lui. Mais une candidate est en embuscade. Catherine Grèze a été qualifiée dans le collège féminin.
On connaît les deux premiers noms des candidats Europe-Écologie. Mais l’essentiel est ailleurs. La place de n°1, la tête de liste, est un passeport pour Bruxelles. C’est beaucoup moins évident pour le « malheureux » numéro 2.
D’après un élu Europe-Écologie,
« être numéro 1 c’est avoir 90% de chances d’être élu et numéro 2 à peine 10% ».
La dernière récolte électorale a été une excellente cuvée pour Europe-Écologie. Les écolos ont fait un score historique. En interne, personne ne croit à ce nouvel exploit. Dans un contexte d’euro-phobie, après des législatives décevantes et avec un bilan gouvernemental terne, l’horizon est sombre.
L’entourage de José Bové a conscience de cela. La tête de liste est vitale.
La tribu Écolo est une tribu cannibale. Elle dévore ses enfants. La notoriété et le bilan européen de José Bové ne le protègent pas. L’ancien démolisseur de Mac Do est devenu un vice-président de la commission agricole connaissant ses dossiers. Il passe son temps à Bruxelles ou Strasbourg. Beaucoup d’euro-députés français perçoivent leurs indemnités et restent les sabots dans le terroir hexagonal. Ce n’est pas le cas de José Bové.
Mais cette qualité devient un handicap. Comme le reconnaît un de ses proches,
« José ne cultive pas les réseaux militants. Ce n’est pas un homme de parti ce qu’il peut payer. Il est fragilisé ».
Sa concurrente, Catherine Grèze n’a pas commis cette erreur. A la différence de José Bové, elle est adhérente à Europe Écologie. Mais surtout, elle est très présente en interne. Elle bénéficie de soutiens qui relaient un argument arithmétique. L’euro-députée a été mieux élue, dans le collège femme, que José Bové du côté des hommes. Les partisans de la figure du Larzac répondent : impossible de comparer l’incomparable. José Bové avait, en face de lui, plus de compétiteurs. 8 au lieu de 3 pour Catherine Grèze. Le score est moins bon. Mais la victoire est plus forte.
Ces passes d’armes annoncent, samedi, une rude confrontation.
L’ambiance au sein d’Europe Écologie est explosive. Le congrès de Caen, fin novembre, s’est mal passé. Un cadre national d’Europe Écologie n’hésite pas à parler de
« l’explosion de la majorité. La désignation des têtes de listes, surtout en PACA, précipitant l’explosion ».
Le sort de José Bové est aussi lié à ce climat hostile. Un jeu de billard à plusieurs bandes (organisées) va peser sur le jeu de chaises musicales de samedi. Ces dernières heures, le rapport de force à évoluer. Les soutiens de José Bové sont plus confiants. Une prise de conscience s’opère dans les rangs des militants. Bové reste une personnalité emblématique. Difficile de la déboulonner. Mais, comme le précise un praticien des arcanes écolos, « en conseil fédéral tout est possible. Surtout du côté des minoritaires ». Bref le suspens demeure.
Couac – un Bové sacrifié – ou Encore – un Bové tête de liste.
Réponse samedi vers 16 heures
Laurent Dubois