En période électorale, la guerre des sondages est une figure classique. Et même un exercice obligé. Les adversaires se lancent des chiffres au visage. Des études circulent sous le manteau et alimentent des rumeurs plus ou moins fondées. Les Régionales 2015 n’échappent pas à la règle. Mais, depuis aujourd’hui, un cap est franchi. La question des sondages tourne au coup de matraque. Le Parti Socialiste a saisi le « gendarme » des études d’opinions. Un journal satirique montpelliérain se retrouve devant la Commission des sondages.
L’Agglorieuse existe depuis 2002 en version papier sous forme d’un hebdomadaire. Mais aussi sur le web. Le 8 septembre, un article, mis en ligne sur le site, donne les chiffres d’un « sondage » qui aurait été acheté par le PS mais qui n’aurait pas été publié.
Cette publication rend publique une affaire qui n’a jamais été « souterraine ».
Pendant des jours, Twitter s’agite autour du « sondage caché du PS ». Le maire de Montpellier et tête de liste « Citoyens du Midi » demande même (sur son compte) au parti socialiste de sortir les chiffres. Sur de nombreux portables, des SMS font circuler des scores.
L’Agglorieuse met sous les yeux de ses lecteurs des chiffres que beaucoup de journalistes et de politiques ont dans leur poche. Ou plutôt sur leur Smartphone. Vrais ou faux. C’est une autre chose. Personne n’a produit un sondage en bonne et due forme avec fiche technique, nom du commanditaire et la date.
Le journaliste à l’origine de l’article n’imaginait pas que le parti socialiste puisse déposer une saisine devant la Commission des sondages. Benjamin Teoule se dit « très surpris de cette action ». Pour lui :
« le conditionnel a été utilisé tout au long de l’article et il a été écrit dans le cadre d’un journal satirique afin d’illustrer la folie des sondages qui saisit cette élection régionale ».
La Commission des sondages (art 9 et 12 de ses statuts) ne va pas mettre L’Agglorieuse sur la paille. En cas de sanction, elle ne va pas taper sur le portefeuille d’un média qui n’a pas la chance d’être adossé à la puissance financière d’un groupe de presse. Pas de risque mortel.
Néanmoins, la matraque (symbolique) brandit par le PS révèle une évidence tous les jours plus évidente : la campagne va être âpre.
Cette attitude « musclée » (un appel téléphonique, une explication entre quatre yeux ou un droit de réponse aurait pu suffire) montre également que L’Agglorieuse sert d’exemple.
Tous les autres médias ont intérêt à retenir la leçon : les régionales, c’est du sérieux. On ne rigole pas avec les sondages.
Laurent Dubois