Dimanche 12 février, le magazine Dimanche En Politique a posé à ses invités (Gérard Onesta et Myriam Martin du groupe Nouveau Monde, Thierry Viallon du Front National) une question : existe-il au Conseil Régional des collaborateurs ayant des liens familiaux avec leur employeur, les conseillers régionaux ? Les trois élus ont répondu par la négative. Info ou Intox ?
Les députés et les sénateurs ne sont pas les seuls à disposer des collaborateurs. L’affaire Fillon jette une lumière crue sur les assistants parlementaires. L’emploi de membres de la famille et un soupçon d’emplois fictifs suscitent un trouble profond dans l’opinion publique. Mais, loin des palais nationaux, il existe des assistants qui, comme leur collègue de l’Assemblée Nationale et du Sénat, travaillent au quotidien aux côtés des groupes politiques et des élus régionaux.
Les assistants régionaux de vrais assistants même si…
Le statut de ces assistants régionaux n’est pas comparable à celui des assistants parlementaires. Il existe deux catégories d’assistants régionaux : auprès des groupes et auprès des vice-présidents. Ils exercent leur fonction sur la base d’un contrat de droit public. Leur rémunération est calquée sur la grille de la fonction publique territoriale et calculée sur la base d’une enveloppe déterminée en fonction d’un seuil (30% des indemnités additionnés de l’ensemble des élus).
De plus, selon nos informations, des contrôles de CV et de diplômes sont effectués. Bref, au Conseil Régional d’Occitanie (comme dans les autres conseils régionaux de France et de Navarre) on est loin du flou artistique qui règne au Palais Bourbon. Cela n’empêche pas les zones d’ombre. A Toulouse, les assistants doivent « bagder ». Pas de « pointeuse » à Montpellier. Mais, pour les toulousains, il existe une « tracabalité » des horaires de travail. Néanmoins, selon nos informations, il existerait un moyen simple pour passer entre les mailles du filet. Des personnes badgent à la place d’autres collègues indélicats. Une source interne au Conseil Régional précise également : « je ne garantirai pas que des assistants ne vont pas chercher des affiches pour les législatives et ne bossent pas pour le parti. Je ne dirai pas qu’il s’agit d’emplois fictifs mais des personnes qui bossent en même temps pour le parti ».
Malgré quelques points noirs, le bilan est globalement positif. Selon les invités de Dimanche En Politique, l’exemplarité des assistants régionaux s’étend également à une absence de « consanguinité ». Interrogés, en plateau, Myriam Martin, Gérard Onesta et Thierry Viallon ont répondu d’une même voix : aucun emploi familial.
Vérification faite, le représentant du Front National a été victime d’une amnésie volontaire. Le secrétaire général du groupe FN est marié avec une élue régionale.
Pas d’assistant « familial » ? Ben si
En mai 2012, Le Monde publie un article intitulé : « Dans l’Hérault, les Jamet, l’autre famille régnante du Front National« . Au détour d’un paragraphe, on peut lire l’expression « la PME Jamet-Vouzellaud« . Le nom de Jamet renvoie à celui de la présidente du groupe FN au conseil régional et celui de Vouzellaud au secrétaire général du groupe FN au…conseil régional. Le tandem politique entre la présidente et son secrétaire général n’est pas un simple tandem politique. Depuis la publication de l’article du Monde, la situation a évolué.
Le secrétaire général du groupe FN est toujours secrétaire général du groupe. Mais sa situation personnelle a changé. Sur le site du Front National, Guillaume Vouzellaud précise : vie maritale. Mais cette mention ne concerne plus la présidente du groupe. Elle renvoie implicitement (sans donner de nom) à une conseillère régionale FN.
En répondant « non » à la question « existe-t-il des assistants « familiaux ? », Thierry Viallon occulte donc un fait indéniable : le secrétaire général du groupe FN a bien une relation familiale avec une conseillère régionale de ce même groupe FN.
En soi ce mensonge par omission est véniel. Guillaume Vouzellaud n’est pas un emploi fictif. Selon nos informations, il gère les 7 collaborateurs du groupe. Candidat à une vingtaine d’élections, le secrétaire général du groupe FN peut justifier d’une expérience et d’un parcours politique. De plus, le recrutement d’un collaborateur ayant des liens familiaux avec une élue est parfaitement légal.
L’attitude de Thierry Viallon est maladroite. Nier les évidences est toujours improductif. Mais elle traduit le profond malaise suscité par la polémique autour de l’affaire Fillon. Les emplois familiaux ne sont pas simplement devenus suspects. Ils sont condamnables et mêmes condamnés par l’opinion publique.
Dans ce contexte, le représentant du FN a préféré masquer la vérité ; ça pouvait passer. Enfin presque.
Laurent Dubois (@laurentdub)