Le dossier de presse vient d’arriver dans les rédactions. Une nouvelle liste se monte à gauche du PS. Le « Projet En Commun » réunissant écologistes, le parti communiste, le parti de gauche et les Occitanistes vient d’être validé par le PC. Mais le même jour, quelques heures après le vote des fédérations communistes, une liste concurrente monte sur scène. Une liste qui se situe sur le même terrain que le « Projet En Commun » : l’écologie et la citoyenneté.
Depuis des semaines, des rumeurs circulaient autour des deux leaders de la nouvelle venue. Christophe Cavard est le député du Gard. Il a claqué la porte d’Europe-Ecologie en juin dernier. Gérard Onesta a refusé de l’intégrer sur sa liste. Son départ du parti Ecolo est contraint et forcé. Depuis l’ombre de Christophe Cavard planait en coulisse.
Même chose pour Gérard Poujade. Le maire du Séquestre (81) et conseiller régional sortant a démissionné du PS en juin dernier. Ses (anciens) camarades parlaient, à l’époque, d’une décision qui anticipait son absence de la liste de Carole Delga. Peu importe la véritable raison, le résultat était là : Gérard Poujade (comme Christophe Cavard) se retrouvait seul dans la nature. Une rencontre, avant l’été, avec Philippe Saurel n’a pas abouti. Les deux hommes ne sont pas entendus. Le courant n’est pas passé. D’après un proche de Philippe Saurel, le maire de Montpellier s’est contenté d’écouter religieusement un Gérard Poujade qui se présentait comme la clé de la victoire.
L’annonce publique, faite ce soir, par voie de presse est donc étonnante. Mais elle n’est pas surprenante. Pour Christophe Cavard et Gérard Poujade le seul moyen pour ne pas rester en dehors du jeu était de monter une liste. Coté « Ecologistes », la réaction est brutale : « l’enfumage continue ». Pourtant Christophe Cavard affiche des listes départementales.
Deux listes sont complètes. Dans le Gard, conformément à la loi électorale, il faut présenter 22 candidats. La liste « Cavard-Poujade » affiche 22 noms. Le compte est bon. Evidemment, le fait que ce soit le département du député n’est pas neutre. C’est forcement le territoire ou les contacts et les réseaux sont les plus faciles à nouer. Dans le Gers, le Code Electoral prévoit 7 candidats. Le « Bien Commun » livre le nom de 7 personnes.
Ces listings ne signifient pas que le « Bien Commun » est une vraie liste. Au delà du nombre de candidats, il faut assurer les dépenses obligatoires (sans parler de la location de salles ou du défraiement des déplacements). Notamment l‘imprimerie de 4 millions de professions de foi et 8 millions de bulletins de vote. Cela représente une enveloppe de plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour être remboursé, il faut passer la barre des 5% des suffrages exprimés.
Lundi, à Toulouse, une autre liste va s’afficher. Jean-Claude Martinez va présenter ses candidats en Haute-Garonne. Mais, que l’on soit en conflit avec le FN (Jean-Claude Martinez est en guerre ouverte contre Louis Aliot) ou en rupture de ban avec le PS et Europe-Ecologie, le nerf de la guerre est l’argent.
Il faut avoir les moyens financiers de ses ambitions.
Les Régionales 2015 sont de super-régionales. Elles sont « hors-norme » par rapport aux précédents scrutins. Elles sont taillées pour les grands partis. Des grands partis capables de mobiliser des troupes sur 13 départements et de payer les factures. Le maire de Montpellier et ses « Citoyens du Midi » est une exception. Mais une exception qui confirme le principe. Philippe Saurel parle d’une campagne « cheap ». Mais il met 250 à 300 000 euros sur la table.
Face à ces obstacles pratiques, il reste une explication.
Le jeu du billard à deux bandes : faire une tour de piste pour « monnayer » un retrait. A gauche, Jean-Christophe Cambadélis alimente cette bourse aux places. A force de parler d’unité, il peut susciter des vocations de mercenaires.
Christophe Cavard alimente lui-même cette hypothèse.
Sur le plateau de Public Sénat, lors d’une interview, le député a ouvertement dit qu’il est prêt à s’entendre avec d’autres listes.
Alors, le tandem « Cavard-Poujade » : une fausse liste ou une vraie entreprise commerciale ? Le rideau tombera forcément le 9 novembre. Date limite de dépôt des listes en préfecture.
Laurent Dubois