C’est terminé mais c’est loin d’être fini. Après un long périple et une série de rebondissements (secret puis publication, pas de point presse puis une conférence de presse), les résultats de la consultation sur le nom de la région sont enfin publics. Occitanie arrive en tête des votes.
Tout au long de la consultation, Carole Delga a répété que les avis récoltés ne valent pas décision et que le dernier mot appartient aux conseillers régionaux. Mais, face au score d’Occitanie (plus de 90 000 voix sur les 203 598 votes), la présidente de Région a revu sa position. Elle admet que le vote de l’assemblée régionale du 24 juin prochain doit refléter le verdict de la consultation populaire.
Cette ligne ne fait pas l’unanimité. Samedi 18 juin, des catalans sont descendus dans la rue pour manifester contre un nom de région réduit au nom Occitanie. Mais, au sein de l’institution régionale et dans la majorité de Carole Delga, une opposition s’exprime. Selon nos informations, un recours pourrait être déposé contre la délibération soumettant au vote des conseillers régionaux le nom Occitanie. Ce référé pourrait porter sur le non respect du principe de l’information des élus.
Mais, au sein de la majorité de Carole Delga, des voix hostiles existent également.
Face à ce risque de division, une mobilisation s’organise. Le vote du 24 juin repose sur les épaules des élus socialistes, des radicaux de gauche et des représentants de Nouveau Monde en Commun. Du côté des socialistes et des radicaux de gauche, la discipline de vote semble acquise. La 1er vice-présidente PRG du conseil régional, Sylvia Pinel a donné des gages de loyauté. Dans le camp socialiste, le président du groupe tient ses troupes. Après un temps de flottement, le député Christian Assaf est sur la ligne « occitaniste » de Carole Delga.
Le maillon faible reste la nébuleuse Front de Gauche, PC, EELV de Nouveau Monde. Le groupe de Gérard Onesta est à l’origine de la procédure de la consultation. Impossible de prendre le risque d’un torpillage. De plus, au delà de la paternité du procédé, Gérard Onesta est un chaud partisan de l’Occitanie.
Aussi, pour éviter les mauvaises surprises et les votes défavorables, les boulons sont serrés.
Vendredi 17 juin, une réunion de groupe a validé le principe de la liberté de vote.
Mais le lendemain, samedi 18 juin, la liberté est remplacée par une consigne. Tous les Nouveau Monde doivent voter pour Occitanie. Aucun suffrage ne doit faire défaut.
Cette unité (contrainte ou du moins obligatoire) prend acte d’un fait.
La droite et le centre (23 élus) ainsi que le Front National (40 élus) ne sont pas « occitanistes ».
Ce sont 63 voix sur 158 qui vont s’opposer au nom Occitanie. La majorité (simple) pour adopter la délibération est à 79. La marge est relativement confortable (16 voix) pour Carole Delga et Gérard Onesta. Mais un principe de précaution s’impose. Des électrons libres venus du PC ou du PG pourraient réduire le « matelas » à une couche de paille.
Au delà du résultat lui même, c’est la légitimité et la portée du vote qui peut être entamée. Une victoire étriquée résonnerait comme un (petit) échec.
Pour éviter cette déconvenue, une solution. Des rangs serrés et une liberté de vote sacrifiée.
Laurent Dubois (@laurentdub)