Tous les mardis, à 11 heures, le groupe PS de l’Assemblée se réunit salle Victor Hugo. Mais la réunion du 1er mars était très particulière. Le sulfureux projet de loi sur la refonte du code du travail était à l’ordre du jour. Manuel Valls était présent. Le premier ministre a annoncé la constitution d’un séminaire de travail.
Un vent de fronde agite les rangs des parlementaires socialistes. Des députés de la majorité ont publiquement exprimé leur hostilité à une réforme qu’ils jugent contraire aux valeurs de la gauche. L’épée de Damoclès, brandie par l’exécutif, du 49-3 (un passage en force et une adoption sans vote ni débat) grippe (sérieusement) les relations entre Manuel Valls et sa majorité parlementaire.
Dans ce contexte, le premier ministre donne des gages. Après un changement de calendrier (le projet de loi devait être présenté en conseil des ministres le 9 mars), Manuel Valls joue la carte de la concertation.
Comme le précise le député de la Haute-Garonne, Gérard Bapt : « Il s’agit de faire évoluer le texte en tenant compte des oppositions mais sans remettre en cause la nécessité d’une réforme ».
Concrètement aucune date n’a été définie pour l’organisation du séminaire. On ignore également le format : quelle durée ? Pour Monique Iborra (députée et membre de la commission des affaires sociales), « le séminaire va forcément se dérouler dans les quinze prochains jours, avant le conseil des ministres présentant le texte. On ne devrait pas tarder à en savoir davantage ».
Le gouvernement va-t-il participer au séminaire ? Manuel Valls ou El Khomri ? Le premier ministre et la ministre du travail ? « Manuels Valls a évoqué la possibilité de sa présence mais c’est informel » précise Gérard Bapt.
Cette participation pourrait d’ailleurs aider à calmer les esprits. Monique Iborra estime que Manuel Valls « semble ouvert et prêt à la discussion ». Cela n’empêche pas un député d’être sceptique : « cela risque de tourner à la foire d’empoigne ».
En réalité, l’avenir du projet de loi va se jouer au delà des murs du Palais-Bourbon. Dans la rue ou autour d’une table avec la CFDT. La mobilisation syndicale du 9 mars (grèves et manifestation) mais aussi les négociations avec un syndicat qui a toujours soutenu le gouvernement vont décider du sort de la réforme « Valls-El-Khomri ».
Le séminaire (ouvert aux membres de la commission des affaires sociales mais aussi à la commission des affaires économiques) va également être influencé par un paramètre supra-parlementaire et très politique : les législatives de 2017.
Les députés socialistes vont tenir la comptabilité des cortèges syndicats et des pétitions dans leurs circonscriptions. Cela risque de virer à l’équilibrisme. Comme le précise Monique Iborra : « Pour beaucoup de parlementaires, il faut concilier le soutien à un gouvernement qui remet en cause l’ADN de la gauche et la préparation des élections législatives dans des circonscription qui sont parfois très à gauche ».
Laurent Dubois (@laurentdub)