Une tempête après un cyclone. Le tourbillon autour de la déchéance de nationalité est à peine calmé et le PS replonge dans une nouvelle turbulence. La réforme du code du travail secoue violemment les rangs du parti. Un vent de colère souffle dans les fédérations départementales. Une parlementaire (de poids) partage cette révolte. La présidente de la commission des Affaires Sociales, Catherine Lemorton se dit « atterrée et vraiment triste ». La députée de Haute-Garonne est prête à ne pas voter la réforme défendue par Manuel Valls et François Hollande.
Plafonnement des indemnités prud’homales. Des journées de travail qui peuvent atteindre 12 heures. Une semaine de 46 ou 60 heures. Les mesures qui ont fuité dans la presse mettent le feu à la majorité. Le projet de loi (131 pages format A4 et 20 pages d’exposé des motifs) suscite une levée de bouclier. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a immédiatement critiqué une réforme qui doit être présentée en conseil des ministres le 9 mars prochain.
La fronde socialiste s’est rapidement étendue et elle touche la région Midi Pyrénées Languedoc Roussillon.
Dans le Tarn, en Haute-Garonne, dans l’Hérault et le Tarn-et-Garonne, les instances fédérales montent au créneau. Le Mouvement national des Jeunes Socialistes (MJS) n’est pas en reste et des militants en herbe appellent les parlementaires à ne pas voter la réforme du gouvernement.
Dans la puissante fédération de Haute-Garonne, un conseil fédéral doit fixer officiellement la position de la « fédé ». Il doit intervenir dans les prochains jours. Mais le 1er fédéral, Sébastien Vincini, se dit « très réservé sur le projet« .
Même tonalité dans la seconde fédération de la Grande Région. Le 1er fédéral de l’Hérault, Hussein Bourgi déclare : « Nous avons un conseil fédéral demain (NDLR mardi 22 février). Je vais proposer une motion commune contre le texte qui a fuité et dont les principales dispositions posent problème pour beaucoup d’entre elles. L’esprit de notre motion consiste à demander au gouvernement de dialoguer avec les organisations syndicales de salariés et de réécrire le texte afin d’en proposer une nouvelle mouture« .
Dans le Tarn, le 1er fédéral (ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée) n’a pas souhaité répondre. Mais, selon un militant, le climat général est sans ambiguïté. La majorité de la fédération est hostile à la réforme du code du travail et cette position sera exprimée lors du prochain conseil fédéral.
Visiblement, la rébellion ne se limite pas aux instances fédérales. Elle touche le coeur du réacteur législatif. La députée de Haute-Garonne, Catherine Lemorton est la présidente de la commission des affaires sociales. C’est sa commission qui va se trouver au centre des débats et des travaux parlementaires. Catherine Lemorton ne mâche pas ses mots : « Quel manque de bon sens. Juste après l’épisode de la déchéance de nationalité. Je suis triste que l’on termine sur cela. On a fait une vraie loi sur la santé publique et on finit le quinquennat là dessus ».
Catherine Lemorton est franchement réservée sur le fond.
« En l’état actuel, il est hors de question de voter le texte. Une seule raison parmi d’autres. Le loup se cache dans le détail. Dans le projet qui a fuité dans la presse les salariés doivent être prévenus dans un délai raisonnable. Un délai raisonnable, je ne sais pas ce que c’est. Actuellement les salariés doivent être prévenus 13 à 14 jours en avance ».
Des réserves sur le fond. Mais également une vraie mise en garde sur la méthode :
« Si on dessaisi ma commission au profit d’une commission spéciale, je vais me transformer en « Benoît Hamon » en jupe. On entend dire, dans les couloirs de l’exécutif, que ma commission est composée de gauchistes. Pas question de créer une commission spéciale composée de béni-oui-oui du gouvernement. Si on dessaisi les députés PS et d’opposition, spécialistes du code du travail, je vais être très en colère« .
Selon nos informations, Catherine Lemorton n’est pas le seul « pilier » qui vacille.
L’autre « pivot » de la réforme, le député de Saône-et-Loire, Christophe Sirugue doit normalement être le rapporteur du projet de loi (un personnage clés de la procédure législative) et il ne comprend pas comment (selon les mots d’un proche) la majorité peut venir se fracasser sur une tel texte à un an des législatives.
Laurent Dubois (@laurentdub)