Jacques Mézard s’exprime rarement. Le président du groupe RDSE au Sénat est un pilier du PRG et un soutien fort d’Emmanuel Macron. Mais il intervient peu dans les medias. Dans une interview exclusive, Jacques Mézard explique pourquoi il s’est mis En Marche avec Emmanuel Macron. Le patron des sénateurs radicaux de gauche évoque également les réactions de la direction de son parti à son ralliement.
Le Blog Politique. Vous êtes ce soir, en Haute-Garonne, pour animer une réunion du mouvement d’Emmanuel Macron, En Marche ! Pourquoi ?
Jacques Mézard. Deux raisons. J’ai été invité par la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra. Mais En Marche m’a également identifié pour venir parler de la question de la ruralité. En tant que sénateur du Cantal, je suis censé pouvoir en parler (rire).
Le Blog Politique. Pourquoi avez-vous rejoint Emmanuel Macron ?
Jacques Mézard. Depuis l’été, je marche aux côté d’Emmanuel Macron. Je souhaite qu’une nouvelle génération prenne les commandes. Et pour ça on peut faire confiance à Emmanuel. Il incarne une révolution du bon sens et chaque jour j’en suis de plus en plus convaincu.
Emmanuel Macron incarne une révolution du bon sens
Le Blog Politique. Une révolution du bon sens ? C’est-à-dire ?
Jacques Mézard. Nous avons besoin de rassembler les sensibilités et de dépasser les fractures qui passent au milieu des deux grands courants que sont la droite et la gauche. Des fractures qui se situent au niveau de la fiscalité, de l’Europe, des questions sociales. Au Sénat, je préside un groupe dans lequel on sait ce que veut dire la liberté de vote. Je suis bien placé pour savoir ce qui se passe quand Les Républicains ou les socialistes refusent de voter ou s’opposent alors qu’ils d’accord sur le fond. Nous avons un besoin impérieux de dépasser les clivages. Le danger c’est le vote des extrêmes ; 40% des français sont prêts à voter pour l’extrême gauche ou l’extrême droite. Nous sommes face à une véritable urgence.
40% des français sont prêts à voter pour les extrêmes. Nous sommes devant une urgence.
Le Blog Politique. Au delà du contexte politique, qu’est ce qui vous a poussé à rejoindre Emmanuel Macron ? Comment êtes vous passé du PRG à Emmanuel Macron ?
Jacques Mézard. Je ne me voyais pas voter pour un socialiste ou un candidat de droite. Emmanuel Macron est le plus proche des valeurs radicales qui sont les miennes depuis toujours. Il faut libérer la société et libérer l’économie. Mais il faut également un Etat protecteur et régulateur. Un Etat qui protège les plus faibles.
Emmanuel Macron est le plus proche des valeurs radicales.
Le Blog Politique. Comment se passe les relations avec votre parti. Un parti qui a participé à une primaire organisée par le PS et qui doit donc soutenir le vainqueur, Benoît Hamon ?
Jacques Mézard. Je n’ai strictement aucune agressivité contre l’exécutif du PRG. D’ailleurs je ne me suis jamais exprimé sur les positions de l’exécutif. Je dis simplement que de très nombreux élus nationaux, locaux et militants PRG ont rejoint le PRG et c’est une bonne chose. Par ailleurs, je précise que personne ne peut mettre en doute ma fibre radicale. Une fibre qui est la mienne depuis ma jeunesse.
Le Blog Politique. Existe-t-il des négociations entre le PRG et Emmanuel Macron ? Travaillez-vous à un rapprochement entre le PRG et le mouvement En Marche ?
Jacques Mézard. J’ai l’habitude d’être clair et Emmanuel l’a dit de manière catégorique. Il n’y aura pas d’accord avec quelque parti que ce soit. Les soutiens se font à titre individuel.
Les soutiens à titre individuel.
Le Blog Politique. Une critique revient en boucle. Emmanuel Macron n’aurait pas de programme. Votre réaction ?
Jacques Mézard. C’est l’argument numéro 1 des adversaires de notre mouvement. Mais il suffit d’aller sur le site En Marche ! ou il suffit de lire les discours de Lyon, Clermont ou Quimper. Emmanuel Macron a des idées et fait des propositions. Nous avons des bases fortes et des éléments programmatiques. Je peux parler pendant des heures de nos propositions. Mais le but n’est pas de faire un catalogue de 50 ou 130 mesures. Les français savent bien que les catalogues tiennent uniquement le temps de la campagne. En réalité, ce qu’il faut, c’est un socle très net, sur le fondamental.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)